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Pour calmer les républicains ultras, Bush veut envoyer la troupe contre les immigrés
Publie le lundi 15 mai 2006 par Open-Publishing1 commentaire
Alain Campiotti, New York
Lundi 15 mai 2006
C’est le nouveau front : la ligne bleue du Rio Grande. George Bush doit proposer ce lundi soir - du bureau ovale pour ajouter à la gravité de son intervention - d’envoyer des troupes à la frontière mexicaine afin de contenir les vagues d’immigrés clandestins. La Chambre des représentants l’a demandé par un vote jeudi. Le lendemain, Donald Rumsfeld a reçu le ministre mexicain de la Défense, le général Gerardo Clemente Rircardo, pour parler de la sécurité frontalière et apporter sa touche personnelle dans cette gesticulation. Mais c’est un trompe-l’œil : la guerre, en fait, a lieu au Congrès américain.
Le Sénat reprend aujourd’hui la discussion, sabotée à la veille de Pâques, de son projet de réforme de la politique d’immigration. Le texte contient trois chapitres. Le renforcement des effectifs et des moyens des gardes-frontière (Border Patrol) d’abord. La création d’un permis de saisonnier, comme le demandait Bush, pour tenter de faire passer les nouveaux immigrés de l’illégalité à la légalité, ensuite. Enfin, l’ouverture d’un accès à la citoyenneté, conditionnelle, pour une bonne partie des 11 ou 12 millions de clandestins qui sont déjà dans le pays.
Dans l’état d’excitation où sont, sur cette question, les Etats-Unis, la proposition des sénateurs, avancée d’abord par Edward Kennedy et John McCain, est la plus généreuse possible. Mais elle est en contradiction totale avec le projet qu’a déjà voté l’autre chambre. Les représentants ont adopté un texte purement répressif, qui veut criminaliser les clandestins et ceux qui les aident, et promet de boucler la frontière mexicaine par une double barrière de plus de 1000 kilomètres de long.
La mobilisation que déclenche ce soir la Maison-Blanche vise à amadouer la Chambre basse, pour amener les élus à moins de brutalité. N’empêche que, si la décision est prise d’envoyer des troupes, même en effectif limité, sur le Rio Grande, il y aura dans cette militarisation de la question de l’immigration une charge symbolique qui fait peur à Arnold Schwarzenegger lui-même, le gouverneur de Californie, aux premières loges.
L’armée fédérale ne peut en réalité pas être engagée dans des opérations de police intérieure, depuis qu’une loi (Posse Comitatus Act) a tiré les leçons en 1878 de la terrible saignée de la Guerre civile. George Bush proposera donc le recours à des unités de la Garde nationale, qui dépend des Etats, mais dont l’intervention serait financée par Washington. Le président a aussi le pouvoir de « fédéraliser » temporairement des unités de la Garde, comme il l’a fait abondamment en Irak et en Afghanistan.
Les chefs républicains de la Chambre demandaient à la Maison-Blanche cette manifestation de détermination radicale, pour les aider à convaincre leurs troupes de corriger leur texte presque barbare. Il n’est pas sûr que cela suffise. Quand le Sénat aura adopté sa propre version, dans les quinze jours sans doute, une négociation devra s’engager entre les deux Chambres pour arriver à un texte commun. Ce sera d’autant plus difficile que l’approche des élections du mid-term de novembre pousse les candidats à la dureté. Les primaires qui ont déjà eu lieu montrent que l’endiguement de l’immigration illégale est une demande prioritaire des électeurs, travaillés jour après jour par des radios et des télévisions transformées en moulins à prières « nativistes » - le gentil mot pour xénophobe.
Une petite colonne de Minutemen est arrivée ce week-end de Los Angeles à Washington, pour manifester devant le Congrès. Ces miliciens autoproclamés patrouillent sur la frontière pour démontrer que la Border Patrol est sous-équipée et inefficace. Ils ont dû faire face dans la capitale à des contre-manifestants qui dénonçaient un « nouveau fascisme ». Les Minutemen menacent de commencer à la fin du mois l’édification sauvage d’un segment de double barrière si l’Etat n’agit pas. Le mouvement nationaliste exerce aussi son influence dans les Etats : la Géorgie, qui n’est pourtant pas en première ligne, vient d’adopter après l’Arizona une législation draconienne contre les clandestins.
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Messages
1. > Pour calmer les républicains ultras, Bush veut envoyer la troupe contre les immigrés, 15 mai 2006, 16:37
Encore et toujours le mur. On a beau en détruire un de temps en temps, il en repousse de nouveaux.
J’ai depuis longtemps cette vision de citadelle où les riches s’enfermeront et d’où ils ne pourront plus sortir.
Ils seront en état de siège... comme au moyen âge.
Les hommes libres seront à l’extérieur et referont leur monde
Flash 12