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Pif Gadget est là ! Pif Gadget est de sortie aujourd’hui dans tous les kiosques.

Publie le vendredi 2 juillet 2004 par Open-Publishing

de Pierre Sapède

Ce matin, un chien brun, avec une truffe noire et un ventre jaune, a fait irruption dans les kiosques à journaux. C’est le grand jour pour Pif Gadget, qui reparaît après douze ans d’absence. À voir le battage médiatique et l’engouement de ceux qui ont déjà appris la nouvelle, l’événement est de taille. On mesure aujourd’hui la place qu’a occupée ce magazine dans la constitution d’une culture populaire, combien il a fait rêver d’enfants, combien il les a ouverts, aussi, à la réalité du monde. À l’évocation de Pif, à sa lecture, les souvenirs d’enfance remontent à la surface et se bousculent : on assistera cet été, à la mer et à la montagne, à ces séances collectives de : " Tu te rappelles ? " Mais foin des nostalgies ! Que les incrédules se pressent aux maisons de la presse : le revoilà en chair et en os ! Et il est bien enraciné dans l’aujourd’hui.

" Donne la vie à tes pifises ". Le titre barre la couverture, sous un logo relooké... Hercule se frotte les mains devant un crustacé qui s’échappe. C’est l’un des gadgets mythiques du magazine - les pifises flanqués d’un aquarium - qui inaugure la série. La main est conséquente et agréable : 132 pages. Et la BD s’y déploie comme un feu d’artifice. L’éclectisme qui a fait la force de Pif est de mise. La galerie de portraits s’est considérablement enrichie de nouveaux personnages hauts en couleur. Bien sûr Pif et Hercule, Placid et Muzo, Couik, Dicentim, le Concombre masqué, Léo, Corinne et Jeannot sont de la partie. Et d’autres suivront. Docteur Justice trouve une nouvelle jeunesse sous le trait épuré de Barison et la verve de François Corteggiani. Le voici embarqué dans une aventure haïtienne contre le trafic d’organes. La rédaction de Pif a travaillé à réunir des talents arc-en-ciel. On trouve les signatures de Florence Cestac, l’une des deux femmes à avoir obtenu le grand prix d’Angoulême, de Pierre Christin, scénariste de Bilal et Mézières, de Michel Blanc-Dumont, d’Al Coutelis, d’Annie Goetzinger. De jeunes talents ont aussi pris le train d’un journal qui ambitionne d’ouvrir un champ à la création, et leur créativité s’étale avec beaucoup d’à-propos dans les pages du journal.

Faisons un petit tour dans la galerie. Lobo Tommy, un détective déjanté, se sort avec incrédulité d’un traquenard monté par un vilain petit canard. La fée Kaca, quand elle est de mauvais poil, transforme momentanément en crotte ceux qui l’agacent. Le corsaire Trelawney se sort d’un piège en plein océan Indien. La reporter Isa, qui doit filmer un terrible accident de train, essaie de ne pas s’arrêter à l’émotion et aux impressions pour monter son émission. Du rire, du rêve, de la réalité. Et uniquement des récits complets. Le panel sera sans doute complété par la suite dans des univers différents. Dès le deuxième numéro, une série d’heroic fantasy est programmée, et l’on croit savoir que l’univers des mangas ne restera pas en friche dans le journal. Les bédéphiles y reconnaîtront le sceau de la qualité, condition pour que les enfants en soient eux-mêmes accrochés.

Cette diversité des bandes dessinées se marie avec un vrai magazine pour les enfants d’aujourd’hui, qui les éveille au monde, à la science, à la nature, à la culture. Les rubriques savamment illustrées mettent en scène de façon ludique et variée des informations sur l’actualité et des rencontres vivantes. On peut y faire la connaissance de Nazim, petit Indien confronté au travail à sept ans, de Muriel Hurtis, championne du monde du 4 x 100 mètres, ou encore de Copernic, sur le cas duquel s’affrontent les deux savants Charles Attend et Ella Bienraison. Des collaborations prestigieuses marquent la renaissance du journal comme celle d’Hervé This, chercheur à l’INRA et auteur d’une chronique sur La Cinquième, qui explique pourquoi on peut faire de la mousse au chocolat pour vingt personnes avec un seul blanc d’oeuf, ou encore de Pierre Pelot, auteur du Pacte des loups et de l’Été en pente douce, qui commet ici un mini roman. Un journal des jeux original donne au journal un caractère interactif amusant.

En un mot, on retrouve l’esprit de Pif, solidaire et généreux, citoyen. En un mot, porteur de valeurs, qui méritent de l’être dans notre société. On pourrait dire que l’émotion est intacte. Plus, elle est renouvelée.

Il manquait quelque chose dans le paysage de la jeunesse et de l’enfance. Comme un vide qui n’avait pas été comblé. Ce journal n’existe pas ailleurs, il est unique parce qu’il s’adresse à tous et dans tout ce qui fait la vie. Il paraîtra chaque début de mois à compter de septembre. Ce numéro d’été donne déjà envie de dévorer les suivants ! Et dans son édito, Pif prévient : " Chaque mois, ça va déménager ! "

Pierre Sapède

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-07-01/2004-07-01-396431