Accueil > Parce que nous sommes juifs
de Rabbi Mordechi Weberman
Il y a ceux qui nous demandent pourquoi nous marchons avec les Palestiniens. "Pourquoi
hissez-vous le drapeau palestinien ? Pourquoi supportez-vous la cause palestinienne
?"
"Vous êtes juifs", nous disent-ils. "Qu’êtes-vous en train de faire ?"
Notre réponse est très simple :
C’est précisément parce que nous sommes juifs que nous marchons avec les Palestiniens
et que nous hissons leur drapeau !
C’est précisément parce que nous sommes juifs que nous demandons la restitution aux Palestiniens de leurs maisons et de ce qui leur appartient !
Oui, notre Torah nous demande d’être justes. Nous sommes appelés à marcher sur le chemin de la justice. Mais qu’est-ce qui est plus injuste que la tentative vieille d’un siècle du mouvement sioniste d’envahir le pays d’un autre peuple, de l’expulser et de voler sa propriété ?
Les premiers sionistes ont proclamé être un peuple sans terre se dirigeant vers une terre sans peuple.
Des paroles qui paraissent innocentes.
Mais elles sont complètement fausses.
La Palestine était un pays habité par un peuple. Un peuple qui avait développé une conscience nationale.
Nous n’avons aucun doute que si des réfugiés juifs étaient arrivés en Palestine sans l’intention de dominer, de créer un état juif, de déposséder les Palestiniens et de les priver de leurs droits fondamentaux, - ils auraient été accueillis avec la même hospitalité que les peuples musulmans ont montrée aux Juifs au cours de l’histoire. Nous aurions vécu ensemble comme autrefois, en paix et en harmonie.
Amis musulmans et palestiniens à travers le monde, s’il vous plaît écoutez notre message :
Il y a de Juifs qui supportent votre cause.
Quand nous disons supporter, nous ne pensons pas à une quelconque proposition de partage, comme celle de 1947 présentée par l’ONU qui n’en avait pas le droit.
Quand nous disons supporter, nous ne pensons pas à un morcellement de la Cisjordanie comme Barak l’avait proposé à Camp David, accord qui en plus n’aurait rendu justice qu’à 10% des réfugiés palestiniens.
Notre support ne veut rien dire d’autre que la restitution à la souveraineté palestinienne de toutes les terres, y compris Jérusalem !
A ce moment-là, la justice demandera au peuple palestinien de décider si et combien de Juifs pourront rester dans ses terres.
C’est le seul chemin vers la vraie réconciliation.
Mais nous demandons plus. En restituant les terres à ses propriétaires légitimes, nous n’avons pas encore fait assez. Il faut que nous nous excusions auprès du peuple palestinien d’une façon claire et précise : Le sionisme vous a fait du tort. Il vous a volé vos maisons. Il vous a volé votre pays.
Ainsi nous proclamons devant le monde entier que nous sommes le peuple de la Torah, que notre croyance nous demande d’être honnêtes, justes et bons.
Nous avons assisté à des centaines de rassemblements palestiniens ces dernières années. Partout, les dirigeants et les auditeurs nous accueillaient avec la chaleur de l’hospitalité du Proche Orient. - Quel mensonge de dire que les Palestiniens en particulier ou les musulmans en général détestent les Juifs. Ils détestent l’injustice. Pas les Juifs.
N’ayez pas peur, mes amis. Le mal ne pourra pas triompher pendant longtemps. Le cauchemar sioniste est à sa fin. Il est épuisé. Ses récentes brutalités sont un dernier sursaut désespéré d’un agonisant.
Nous vivrons tous les deux le jour où Juifs et Palestiniens vont s’embrasser en paix sous le drapeau palestinien à Jérusalem.
Finalement, lorsque le Rédempteur de l’humanité viendra, les souffrances du présent seront noyées depuis longtemps dans les bénédictions du futur.
