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Pour une mobilisation internationale des travailleurs et des jeunes contre la guerre en Irak
Publie le mercredi 24 janvier 2007 par Open-Publishing24 janvier 2007
Le World Socialist Web Site et le Comité international de la Quatrième Internationale en appelle à tous les travailleurs, les étudiants et les jeunes socialement conscients de partout dans le monde pour qu’ils se consacrent en 2007 au développement d’un mouvement de masse international de la classe ouvrière contre les guerres des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan.
L’administration Bush a ordonné que 21 500 soldats supplémentaires se rendent en Irak pour mettre fin à l’opposition à l’occupation américaine, ce qui signale une intensification majeure d’une guerre qui a déjà coûté la vie à des centaines de milliers d’Irakiens, à 3000 soldats américains et plusieurs centaines de soldats britanniques, italiens, espagnols, ukrainiens et d’autres pays de la « coalition ».
Bush a été clair sur le fait que non seulement il a l’intention de pointer la puissance de feu américaine contre les quartiers très peuplés de Bagdad et la population des centres de la province rebelle d’Anbar, il prépare aussi de nouvelles guerres d’agression, comme le démontre la concentration des forces navales dans le golfe Persique et l’offensive diplomatique de Washington pour trouver des alliés au Moyen-Orient contre l’Iran et la Syrie.
Les ordres de Bush pour « chercher et détruire » les soi-disant réseaux de soutien aux « insurgés et aux terroristes » en Irak préparent le terrain pour une augmentation des provocations et des incursions militaires dans ces deux pays.
La guerre d’Israël au Liban de juillet dernier visant à éliminer le Hezbollah a été soutenue par les Etats-Unis comme le premier pas dans sa mobilisation contre l’Iran et la Syrie. L’échec israélien, loin d’avoir éloigné le danger d’un élargissement de la guerre, ne l’a qu’augmenté. Des reportages ont fait état des détails de plans avancés tant d’Israël que de l’armée américaine pour une attaque sur l’Iran qui ferait usage de l’arme nucléaire pour la première fois depuis 1945.
Les ouvertures des Etats-Unis aux Etats où prédominent les sunnites, comme l’Arabie saoudite et l’Egypte, pour trouver un appui contre l’Iran chiite menacent de transformer la guerre civile en Irak en un conflit confessionnel qui engouffrera toute la région.
Ces actions ont été réalisées au mépris ouvert des sentiments de la vaste majorité de la population mondiale. Dans un pays après l’autre, les sondages ont montré à maintes reprises une opposition écrasante à la guerre.
La Maison-Blanche a ignoré la volonté expresse du peuple américain, qui s’est rendu aux urnes en novembre dernier pour voter contre la guerre et pour retirer le contrôle des deux chambres du Congrès américain aux républicains. En Irak même, la plupart des personnes non seulement veulent la fin de l’occupation militaire, mais appuient les attaques armées contre les occupants étrangers.
Les Etats-Unis ont envahi l’Irak dans le but d’obtenir le contrôle exclusif des immenses réserves en pétrole du pays et de créer une base pour la réalisation d’ambitions plus larges de domination au Moyen-Orient et en Asie centrale. Dans toutes les régions du globe — du Moyen-Orient à l’Amérique latine en passant par le Pacifique Sud — la concurrence s’intensifie entre les grandes puissances pour les ressources, le travail à bon marché et les marchés. Une lutte pour un nouveau partage de l’Afrique est en cours. En Somalie, la machine militaire américaine a commencé le massacre des Africains, envoyant ses avions de guerre et ses unités d’opérations spéciales d’assassinat tout en fomentant une guerre régionale.
Washington a dévoilé ses plans pour une augmentation permanente de la taille de l’armée et des marines américains en préparation de futures interventions. En réponse, toutes les principales puissances, y compris celles qui sont en train d’émerger telles l’Inde et la Chine, augmentent elles aussi leur capacité militaire et se préparent à la guerre pour la défense de leurs intérêts. L’éruption violente du militarisme américain menace toute l’humanité, faisant planer le danger d’une conflagration mondiale.
De plus en plus, le rôle mondial que prend l’impérialisme américain, avec son mépris de la loi, sa rapacité et sa témérité, ressemble de plus en plus à celui qu’avait pris l’impérialisme allemand et japonais dans la période précédant l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale en 1939. Comme dans les années 1930, il semble de plus en plus évident que la direction du monde a été donnée à des fous à lier.
