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Pour la Fête de l’Humanité, suivre le drapeau israélien
par Omar Alsoumi
Publie le jeudi 8 septembre 2011 par Omar Alsoumi - Open-Publishing4 commentaires
Publié le jeudi 25 août 2011 sur Oumma.com - L’affiche de la Fête de l’Humanité 2011, éditée et placardée à des centaines de milliers d’exemplaires, cache un drapeau israélien au cœur d’une iconographie apparemment censée rendre hommage aux révolutions arabes.
J’étais heureux de découvrir dans mon quartier la semaine dernière les affiches de l’édition 2011 de la Fête de l’Humanité. Voilà près de 10 ans que je suis fidèle à ce grand rendez-vous militant, lieu d’échanges, de réflexions et de rencontres. Mon attention a été retenue par cette grande affiche représentant une belle jeune femme basanée au poing levé sur fond rouge.
Ses yeux soulignés de khôl, son tatouage au henné et sa chevelure noire ondulée ne laissent aucun doute : il s’agit du portrait d’une Arabe, allégorie sans doute des luttes victorieuses de la jeunesse contre l’oppression, pour la dignité et la justice. Heureux de voir les camarades communistes rendre cet hommage mérité, je m’approche et découvre que les mèches colorées qui s’entrelacent avec ses cheveux sont en fait des guirlandes de drapeaux. Je m’attendais à découvrir d’abord les drapeaux de la Tunisie et de l’Egypte, pays dont les révolutions ont inspiré les suivants : Libye, Syrie, Bahrein, Yémen, etc... Cela me semblait la suite logique de cette iconographie, une dédicace à la mémoire de ces martyrs de la liberté et à leurs familles endeuillées.

Déformation militante ? C’est possible. Mes yeux ont été presque crevés par le drapeau israélien que je découvre dans les cheveux de cette beauté orientale. Ce drapeau, j’ai surtout l’habitude de le voir sur les tourelles des tanks qui assiègent et bombardent Gaza, sur les miradors de ces barrages militaires qui privent mes frères et sœurs de liberté de mouvement, sur les grillages de ces colonies qui rongent la terre de Palestine, et notamment Jérusalem, Al Qods. Comble de l’hypocrisie, le drapeau israélien est juxtaposé au drapeau palestinien, comme pour ces projets financés par le Centre Shimon Pérès pour la Paix, où les Palestiniens, pour exister et avoir le droit à la parole sont systématiquement affublés d’un compagnon-tuteur israélien.
Je me rappelle immédiatement cette affiche de la fédération 93 du PCF, diffusée au lendemain des massacres de Gaza et des manifestations historiques qui avaient traversé la France. Le slogan « un Etat Palestinien ! » y figurait sous les drapeaux palestinien et israélien, accolés. Dans les deux cas, le choix des images exprime l’analyse et le message politique du parti à un moment historique précis : quand les Arabes se lèvent en masse pour combattre l’oppression, le PCF nous rappelle qu’il faut se soucier du destin de l’Etat colonial sioniste. Il nous impose la normalisation de cette présence israélienne au cœur de notre révolte. Un mirador surplombe notre lutte.
Ce sont là les pensées qui m’ont immédiatement traversé. J’ai partagé mon sentiment de rejet et de dégoût avec l’ami qui m’accompagnait et lui ai dit : « cette année, je n’irais pas à la Fête de l’Humanité ». Je refuse de participer à un événement dont l’affiche, qui est l’image-symbole de ce rendez-vous aux 500 000 visiteurs, arbore le drapeau des crimes sionistes.