Messages
1. > Parce que nous sommes juifs, 12 décembre 2004, 09:09
Dans les grandes lignes je suis d’accord avec le Rabbi, mais je suis surprise tout de même de le voir proposer ni plus ni moins la dissolution d’Israël et de facto la reprise de la diaspora pour le peuple juif.
il est certain que les rancoeurs accumulées de part et d’autre rendent plutôt difficiles la cohabitation entre 2 Etats souverains voisins, mais la disparition pure et simple de l’un des 2 Etats me semble irréaliste et dangereux. Israël a près de 60 ans d’existence, et comme le rappelle le droit international, la loi vient aussi du droit coutumier, de l’usage.
La disparition d’Israël ne me semble pas plus souhaitable que le refus actuel de la refondation d’un Etat palestinien.
Nous voilà donc avec une situation inédite en droit international : 2 peuples, 2 nations et un seul territoire. Il serait donc temps d’envisager des solutions inédites plutôt que de tenter de faire coller cette situation avec ce qui existe déjà.
Israëliens et Palestiniens ont également le droit et la légitimité d’aspirer à fonder une nation, à avoir un territoire sur lequel chaque nation sera souveraine. Tant que ces aspirations légitimes ne seront pas satisfaites pour ces 2 peuples, nous resterons dans cette situation totalement pourrie et mortifère... pour les 2 peuples.
Le Monolecte
1. > Parce que nous sommes juifs, 12 décembre 2004, 10:26
Israël a près de 60 ans d’existence, et comme le rappelle le droit international, la loi vient aussi du droit coutumier, de l’usage.
– Pas certain que le droit international autorise la guerre pour se fabriquer un pays. C’ est Israël qui impose sa loi. Droit coutumier, et de l’ usage ? Rien que ça ! C’ est moi le plus fort, alors je m’ installe, c’ est plutôt ça oui.
Israëliens et Palestiniens ont également le droit et la légitimité d’aspirer à fonder une nation, à avoir un territoire sur lequel chaque nation sera souveraine.
– Et pourquoi les Israëliens ont ils le droit d’ avoir un territoire ?
2. > Parce que nous sommes juifs, 12 décembre 2004, 18:06
La création de l’Etat d’Israël n’est pas le fait des Juifs eux-mêmes. Par la suite, ça a été la guerre, mais elle a été le fait tant des Israëliens que des pays arabes autour : là, pas de gentils, pas de méchants, mais un bon gros bordel. Ce qui n’excuse en rien la manière dont Israël se comporte avec les territoires occupés.
En vertue de la déclaration universelle des droits de l’homme qui reconnait à tout peuple le droit d’avoir son propre territoire où s’exerce sa souveraineté. Et cela vaut pour tous les peuples de la planète, même si c’est fort mal respecté. Ce droit est légitime pour les Palestiniens tout comme les Israëliens.
Maintenant, on peut jouer à attiser les rancoeurs en cherchant qui est le plus coupable, qui a eu tord, qui a plus de droit que l’autre et continuer gentiment à se taper sur la gueule, génération après génération...
Le Monolecte
2. > Parce que nous sommes avant tout des êtres humains, 12 décembre 2004, 22:49
"Parce que nous sommes juifs", c’est une opinion belle et a priori généreuse que de présenter ainsi son désir que justice soit rendue aux palestiniens durement éprouvés en "Terre Sainte", on est peu habitué à ce type de discours de la part d’un "Rabbi". Pourtant, ce texte laisse un goût bien étrange...
Antisioniste, j’ai tendance à me considérer comme telle au regard de l’histoire, juive, je le suis par mes origines, mais je me considère avant tout comme être humain. Et je n’arrive pas bien à saisir quelle crédibilité on peut donner à une opinion politique se revendiquant d’une appartenance religieuse et se légitimant comme telle. Constitué comme un prêche, ce discours sonne faux, il sent presque le pastiche... Que dire par exemple de sa pseudo soif de "justice" qui consiste à vouloir déposséder les israéliens pour redonner toutes les terres aux palestiniens ? On sait que la question reste extrêmement complexe et qu’on ne déplace pas ainsi les populations, fussent-elles installées depuis seulement cinquante ans, sans créer de nouvelles injustices et de nouveaux drames humains. De quelle jsutice parle-t’on, de quelle humanité se revendique-t’on lorsqu’on écrit : "la justice demandera au peuple palestinien de décider si et combien de Juifs pourront rester dans ses terres." ? Non, ce discours-là, cette "générosité"-là, elle sent le soufre. Un discours qui parle du "mal" et de la venue prochaine du "rédempteur de l’humanité" me semble foncièrement louche et passablement dangereux.