Toutefois, ce qui semble être folie est en fait le produit de la structure économique du capitalisme mondial et des intérêts matériels des classes dirigeantes. On trouve les causes fondamentales de l’éruption du militarisme impérialiste dans les contradictions du capitalisme mondial — les contradictions entre une économie intégrée mondialement et le système capitaliste des Etats-nations et entre les processus sociaux de production et le caractère anarchique d’une économie de marché basé sur la propriété privée.
Ces contradictions ont été grandement intensifiées dans le dernier demi-siècle en conséquence d’une intégration toujours plus grande de l’économie mondiale. Elles trouvent leur expression la plus concentrée dans l’impérialisme américain lui-même, qui cherche à maintenir sa position déclinante en tant qu’hégémonie mondiale et d’unique « superpuissance » en utilisant sa supériorité militaire pour contrecarrer le long déclin de sa puissance économique. Cette politique colonialiste demande l’intensification de la violence militaire à l’étranger et d’attaques encore plus importantes sur les conditions sociales et les droits démocratiques de la population à l’intérieur.
La guerre américaine a fait de l’Irak un cauchemar de mort et de destruction, où près d’une centaine de personnes sont tuées quotidiennement, des centaines de milliers de personnes ont été victimes de « nettoyage ethnique » et des millions d’autres ont été forcées de fuir le pays. C’est une partie de l’offensive brutale contre la classe ouvrière internationale.
Non seulement aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, au Japon, dans les anciennes colonies et à travers le monde, les élites de la grande entreprise et de la finance ainsi que les gouvernements qui servent leurs intérêts attaquent les emplois, le niveau de vie et les droits démocratiques des travailleurs ordinaires. Les sociétés transnationales qui dominent l’économie mondiale ratissent le globe à la recherche des sources les plus économiques de travail. Les gains sociaux gagnés par les luttes des générations précédentes sont systématiquement éradiqués.
Redonner vie au mouvement anti-guerre
Des centaines de millions de personnes à travers le globe s’opposent au militarisme américain. Mais leurs efforts à ce jour n’ont rien donné parce que la perspective du mouvement anti-guerre étaient de ne pas dépasser les protestations impotentes aux puissances en place. Il faut une nouvelle perspective politique et révolutionnaire pour guider une lutte unifiée internationalement contre la guerre impérialiste.
En février 2003, à la veille de l’invasion américaine de l’Irak, le potentiel d’une telle lutte internationale a été démontrée dans les plus grandes manifestations anti-guerre que le monde ait jamais vues. Plus de 10 millions de personnes à travers le monde ont pris la rue, participant à des manifestations simultanées sur chaque continent.
Les conceptions politiques qui régnaient dans ces manifestations — la guerre pouvait être empêchée par la force de l’opinion publique, soit en dissuadant Washington ou en faisant appel aux puissances européennes et aux Nations unies pour contenir les excès de l’impérialisme américain — ont été complètement réfutées par la suite des événements.
Six mois après l’invasion illégale en mars 2003, les Nations unies ont passé une résolution autorisant l’occupation américaine de l’Irak. Loin de former une organisation neutre pour laquelle la paix serait le premier objectif, l’ONU s’est révélé être un véritable repaire de brigands où les guerres néocoloniales sont préparées. Depuis l’annonce de Bush sur la plus récente intensification du conflit en Irak, le Conseil de sécurité de l’ONU a maintenu un lourd silence sur la question, au moment même où il approuvait une intervention en Somalie appuyée par les Etats-Unis.
Toutes les puissances impérialistes, grandes et petites, sont impliquées dans la guerre en Irak. La Grande-Bretagne, l’Australie et la Pologne ont été des membres fondateurs de la célèbre « coalition des volontaires » et ont déployé des troupes afin de participer à l’invasion américaine. L’Italie, le Portugal, les Pays-Bas, l’Espagne et la Norvège ont aussi envoyé des forces, alors que la Corée du Sud y maintient toujours 2300 soldats et le Danemark, quelques centaines.
Le gouvernement allemand a donné son autorisation à l’invasion américaine, permettant à Washington d’utiliser son territoire pour déclencher l’attaque et fournissant au Pentagone des renseignements militaires. L’Allemagne et la France, qui se sont affichées en 2003 en tant qu’opposants de l’invasion américaine, ont rejoint les forces de l’OTAN en Afghanistan et combattent à réprimer la résistance du peuple afghan, libérant ainsi des troupes américaines pour la guerre en Irak.
La Russie et la Chine ont plié à maintes reprises devant les menaces et la pression de Washington. À la suite de l’invasion américaine, ils ont joint les soi-disant opposants européens à la guerre en apposant le sceau d’approbation de l’ONU sur l’occupation américaine. Ces deux pays ont appuyé des résolutions de l’ONU condamnant l’Iran et la Corée du Nord que les Etats-Unis vont inévitablement exploiter pour justifier de futures attaques.
