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Pourquoi la loi sur la "rénovation de la démocratie sociale" est une mauvaise chose ?
Publie le lundi 17 novembre 2008 par Open-Publishing2 commentaires

de ANTI-REPRESENTATIVITE
Elle est une mauvaise chose d’un point de vue pratique d’abord, et notamment pour l’avenir, très concrètement, pour les salariés engagés dans la démarche syndicale et pour le développement de cette démarche dans les PME du tertiaire.
En effet, elle néglige le fait que c’est dans le tertiaire, et non dans l’industrie ou l’administration, et plus particulièrement dans les PME voire, les TPME, et non dans les grosses boîtes de 1500 salariés ou plus, que se trouve déjà et va continuer de se trouver (désindustrialisation oblige) une grosse masse des salariés de ce pays.
Or, ces entreprises-là (PME du secteur économique tertiaire) connaissent un défaut de syndicalisation important, et notamment, une faible implantation de la CGT.
Je n’apprends rien à personne, j’espère, en disant qu’il est difficile de créer un syndicat CGT dans une PME de 52 personnes qui fait, par exemple, du "phoning", de la sous traitance d’archivage ou que sais je ... pour des raisons à la fois psychologiques (difficulté à se syndiquer quand "le patron-actionnaire" est face à toi tous les jours, méfiance et peur des salariés, pas de culture historique de l’engagement syndical etc) , et matérielles ( temps partiels contraints, horaires décalés, intérim etc).
Pourtant, c’est bien ce secteur qui emploie aujourd’hui en Europe la masse des actifs.
C’est bien là que le gros du travail de syndicalisation doit être fait pour la CGT du 21ème siècle.
Mais que constate- t-on ? La Fédération des sociétés d’études, par exemple, "jeune fédération", qui regroupe (ou a vocation à regrouper) une bonne partie des PME du tertiaire, n’est pas celle qui, à la CGT, compte le plus d’adhérents.
Pourtant, dans ces branches, les salariés sont très nombreux et ont vocation à l’être de plus en plus.
Nous sommes nombreuses et nombreux à savoir que les critères imposés par la base commune CFDT - CGT, et repris par la loi du 20 août 2008 sur la représentativité seront extrêmement difficiles à respecter et à faire appliquer pour la CGT et favoriseront des syndicats d’accompagnement réformistes comme la CFTC, la CFDT etc.
C’est pour cela que la Fédération des sociétés d’études s’est opposée en son temps à la position commune et à sa traduction dans la loi sur "la rénovation de la démocratie sociale".
Alors, on nous dit que c’est "un accord globalement positif" car il va permettre de mettre un terme aux accords minoritaires dans les entreprises.
Nous sommes conscients que cette pratique est un fléau - mais, d’abord, il n’est pas certain que le mécanisme mis en place permette d’y échapper totalement, et ensuite, ce mécanisme crée aussi des problèmes.
Nous sommes nombreuses et nombreux à penser que nous aurions pu arriver à la même chose sans pour autant avoir à sacrifier nos acquis sur la représentativité. Pourquoi en effet avoir joint la question de la représentativité et celle des accords minoritaires ?
Les camarades des grosses centrales syndicales ( SNCF, PTT, EDF etc) qui, par leurs délégués, leurs secrétaires, ont soutenu, la pupart du temps, ces négociations voire, ont entériné cet accord, ont été abusés.
Il faut le dire !
On leur a fait valoir via la soi disant "suppression" des accords minoritaires, qu’il fallait signer ce document "coûte que coûte". Mais on n’a pas bien montré à ces camarades qui on envisageait de sacrifier, et comment, dans quelle conditions.
Ils auraient peut être choisi de faire autrement sinon.
Cette loi, c’est donc une loi qui risque de laisser "en slip" les nombreux délégués syndicaux qui ont se sont investis récemment dans leurs entreprises avec des syndicats faibles (puisque "naissants") et qui pourraient ne pas passer le cap des 10 % ou 8 % aux prochaines élections.
Et cela , c’est grave, même si chacun est conscient qu’il faut de toute manière se battre pour syndiquer dans sa boîte et faire valoir notre représentativité. Ce sont des vies de salariés qui vont être brisées.
Ce jeu là valait il cette "chandelle là" ? Bien sûr quand on est cheminot ou postier, ou professeur, on a (encore) derrière soi une centrale, des syndicats importants, encore. Alors on peut ne pas se sentir concernés.
Je le dis sans aucune haine à mes camarades, tant un point de vue peut être conditionné par les circonstances, mais parce qu’entre camarades il faut pouvoir se dire les choses même désagréables : vous qui êtes encore dans des grosses boîtes, vous ne vous rendez pas compte combien comparé à nous, vous êtes encore des "privilégiés du syndicalisme".
On dirait que, momentanément, le corporatisme a triomphé de l’esprit de classe sur ce sujet ! Que s’est il passé ?
Ensuite, cette loi entérine une conception de la démocratie sociale qui est purement et simplement celle de l’idéologie dominante bourgeoise.
Pourtant, et jusqu’à présent, la CGT, ce n’est ni la CFDT ni FO...
Ainsi, par exemple, elle va définir la représentativité par rapport au choix de salariés non syndiqués ( puisque tous les votes de tous les salariés sont pris en compte).
Si FO reçoit 20 % des voix dans l’entreprise et même si FO n’a que 2 syndiqués dans la boîte, FO sera représentatif, alors qu’un syndicat CGT créé sur les anciens critères et actif dans l’entreprise qui ferait moins des 10 % requis, pourrait perdre son délégué syndical - même s’il a par exemple deux fois plus de syndiqués que FO.
