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Pourquoi Eric Woerth devrait être mis entre parenthèses.

Publie le lundi 21 juin 2010 par Open-Publishing
7 commentaires

Bien sûr qu’Eric Woerth devrait, sinon démissionner, au moins être mis entre parenthèses.

Pour cette raison simple : dans sa négociation avec les syndicats, à propos de la réforme des retraites, il est aujourd’hui dans une position d’extrême faiblesse, la révélation de ses accointances et proximités avec le sommet de l’oligarchie de l’argent roi lui a fait perdre toute crédibilité pour plaider la cause des sacrifices auprès des représentants des salariés. On imagine les slogans et les pancartes le 24 juin prochain.

Jean Michel Apathie qui, après avoir accablé la pauvre Christine Boutin – quel courage ! – vole au secours d’Eric Woerth, argumente en substance : on a besoin de ses grandes qualités pour mener à bien la courageuse réforme des retraites. Mais, c’est exactement l’inverse : même d’un point de vue sarkozyste, il n’est plus en situation de vendre à l’opinion la « courageuse » réforme des retraites.

Imaginez un instant un ministre de la Défense dont on apprendrait, qu’en temps de guerre, il a fait engager son épouse comme conseillère stratégique de l’armée ennemie.

Pourquoi Anelka vient-il d’être viré de l’équipe de France ? Pour avoir injurié Domenech ? Non, mais pour avoir refusé de s’excuser.

Or, Eric Woerth, qui aurait pu, au moins, reconnaître une imprudence, plaider l’indulgence pour un moment de faiblesse, a osé déclarer au JDD, lui qui était ministre du Budget, qui est ami avec le directeur financier de Liliane Bettencourt, Patrice De Maistre, et qui a fait engager sa propre épouse dans le staff de gestion de la fortune de la richissime héritière :

« Quant à moi, je ne connais pas les finances de Madame Bettencourt et je n’ai aucune information sur une quelconque évasion fiscale » — peut-être ignore-t-il également le montant de notre dette et de nos déficits !

Et, en prime, il nie avoir reçu de l’argent de la principale actionnaire de l’Oréal, alors que Patrice de Maistre, lui, le confirme, tout en précisant que c’était légal. Ce qui est vrai.

Comment peut-on mentir aussi effrontément ?

Woerth ajoute, d’ailleurs, pour se défendre : « J’ai rendu publique une liste d’évadés fiscaux ».

Mais non, c’est faux : il a tenu ces listes secrètes, au contraire, et a négocié, en cachette, avec les délinquants, non pas pour appliquer la loi, mais pour leur arranger le coup grâce à des compromis.

Question : certains de ces fraudeurs ne participaient-ils pas à la réception haut de gamme, que le ministre présida au titre de président du club des plus gros donateurs à la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, donateurs dont Liliane Bettencourt faisait d’ailleurs partie ? Et cela, précisons-le, alors qu’il était ministre du Budget et que lorsqu’on déclare, en substance, à toutes ces généreuses personnes : « on vous en saura gré », cela pèse lourd.

Oui, il y a scandale. Qui tient à quoi ? A cela qu’un ministre du Budget, qui se présente en chevalier blanc de la lutte anti fraude fiscale, intervient en même temps auprès de ce Patrice De Maistre, qui se révèle être un organisateur de camouflage fiscal et de fuite illégale de capitaux vers des paradis fiscaux, pour faire engager son épouse dans l’équipe de gestion de la colossale fortune de Madame Bettencourt.

Or, en quoi consiste en grande partie cette gestion ? A jongler avec des comptes en Suisse, au Lichtenstein, à Singapour, à Hongkong, en Uruguay, pour, justement, faire échapper le plus d’argent possible à l ‘investigation du Fisc. Fisc auquel on dissimule même l’achat d’une île aux Seychelles.

Encore une fois, puisque, jusqu’à présent, les grands médias hésitent à poser la question : ou bien Madame Woerth n’ignore rien des pratiques de l’équipe dont elle fait partie et même les a favorisées, ou bien (et il ne serait pas objectif de l’exclure) elle n’est absolument pas au courant, ni de près ni de loin, et alors elle exerce un emploi fictif, c’est-à-dire que le staff de Patrice De Maistre ne la paye que pour obtenir les grâces de son mari ministre du Budget.

S’il existe une autre interprétation possible alors qu’on nous la donne. Peut-être la fonction de Madame Woerth ne consistait-elle qu’à contrôler la comptabilité des achats de Madame Bettencourt chez Dior et Lanvin. Mais alors qu’on le précise et qu’on précise aussi pour quel salaire.

Que dit exactement Patrice De Maistre à Madame Bettencourt dans les fameux enregistrements, certes condamnables, mais d’autant plus explicites que les propos qu’ils rapportent n’étaient évidemment pas censés être rendus publics ?

