Accueil > Pour les cinq de Villiers-le-Bel
Par un collectif de soutien
A Villiers-le-Bel, les 25 et 26 novembre 2007, un renversement s’est produit : ces gamins que la police s’amuse de mois en mois à shooter ont à leur tour pris leurs aises avec ceux qui les ciblent. Ces quartiers submergés par une occupation devenue militaire ont, un temps, submergé les forces d’occupation. Les roueurs ont été roués. L’espace de deux soirées, la peur a changé de camp. Comble de l’horreur, il paraît que les émeutiers étaient « organisés ».
C’est cela l’événement de Villiers-le-Bel. Si l’ordre de ce monde s’affirme jusque dans les recoins les plus infimes de l’existence comme un ordre policier, cet ordre a été, en un point nommé Villiers-le-Bel, renversé. Or cet ordre du monde est celui sous lequel nous vivons tous, sous lequel nous étouffons. Quelle que soit l’aptitude du système à masquer l’étendue de son délabrement, chacun sent qu’il a fait son temps. Quand il s’effondrera finalement, Villiers-le-Bel entrera dans la longue chronique des soulèvements qui auront auguré de la fin d’un monde de malheur. Depuis deux siècles, l’histoire de France a cessé d’être la légende de ses rois pour devenir, un jour de 1789, celle de leur renversement. Elle a déserté les palais, et ses moments véritables ont lieu dans la rue, avec le peuple en armes, en grève ou en révolte. Elle tient désormais dans chacune de ces circonstances où la population, objet permanent de la sollicitude policière, cesse d’être la population et redevient le peuple. En novembre 2007, l’histoire était à Villiers-le-Bel. Dans ces moments politiques, les choses sont rendues à une simplicité aveuglante. On est soit du côté de la police, soit du côté du peuple. Il n’y a pas de tiers parti.
Aujourd’hui s’ouvrit à Pontoise le procès des prétendus « tireurs de Villiers-le-Bel ». L’année dernière, le procès des premiers émeutiers avait été l’occasion d’une formidable unanimité journalistique contre les prévenus, et c’est le même phénomène qui se profile aujourd’hui. Comme Gambetta traitait la Commune d’« insurrection criminelle » et célébrait « le dévouement, la sagesse » des conseils de guerre chargés de liquider les communards, comme le bon Tocqueville louait durant le massacre de juin 1948 ces troupes qui « font admirablement leur devoir », les inculpés seront forcément présentés comme des délinquants-polygames-à-femme-en-burqa. On ne reculera devant aucune infamie pour justifier que l’on prenne ainsi le parti de forces de l’ordre qui, après avoir renversé deux enfants du quartier et entraîné leur mort, vont se plaindre devant le tribunal d’avoir reçu quelques plombs dans l’épaisseur de leurs gilets pare-balles.
Les cinq inculpés auraient aussi bien pu être tirés au sort parmi les jeunes de Villiers-le-Bel. C’eût été plus démocratique. Le dossier de l’accusation a été établi en utilisant des méthodes inqualifiables - des dénonciations anonymes et rémunérées, dont plusieurs ont été discréditées depuis, de simples déclarations faites au cours de gardes à vue de quatre jours et sous la pression que l’on imagine. Et c’est avec ce dossier, fait de témoignages douteux, que l’on s’apprête à requérir des dizaines d’années d’emprisonnement. Une justice qui avaliserait de tels procédés ne serait plus qu’une chambre d’enregistrement de l’arbitraire policier. Ce serait une nouvelle étape dans la « guerre totale aux bandes » où le pouvoir en place croit trouver son salut. Ce serait couvrir la vengeance privée de l’institution policière contre le peuple de Villiers-le-Bel.
Pour toutes ces raisons, nous disons que la justice n’a pas à connaître de ce dossier : on ne traîne pas un événement devant une cour d’assises. Nous refusons de laisser le gouvernement mener en notre nom cette stupide « guerre à la banlieue », aussi rentable soit-elle électoralement. Nous sommes lassés d’avance de cette mauvaise mise en scène. Nous appelons tous ceux qui nous entendent à manifester leur soutien aux inculpés et leur refus de cette justice.
Signataires : Pierre Alféri Ecrivain, Keny Arkana rappeuse, Miguel Benassayag Ecrivain, Rokhaya Diallo Militante associative et chroniqueuse, Dominique Grange Chanteuse, Eric Hazan Editeur, Hugues Jallon Editeur, Serge Quadruppani Ecrivain, Benjamin Rosoux Tarnacois, Bob Siné Dessinateur, Jean-Marie Straub Cinéaste, Miss. Tic Artiste plasticienne, Rémy Toulouse Editeur, Dominique Tricaut Avocat, Antoine Volodine Ecrivain.
http://www.liberation.fr/societe/01...

Messages
1. Pour les cinq de Villiers-le-Bel, 26 juin 2010, 08:17, par pilhaouer
Dans un article publié dans Marianne, le procureur Philippe BILGER s’est étranglé à la lecture de cette tribune !