En regardant encore et encore cette affiche, je me rends compte combien son propos est inacceptable. D’abord, il n’est pas anodin que le symbole choisi pour les révolutions arabes soit une femme. Alors même que l’immense majorité des martyrs tombés pour la liberté sont des hommes, le choix d’une figure féminine reflète cette triste permanence du regard orientaliste : l’Arabe fait peur, à moins d’être une femme maquillée, tatouée, cheveux au vent. En choisissant de parer les cheveux de cette belle arabe d’une guirlande de drapeaux des cinq continents, les graphistes ont internationalisé, en fait désarabisé, les révolutions arabes, comme s’il était honteux de mettre tous les drapeaux des pays arabes en lutte. Hortefeux l’a rendu populaire, on connaît le dicton : « Quand il y’en a un peu, ça va, c’est quand il y’en a beaucoup que... ».
Moi qui pensais que les révolutions arabes avaient changé radicalement le regard porté sur nous, je suis triste de me rendre compte que, sans creuser beaucoup, on débusque encore cet imaginaire paternaliste qui opère jusque dans les rangs de ceux qui se prétendent nos meilleurs amis. Si, par faiblesse sans doute, je suis prêt à tolérer les manifestations ambigües de cet inconscient, il y a un principe inamovible : c’est moi ou le drapeau israélien. Soit j’obtiens des d’explications de la part des responsables de la Fête de l’Humanité sur le sens politique de ce drapeau israélien, soit j’inciterai tous mes frères et sœurs, Palestiniens, Arabes et anti-colonialistes à ne pas participer cette année à la Fête de l’Humanité.

Messages
1. Pour la Fête de l’Humanité, suivre le drapeau israélien, 9 septembre 2011, 09:57
La GUPS privée de participation à la fête de l’Humanité cette année -
Communiqué du 5 septembre 2011
La participation de la GUPS à la fête de l’Humanité est entravée. En 2010 déjà, nous avions dû négocier notre présence lors de ce rendez-vous militant annuel organisé par le journal l’Humanité. Les fonctionnaires de l’Autorité Palestinienne imposent leur monopole sur la représentation des Palestiniens en France. A l’heure des révolutions arabes et alors que persistent les menaces sur les droits du peuple palestinien, il n’est pas acceptable de cautionner le musèlement de la jeunesse palestinienne.
2. Pour la Fête de l’Humanité, suivre le drapeau israélien, 9 septembre 2011, 16:34
Déclaration historique de Palestiniens et Israéliens
Quelque 20 partis politiques et mouvements sociaux des deux côtés de la Ligne verte ont publié une déclaration historique en soutien à la protestation sociale qui secoue actuellement Israël et son lien nécessaire avec la lutte contre l’occupation israélienne et les politiques coloniales.
Déclaration historique de Palestiniens et Israéliens en soutien à la contestation sociale israélienne et à la lutte anti-coloniale
Lundi 5 septembre 2011
Quelque 20 partis politiques et mouvements sociaux des deux côtés de la Ligne verte ont publié une déclaration historique en soutien à la protestation sociale qui secoue actuellement Israël et son lien nécessaire avec la lutte contre l’occupation israélienne et les politiques coloniales.
Conférence d’Hébron de mai 2011, organisée conjointement par les partis de gauche d’Hébron, l’AIC et Tarabut-Hithabrut. Cette déclaration commune est l’une des activités ayant suivi le comité de pilotage et la conférence (Photo : Yousef Katalo pour l’AIC)
Ensemble pour mettre fin à l’occupation et au racisme, en soutien à la lutte du peuple palestinien pour parvenir à ses droits nationaux et contre l’oppression nationale et sociale
Même à la lumière des changements encourageants au Moyen-Orient, de la vague de protestations sociales et du réveil des luttes des peuples pour les libertés et le droit de vivre dans la dignité, le peuple palestinien vit encore sous le joug de l’occupation israélienne, en dépit de sa lutte opiniâtre et continue pour la liberté. La communauté internationale, pour sa part, démontre son impuissance et ne vient pas en aide à la lutte des Palestiniens pour la libération et la justice.
Les mouvements de protestation et les vents de changement qui soufflent dans le monde arabe ont suscité l’agitation à travers le monde parmi les demandeurs de liberté, en encourageant nombre d’entre eux à adopter le modèle de la lutte populaire.