Citation : « J ‘ai fait venir le ministre Eric Woerth (pour régler quelques problèmes) c’est le mari de Madame Woerth que vous employez, qui est l’une de mes collaboratrices. Il est très sympathique et c’est notre ministre du Budget. En plus, c’est lui qui s’occupe de vos impôts. Il est ministre du Budget. C’est un ami. Donc je trouve que ce n’était pas idiot ».

Ou encore : « Je me suis trompé quand j’ai engagé Madame Woerth. J’avoue que quand je l’ai fait son mari était ministre des Finances (sous-entendu je l’ai fait pour ça), il m’a demandé de le faire. Mais aujourd’hui (compte tenu de certains problèmes) on ne peut plus avoir sa femme. C’est trop dangereux. On lui donne de l’argent et puis voilà ».

Il peut effectivement s’agir d’indemnités de licenciement.

Un mois plus tard, Patrice De Maistre explique à Madame Bettencourt à qui il fait signer des chèques, qui il faut aider financièrement : « Valérie Pécresse, c’est la ministre de la Recherche. Elle va perdre aux régionales mais il faut que l’on montre votre soutien. Le deuxième c’est le ministre du Budget. Il faut aussi l’aider. Et le troisième c’est Nicolas Sarkozy ».

Ajoutons que le même Patrice de Maistre informe sa richissime cliente, contre laquelle sa fille a initié une action en justice : « le conseiller juridique de l’Elysée, que je vois régulièrement pour vous, a dit que le procureur Courroye allait annoncer (dans deux mois) que la demande de votre fille était irrecevable. Donc affaire classée. Mais il ne faut le dire à personne ».

Dix mois plus tard, le même rapporte : « L’ex conseiller juridique de l’Elysée (passé entre temps chez LVMH) a voulu me voir, il m’a dit que le président continue de suivre ça de très près. En cour d’Appel, si vous perdez, il m’a assuré qu’on connaît très bien le procureur, donc c’est bien ! ».

Eric Woerth a poussé le cynisme jusqu’à prétendre qu’il s’agissait d’une entreprise de déstabilisation liée à la réforme des retraites. Comme si le majordome indélicat qui a tout enregistré en douce et livré les cassettes à la fille de Madame Bettencourt, avait en tête la réforme des retraites. Stupide !

Donc, tout y est : l’osmose, la quasi fusion du pouvoir politique, d’un certain pouvoir judiciaire et de l’oligarchie financière. La facilité dont bénéficient les grandes fortunes pour rentrer directement, à leur convenance, en relation avec le président de la République et certains de ses ministres pour régler en catimini leurs petites et grandes affaires. Les services rendus. L’argent distribué. L’intervention directe sur le cours de la justice. L’impunité accordée aux oligarques liés au pouvoir en place (Madame Bettencourt habite Neuilly et s’est toujours déclarée proche de Sarkozy) s’adonnant à des pratiques illégales qui feraient condamner lourdement tout citoyen ordinaire.

***

Si on ajoute qu’on achète impunément des élus (comme on l’a fait avec Christine Boutin en lui confiant une juteuse mission bidon pour l’empêcher de rejoindre Dominique de Villepin)…

… qu’on menace ouvertement de couper les aides d’Etat au journal Le Monde s’il ne choisit pas des repreneurs qui conviennent au président de la République…

… qu’on a menti avec un aplomb stupéfiant à propos de l’attentat de Karachi, dont on sait maintenant qu’il était lié à des versements de commissions qui devaient permettre la distribution de rétro-commissions…

On ne s’étonne pas que notre pays soit représenté à une coupe du monde de football par une équipe qui est finalement à l’image de ce qu’il est entrain de devenir.

C’est si vrai que nos footballeurs se comportent, maintenant, comme des salariés syndiqués qui manifestent contre le report de l’âge de la retraite. A chacun ses mutineries !

Oh, le courage dont font preuve certains journalistes pour réduire en charpie Nicolas Anelka !

Et s’ils en manifestaient la moitié, voire même le quart, pour aborder l’affaire Woerth !

***

La gauche va finir par s’emparer de l’affaire Woerth. C’est normal et classique. Même si elle-même n’est pas vêtue, en la matière, de probité candide.

Mais de même que la gauche honorable n’a pas hésité à dénoncer les turpitudes mitterrandiennes, la droite honorable, aujourd’hui, s’honorerait en faisant savoir, qu’au-delà de toutes les sensibilités politiques, il y a des pratiques qu’elle ne peut accepter !

http://www.jeanfrancoiskahn.com/Pourquoi-Eric-Woerth-devrait-etre-mis-entre-parentheses_a167.html

Messages

  • Les Bleus sont à l’image de ceux qui nous gouvernent, et nous sommes RIDICULES aux yeux du Monde !!! Pauvre France ...

