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Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin
Publie le jeudi 20 septembre 2007 par Open-Publishing12 commentaires
Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin
"Il est urgent que nous nous démarquions explicitement du soviétisme. Nous annonçons un nouveau congrès, le XXIIe. Il se tiendra à Saint-Ouen, du 4 au 8 février 1976.
Jean Kanapa, au sommet de sa forme, en pilote la préparation et le déroulement. Fin octobre ou début novembre 1975, Jean réunit dans la salle du Bureau politique un petit groupe de travail afin de rédiger un projet de résolution. Sa physionomie assurée, le sourire moqueur ébauché sur ses lèvres expriment sa détermination. Il a préparé un plan. Les idées qu’il formule, sans surcharge ni jargon, me sont chères d’avance. Dès les premiers mots il cite le « manifeste de Champigny » et Vivre libres. Nous allons enfin définir clairement notre projet et nous distancier du « modèle » ! Du socialisme, Jean veut donner une idée généreuse et libératrice. Tout tient de nos couleurs celles de l’histoire de France. La résolution, explique-t-il, doit être très ouverte. On va secouer le cocotier. »
Différence avec le texte adopté à Champigny en décembre 1968. L’ébauche de Jean ne traite pas, fût-ce entre guillemets, de la « dictature du prolétariat ». Bien que Marx et Engels n’en parlent presque pas dans leurs œuvres, cette expression désigne un problème crucial. Lénine, au temps de la révolution d’Octobre, en a fit un principe intangible. Pendant une longue période, après la prise de pouvoir, la lutte des classes continuera, affirme-t-il, mais quel degré de violence ? Pendant des décennies, un siècle, ou davantage ? Pour Staline, la « dictature du prolétariat » devient un système de longue durée, dans quoi le parti, unique et monolitique, se fond et se confond avec un État omnipotent. Sous le signe de la IIIe Internationale, adhérer à cette « dictature du olétariat » devient pour tout communiste une obligation.
Jean promene son regard sur nous, puis insinue, comme en passant : "on pourrait même se poser - je ne propose pas d’en parler maintenant - la question de la "dictature du prolétariat". Quelques réactions véhémentes. René Andrieu s’emporte : « Moi, s’écrie-t-il, je ne suis pas d’accord ! » jean n’insiste pas. Je regretterais ma pusillanimité de cette matinée-là.
Le 17 novembre 1975, le projet de résolution rédigé par jean, revu par le Bureau polilique et le CC est adressé à tous les communistes. La « dictature du prolétariat n’y est pas mentionnée.
La discussion commence dans les cellules. Personne ne parle de la contradiction, pourtant évidente, entre la « dictature- du prolètariat » et notre vision du socialisme. Au bout de quelques, semaines, Jean me prend à part.
« Faut quand même faire quelque chose maintenant, me dit-il. Parce que cette histoire de "dictature du prolétariat", comment va t-on y arriver ? Personne n’ose en parler. Nous nous sommes peut-être enfermés en ne faisant pas figurer cette question dès le départ Eh bien ! la providence va nous aider à brusquer l’histoire. Le soir même ou le lendemain - j’ai laissé échapper ces détails je me trouve à Yerres, dans l’Essonne. La section du parti discute du projet de résolution. Un militant se lève et dit (j’ai parlé avec lui auparavant, à l’incitation de Jean) :
« Écoutez, moi, je veux bien, mais maintenant il faudrait avoir la franchise de dire ce qu’on est en train de faire. Si vous trouvez, vous, qu’on peut accorder ce projet de résolution avec la "dictature du prolétariat", moi, au contraire, je pense qu’on est en plein illogisme. Il faut donc dire clairement qu’on va supprimer la "dit tarure du prolétariat". »
Je nous vois en un éclair au moment de résoudre notre problème. La réunion finie, je m’approche de l’intervenant :
« Écoute, lui dis-je, ton intervention était excellente, tout à fait passionnante, elle pose une question de fond, je suis sûr que beaucoup d’autres se la posent. Eh bien ! Voici : tu rédiges, tu envoies ton texte à la tribune de discussion, tu me l’envoies personnellement, et ça passe. »
Trois jours plus tard, nous faisons passer la contribution de ce camarade dans L’Humanité. Nous n’avions pas une seconde à perdre, Georges devant être interrogé le soir même à Antenne 2. L’interpellation publiée, la suite est un jeu d’enfants. Georges se fait poser - on a, bien sûr, organisé les choses - la question de la « dictature du prolétariat » : « Dans L’Humanité, un communiste. .. » Georges joue la surprise... Et de faire un grand numéro, archi-prêt : « Eh bien, oui, prolétariat, c’est trop étroit ; dictature, ça fait peur... »
Le fait accompli par le truchement de la télévision, Jean fait introduire un amendement dans la résolution.
