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Parada : "un nez rouge contre l’indifférrence"…au FSE !

Publie le mercredi 21 mai 2003 par Open-Publishing

La Fondation Parada pour les enfants des rues a été fondée il y a 8 ans dans le but de créer du lien social avec les enfants des rues de Bucarest. Sa méthode est l’utilisation de l’art comme soutien éducatif et moteur de réintégration pour les enfants, au moyen de la mise en place d’ateliers d’initiation aux techniques d’expression artistique organisés par des professionnels roumains et étrangers.
Le contenu des activités artistiques et des ateliers est axé sur le mime, la musique, le cirque et le théâtre de rue.

Parada et son collectif international proposent une participation à l’accompagnement esthétique et artistique du prochain Forum social européen en mettant à disposition de la Commission Artistique et Culturelle du FSE son propre reseau de contacts culturels ou militants. Ce réseau implique différents partenaires associatifs engagés en Europe et ailleurs dans le monde dans les luttes contre l’exclusion et la marginalisation sociale, économique et culturelle. Il s’agit de mouvements citoyens issus des milieux de l’éducation populaire, qui luttent contre l’exclusion de plus en plus importante qui frappe notamment les mineurs. Aujourd’hui, un groupe d’artistes, d’intellectuels, d’enfants précarisés mais actifs et de donateurs se rassemble pour refuser les abus perpétrés dans l’indifférence sur des mineurs venus de tous horizons et pour proposer des modes alternatifs d’autogestion pour l’accès à tous les droits fondamentaux.

Ce réseau s’est constitué progressivement au travers de la campagne « Un nez rouge contre l’indifférence » menée depuis 1996 pour construire des alternatives à l’exclusion via des ateliers de pratique artistique, des débats publics, des rencontres interculturelles, des résidences artistiques, mais également des manifestations telles que spectacles et festivals qui mettent en évidence la richesse des diversités sociales, culturelles et artistiques de chacun des intervenants et pays engagés.

Notre révolte devant l’indifférence face aux violences subies par les mineurs et la volonté de certains enfants d’organiser leur vie différemment ont donné lieu à la constitution d’un collectif d’artistes et d’intervenants sociaux en Roumanie, Bosnie, Serbie, Espagne, Allemagne, Italie et France, mais également au Bresil, en Palestine, au Honduras et au Népal. En valorisant ensemble nos savoirs-faire, il s’agit de mieux comprendre et accepter nos différences et d’enfin commencer une réévaluation sur les interventions d’artistes et de travailleurs sociaux qui accompagnent les enfants oubliés, les enfants perdus.

Cette diversité d’intervenants a permis une union multiculturelle autour du souci d’améliorer les conditions de vie des enfants des rues, des enfants de la guerre et des enfants malades. Il s’agit d’ouvrir un dialogue et une réflexion sur les méthodologies et les résultats obtenus mais également un travail d’analyse et de recherche d’alternatives qui utilise les expériences de chacun. En regardant différemment la rue, la guerre et les maux de notre monde, nous voulons travailler ensemble au choix des expérimentations multidisciplinaires qui permettent de penser un autre monde et un autre esthétisme. Il s’agit également de souligner la nécessité des échanges Nord-Sud et Est-Ouest et de prendre en compte le fait que le tiers-monde est aujourd’hui partout autour de nous, dans nos capitales, dans nos villes, nos quartiers et parfois au pied de nos immeubles.

En septembre 2001, la campagne « Un Nez rouge contre l’indifférence » est partie à l’ONU à New York pour le dixième anniversaire de la signature de la Convention des droits de l’enfant. Des espaces de rencontre et d’échanges ont été préparés par les « Nez rouges » des clowns Parada de Bucarest et Barabas de Milan, les acteurs de la troupe Inad de Palestine, les musiciens du Meridiano Orchestra Pernacchio Bari, les rappeurs du mouvement HipHop brésilien Kilombo de San Luis, les danseurs de Frescatti de Rome, l’artificier Alain Hubert de Marseille, l’ONG G.R.T. et l’association Parada France. Les attentats ayant perturbé la vie socioculturelle de New York, l’évènement n’a finalement pas eu lieu.

En avril 2002, nous avons donc proposé au maire de Rome d’accueillir cette manifestation dans sa ville, sous le nom de « L’arte della vita », afin de participer directement au débat mondial sur la protection des enfants. Des débats, des ateliers de pratique artistique et des manifestations culturelles ont ainsi été organisées dans toute la ville, dans les théâtres, sur les places publiques, dans les hôpitaux, les écoles et les institutions sociales et pénitentiaires.

Une « Caravane de l’eau » est née en conclusion de cet événement et est partie de Rome en novembre 2002 pour rejoindre Mostar pour les 25 ans du théâtre de marionnettes. Cette caravane a réuni plus de 50 artistes qui ont offert leurs savoirs artistiques et citoyens, mais qui ont également beaucoup appris de la diversité des échanges. Enfants réfugiés, abandonnés, orphelins, enfants handicapés, meurtris pendant la guerre, enfants serbes, bosniaques et croates, tous ont été à la fois les spectateurs et les acteurs de cet événement. Artistes professionnels et amateurs, publics initiés et novices se sont réunis autour du thème de l’eau et des horizons différents où elle se déverse et poursuit sa route.

Aujourd’hui, continuer et améliorer nos échanges et nos expériences collectives ou individuelles est une nécessité. Le FSE pourrait constituer une occasion de réaliser cet objectif au travers à la fois d’ateliers-résidences organisés en amont du Forum et de restitutions sous forme de créations collectives durant le Forum lui-même.

Pour la Fondation Parada
Miloud Oukili