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de GABRIELE POLO traduit de l’italien par karl&rosa
"Notre vie n’est pas à la disposition du marché" : voila le message adressé par les étudiants français au gouvernement de Villepin qui veut précariser par la loi l’accès à l’emploi et rendre plus faciles les licenciements des plus jeunes. La réponse militaire de l’exécutif semble un acte de force - pour souder la droite - mais elle révèle une faiblesse de fond : elle avoue l’incapacité de la politique à trouver des solutions partagées aux conséquences de l’ "invisible" main du marché globalisé. Une réaction d’autant plus faible en France, où la culture de la citoyenneté a toujours obligé l’économie à respecter les temps des décisions institutionnelles, à la différence de ce qui se passe en Italie, où cela a été le marché qui a précédé la politique, appelée à ratifier par la loi (qu’on pense à la loi 30) ce qui était déjà en cours dans la société.
Que le capital globalisé demande aux individus de rendre leur vie totalement disponible à ses exigences - et à la politique d’accompagner le bouleversement du paradigme fordiste par des interventions de soutien, des privatisations à la charité - est une chose connue depuis longtemps. Cela vaut pour l’occident riche avec la précarité, le temps de vie bouleversé par le travail hétéro dirigé qui chamboule tout et avec les Etats appelés à soigner les blessures sociales ; cela vaut pour les pays les plus pauvres avec les nouveaux esclavages qui gonflent les PIB orientaux et les profits des multinationales.
Les résistances à ces procès (en Europe un mélange de culture du XX siècle et du caractère insupportable de ce qui se met en travers sur notre chemin, ailleurs - comme en Chine - "simple" résultat d’une condition indécente) sont la manifestation du travail humain qui ne peut pas devenir une simple variante capitaliste, et il y a des résistances - voila la nouveauté du XXI siècle - privées d’une médiation politique : une absence qui est la racine profonde de notre crise démocratique. C’est sur ce terrain que va se jouer l’avenir des sociétés occidentales.
C’est pourquoi Paris parle à Rome. Parce que sur la capacité ou non à s’opposer à la précarité du travail se détermine la cohésion sociale en Europe (dans les banlieues parisiennes comme dans les milanaises, y compris les explosions de violence) et, à notre échelle, le souffle du prochain gouvernement. Qui est appelé à dire s’il reste à la politique un minimum de capacité à comprendre les conflits sociaux que la globalisation entraîne avec elle et si le centre-gauche saura se garantir un brin d’autonomie de la domination du marché, en abrogeant les lois de la précarisation et en offrant à ses victimes une possibilité de rachat de l’humain.
Personne ne pense qu’il y ait de recettes toutes prêtes, mais ce serait déjà un pas en avant d’inverser l’ordre des priorités par rapport à celles qu’incarne le centre-droit (la compétition sauvage entre les individus et l’atomisme social conséquent) et à ses "révisions" de la part de la Confindustria [qui correspond en Italie au MEDEF, ndt]. Pour permettre à ces résistances - et nous en avons vu quelques unes chez nous aussi, de la défense de l’art. 18 aux conflits contractuels et sociaux contre la précarisation de l’emploi - de redécouvrir la possibilité d’un agir public commun. Qui est ce que les anciens appelaient politique.
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/12-Marzo-2006/art7.html
Messages
1. > Paris appelle, 17 mars 2006, 11:35
Bonne analyse de la situation mais j’aimerai poser une question.
Que pensent les Italiens du TCE ? Merci il faut être vigilant et actif
2. > Paris appelle, 17 mars 2006, 18:51
Je viens de lire un article dans le Monde qui montre comment est vu et analysé notre mouvement dans la presse européenne et mondiale : il met en évidence un clivage évident entre les journaux de l’Europe du Nord ou du monde anglo-saxon en général et ceux de pays comme l’Italie. Les premiers semblent sidérés que la France ait à ce point du mal à "s’adapter" au néolibéralisme, ils véhiculent l’image d’un pays embourbé dans ses angoisses...Tandis que les journaux italiens semblent plutôt dire que ce qui se passe chez nous n’est que le prélude d’une réaction plus générale.
Dans les pays anglo-saxons où le libéralisme économique est une évidence, le rapport au travail, les relations avec le patron ne se font pas par le prisme du "collectif" mais de l’individuel alors qu’il me semble que dans des pays comme l’Itallie, la France, le passé a laissé un héritage plus riche en luttes collectives pour le droit à des conditions humaines de travail.
Que la lutte continue...
Merci Gabriele de votre écho
Une sorbonnarde en lutte
1. > Paris appelle, 17 mars 2006, 20:24
Plus que le CPE, luttons pour notre futur !
è Appel à la jeunesse !
è
Je suis un mouton.... oui comme le mouton de panurge.... ou tout du moins, presque, car à la différence du mouton de panurge je ne suis pas la masse tête baissée. je suis la masse car je suis conditionnée depuis l’école à la suivre. J’en ai conscience, je voudrais lutter, mais seule je ne peux pas.