Les élites dirigeantes des pays qui ont été historiquement victimes de l’impérialisme ont réagi aux guerres d’agression des Etats-Unis en tentant de les utiliser pour promouvoir leurs propres ambitions régionales. Le gouvernement de l’Iran a collaboré directement pour faciliter les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak et cherche depuis ce temps à utiliser la crise à laquelle font face les interventions américaines pour étendre l’influence iranienne dans ces deux pays.
Le gouvernement brésilien du président du Parti des travailleurs, Luiz Inacio Lula da Silva, qui a ses propres visées en Amérique latine, s’est aligné en 2003 avec l’Allemagne, la France et la Russie en s’opposant à l’invasion américaine. Il a ensuite envoyé des troupes en Haïti, prenant la relève des marines des Etats-Unis — très demandés en Irak — qui avaient envahit la nation insulaire pauvre après que les Etats-Unis eurent planifié le renversement du président élu, Jean Bertrand Aristide.
Dans un pays après l’autre, la soi-disant « guerre internationale contre le terrorisme » qu’a entreprise Washington pour justifier ses guerres d’agression a été utilisée comme excuse politique pour perpétrer des crimes innommables. Cette guerre frauduleuse a servi de camouflage à la répression totale de la moindre opposition — y compris celle des mouvements réformistes et nationalistes — au statu quo impérialiste. Par exemple, au Sri Lanka, le gouvernement de Colombo a proclamé que son agression militaire contre la minorité tamoule de l’île faisait partie de cette « guerre » et il a reçu un appui politique et militaire direct de Washington pour mener ses atrocités.
Dans la mesure où des régimes bourgeois — en Europe, au Moyen-Orient et ailleurs — se sont opposés en paroles à la guerre, leurs différends avec Washington n’ont été que de nature purement tactique, par peur que leurs propres intérêts dans la région en souffrent. En dernière analyse, tous ces régimes dépendent de l’impérialisme des Etats-Unis comme assurance de la stabilité capitaliste et rempart contre la révolution.
Des leçons politiques cruciales peuvent être tirées de ces quatre dernières années. Ni la guerre en Irak et ni une future agression impérialiste ne peuvent être stoppées par des appels aux establishments politiques officiels, aux Etats-Unis ou n’importe où ailleurs dans le monde.
La lutte contre la guerre est aujourd’hui — comme elle l’était durant la première et la deuxième guerres mondiales — une question internationale de classe. Des appels à la paix ne mèneront à rien à moins d’être orientés vers la mobilisation politique indépendante des travailleurs, qui n’ont aucun intérêt dans le pillage impérialiste. La lutte contre la guerre doit être menée sur la base d’une stratégie socialiste internationale.
Le militarisme américain et l’effondrement de la démocratie aux Etats-Unis
Bien que l’administration Bush soutienne que la guerre en Irak a pour but d’y apporter la démocratie, son intensification a permis de révéler l’effondrement des processus démocratiques aux Etats-Unis mêmes. L’opposition massive à la guerre qui a été exprimée aux urnes en novembre dernier et qui a été appuyée par des millions de personnes à travers le monde, ne peut trouver de véritable expression au sein de l’establishment politique américain ou des ses deux principaux partis.
Comme l’avait averti le World Socialist Web Site le jour de l’élection, « Peu importe le résultat des élections au Congrès et pour les postes de gouverneurs qui ont lieu aujourd’hui, après 7 novembre, les travailleurs des Etats-Unis feront face à un régime politique à Washington qui continuera à soutenir la guerre impérialiste en Irak et les attaques sur les droits démocratiques et le niveau de vie aux Etats-Unis. » Cette mise en garde a été pleinement confirmée.
Les différends entre Bush et ses critiques de l’establishment politique se situent au niveau des tactiques et des moyens, et non au niveau des principes et des fins. Peu importe les récriminations au sujet de la conduite de la guerre, tous s’entendent pour dire qu’un retrait immédiat de l’Irak est impensable et que des intérêts américains financiers et géostratégiques cruciaux sont en jeu.
Même si les démocrates doivent leur victoire de novembre aux sentiments anti-guerre très répandus, la direction du parti a déjà clairement fait savoir qu’elle n’allait pas s’opposer aux plans d’intensification de la guerre de Bush, rejetant les seuls moyens à sa disposition pour mettre un terme à la guerre : l’impeachment du président ou un vote pour couper le financement militaire.
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http://www.wsws.org/francais/News/2007/janvier07/240107_mobilisation.shtml