C’est tout à fait aberrant. Les conseilleurs n’étant pas les payeurs. Et on sait bien comment font les patrons dans les PME pour que la CGT, même si elle jouit le cas échéant d’une forte popularité, ne s’y retrouve pas en voix décomptées après une élection.
Enfin, et là où, vraiment, je me demande ce qui est passé par la tête des négociateurs, en tout cas en ce qui concerne la CGT, c’est quant à l’abandon pur et simple du critère de représentativité relatif au "comportement patriotique pendant l’Occupation".
On va sourire en lisant cela. Moi je ne souris pas du tout . Et je ne m’arrête pas là par coquetterie ou archaïsme.
Car derrière ce critère fondamental, se "cachait" le Conseil National de la Résistance, le communisme révolutionnaire qui l’irriguait en partie, et le projet de démocratie sociale (la vraie, pas celle offerte par miettes par Sarkozy et csts à une partie d’une direction confédérale en voie de CFDTisation).
Derrière ce critère, il y avait une histoire - celle qui savait que, s’il fallait à tout prix lutter contre l’invasion allemande, au-delà de la lutte contre le nazisme, la barbarie, c’est parce qu’elle était le fruit d’une forfaiture capitaliste majeure à l’échelle mondiale, d’un complot des patrons et de leurs banquiers sur tout le continent européen ou presque, avec l’aide des USA, c’est parce qu’elle signait une victoire des capitalistes sur les prolétaires qu’il fallait impérativement défaire.
Parce que ce combat était livré contre les salauds qui avaient vendu la France et les Français aux nazis et à l’Allemagne du IIIème Reich, troqué, échangé, la "belle patrie" pour du fric.
Derrière ce critère de représentativité, il y avait la trace du communisme aussi, ne nous payons pas de mots.
De ce communisme qui fut quasiment le seul (avec une poignée de gaullistes de la première heure) à entrer en Résistance contre ce double projet capitaliste et nazi dès le 17 juin 1940, et qui mena les combats jusqu’au bout avec force, rage et détermination, pour que la France soit un pays libre, un pays libre des oppresseurs allemands et libres des patrons voyous !
Il y a la trace du combat que se livrèrent le courant réformiste et le courant révolutionnaire dans la CGT aux abords de la guerre, et la victoire de la CGT de Frachon.
Alors vraiment quand on lit Denis Kessler expliquer froidement qu’il veut détruire "méthodiquement" le projet de civilisation qui fut porté par le Conseil National de la Résistance
(Je cite : « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde !(...)Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. (…) Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme…A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !(...) -Magazine Challenges - 4 octobre 2007)
et qu’on lit ensuite que la direction de la CGT a jugé bon d’abandonner un critère aussi symbolique et aussi fort que celui-là, au profit de vagues "valeurs républicaines", on se dit qu’il y a quelque chose qui déconne complètement à la tête de l’organisation syndicale de classe des travailleurs, et on ne peut plus s’étonner de la faiblesse des résolutions qui contraste avec l’activisme de la base.
Que va t on supprimer maintenant, dans ce programme de démolition du projet du CNR ?
Le préambule de la Constitution de 1946 va t il disparaître lui aussi de ce que l’on appelle "bloc de constitutionnalité" ?
Vite, il faudra abroger cette loi scélérate et dénoncer ces accords (entre autres) "quand il reviendra, le temps des cerises"...
Le 3 décembre prochain que cela ne vous empêche pas de VOTER ET FAIRE VOTER CGT aux élections des Prudhommes
Messages
1. Pourquoi la loi sur la "rénovation de la démocratie sociale" est une mauvaise chose ? , 17 novembre 2008, 21:21
en tant que DP à EDF cet article ne peut que m’interpeller ! je rejoins tout à fait la notion de "syndicalisme sur du velours" en ce qui nous concerne... cependant depuis maintenant une quinzaine d’années, notre syndicalisme est en constante regression, la faute à qui ? à quoi ?... pour l’instant je dirai que nul ne sait ou plutôt ne veut savoir... y’a encore trop de "places" et l’heure de tout mettre à plat n’est malheureusement pas encore arrivé.
En tous cas, ma vision sur la base commune en est grandement modifié... tellement il est vrai que nous étions plutôt ravi de ne plus avoir les accords majoritaires... se pose alors la question de comment on est pu en arriver là...
pour moi la raison est évidente : un manque flagrant de débats, d’échange de point de vue, en interpro... l’heure est grave puisqu’il s’agit ni plus ni moins qu’un manque de démocratie au sein de notre orga sur l’adoption d’un texte sur la ...démocratie sociale....!!
2. Pourquoi la loi sur la "rénovation de la démocratie sociale" est une mauvaise chose ? , 17 novembre 2008, 21:37, par Patrice Bardet
l’appareil de la CGT n’a malheureusement que faire de ces considérations.
Notre centrale syndicale se bureaucratise, et l’appareil se livre à la chasse aux sorcières (voir les déboires de l’UL CGT de Douai, de la CGT-E Dalkia, etc...)
Un symptôme révélateur de la transformation de notre syndicat, c’est la multiplication des "sondages"
Je croyais naïvement, que la CGT, c’étaient les adhérents, ceux qui paient 1% de leur revenu en cotisation, ceux qui se battent dans leur boite.
Je croyais que c’était eux qui décidaient l’orientation, et l’action pour donner corps à cette orientation
Il semble que dorénavant, j’aie tout faux : comme au PS (la comparaison n’est pas gratuite), c’est l’opinion qui guide l’action.
Ce syndicalisme là, à terme, n’a pas besoin d’adhérents plus convaincus que ceux à 20 euros du PS
C’est tout le sens de la position commune