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Paris 20° - 28 juin 2006/ Parrainage de 70 familles/ Intervention de
RESF
D’abord, salut fraternel du réseau éducation sans frontières à toutes
les familles... Nous sommes heureux de vous accueillir ici, dans
cette mairie du 20°.
Nous savons que vous avez des vies difficiles et qu’elles le seront
encore plus avec la réforme CESEDA - Code d’entrée et de séjour des
étrangers et du droit d’asile - cette réforme qui supprime tout
espoir de régularisation, instaure la clandestinité à perpétuité,
sépare les familles en réduisant le droit au regroupement familial,
divise les immigrés, les désirables et les indésirables, divisent les
travailleurs, les Francais et les étrangers, ceux qui ont des droits
et ceux qui n’en auraient pas,
Le ministre de l’Intérieur est bien renseigné - il a des services
qui travaillent bien - il a donc pris la mesure de la FORMIDABLE
SOLIDARITÉ, PARTOUT SUR LE TERRITOIRE, qui entoure les enfants et
jeunes majeurs scolarisés, et leurs familles, partout où il se passe
quelque chose. Pas un cas se révélant qui ne suscite la mobilisation
agissante non seulement des militants, MAIS AUSSI ET SURTOUT, des
parents d’élèves, des enseignants, de citoyens. Et qui s’insurgent
contre, qui disent NON !.
NON à cette politique indigne ! NON aux expulsions !
Alors, le ministre recule.
Il dit que sa politique est "FERME" et "HUMAINE".
Pour preuve, il annonce - par la circulaire du 13 juin - la
régularisation de certaines familles ayant des enfants scolarisés
Si c’est vrai cette annonce... (on verra), nous sommes heureux pour
les enfants et leurs parents enfin régularisés, on imagine leur
soulagement : enfin ; vivre sereinement, COMME CHACUN EN A LE DROIT.
Heureux pour les uns, nous sommes inquiets pour tous les autres, pas
concernés. Qui sont la grande majorité.
Alors, RECUL, oui - à l’actif du réseau - et CALCUL tordu aussi.
PARCE QUE, nous ne sommes pas dupes : DERRIÈRE L’EFFET D’ANNONCE -
ces régularisations -, il y a TENTATIVE DE DÉMINAGE, de CASSER LA
MOBILISATION. Ce qu’il avait déjà tenté avec la circulaire du 31
octobre suspendant les expulsions, et raté puisqu’ elle n’a cessé de
s’accroître.
Le jour-même - le 6 juin - où Sarkozy présentait sa réforme au Sénat,
le réseau du Mans nous envoyait ce message :
Ce matin vers 9 heures la police est venue chercher la maman de
Chabar (6 an) et Jonas (3 ans et demi) , d’origine kurde, pour
l’emmener au commissariat de police du Mans. Une heure plus tard, 2
policiers en civil et un traducteur sont venus chercher les enfants
dans leur école, l’école maternelle J. Pesche. Tout ce petit monde a
ensuite été embarqué en direction de l’aéroport, puis dans l’avion à
destination de la Norvège, où la maman était d’abord arrivée en Europe.
La Préfecture de la Sarthe nous a affirmé avoir agi dans la totale
légalité, dans le respect de la convention de Dublin, sans tenir
compte du fait que la grand-mère des enfants et une de leurs tantes
réside en toute légalité dans la ville du Mans .
Voilà "la clémence" et l’humanisme sarkoziens" .
L’HUMANISME, ce n’est pas de dire -d’oser dire à un enfant « vas-t-
en, tu n’es pas chez toi ici, on ne veux plus de toi ! »
L’HUMANISME, ce n’est pas de répandre LA PEUR, d’accentuer la peur
chez ceux qui vivent au quotidien la situation du danger, de la
traque. Et vous, les "sans papiers", coupables d’avoir fui la misère,
les conflits, pour vivre, simplement pour vivre - comme nous
l’aurions fait nous-mêmes, comme l’auraient fait eux-mêmes ceux qui
ordonnent la traque, dans les mêmes situations - vous êtes
instrumentalisés, utilisés par un pouvoir cynique pour prendre les
voix de l’extrême-droite.
Non, le ministre Sarkozy n’est pas l’humaniste qu’il dit être, ni le
ministre de l’éducation, de Robien - le ministre de tous les élèves
de ce pays, qui se tait, ni Azouz BEGAG, ministre délégué à la
Promotion de l’Egalité des chances qui se tait aussi, ni aucun,
d’ailleurs, des membres de ce gouvernement, ils se taisent tous.