Quand Libé fait l’apologie de la violence à Villiers-le-Bel
http://www.marianne2.fr/Quand-Libe-...
Mais on n’a jamais vu Bilger verser une larme sur les jeunes victimes de bavures policières ni s’émouvoir de l’assassinat d’un retraité algérien de 69 ans par la police !
Décès du retraité Ali Ziri : un rapport accable les policiers
http://www.leparisien.fr/faits-dive...
2. Pour les cinq de Villiers-le-Bel, 26 juin 2010, 08:24, par pilhaouer
Voir aussi le site de Maurice Rajfus qui crée en 1994 l’Observatoire des libertés publiques après l’assassinat d’un garçon âgé de dix-sept ans, Makomé M’Bowolé, au commissariat de police des Grandes-carrières, dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
http://quefaitlapolice.samizdat.net...
3. Pour les cinq de Villiers-le-Bel, 26 juin 2010, 11:38
le monde, libé, le parisien, marianne etc..c’est ça votre lecture, c’est là que vous pomper tous vos articles, désolant et triste
1. Pour les cinq de Villiers-le-Bel, 26 juin 2010, 14:31, par pilhaouer
D’abord, transmettre n’est pas "pomper".
Ensuite, c’est vrai que l’on peut ignorer tout ce qui nous déplaît, c’est même très efficace pour dormir sereinement.
Pour une fois qu’une Tribune se démarque de la politique éditoriale de libération, il me paraît intéressant de la lire.
Elle provoque l’ire du bon procureur Bilger dans Marianne, c’est agréable à lire aussi.
Il est important de lire et de critiquer la presse bourgeoise mais il faut aussi l’utiliser.
Un commentaire sur les faits évoqués serait peut-être plus intéressant, non ?
Ils vous intéressent, les faits ? Ils vous gênent ?
2. Pour les cinq de Villiers-le-Bel, 30 juin 2010, 11:51
Ben, les faits... A la lecture de cet article, j’ai cru qu’on parlait de l’insurrection du ghetto de Varsovie.
Vous êtes sûr que la police "s’amuse à shooter les gamins" ? Vous avez des exemples ?
Et comment conclure de ce faux postulat que les accusés ne doivent pas être jugés ? Ils sont accusés d’avoir tiré avec des armes sur des personnes. Les policiers "osent se plaindre d’avoir reçu quelques plombs dans l’épaisseur de leur gilets par balle".
Vous feriez quoi si ça vous arrivait ?
Au nom de quoi les tireurs devraient-ils rester impunis ? C’est pas des résistants contre une "occupation devenue militaire" c’est des délinquants qui dont régner la terreur sur les habitants de cités.
On voit que les auteurs sont des cinéastes, artistes, écrivains,... des gens dont le métier est de faire fonctionner leur imagination. C’est une bonne chose pour une oeuvre littéraire mais quand il s’agit de publier un opinion politique, on est plus crédible lorsqu’elle est étayée sur des faits exacts. Et pour ça il faudrait mieux interroger les habitants de ces banlieues que les signataires qui n’y ont jamais mis les pieds.
Quitte à pomper sur le net, autant sélectionner parce que franchement, avec cet article, libé touche le fond et creuse encore.
4. Pour les cinq de Villiers-le-Bel, 6 juillet 2010, 11:00, par Virgie
AUX ARMES, AUX ARMES ! LIBERONS NOTRE JEUNESSE - DETRUISONS LES PRISONS !
J’ai appris le verdict qui vient de tomber ce w.e. à l’encontre de la jeunesse de Villiers le Bel. C’est d’une violence qui, une fois de plus, blesse le peuple.
Quand les policiers, les juges, les jurés, les gouvernements (gauche comme droite) frappent nos enfants, Nous, Parents, Voisins, Amis, Adultes NOUS DEVONS AGIR !
Au 18è siècle, les enfants du peuple étaient arrêtés dans les rues et jetés en prison parce que considérés gênants. Les parents ont fini par s’organiser pour les libérer.
Combien de jeunes sont à nouveau prisonniers aujourd’hui ?
A gauche comme à droite les élus ont fait, font et feront encore des lois pour eux contre nous car, qu’on se le dise, le peuple organisé leur fait peur.
Les juges ne cachent même pas leur mépris des petites gens. Ils ont le pouvoir de décision.
Alors que j’écris ici mon message, un responsable du PS parle sur France Inter, notamment de la sécurité nécessaire. Ben voyons. J’éteins. Ils en rêvent tous du pouvoir sur le peuple.
Plûtôt que d’écouter des telles conneries, voilà un super bouquin : L’ennemi intérieur de Mathieu Rigouste qui a fait un super boulot de recherches (généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine). Merci à lui et bonne lecture à vous.
Courage Abderhamane, Adama, Mara, Ibrahima et Samuel, Tenez bon les enfants, Soyez forts dans vos têtes. Depuis Perpignan... la plage aussi pour vous. Liberté pour tous !