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Petite histoire ignoble

Publie le dimanche 25 juin 2006 par Open-Publishing
7 commentaires

de Gennaro Carotenuto Traduit de l’italien par karl&rosa

Mes chers amis, je vous remercie des nombreux messages reçus, auxquels j’ai des difficultés à répondre personnellement. Je vous sens proches.

Hier, je suis allé voir mon médecin de la caisse maladie. Il y avait quatre personnes devant moi et je me suis disposé à a pas mal d’attente. Peu après mon entrée, une jeune femme (noire) portant un kangourou avec un nouveau-né (noir) de pas plus de trois mois est arrivée au cabinet. La jeune fille avait des feuillets à la main, elle a regardé autour d’elle un peu découragée de l’attente prévue et puis, dans un italien assez bon et avec beaucoup de politesse elle a demandé à la dame la plus proche de la porte du cabinet : "Madame, je dois seulement montrer ces feuilles au docteur, pouvez vous me rendre le service... il ne me faut qu’une minute".

Si seulement elle ne l’avait pas fait ! Les yeux de la « dame » et des trois autres personnes qui nous précédaient n’ont pas mis plus d’une seconde à s’injecter de sang... « voilà, dès que tu es entrée je l’ai vu à ton visage... ». A la couleur de la peau, dirais-je. « Oui, oui, comme tous tes semblables - disait le type assis à côté de moi - vous voulez toujours quelque chose ». « Ils en profitent, ils en profitent, madame, ceux-là en profitent toujours ». L’autre, qui entre temps s’était mise debout pour faire bouclier devant la porte du cabinet, encore fermée, lançait presque des invectives : « Elle dit une minute mais après elle va y mettre sûrement une demi heure à nos frais ». Elle la regardait avec un air de défi et littéralement en grinçant les dents : « je ne te laisse pas passer, même morte ».

La jeune femme - qui avait vouvoyé les quatre, alors qu’ils la tutoyaient - les regardait les yeux grands ouverts sans avoir le courage de répondre. Moi, au début, j’étais plus étonné qu’indigné mais ensuite mon sang a commencé à bouillir et j’ai exercé le noble art, hérité de ma mère, de compter jusqu’à 10. Tandis que je comptais, les braves Italiens continuaient à s’acharner sur la jeune femme, le type à côté de moi était remonté contre « ceux-là, qui dans leurs pays ont plus d’argent que nous (sic !) et viennent prendre le nôtre aussi, ON VOUS CONNAÎT » crie-t-il presque au visage de la jeune femme qui, étonnée par la véritable explosion de rancœur xénophobe des quatre, fait trois pas en arrière jusqu’à presque disparaître par la porte d’entrée du cabinet et n’ose même pas insister. Les quatre, entre temps, s’épaulent l’un l’autre en renchérissant, « ils en profitent... nous les connaissons... on n’en peut plus... ». Probablement les quatre ne se connaissaient même pas, mais ils s’étaient abondamment reconnus ... et fait reconnaître.

Arrivé là, j’avais déjà compté jusqu’à 8 ou 9, cela pouvait suffire, j’ai dit quelques mots, que la seule supposition qu’une mère avec un enfant puisse en profiter (profiter de l’enfant, une des femmes répétait comme un disque cassé « elle en profite, elle en profite ») pour demander de passer devant était une pensée lâche et un préjugé inacceptable. Si la jeune femme, avec des manières toute à fait urbaines, était en train de demander un service, il était triste de penser qu’elle le faisait avec un idée derrière la tête. Evidemment dans leurs cerveaux, massacrés par les « alarmes immigration », ils pensaient à ceux qui font la manche avec leurs enfants. Il était tout aussi évident que, dans leur monde, une personne à la peau noire ne peut pas demander un service, mais seulement l’aumône. Si elle avait été blanche - ai-je conclu - ils auraient ôté leur chapeaux pour la faire passer, elle et son enfant, et qu’ils étaient donc racistes et devraient avoir honte. Point.

