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Prisons pleines, aujourd’hui sommet pour l’amnistie
Publie le jeudi 29 juin 2006 par Open-Publishing2 commentaires

de Domenico Cirillo Traduit de l’italien par karl&rosa
Le nombre est de plus en plus important : en mai, les détenus dans les prisons italiennes étaient au nombre de 61.392, alors que la capacité réglementaire est de 42.959 places. 89,4% des détenus n’ont pas de douche dans leur cellule, 69,31% n’ont pas d’eau chaude. Et il y a nombre d’autres chiffres impitoyables que l’association « Pour les droits et les garanties dans le système pénal » Antigone a présenté hier dans son observatoire sur les prisons. Une radiographie qui tombe encore une fois au milieu d’un débat sur l’amnistie que les détenus suivent avec de moins en moins d’espoir.
Le Garde des Sceaux, Mastella, qui s’est dit favorable à une mesure de clémence, participera cet après-midi à un sommet des chefs des groupes de l’Union, élargi aux responsables justice des partis. La rencontre - à la Chambre des députés - servira à faire le point sur les propositions au sujet de l’amnistie et de la remise de peine.
Le centre-gauche doit arriver à trouver une entente interne avant d’essayer d’entraîner le centre-droit : en effet, pour les mesures de clémence il faut une majorité très ample, le vote favorable des deux tiers des parlementaires.
Si tous les jours la rubrique des faits divers se concentre sur les détenus illustres, le président d’Antigone, Patrizio Gonnella, a fait remarquer que « il n’y a pas que Victor Emmanuel de Savoie qui risque de tomber d’un lit superposé en cellule, dans la prison de Padoue, par exemple, il y a 215 détenus pour une capacité de 98. Les lits superposés sont sur trois étages et il y en a qui arrivent à quatre. Il y a quelques mois, à Gênes, un détenu est mort après être tombé du troisième étage d’un lit superposé ». Et il y a de très nombreuses situations encore pires. Dans la prison napolitaine de Poggioreale plusieurs sections, dénonce Antigone, sont « extrêmement délabrées avec des chambrées de 4 mètres sur 9 où jusqu’à 18 détenus vivent ensemble en se partageant une unique table et une unique toilette ».
Le 31 décembre de l’année dernière, selon l’Observatoire d’Antigone les détenus étrangers étaient au nombre de 19.836, les enfants en dessous de 3 ans en prison avec leurs mères encore au nombre de 64 et les femmes enceintes de 38. Plus de 16 mille détenus s’avéraient toxicomanes et 1.500 environ séropositifs. A la conférence de presse de présentation des données recueillies par l’Observatoire sont intervenus le responsable justice de la Rosa nel pugno [radicaux, NdT] , le président de la Commission justice de la Chambre Pino Pisicchio de L’Italia dei Valori [Di Pietro, NdT] et le député de Refondation, membre de la Commission Justice, Francesco Forgione. Antigone, qui est au premier rang dans la bataille pour l’amnistie et la remise de peine mais demande aussi l’annulation de la loi Cirielli sur la récidive, a souligné qu’il y a aussi d’autres propositions de loi très importantes pour le monde carcéral (abolition de la prison à vie, droit de vote pour les détenus, code de conduite éthique pour les appartenants aux forces de l’ordre).
Certaines de ces propositions, comme l’introduction du délit de torture et l’institution du défenseur civique des personnes privées de leur liberté, seront discutées par les commissions compétentes de la Chambre et du Sénat. "L’Italie - a fait remarquer Mauro Palma, ancien président d’Antigone et vice-président du comité européen contre la torture - a signé le protocole de l’ONU en 2003 mais elle n’a jamais présenté un projet de loi de ratification dans la dernière législature. Le protocole impose aux Etats d’instituer des organismes de contrôle pour la prévention de la torture dans tous les lieux où il y a privation des libertés, à savoir dans les prisons mais aussi dans les Centres de rétention.
Messages
1. > Prisons pleines, aujourd’hui sommet pour l’amnistie, 29 juin 2006, 13:10
Excellent type d’article decriptif et objectif. c’est seulement lorsqu’on observe, sans chercher à cacher son intérêt, son parti-pris, ses choix éthiques personnels, que l’on parvient à restituer factuellement une réalité. Particulièrement pour une réalité par définition soustraite aux yeux de "tout à chacun", la réalité carcérale et pénitentiaire. Seul l’"Etat" a les yeux des deux côtés des murs, ce qui lui donne des pouvoirs exhorbitants, et à l’intérieur de cette réalité humaine de la "carcélarité", dans ses différents flux et rétentions entre l’intérieur et l’extérieur, mais bien sûr aussi sur la réalité toute extérieure (et toute superficielle) d’un monde qui serait non-carcéral. Sur le plan moins informatif mais plus pragmatique-politique, la question de l’amnistie en italie, sera ou ne sera pas le signe flagrant de la réussite ou de l’échec définitif des stratégies de gauche actuelles dans ce pays (particulièrement du côté de Rifondazione et du PCI). Son échec serait aussi le signal que nous sommes définitivement entré dans la phase terminale "Punishment Park", de l’impérialisme européen. Et qu’il faudra alors en tirer toutes les conséquences (par exemple qu’il deviendrait alors parfaitement absurde d’écrire des articles dans les journaux, de les lire et de les commenter).
2. > Prisons pleines, aujourd’hui sommet pour l’amnistie, 30 juillet 2006, 00:00
liberez les il ne y retourne jamais