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Pourquoi la police ne fera pas un bon arbitre lors de la manif anti-FN du 29 novembre

par lyon

Publie le dimanche 23 novembre 2014 par lyon - Open-Publishing

Dès les premiers appels à venir manifester contre la tenue du congrès du Front National à Lyon le 29 novembre, la préfecture du Rhône s’est fendue d’un curieux communiqué dans lequel elle indiquait qu’elle prévoirait un « dispositif policier adapté », permettant notamment de séparer les deux camps.

Malgré l’équilibre apparent de cette déclaration, le Préfet indique par là qu’il a clairement choisi son camp : les cadres du FN voulaient justement pouvoir discuter tranquille à la cité internationale, pour préparer les élections de 2017 et continuer à peser sur le débat démocratique actuel (où il est déjà bien question de sécurité, de traque aux assistés et aux immigrés clandestins, etc.) ; les opposants un peu conséquents, par contre, ont sûrement l’intention d’aller perturber leurs sales conciliabules, et ils risquent donc de se retrouver avec des cordons de CRS en travers de la route.

La police a choisi son camp. Et ce n’est pas une surprise. En étant un peu au fait de notre actualité politique et sociale, trois séries de raison expliquent déjà pourquoi flics et fachos risquent bien de faire cause commune la semaine prochaine...

Parce que la police est républicaine

Ça veut dire qu’elle défend les institutions républicaines et avec elles un certain sens des convenances et des responsabilités : entre l’auto-proclamé premier parti de France, qui vient tenir à Lyon son congrès officiel, et de l’autre côté des jeunes incontrôlés, des militants radicaux ou droits de l’hommistes et des syndicalistes adeptes du blocage systématique... on voit assez bien de quel côté le poids de la matraque est supposé basculé le 29 novembre.
Parce que la police est d’extrême droite

Aux présidentielles et législatives de 2012, plus de 40% des gendarmes mobiles et des CRS votaient FN. Ça a dû encore monté depuis et c’est sans compter tous les flics qui se sentent encore plus fachos, ou simplement tendance droite dure. Autrement dit la police est une force armée, organisée, dont la plus grande partie des membres adhère à une idéologie extrémiste, raciste et violemment sécuritaire. Et dont un des membres a tué un manifestant à la grenade offensive le 25 octobre dernier sur le site du barrage de Sivens. Au delà de ces études d’opinions, n’importe qui ayant goûté de la garde-à-vue ou assisté à un contrôle d’identité où les baqueux arboraient bombers ou autres t-shirts « français de souche » sait que, le 29 novembre, les flics vont avoir une dent contre les manifestants et en faire une histoire personnelle.

Parce que le « fascisme » c’est la police

Quand on entend « fascisme », pour la France en tout cas, on pense à la rafle du Vel d’Hiv, au massacre du métro Charonne ou aux dizaines et dizaines d’Algériens tués et balancés dans la Seine le 17 octobre 1961. On pense au tabassage à mort de Malik Oussekine en 1986 par deux voltigeurs, à la gestion coloniale des quartiers populaires, à la mort de Bouna, Zyed, Wissam et d’une centaine d’autres jeunes encore depuis 10 ans. Bref quand on entend fascisme on pense immédiatement aux flics. Le dénominateur commun dans toutes cette histoire c’est la police. Rien d’étonnant : le fascisme comme programme politique visant le retour à l’ordre par la mise au pas et l’élimination des indésirables réclame toujours des mesures d’exception qui sont en dernier ressort des mesures de basse police.

Tout porte ainsi à croire que la manifestation offensive et populaire contre le FN du 29 novembre devra déjà organiser son auto-défense face à la police. Sauf si bien sûr les forces de l’ordre ont d’ici là le bon goût de se disperser et de nous laisser tranquillement marcher sur la gueule des frontistes et faire nos vies.