La bonne femme du « elle en profite, elle en profite » à ce moment-là secouait la tête et se mettait deux doigts sur la tempe pour dire que j’étais fou, le type à côté de moi m’a grogné qu’on comprenait tout de suite de quel côté politique je venais (sic !) et que ceux comme moi feraient mieux de se taire. Je n’ai plus répondu, je me suis excusé pour eux auprès de la jeune femme - la bonne femme refaisait le geste du fou - et je lui ai dit que la seule chose que je pouvais faire était de la laisser passer avant moi. J’ai aussi fait un compliment au très bel enfant, le premier qu’on lui faisait dans ce lieu. Après je me suis immergé pendant tout le temps des quatre visites, une petite heure, dans la lecture du Corriere della Sera qui, dans son édition d’hier, essayait de convaincre ses lecteurs que le Mexique est en Amérique du Sud (sic !). Quand ce fut mon tour, j’ai dû insister auprès de la jeune femme qui était tellement mal à l’aise qu’elle ne s’était même pas assise et restait devant la porte, pour qu’elle passe avant moi. Elle y a mis juste 30 secondes.

http://www.bellaciao.org/it/article...

Messages

  • Ni une ni deux , il ne faut pas compter jusqu’à dix, il faut répondre de suite aux racistes....

    Dans les hopitaux français il existe des fois ce genre de comportements et il est toujours cocasse de dire que le docteur qui s’occupera d’eux s’appelle "Mohamed ....." (il existe beaucoup d’exellents médecins hospitaliers d’Afrique du Nord ou proches-orientaux dans les hopitaux français) et après ils verront se diriger vers eux une infirmière ou une aide-soignante antillaise (il y a beaucoup d’antillais dans les hopitaux), ah là là.....

    Les racistes ne devraient être soignés qu’avec une botte de foin, ce qui est injure aux ânes, mais....

    Dans tout celà il y a les consequences des propagandes lourdes et insinuantes, les manipulations médiatiques des élites médiatiques, politiques et nomenclaturistes, qui ne cessent de faire appel aux reflexes des gens pas aux raisonnements, même quand les résultats peuvent déraper jusqu’à l’épouvantable....

    • Quel régal !

      Voilà précisemment ce que redoutent les communautaristes de tous poils. Que le bon sens, que le degré n° 1 de l’humanisme prévale sur toutes les instrumentalisations de la peur de l’"autre".

      Depuis l’aube de l’humanité, il y a toujours eu des Sarkozy. De ces êtres malades de leurs complexes, de ces grenouilles voulant se faire aussi grosses que les boeufs. Ceux là sont incurables et leur destin est toujours tragique. N’empèche qu’avant de disparaître, ils ont généralement le temps de faire du dégât en persuadant leurs contemporains que leurs malheurs vient de ceux qui ne leur ressemblent pas. Diviser...gnagnagna.

      On a aujourd’hui le recul nécessaire pour comprendre comment tout ça s’est agencé, comment ça s’est infiltré, comment les cervaux des générations successives ont été lavés, empêchés de fonctionner naturellement, humainement.

      Voilà on sait comment ça marche.

      Donc,

      on a plus aucune excuse pour ne pas réagir instantanément, comme dans un réflexe, (sans calcul).

      Merde !

      Flash

  • Tu as gagné sans les frapper, ce qui est encore plus fort.

  • La solution la plus efficace devant ce comportement imbécile, aurait été de conseiller à cette jeune femme d’aller téléphoner au médecin (ou d’aller parler à sa secrétaire) avant de revenir 5 mn plus tard.
    Il est probable alors que le médecin l’aurait fait entrer avant ses autres "patients" qui n’auraient pas osé s’en offusquer !
    Le mien, en tous cas, fait cela couramment.
    Tis

    • Non , ça c’est faire appel au pouvoir du medecin, et ce n’est pas ce qui grandit....

      Par contre, le medecin aurait pu, en ce cas, raccompagné la jeune femme dans la salle d’attente et annoncer que c’est sa nouvelle remplaçante. Celà eut été plus gouteux .....

      Copas