Ces mouvements de protestation ont eu un impact profond sur les différents groupes en Israël, autant parmi les Juifs que les Palestiniens, et ont apporté une contribution importante à la montée du mouvement de protestation populaire en Israël pour la justice sociale. Motivés par notre aspiration à parvenir à une paix juste et équitable dans la région, une paix qui est vraiment essentielle pour les peuples de la région et peut contribuer à promouvoir la lutte pour la justice et le progrès pour tous, nous - forces sociales et politiques palestiniennes et israéliennes, représentants d’associations de femmes et de jeunes des deux côtés de la Ligne verte – insistons sur la nécessité d’une lutte commune, dans le but de libérer les peuples de la région du colonialisme et de l’hégémonie, en particulier celle du sionisme, en cessant l’occupation et l’agression de l’armée israélienne et en soutenant la juste lutte du peuple palestinien pour la réalisation de son droit à l’autodétermination conformément aux décisions de la communauté internationale.
Nous nous réjouissons de la libération de tous les peuples de la région de la dictature, de la tyrannie en place et de toutes les formes d’oppression nationale, sociale et économique.
Par conséquent, nous les signataires de ce document, insistons sur :
1. Nous soutenons l’initiative palestinienne de Septembre aux Nations Unies, l’organisation qui exerce la responsabilité d’établir les fondements de la paix au niveau international, afin d’exiger une pleine adhésion de la Palestine à l’ONU et la reconnaissance d’un Etat palestinien dans les frontières du 4 Juin 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, et afin de renforcer les efforts pour mettre fin à l’occupation des terres du peuple palestinien, en préservant le droit du peuple palestinien à s’opposer à l’occupation, et le droit au retour des réfugiés conformément à la résolution 194 des Nations Unies.
Dans ce contexte, nous soulignons que l’Organisation de libération palestinienne (OLP) est le représentant unique et légitime du peuple palestinien, tirant sa légitimité tant du peuple palestinien sur place qu’en exil et de la reconnaissance qu’il a reçue de la Ligue arabe et des Nations Unies. L’initiative de l’ONU est une étape légitime.
L’Organisation des Nations Unies doit s’acquitter de don devoir en mettant en œuvre sa responsabilité d’établir la paix et la justice au niveau international. C’est une étape qui renforce les droits du peuple palestinien et ne représente en rien une menace pour Israël, malgré les grands efforts du gouvernement israélien pour présenter cette étape au peuple israélien comme une déclaration de guerre ou nuisant à la légitimité de l’existence d’Israël.
2. Nous comprenons que l’une des principales raisons de la détresse sociale et économique des citoyens en Israël, en plus des politiques économiques capitalistes, est la continuation de l’occupation et les budgets de sécurité excessifs, que le gouvernement israélien cherche à justifier comme étant nécessaire pour défendre la sécurité des colonies d’une part, les frontières de l’Etat de l’autre. Nous pensons donc que la fin de l’occupation et l’établissement d’une paix juste et équitable sont essentiels pour une vie de paix et de bien-être.
Nous saluons la participation et l’intégration de la population palestinienne en Israël dans la protestation sociale. Ceci est une occasion importante de présenter aux différents groupes au sein de la société israélienne les détresses des Palestiniens et les injustices qui leur sont causées, afin que ces groupes puissent prendre leurs responsabilités dans la lutte contre les politiques de marginalisation et de discrimination permanente contre les Palestiniens en Israël, pour la fin de la confiscation des terres, la pleine égalité et la fin de l’occupation des terres palestiniennes qui ont été occupées en 1967.
Nous alertons encore contre les tentatives bien connues de la part du gouvernement d’occupation d’échapper à la crise, à ses crises internes et à la pression des mouvements de protestation, par une politique de la terreur qui pointe une menace extérieure : que ce soit par la présentation de l’appel palestinien à l’ONU comme un "danger" ou par des actions militaires, comme nous en avons été témoins ces derniers jours à la lumière de la sévère escalade sanglante contre le peuple palestinien à Gaza.