L’HUMANISME, c’est le respect des textes qui fondent les valeurs de
la France - la Déclaration universelle des droits de l’Homme, la
Convention de Genève,
La Convention internationale des droits de l’enfant et la
Convention européenne des droits de l’Homme -
Des textes qui protégent, qui défendent les droits fondamentaux de
tous les êtres humains, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent...
et qui sont bafoués par des lois de circonstance, des circulaires et
des pratiques administratives.
Bientôt ce sont les vacances, et, avec vous, nous craignons "la
chasse aux enfants" et à leurs parents annoncée par le ministre de
l’Intérieur, la chasse aux jeunes majeurs devenus des sans papiers le
jour de leurs 18 ans.
Nous avons peur - parce que les vacances sont aussi le temps des
mauvais coups - que ces vacances soient dangereuses, qu’elles soient
le temps des expulsions.
A MOINS QU’ON EMPECHE CELA !
Parce que, partout dans le pays, indignation et colère stupéfaite
quand les gens découvrent des situations qu’ils n’imaginaient
simplement pas possibles. Parce qu’ils connaissent - il s’agit de
leur élève, du copain de leur enfant, de leur voisin...- celle ou
celui qu’on veut arracher à son école, son collège, son lycée. Et ils
se mobilisent. Et sauvent.
Partout dans le pays, des PARRAINAGES ont lieu :
Ici, mais aussi dans d’autres arrdts parisiens, à Villejuif, à Ivry,
à Lyon, Venissieux et Vaulx en Velin dans le Rhône, à Clermont-
Ferrand dans le Puy de Dôme, à Mons en Baroeul dans le Nord, à
Woefling, Metz, Dueuleu, Behren les Forbach en Moselle, à Audun le
Tiche, dans l’Oise, à Marseille dans les Bouches du Rhône, à
Parassy, tout petit village et à Vierzon dans le Cher...
Hier au Sénat, demain à l’Assemblée nationale
De NOUVEAUX COLLECTIFS se créent, en Mayenne, dans le Gers, à Brest
dans le Finistère, à Nice dans Alpes maritimes...
Des CONCERTS DE SOLIDARITÉ sont donnés à Besancon dans le Doubs, à
Bordeaux en Gironde, à Lille dans le Nord, à Cergy dans le Val d’Oise...
Déjà, des dizaines de milliers de signataires des PETITIONS du
Collectif "Uni(e) contre l’immigration jetable" contre le projet de
loi CESEDA et du RESF "Nous les prenons sous notre protection !".
Et tous ces évènements déclenchent une INSURRECTION DES CONSCIENCES,
un véritable MOUVEMENT D’OPINION CONTRE CETTE POLITIQUE INHUMAINE ET
LIBERTICIDE.
PRÉPARONS LES VACANCES.
Organisons-nous, localement, régionalement, nationalement : cellules
de veille, chaînes téléphoniques, contacts rapides - on peut compter
sur qui - où ? Quand ? Comment ? - pour intervenir immédiatement en cas
d’urgence.
Le mot d’ordre étant "vigilance constante".
LA PLACE DES ENFANTS de sans papiers, des jeunes majeurs scolarisés
n’est pas en CRA pour être expulsés. Les CRA - ces « horreurs de la
République » comme les qualifiait justement le rapport Mermaz en
2001, ce que confirment le rapport annuel de la Cimade et,
récemment, Gil Roblès, le commissaire européen aux droits de l’Homme.
LEUR PLACE EST DANS LES ECOLES, LES COLLEGES, LES LYCEES QU’ILS
DOIVENT, TOUS, RETROUVER A LA RENTREE DE SEPTEMBRE 2006.
Partout rassemblés, partout plus nombreux, c’est ce que nous
signifierons LE 1ER JUILLET en manifestant à l’appel du RESF et du
Collectifs Uni(e)s contre l’immigration jetable. A Paris, RV 15 H
PLACE DE LA BASTILLE.
Merci à la Mairie du 20°, à Michel Charzat et à Danièle Simmonnet,
aux élus.
Aux parrains et marraines , nous disons bravo et merci pour ce beau
geste d’accompagnement, symbolique, qui est un acte de fraternisation.
Et à vous tous, nous vous souhaitons de tout cœur de continuer à
construire votre vie ici, parmi nous, en toute légalité, régularisés.
Aux enfants et aux jeunes de poursuivre leurs études, tranquillement,
en toute sérénité.
Vous êtes les bienvenus.
Paris 20° 28 juin 2006