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Philippe de Villiers perd « sa » guerre.
Publie le vendredi 1er octobre 2010 par Open-Publishing5 commentaires
« Le hobereau n’a pas supporté que son garde-chasse puisse un jour lui faire de l’ombre. Il en est mort. » Tel est le jugement lâché hier par une personnalité vendéenne à l’annonce de la démission de Philippe de Villiers du poste de président du Conseil général qu’il occupait depuis 1988.
Un coup de tonnerre à La Roche- sur-Yon et partout ailleurs lorsque hier matin, Villiers, fidèle à son personnage d’extraordinaire metteur en scène - au Puy du Fou, certes, en politique aussi, dans sa vie tout court -, a lancé son « message à tous les Vendéens ».
Un texte fort, remarquablement écrit, qui a donné des frissons à nombre de ses adversaires et arraché des larmes à la plupart de ses partisans, sur cette terre marquée par son Histoire.
Cette Histoire sur laquelle Villiers s’est appuyé pour créer « son » Puy du Fou, exceptionnelle réussite qui a fait de cet énarque saltimbanque, démissionnaire de la préfectorale au lendemain de l’élection de Mitterrand, le patron du département.
Un patron ne supportant pas que la moindre tête dépasse dans son camp, là où les extrêmes se sont toujours côtoyés, depuis une droite traditionnelle pure et dure, proche des catholiques intégristes, jusqu’aux démocrates chrétiens ayant refusé de franchir le pas pouvant les conduire dans les bataillons de la gauche modérée.
Longtemps, donc, le chef Villiers a marché devant, les autres élus vendéens - hormis dans les rares îlots socialistes tels que la ville de La Roche-sur-Yon et le sud proche de Fontenay-le-Comte - lui emboîtant le pas.
Dès le début de son aventure vendéenne, Philippe de Villiers avait installé à la tête du Puy du Fou un jeune homme aussi discret qu’efficace que, peu après, il a appelé à ses côtés dans le vaisseau politique.
C’est ainsi que Bruno Retailleau s’est fait un nom avant de collectionner les mandats : bras droit au Conseil général, aujourd’hui sénateur, hier conseiller régional.
C’est dans cette collectivité régionale, à Nantes, que Bruno Retailleau a travaillé avec François Fillon, alors président des Pays de la Loire.
Les deux hommes se sont appréciés à tel point qu’une fois à Matignon, Fillon a proposé à Retailleau d’entrer au gouvernement afin de s’occuper des nouvelles technologies. Première proposition refusée par… Philippe de Villiers, la seconde le mettant dans une noire colère. Jusqu’à aller taper à la porte de Sarkozy, empêchant ainsi Retailleau d’avoir accès à la lumière.
Le simple fait que celui-ci s’étonne d’une telle situation a été le déclencheur d’une guerre terrible avec son mentor. Lequel a multiplié les déclarations agressives (« Il me doit tout, c’est moi qui l’ai fait ») avant de pratiquer une politique de la terre brûlée.
Ainsi a-t-il exigé que Retailleau soit jeté hors les structures dirigeantes du Puy du Fou sinon il retirait son scénario et l’ensemble de ses créations. On a peine à croire, quand des témoins racontent près d’une année d’affrontements, à quel point Philippe de Villiers a pu chercher à démolir ce fils spirituel subitement devenu l’adversaire à abattre.
« On s’est demandé s’il n’avait pas pété un câble, cette affaire venant après de gros problèmes familiaux, un cancer de l’œil… » glisse un proche, au « Château », le Conseil général.
La vie du département a fini par en pâtir, créant chez nombre d’élus le doute, l’agacement et enfin, la colère.
Et voilà comment, en fin de semaine dernière, alors que Retailleau n’avait pas caché qu’il s’opposerait à Villiers après le renouvellement de la moitié de l’assemblée, en mars prochain, le président a réclamé un vote de confiance. À main levée. Résultat, sur 27 votants, deux abstentions, 10 pro-Villiers, 15 pro-Retailleau. Fin du match.
Philippe de Villiers, dans son message, fait porter le chapeau de son départ à la réforme territoriale, à la fin de l’autonomie fiscale, à la substitution de « l’esprit du temps visionnaire » à « l’esprit du temps mécanicien ».
Nul n’est dupe, d’autant qu’il se dit parfaitement guéri après avoir « traversé son cancer au galop ». Il a ouvert les hostilités ; il a perdu ; il s’efface.
Commentaire de son vieil adversaire Jacques Auxiette, ancien maire PS de La Roche-sur-Yon, président de la Région :
« Je l’ai eu au téléphone dans la matinée. Il était ému. À tel point qu’il m’a parlé d’amitié. Je retiens qu’il a donné sa fierté à la Vendée, qu’il a su en parler. Quant à Bruno Retailleau, futur président du Conseil général, ce n’est pour moi ni une alternance ni une alternative. »
http://www.sudouest.fr/2010/10/01/villiers-perd-sa-guerre-200332-755.php
Messages
1. Philippe de Villiers perd « sa » guerre., 1er octobre 2010, 10:57, par Mengneau Michel
On est guère mieux servit avec Retailleau, ancien support de Villiers il l’a lâché parce que celui-ci est contre le projet de réforme des collectivités territoriales qui vient d’être vôté en deuxième lecture à l’assemblée le 28 octobre.
Je ne défendrais pas Villiers qui a axphixié son département, mais pour la réforme il n’a pas tord même s’il y est opposé pour des raisons différentes des miènnes.
Méfier vous de Retailleau, il est pire que le maître, et plus proche de la politique de Sarkozy,
Donc, la Vendée reste à l’extrème droite...
1. Philippe de Villiers perd « sa » guerre., 1er octobre 2010, 21:56, par Un vendéen
De Villiers est parti pour une raison et une seule : il ne supportait pas la perspective d’être détrôné en mars prochain.
Il a régné par la peur - y compris dans son propre camp - mais cette méthode a fini par trouver ses limites (au bout de 22 ans...!) quand la meute, soumise aux réactions imprévisibles et agressives du maître, a entrevu la possibilité d’un autre chef, en capacité de prendre le pouvoir, en la rassurant.
Michel, je ne vois vraiment pas comment Retailleau - qui est certes un homme de droite - pourrait être pire que de Villiers. Parles avec celles et ceux qui ont travaillé sous de Villiers...
2. Philippe de Villiers perd « sa » guerre., 2 octobre 2010, 13:46, par Mengneau Michel
Je connais bien les deux, et n’ai aucun respect pour Villiers, mais Retailleau est de la même eau, proche de Fillon et Sarkoziste, la Vendée reste donc à l’extème droite.
2. Philippe de Villiers perd « sa » guerre., 1er octobre 2010, 14:15, par Npiste
ça ne vient a l’esprit de personne que s’il démissionne ça peut etre parce qu’il a trouvé mieux ? un poste de ministre par exemple ?
j’espère pas...
1. Philippe de Villiers perd « sa » guerre., 1er octobre 2010, 14:35, par Mengneau Michel
S’il était ministrable il démissionnerait après, mais ce qui est sur c’est qu’il est contre cette réforme, et comme il se veut chevaleresque et surtout en mis minorité au conseil général de Vendée à cause de cette réforme, il n’avait probablement pas d’autres alternatives.