3. Nous reconnaissons le droit du peuple palestinien, vivant sous occupation, à faire usage de toutes les formes légitimes de résistance en conformité avec les normes internationales pour l’éradication des occupants de sa terre et pour l’autodétermination. Dans ce contexte, nous soulignons l’importance de la lutte populaire commune des Palestiniens et des Israéliens. Une lutte populaire commune est l’un des principes directeurs centraux de la lutte contre l’occupation, les colonies, le racisme, le colonialisme, contre les politiques d’exclusion, d’affaiblissement, d’appauvrissement et de ségrégation raciste à l’intérieur d’Israël.
Septembre 2011
Signataires : Les partis politiques, organisations sociales et de jeunes militants femmes et hommes palestiniens et israéliens (par ordre alphabétique)
Association of Palestinian Democratic Youth (Palestine)
Association of Progressive Students (Palestine)
Democratic Front for the Liberation of Palestine (Palestine)
Democratic Front for Peace and Equality (Israel)
Democratic Teachers’ Union (Palestine)
Democratic Union of Professionals in Palestine (Palestine)
Democratic Women’s Movement in Israel (Israël)
Israeli Communist Party (Israël)
National Campaign for Return of the Bodies of Arab and Palestinian Martyrs Captured by the Israeli Government (Palestine)
Palestinian People’s Party (Palestine)
Popular Campaign for the Boycott of Israeli Products (Palestine)
Progressive Workers’ Union (Palestine)
Tarabut-Hithabrut – Arab-Jewish Movement for Social and Political Change (Israël)
The Alternative Information Center (Palestine/Israël)
Union of Palestinian Farmers’ Unions (Palestine)
Union of One World for Justice (Palestine)
Union of Palestinian Working Women (Palestine)
Workers’ Unity Bloc (Palestine)
Source : "Historic Declaration by Palestinians, Israelis in Support of Israeli Social Protest, Anti-Colonial Struggle"
http://www.alternativenews.org/english/ ... cs...ggle-
Traduction : MA pour la CCIPPP
http://www.protection-palestine.org/spi ... ticle11054
3. Pour la Fête de l’Humanité, suivre le drapeau israélien, 9 septembre 2011, 17:10
IL existe un Etat et le sionisme.IL existe aussi une société israelienne, des travailleurs israeliens, des luttes etc.
Il se trouve qu’on utilise les drapeaux nationaux pour désigner les sociétés nationales, c’est peut etre regrettable mais c’est comme ça.
Et quoi qu’on pense de l’Etat, cette société existe ; certain aimerait peut etre la voir disparaitre, mais on n’a aucune obligation politique no morale de les suivre.
4. Pour la Fête de l’Humanité, suivre le drapeau israélien, 9 septembre 2011, 18:54, par AC
Franchement crado et de mauvaise foi !
Celui qui a signé cet article ose insulter la lutte que nous menons, et cette agression ridicule qui vise soi disant le PCF...s’adresse à tous les militants qui sont solidaires des palestiniens..
Même le Hamas n’oserait pas cette vilainie :
Nous pouvons comprendre que des centaines de milliers de Palestiniens, de par le monde, soient encore choqués de la façon dont les nations , après guerre ont partagé la Palestine..
Ceci dit, et persuadé qu’un jour peut naitre une autre forme de lien entre les peuples que les Etats-Nation, nous exigeons la reconnaissance’un ETAT palestinien , libéré , et cohabitant avec l’Etat d’Israel qui est, que cela plaise ou non, une réalité.
Tout le reste, ce côté dérisoire et méprisant, c’est du caca nerveux de clavier..
C’est certes moins risqué que de se coltiner Tsahal à Gaza.
Ce communiqué mériterait la poubelle.
A.C.