Pour André en hommage

de Makhno

A 40 ans Dédé en paraissait 60 ..

oui mais à 68 il en paraissait 50...

Drôle de personnage le Dédé, il fallait bien le connaitre pour s’apercevoir que tout ne glissait pas sur lui autant qu il paraissait.
le sourire facile,son accent marseillais qui transformait de simples expressions en purs moments de joie.

un homme infiniment bon ,avec un seuil de tolérance impressionnant.

"enfin, Dédé, ne te laisse pas faire ...

-té, m en fous de ces cons... toute manière je ferai que ce que je veux"

il évitait le plus possible les conflits avec les supérieurs, pas par peur, juste pour être tranquille..
mais capable lors de la visite de grands directeurs ,alors qu on le présentait comme le plus ancien ...le pilier .. bla bla bla..
de regarder le type en face et de lui dire :

"bonjour Madame "

dans l’ensemble pas contrariant .mais capable comme tous les "gentils" d’accès de fureur dévastateurs, faisant voler les ordinateurs à la tête des directeurs et les poursuivant dans les couloirs,avant de retrouver une apparente bonhommie.
un vrai camarade avec qui il n y avait pas besoin de se perdre en explications..

"Dédé , on lance un mouvement..on sort tous et on ferme ..tu viens ?
-oué .
-tu sais pourquoi ?
-m’en bats les couilles... si on le fé cé qui faut .."

Dédé et nos fou-rires à en pleurer ,comme la fois où j’ai envoyé un bulletin d’adhésion à son nom ,sans le prévenir ,au front national.
sa tête quand le type l’a appelé...et le vocabulaire employé pour répondre.. j en ris encore.

Dédé et ses paradoxes .

"euh ..Dédé qu’est ce que tu fais encore au PS ?

- té ça fait 40 ans que j’y suis ,peuchère ,me font de la peine . t ’y a vu dans quel état y sont ?

’tin ,c est sentimental, bon remarque, je les vote plus mé ça fé rien, je vé aux réunions des fois, ça me fé voir du monde."

faut dire que chez lui c’était l’enfer....
préférait rentrer le plus tard possible, faisant tous les magasins ouverts...

je ne l ’ai vu vraiment triste qu ’une fois, il y a 6 mois...

quand il a su pour le crabe.

il a pleuré dans mon bureau...

pas dupe,

le foie,

pas opérable.

Nous a quitté hier , sans bruit comme d’hab’ .
et ce matin , c’est moi qui pleure.

tu vas nous manquer.

Bon voyage à toi .

soleil mon frère ,soleil...