    • il devrait être mis entre parenthèse car il est suffisant , comment peut on accepter qu’un ministre réponde à la question sur sa protection des fraudes de la famille machin : "est ce que j’ai une tête à ça"...combien sont payés ces mecs pour argumenter d’une façon aussi basse et de niveau primaire ...arrêtons... car ils ont effectivement tous "la tête" à ça ...si l’on entend derrière "ça" toutes les manoeuvres qui visent à ne protéger que la caste qui l’ a mis au pouvoir, si on entend derrière "ça" "opprimer, et exploiter" tout ceux qui ont travaillé , travaillent et travailleront car ils n’ont pour l’instant pas d’autre alternative, les opprimer et les bafouer à longueur de jours pour en tirer le profit qu’il offre à ceux qui l’ont porté au pouvoir ...oui il a la tête à ça il n’a même la tête qu’à ça et son successeur l’aura aussi tant qu’on n’ aura pas trouvé la force ou les moyens de se débarraser de tous ceux qui n’ont la têtequ’ à ça ...MOâ

  • pour être plus exact, rappelons que E.WOERTH n’a pas "négocié" avec les partenaires sociaux mais les a seulement "consultés" !
    ça doit être sympa la discussion chez les WOERTH ! surtout ne pas parler de ce que l’on fait ....
    Vive la République, Vive la France

  • Éric Woerth

    Biographie

    Il est ancien élève d’HEC Paris et de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po). Il fut dirigeant du cabinet Arthur Andersen, où il s’est spécialisé dans l’audit d’entreprises[1]. Il renoncera à sa carrière dans le privé à partir de 2002, lorsqu’il assume la direction financière de la campagne présidentielle de Jacques Chirac.

    Carrière politique

    Il est directeur du département conseil aux collectivités locales chez Bossard Consultants (1990-1993).

    À partir de 1993, il fut directeur financier et administratif du RPR. À partir de 1995, il devient conseiller parlementaire du Premier ministre Alain Juppé dont il est resté proche.

    Il a été successivement administratif et financier du RPR, puis de la campagne de Jacques Chirac (1993-1995) ; conseiller parlementaire au cabinet du Premier ministre Alain Juppé, (1995-1997) ; suppléant d’Arthur Dehaine, député de l’Oise (1997-2002) ; directeur associé chez Arthur Andersen (1998-2002).

    Éric Woerth est le fondateur et premier président du Club de la boussole, qui regroupe trente-huit députés UMP « réformistes » ayant juré fidélité au président de la République Jacques Chirac et au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Ce courant fonctionne comme la vigie chiraquienne lors de la cohabitation de cinq ans avec le gouvernement Lionel Jospin, mais aussi comme un lieu de rencontre entre chiraquiens, libéraux et centristes. Huit de ses membres seront nommés dans le gouvernement Jean-Pierre Raffarin.

    À partir de 2002, il commence à se rapprocher de Nicolas Sarkozy. Il est membre des Réformateurs, le courant libéral de l’UMP, structuré autour d’Hervé Novelli.

    Reconduit dans ses fonctions de trésorier de l’UMP en 2004, il est désormais un proche de Nicolas Sarkozy, tout en restant attaché à l’ancien Premier ministre.

    Il est le président de l’Association de financement pour la campagne de Nicolas Sarkozy.

    Il occupe la fonction de ministre du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique dans les gouvernements François Fillon, portefeuille auquel il ajoute celui de la Réforme de l’État à la faveur d’un remaniement, le 23 juin 2009, fonction qu’il avait déjà occupée de 2004 à 2005 en tant que secrétaire d’État.

    Les Élections régionales françaises de 2010 donnent lieu à de nouveaux ajustements ministériels : le 22 mars 2010, Éric Woerth prend la tête du ministère du Travail en remplacement de Xavier Darcos, tout en conservant la Fonction publique .

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  • Ils doivent être fière les 53%. Incroyable ce gouvernement, dans d’autres pays on démissionne, par contre en France, la devise, je vous en .... et je continue, bonjour l’image, pourtant cette affaire n’est pas la première dans ce gouvernement s’agit-il d’une légalisation d’un comportement douteux ?.

  • Où est le courage dans cette réforme des retraites ?Puisque le mot est à la mode est-ce que c’est parce que le gouvernement, pour satisfaire le patronat,les financiers,les spéculateurs..a choisi d’enculer la france d’en bas,dixit raffarin initiateur de l’enculette des prolétaires sur leur espérance de vie en 2003 déjà ?J’ai la haine de ces politiques professionnels défendant le clan restreint des possédants (rien n’est à eux,tout ce qu’ils ont ils l’ont volé) n’ayant aucune vergogne en prenant pour un 12000 euros d’argent public pour acheter des cigares et pour l’autre 10000 euros pour une mission bidon...etc.Cette haine enfle et cela m’inquiète.Ce n’est pas éric(hic !) qu’il faut mettre entre parenthèse c’est le système qu’il faut casser .C’est à nous de décider de notre vie et du bien commun.Pas besoin de fusible il faut virer l’ensemble de cette mafia.A bas l’état voyou vive l’anarchie.