Parce que nous sommes avant tout des êtres humains
A bon entendeur...
Standrola
1. Juif ou être humain ?, 17 décembre 2004, 03:36
Dans ce cas précis, dire "parce que nous sommes juifs" a bien plus de force que dire "parce que nous sommes des êtres humains".
En effet, ce sont DES (je n’ai pas écrit les) Juifs qui ont volé la Palestine aux Palestiniens.
Il est donc très important que d’autres Juifs viennent dire qu’ils sont contre ce fait accompli par les sionistes. Il est très important que des Juifs viennent dire qu’il y a des juifs totalement antisionistes ! et qui veulent que la justice intuitive soit rendue.
Merci à Rabbi Mordechi Weberm
3. > Parce que nous sommes juifs, 14 décembre 2004, 15:58
Bonjour,
Le seul vrai problème c’est l’existence de la nationalité donc des frontières tant que nous n’abolirons pas la nationalité il y aura des frontières et des conflits qui naîtront à partir de ce principe de distinction (quelqu’un en un lieu décide de créer une distinction qui va générer une séparation, cela peut être au départ une simple clôture par exemple). C’est un petit peu radical mais je crois que c’est fondamentalement vrai. Cela dit je peux me tromper.
A titre personnel, j’ai choisi de ne pas avoir de nationalité ou plutôt je ne me reconnais pas dans une identité nationale précise parce que c’est tellement ennuyeux et inéfficace. Et puis j’aime bien voir ce qu’il reste de l’humain lorsqu’on lui ôte cette protection identitaire :-)
jean-marc
4. > Parce que nous sommes juifs, 24 décembre 2004, 10:55
Il était assurément bon que quelqu’un - juif et rabbin de surcroît - brise la gangue dans laquelle étaient étroitement amalgamées de façon infâme deux entités différentes à savoir les Juifs et les Sionistes. Je dis que l’amalgame entre Juifs et Sionistes est infâme parce qu’il force des Juifs (hommes et femmes rattachés à la tradition spirituelle de Moïse) à endosser à leur corps défendant les crimes des Sionistes (hommes et femmes rattachés, eux, à une idéologie). Faisant la différence entre une spiritualité et une idéologie, et par conséquent entre Juifs et Sionistes, cet amalgame m’a toujours paru suspect et scandaleux. Les crimes de Sharon sont-ils les crimes de Moïse ? L’injustice des Israéliens est-elle l’injustice de Salomon ? Je dis non. Le Sionisme étant une idéologie, c’est-à-dire un corpus de choix politiques et d’orientations historiques, il est légitime de le soumettre à critique sans être taxé à tout bout de champ d’antisémite. Que les Sionistes puisent ou aient puisé certains de leurs arguments et de leurs orientations idéologiques dans la tradition biblique n’interdit pas de les critiquer et de les dénoncer pour ce qu’ils sont c’est-à-dire un Etat colonial avec tous ses attributs : discrimination entre "colons" et "indigènes", mépris de l’autre et de son histoire, conquête et confiscation de territoires par la force, système d’apartheid avoué ou rampant... Parler, comme le font les "chroniqueurs" d’Etat juif ou d’Etat hébreu est un non-sens. Les Sionistes ont semé une haine irrémédiable dans le coeur de leurs voisins et il faudra peut-être des générations pour en épuiser le venin. Je dis que les Juifs ne sont en rien responsables de cette haine. Il est bon que des Juifs prennet la parole pour dénoncer l’injustice commise en leur nom. Cela atténuera peut-être un peu les effets de ce venin. Je le souhaite et appelle de mes voeux une cohabitation fraternelle entre les Israéliens et les Palestiniens. Il ne manque pas d’hommes de bonne volonté d’un côté comme de l’autre.