Tout le monde n’approuve pas : Pour rassurer la fraction dure, Jean, fin connaisseur du parti, propose, au dernier moment, de serrer les boulons sur ..la morale. on s’en prend à la violence, à la pornographie... Une diversion, cela va de soi, même si ces problèmes ne sont que trop réels... Cette pratique est de la façon d’un manipulateur avisé. Il y a eu le tout temps une forte charge morale chez les communistes. Mais combien de gens nous jugent - à tort ou a raison - ringards, au moment même où nous luttons pour nous moderniser !
Et sur la question fondamentale, quel bricolage ! Dans L’Humanité du 22 janvier 1976, le philosophe Etienne Balibar nous impute un « tournant théorique [...] opéré à la sauvette ». À la fin du congrès, Louis Althusser, invité, me dit avec douceur, plein d’ironie et de tristesse, combien il est écoeuré.
Pour moi, le fond du problème n’est pas en cause. Il n’était que temps de tordre le cou à la « dictature du prolétariat ». La réflexion et la pratique du PCF y conduisent depuis des années. Mais force m’est de reconnaître que nous avons opéré à quelques-uns en tirant parti du malsain « centralisme démocratique ». Nous rejetons despotiquement un despotisme. Nous faisons une ouverture historique avec la méthode la plus fermée qui soit. C’est notre talon d’Achille.
Le congrès achevé, nous nous retrouvons à trois ou quatre, autour de Jean. Georges est là.
« C’est gagné, se réjouit Jean. Mais maintenant il nous faut vingt ans pour faire muter le parti. »"
2007= 1.9% (C’est de moi-CN46400)
Messages
1. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 20 septembre 2007, 21:28
2007, c’est pas 1,9 % mais près de 5% En grèce, ils ont fait plus de 8%. Donc pas de défaitisme.
http://legislatives.pcf.fr/
Le programme est pas mal.
Quant à l’URSS, on a bien été content quand ils ont libéré l’Europe du nazisme et du fascisme.
Actuellement, la même campagne de mensonges et de diffamations a lieu contre Chavez le président du Vénézuela.
1. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 20 septembre 2007, 21:36
... "se démarquer du soviétisme..."
Le syndrôme du balancier de l’histoire ne cesse donc de frapper !
Tirer les leçons d’une histoire est une chose.
Renier et se renier en est une autre.
Je ne vois pas comment un peuple pourrait (re)mettre sa confiance en un parti qui renie son passé -le considérant comme girouette- et préjuge des "jugements" que les historiens, moins passionnés car plus distants, tireront au 22e ou 23e siècle, de l’hisotire du XXe siècle.
Le reniement ne peut nourrir une ligne politique crédible.
Brûler ce qu’on a adoré non plus.
D’autant que les événements depuis le chute de l’URSS me conforte toujours plus dans l’idée que, si ce n’était pas le paradis rouge -loin de là-, on a jeté le bébé avec l’eau du bain.
Le PCF pourrait, sur ce plan-là, non pas nourrir des nostalgies stériles mais garder un peu plus de sérénnité. Non ?
Sébastien (PCF)
2. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 20 septembre 2007, 21:45
Le marxisme reviendra en force (en moins de deux decennies-c’est un avis très personnel) , non pas par application d’une idéologie égalitaire, mais plutot par nécessité et obligation de restriction des ressources et de diffusions de ces ressources.
Sauf grand chambardement, qui pour l’instant ne présente ici aucun signe de distinction ou d’apparition de préchambardement. Skapad
2. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 20 septembre 2007, 21:45
Bien vu le rappel.
Je me souviens d"une école fédérale en 77 ou 78 ou la question était débattue. Je me souviens aussi que beaucoup de camarades, dont moi-même ne trouvaient pas juste l’idée de supprimer ce concept et jugeaient sévèrement l’opportunisme de la chose.
Mais c’était encore une autre époque et on s’était, hélas, habitués à appliquer la "logique de guerre" suivie par nos parents. Logique qui impliquait que les décision prises par "Démocratie centralisée", correspondaient réellement aux besoins et aux réalités. Et surtout qu’il y avait la discipline à respecter à tout prix envers les instances supérieures du Parti.
Je sais, maintenant ces méthodes pourrait faire rigoler, si les résultats n’étaient pas ce qu’il sont dvenus.
Pour le Parti, certes, mais surtout pour ceux qu’il était censé éduquer et défendre. C’est-à-dire le Prolétariat lui-même, ou ce qui en tient lieu actuellement.
Puis quelques temps plus tard on a tout simplement supprimé les écoles du Parti au nom du rejet d’un prétendu "endoctrinement". Et ce, au moment ou il y avait la plus grande nécéssité d’avoir des militants et des cadres au niveau des enjeux mondiaux.
Ensuite, devant les virevoltes successives, les militants déboussolés ont baissé les bras ou sont partis. Pas exclus, mais poussés volontiers vers la sortie par les tenants du "savoir suprême"...
