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Prévert et Kosma : CHASSE A L’ENFANT !

Publie le dimanche 28 septembre 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

Jacques Prévert travaillait au premier film de Richard Pottier dans le calme de Belle-Île-en-Mer à la fin du mois d’août 1934. C’est là qu’il assiste à un fait divers qui le marque et le révolte profondément. Une trentaine d’enfants s’évadent de la maison de redressement locale afin d’échapper aux mauvais traitements, à une nourriture infecte et aux coups des gardiens. Ne pouvant quitter l’île, les pauvres gamins furent repris un à un par les gendarmes aidés en la circonstance par des estivants désœuvrés. Une fois ramenés au pénitencier, les malheureux gosses furent tabassés et mis au pain sec et à l’eau pour de nombreuses semaines.

Ulcéré, Jacques Prévert écrivit d’une traite Chasse à l’enfant, un texte magnifique et fort, qu’il confia à Joseph Kosma pour le mettre en musique. Kosma composa une musique dramatique et angoissante parfaitement adaptée au sujet. Dès l’automne 1936, Marianne Oswald interpréta la chanson et l’enregistra le 20 octobre 1936. Le texte fut publié dans le recueil Paroles. (http://users.skynet.be/fabicore/osw...)

Paroles :

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
 
Au-dessus de l’île
On voit des oiseaux
Tout autour de l’île
Il y a de l’eau
 
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu’est-ce que c’est que ces hurlements ?
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
Il avait dit j’en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l’avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s’est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes
Les rentiers les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
Pour chasser l’enfant, pas besoin de permis
Tous le braves gens s’y sont mis
Qui est-ce qui nage dans la nuit ?
Quels sont ces éclairs ces bruits ?
C’est un enfant qui s’enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent ?
Rejoindras-tu le continent ?
 
Au-dessus de l’île
On voit des oiseaux
Tout autour de l’île
Il y a de l’eau.

Musique : Joseph Kosma

Chanté par Marianne OSWALD, en 1936 :

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Messages

  • Prévert et Kosma ! ils ne se sont jamais trompés !
    merci !

    • .ceci bien dit "".avec le dossier edwige"ceci remonteras a la surface,construire des foyers(maisons de redressement", pour ces ados et former des familles d’acceuils,quelle sociétée ,qui ne pense qu’a punir ,bien souvent pour peu de choses,alors que l’on ferme les yeux sur des crapules de toutes variétées.quelle tristesse, !!!!!!!!!quelle honte !!!!!!!!!pauvre france !!!!!!!!!

    • en accord avec vous ;prévert et cosma ne se sont jamais trompés """.le dossier edwige "" bientôt,l’on verras constructions de maisons de redressements ,pour y parquer tous ces adolescents ,condamnés pour pas grands choses !!!!!!!!!!! alors que courent la crapuleries, bien protégées !!!!!!!!!!!!!!. ""c’est l’arbre qui cache la forêt "" créations de familles d’acceuils,""..................gérées par les conseils généraux "".................,les contribuables peuvent se préparer a trinquer ceci pour couronner le tout ;""ces choses nommées répréssions .........................""TRISTE FRANCE""

    • Oui la chasse à l’enfant est toujours d’actualité : ah Prévert, si tu savais !

      "La chasse à l’enfant" que ce soit dans le cadre de la loi de prévention de la délinquance, ou de "l’immigration jetable" on appelle cela "l’innovation" en matière d’éducation, où d’immigration...la solution...à moins que ça ne soit le début de la Solution Finale ! ça conduit des hommes des femmes et des enfants terrorisés à se défenestrer depuis qu’il est de nouveau autorisé de les arrêter chez eux, comme au bon vieux temps de Vichy !

      En France on ne se salira pas les mains, on livrera aux dictatures, ceux et celles qui risquent simplement d’être condamnés à mort, torturés, incarcérés à vie, lapidés,ou "simplement" assassinés dans leur pays.
      On renverra dans des charter des hommes, des femmes ligottés, qui hurlent à la mort au milieu de touristes en partance pour des destination de rêve, des hommes scotchés sur leurs sièges, comme de vulgaires marchandises...

      Que dire d’une société qui au lieu de protéger ses enfants, se protège de ses enfants ?

      La gauche surenchérit, emboitant le pas à l’UMP, qui proposait déja des formations encadrées par des militaires aux jeunes en difficultés : Port de l’uniforme, apprentissage de la Marseillaise, lever des couleurs au son du clairon, punitions, répression, humiliations, ça forge le caractère !... Ah Ségo ton gradé de père t’a ouvert la voie !

      Gauche-Droite, même combat en matière de sécurité...Nous voila revenus aux années trente.

      En1934, les enfants étaient confiés à des "matons", à des anciens militaires, dans des colonies pénitentiaires. Quelle innovation depuis 2007 en matière de prise en charge de la délinquance ! prisons pour mineurs, Centres éducatifs fermés, des gosses qui fuguent se rebellent ou se suicident !

      Ces procédés ne peuvent conduire qu’à la récidive et la révolte, comme à Belle-île en mer en 1934. Un enfant avait osé mordre dans son morceau de fromage avant de manger sa soupe. Délit contraire au règlement. Deux gardiens le jetèrent à terre et lui écrasèrent le visage à coups de talon. C’en était trop : la colonie se révolta, saccagea le bâtiment et malmena les gardes-chiourme avant de s’enfuir. Dès que le tambour de la ville annonça qu’il y aurait une prime de vingt francs pour ceux qui ramèneraient un fugitif, ce fut la ruée, vacanciers compris. Certains se firent deux cents francs.

      C’est en hommage à ces jeunes révoltés que Prévert écrivit le célèbre "Bandit, voyou, voleur, chenapan... " Sophie.L

  • Et si l’on mettait"ça" en premier ?
    encore merci à celui ou celle qui nous a permis d’écouter ce poème chanté !
    "les plus désespérés sont les chants les plus beaux" MAIS après ,... tout est possible.... heureusement !
    "car le monde sera ce que tu le feras"