Aujourd’hui contre le C.P.E., la masse se rassemble... chacun de ces moutons en est-il libre ? Si les syndicats, politisés, n’aurait pas lancé la polémique, est-ce que nous nous en serions inquiété ? Chacun le sait. Moi non....
Lutter contre le C.P.E. oui, car on ne peut pas laisser un gouvernement imposer ses lois sans le consentement des concernés, mais notre consentement n’a-t-il pas été donné lors des dernières élections ? Oui et non .... car quelque soit la couleur qui nous dirigerait ça n’aurait peut-être pas été le CPE mais autre chose... Et aujourd’hui c’est la même chose.
Oui, faisons tomber cette loi, battons nous... mais après cette loi , c’est une autre tout aussi injuste qui viendra ; soit pour nous ou pour un autre corps de la société. Et c’est parce que nous ne sommes pas écouté par des gens sensés nous représenter qu’il faut lutter. Et j’irai plus loin, c’est contre le système que nos prédécesseurs, que nous, avons créés avons laisser faire. C’est contre ça qu’il faut se battre, contre des dirigeants qui ne voient en nous qu’une main d’œuvre, une marionnette, un consommateur à produit, donc un outil de croissance. Le futur ils s’en tamponnent, alors que nous " jeunesse" nous sommes demain ; c’est nous qui vivons dans leur déchets.... On ne peut pas laisser faire ça, la dette pour la futur jeunesse serait trop lourde....
Ouvrez les yeux ! Ne voyez vous pas des gens toujours plus pauvres, en richesse, en pouvoir d’achats, en lien sociaux, en humanité !
Nous Humanité avons réussi à nous enfermer dans un carcan, dans notre petit monde, sans voir que ce carcan est devenu notre piège . Puisque nous sommes devenus les pions de ceux qui régissent ce monde, soit ceux qui détiennent les capitaux, les cours, le progrès, les politiques... nous sommes une machine infernale, ou devrais-je même dire une bombe.... une bombe qui menace la nature, l’Humanité... Et c’est à nous "Jeunesse" de la désamorcer, pour que demain ne soit pas un monde noir ou un grand mur incassable, infranchissable....
C’est pourquoi, par le biais de cette loi injuste du C.P.E qui nous rassemble aujourd’hui, allons plus loin....
Oublions nos couleurs, oublions nos drapeaux, ne faisons plus qu’un, ne soyons plus que la Jeunesse qui veut préserver son futur, qui ne veut pas qu’on l’utilise à des fins illicites, économiques, capitalistes, comme celle utilisée avec despotisme comme le C.P.E. .
Unissons nos forces, nos voix, respectez la liberté de chacun, nos envies individuelles, pour que tous à l’échelle qui nous convient nous réussissions à désamorcer la bombe ou tout du moins, puisqu’il est sans doute trop tard à en diminuer le compte à rebours ou les dégâts. Il est encore temps....
Et pour reprendre une phrase d’Huxley :
"Peut-être les forces qui menacent la liberté sont-elles trop puissantes pour que l’on puisse leur résister longtemps. C’est encore et toujours notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous opposer à elles !"
Et pour cela ! allons plus loin dans nos actions, collons les distributeurs de frics, allons chercher les ouvriers à la sortie des usines, envahissons l’assemblée national, faisons un blocus de Matignon, luttons contre tout mode d’asservissement et de manipulation ( média, média gratuit, publicité), et ne leur donnons plus d’interview car ils desservent le mouvement, allons chercher les banlieues, faire un retour sur ce qu’il s’est passé depuis la "crise des banlieues", allons parler aux gens dans la rue, pour les ramener à notre cause.... et tant d’autres bonnes idées que vous aurez !
J’appelle aussi tout ceux qui agissent au quotidien à durcir leurs action pour que nos forces se rassemblent !
J’appelle aussi les étudiants à prendre en compte dans leurs revendications le cri des quartiers populaires lancé en octobre !
(que chacun s’approprie ce message et le diffuse !)
2. > Paris appelle, 17 mars 2006, 23:38
Il ne faut pas confondre ce que disent les journeaux anglo-saxons et ce que pensent les populations de ces pays...
Rien que pour le fun, quiconque aurait écouté les médias français avant le 29 Mai aurait conclu à de droles de choses...
Quiconque aurait vu le congrès des députés et sénateurs adoubé à 90% le CTE aurait conclu à de droles de choses sur la Franec...
Les médias liberaux en celà sont peu differents du sud au nord, du nord au sud, et Il Manifesto n’est pas le Figaro....
Cop
3. > Paris appelle, 20 mars 2006, 18:11
Il faut nuancer:ce n’est pas l’incapacité de la politique,c’est l’absence de volonté politique.Ce n’est pas la politique en tant que telle qui est en incapacité,mais le refus du combat anti-capitaliste et anti-libéral.
Jean Claude des Landes