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Plainte contre l’actrice Fanny Ardant...
Publie le jeudi 30 août 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Fanny Ardant provoque un tollé à Venise
TERRORISME. L’actrice française, attendue au festival de la Mostra pour présenter son dernier film, a avoué dans une interview son admiration pour le fondateur des Brigades rouges. Une opinion qui passe très mal dans la lagune.
de Eric Jozsef, Rome
Fanny Ardant sera-t-elle privée de Mostra ? Attendue à Venise pour la présentation de son nouveau film intitulé L’Ora di Punta (L’heure de pointe), la comédienne française a suscité il y a quelques jours une belle polémique dans la Péninsule. Au point que certaines victimes du terrorisme et plusieurs responsables de la droite italienne ont clairement affirmé qu’elle était persona non grata dans la lagune. « Faites-nous la faveur de ne pas assister au festival cinématographique », a notamment lancé le président (Forza Italia) du Conseil régional de Vénétie, Giancarlo Galan.
Son tort ? Dans un récent entretien accordé au magazine féminin A, l’actrice de Truffaut, Resnais ou encore Costa-Gavras a fait part de son admiration pour Renato Curcio, le fondateur des Brigades rouges, le groupe terroriste d’extrême gauche qui a ensanglanté l’Italie dans les années 70 et 80. « Pour moi, c’est un héros », a-t-elle candidement affirmé. « J’ai toujours considéré le phénomène des Brigades rouges comme passionnant et captivant. C’était une époque où il fallait choisir son camp, il y avait ceux qui décidaient de prendre les armes et qui pouvaient tuer ou se faire tuer. » Une vision romantique, historiquement contestable, à laquelle Fanny Ardant a voulu ajouter, en forme de louange, un commentaire à propos de Curcio : « Lui n’est pas devenu un homme d’affaires. »
En Italie, où les « années de plomb » ont - entre terrorismes noir et rouge - coûté la vie à 415 personnes et ont été marquées par 15000 attentats, l’opinion de l’actrice passe mal. D’autant qu’une nouvelle génération de brigadistes continue de sévir. Le dernier homicide ne remonte qu’à 2001. Si seule la droite a souhaité que l’actrice ne se rende pas à Venise, toute la classe politique a condamné ses propos. « Quelle déception, Madame Ardant. Vous qui jouissiez d’une réputation d’imprévisible, vous en sortir avec une telle banalité. C’est donc votre idée de la passion ? » s’est pour sa part interrogé Massimo Gramellini. L’éditorialiste du quotidien La Stampa l’associe à ces « femmes qui ont une attraction irrésistible pour le courage masculin quand il est tourné vers le mal : des femmes cérébrales dévorées par une névrose qu’elles appellent le cœur. »
Fanny Ardant a bien tenté une marche arrière. Devant les caméras du journal télévisé de Rai Uno, la première chaîne de télévision publique, l’actrice a finalement présenté ses excuses, assurant qu’elle était désolée « d’avoir ajouté de la souffrance aux personnes qui ont déjà souffert ». Mais pour les parents des victimes, ce mea culpa ne suffit pas. « Curcio (ndlr : arrêté en 1976) a été condamné pour le meurtre de mon père entre autres crimes », s’est indigné Piero Mazzola, le fils d’un policier tué en 1974. Celui-ci a même porté plainte contre Fanny Ardant « parce qu’elle rend hommage à un meurtrier ». L’affaire révèle surtout l’incompréhension entre l’Italie et la France sur la question de la violence politique et l’attitude bienveillante des artistes et intellectuels parisiens envers les anciens activistes d’extrême gauche dont des centaines se sont réfugiés de l’autre côté des Alpes. Déjà, au cours des dernières années, le cas de Cesare Battisti, l’ancien militant des Prolétaires armés pour le communisme, condamné à la perpétuité en Italie pour participation à quatre assassinats, avait provoqué une vive tension entre les deux pays. Installé en France en vertu de la « doctrine Mitterrand » qui accordait l’asile aux activistes ayant rompu avec « la machine infernale du terrorisme », Cesare Battisti, reconverti en auteur de romans policiers, a bénéficié d’un soutien médiatique extraordinaire lorsqu’il s’est agi de l’extrader vers l’Italie en 2004. De Bernard-Henri Lévy à Fred Vergas, toute une série de personnalités se sont mobilisées contre l’arrestation de l’intéressé et la remise en cause de la doctrine Mitterrand, considérant en toile de fond que l’Italie des années 70 n’était pas pleinement démocratique.
Au Festival de Venise, on préfère en tout cas mettre l’engouement de Fanny Ardant pour Renato Curcio sur le compte d’une passion pour les personnages exaltés et romantiques. Comme au cinéma. « Je souhaite la bienvenue à l’une des actrices les plus extraordinaires même si je ne partage pas sa lecture du terrorisme », a annoncé le directeur du festival, Marco Müller. « Elle est plus que bienvenue à Venise », a renchéri le maire (centre gauche) de la ville, Massimo Cacciari, qui a ajouté : « Fanny Ardant a parlé d’un personnage et d’une époque qu’elle ne connaît pas. »
Messages
1. Plainte contre l’actrice Fanny Ardant..., 30 août 2007, 12:05
Fanny Ardant en tant qu’actrice n’est pas ma tasse de thé. Mais je dois avouer qu’en tant que femme, elle dégage. Peut-être joue t-elle de cette aura mystérieuse de femme romantique et cérébrale dont les médias l’ont affublé ? Mais elle n’a pas pour habitude de gommer ce qu’elle pense de l’actualité même au risque de passer pour une intello névrosée comme on l’air de le sous-entendre les éditorialistes italiens.
Pour l’avoir fréquenter quelques jours avec d’autres membres de délagations culturelles lors d’un séjour à Kiev, je peux vous assurer qu’elle est loin de soutenir le terrorisme.
Ses propos sur les "années de plomb" et les brigadistes sont à mettre sur le compte d’une interprétation fausse et idéalisée de la lutte armée.
Doit-on lui en tenir rigueur jusqu’à porter plainte même après ses excuses ?
Irresponsable la diva Ardant ?
En tout cas lorsqu’elle ajoute à propos de Renato Curcio "...lui au moins n’est pas devenu un homme d’affaires...", le message a au moins le mérite d’être clair.
Combien de terroristes repentis livrant leurs camarades et terminant pour certains à la tête de petites affaires sympathiques, le tout bien sûr au service de l’Etat, donc du plus fort ?
1. Plainte contre l’actrice Fanny Ardant..., 30 août 2007, 21:03
Il y a homme d’affaires et homme d’affaires. Certains producteurs de cinéma se battent comme des fous pour que des films à contre-courant voient le jour, eh bien ce sont aussi des hommes d’affaires, ils mettent les mains dans le cambouis du financement et on est bien content qu’ils soient là. C’est pas demain la veille qu’on s’en passera. Cela dit, il y a aussi quelques (très peu) coopératives de cinéastes et s’il pouvait y en avoir plus, ce sera pas plus mal... rebral