30 ans après, comme tu le dis si bien : 1,9%.
Mais rassures toi. Si ça change pas au plus haut niveau, le PCF ne baissera plus. Il suffira de continuer comme ça.
Le Pouvoir en place nous tiendra bien au chaud. Comme ces tigres qu’on garde au zoo pour montrer qu’on aime aussi les bêtes. Même si on les massacre par milliers dans la savane lorsqu’il se veulent "libres".
J’espère me tromper. Mais si c’étais le cas depuis 30 ans que je le vois et le subit, je pense que je m’en serait aperçu.
G.L.
3. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 20 septembre 2007, 21:53
Quand vous publiez un article, vous pourriez préciser de quoi il s’agit ? D’un extrait de bouquin ? Qui s’appelle comment ? Qui date de quand ? Merci.
1. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 20 septembre 2007, 22:21
le terme de "dictature du prolétariat", "centralisme démocratique" ou "communisme scientifique" sont des expressions étranges par rapport au terme de "socialisme" dont nous avons urgemment besoin.
Si nous arrivons à régler le problème de la redistribution équitable des richesses créées par les salariés dans les entreprises, il n’y aura plus de problèmes majeurs, parce que tout sera remis en ordre, ou à sa place. Les salariés seront plus riches, et les riches un peu plus "pauvres", pour tendre vers une moyenne et donc espérer le plein emploi pour tous et le terme de "respect" aura sa pleine signification.
2. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 20 septembre 2007, 22:39
moi je me souviens d’une manif dans les années 80 aux Invalides ou l’"ami" juquin descend de la voiture de tf1 suivi des journalistes , critique le parti, devant ces ou ses, caméras de tf1 , et repart " 3 minutes après sous les sifflets de ceux qui ont vu le manège , dans la même voiture ! Vous avez dit bizarre , comme c’est bizarre.
Il viendra aussi critiquer plus tard, avec ses potes, le pcf publiquement au pays basque, pour dire qu’ils ( les cocos) ne font rien pour defendre les expulsés par le ministre de l’époque Fabius , alors que des membre du parti risquent la prison en cachant et protègeant secrètement , des réfugiés Basques en France qui avaient lutté contre Franco !
Plus tard, tout ce petit monde militera pour un grand parti de gauche , voir un grand syndicat de services !Comme ils ont fait pour la mutualité , qui devait servir d’exemple , de modèle !
Alors moi vous comprenez , ce texte me laisse un arrière gout , de parfum à la rose, avec un zeste d’oseille merdiatique !
Boris
3. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 21 septembre 2007, 02:36
commence par le commencement...
4. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 21 septembre 2007, 03:00
Les formules recouvrent toujours quelque chose :
-"dictature du prolétariat" qui est de Marx, désigne l’antithèse, de la dictature de la bourgeoisie,"une minorité", dont nous avons eu une nouvelle démonstration hier soir avec la prestation de Sarko sur les principales chaines de télévision françaises. Le prolétariat, qui est "l’immense majorité", arrivé au pouvoir doit, lui aussi, imposer ses priorités, à la minorité bourgeoise !
-"Centralisme démocratique" de Lénine, désigne une procédure, de parti, qui assure qu’une décision de la majorité est appliquée partout.
-"Communisme ou socialisme scientifique" de Staline est un artifice intellectuel qui permet de disqualifier, comme non scientifique, tout ce qui n’est pas "dans la ligne".
En fait, en 76, a voulu ( le trio Marchais-Kanapa-Juquin) faire payer à Marx la facture du stalinisme, que le Pcf n’avait pas voulu attaquer, sur le fond, depuis 56. 30ans aprés Juquin charge Lénine, et dans 30 ans on parlera peut-être de Staline...
CN46400
5. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 21 septembre 2007, 17:10
Ce dont on manque surtout c’est de nouvelles règles du "jeu" dans l’entreprise, avec en point central la question de la redistribution des bénéfices à tous les salariés, la question de l’autogestion.
Ensuite, il faut favoriser la liberté créatrice dont est dotée la majorité des citoyens, qui aidera à se rapprocher du plein emploi.
A vrai dire, c’est peut-être pas la peine de philosopher ni théoriser trop longtemps, quand les gens attendent des solutions pratiques pour que chaque jour soit le mieux réussi possible.
Malheureusement beaucoup de gens à "l’esprit essentiellement pratique" s’en sont allés offrir leur confiance à Sarkozy qui est en train de les applatir comme des mouches.
4. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 21 septembre 2007, 13:55
je ne connais pas le futur du PCF,
mais pour Juquin c’est réglé et depuis longtemps, que le cadavre telle une hyène se réjouisse c’est son droit...
5. Pcf : Le commencement de la fin vu par Juquin, 22 novembre 2008, 19:47
camarades,
je cherche au format pdf le Manifeste du comité central du PCF de Champigny de 1968, savez vous ou je pourrais le lire sur le net ?
merci