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Prodi se taille un parti sur mesure

Publie le jeudi 26 avril 2007 par Open-Publishing
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de Paul Falzon

Italie . Né de la fusion des DS (ex-PCI) et des réformistes catholiques, le futur parti démocratique conforte la ligne centriste du gouvernement. Mais la recomposition s’amorce sur sa gauche.

"L’aboutissement d’un rêve vieux de douze ans." Voilà comment Roma- no Prodi a accueilli la création ce week-end en Italie du futur parti démocratique (PD), une formation qui cherchera à grouper sous une seule bannière les différents courants réformistes du pays. La constitution formelle du nouvel ensemble ne devrait pas avoir lieu avant l’automne. Mais le plus difficile a été réalisé ce dimanche avec le feu vert des deux partis qui formeront le noyau dur du PD, les Démocrates de gauche (DS) et la Marguerite, qui tenaient chacun leur congrès.

Déjà unis sous la bannière de l’Olivier lors des succès aux législatives de 1996 et 2006, mais jusque-là hostiles à tout projet de fusion, ces deux poids lourds de l’actuelle majorité se sont finalement ralliés au projet de recomposition politique défini par Prodi. L’idée mise en avant par le chef de gouvernement est d’en finir avec les divisions d’appareil alors que, sur la plupart des questions politiques, DS et Marguerite sont en phase. Mais la création du PD offre aussi à Prodi l’occasion d’accentuer son emprise sur la majorité et de conforter son orientation vers le centre.

Tentative sur le front européen

Défini comme une formation « réformiste », le PD abandonne en effet les symboles chers aux socialistes italiens, de l’Internationale aux drapeaux rouges. Ses statuts ne contiennent pas une seule fois le mot « gauche » mais se réfèrent au christianisme. Bref, entre les DS, nés de la scission réformiste du PCI, et la Marguerite, dont nombre de militants sont issus de la Démocratie chrétienne (DC), les premiers ont fait plus de concessions que les seconds. Le leader de la Marguerite, Francesco Rutelli, tente désormais de pousser son avantage sur le front européen. Il affirme déjà que le PD ne rejoindrait « jamais » les structures du Parti socialiste européen et pousse à former un pôle réformiste « plus ample ». L’idée implicite de Rutelli est de faire alliance avec l’ALDE, le groupe qui fédère au Parlement européen la Marguerite, l’UDF et les libéraux-démocrates britanniques. Ce qui correspond exactement aux tentatives de rapprochement français entre le PS et l’UDF menées, au niveau hexagonal, par un Rocard ou un Kouchner.

L’objectif à terme de certains dirigeants de la Marguerite semble parallèlement de rallier à la majorité l’UDC, parti de centre droit lui aussi né des ruines de la DC et allié pendant cinq ans à Berlusconi. Un scénario qui offrirait, selon ses partisans, plus de stabilité au Parlement et serait plus cohérent idéologiquement. Mais cette configuration, à laquelle l’UDC s’est déjà dite favorable sur le principe, n’est visiblement pas encore mûre et ne devrait pas voir le jour avant la prochaine législature. D’où la nécessité pour le centre gauche de ménager la « gauche radicale », c’est-à-dire les communistes et les Verts, qui reste une indispensable force d’appui pour Prodi, au Sénat notamment : « Au moment où nous donnons naissance au PD, nous confirmons l’alliance formée loyalement avec les partis de la gauche radicale », a déclaré Francesco Rutelli dimanche.

Eviter la scission

Cette posture de gauche n’a pas convaincu une forte minorité des DS. Autour du ministre de l’Enseignement supérieur, Fabio Mussi, environ 15 % des militants ont refusé d’entériner la création du PD et cherchent maintenant à créer une nouvelle structure à la gauche du parti démocratique. Une initiative qui a soudainement accéléré les projets de recomposition de la gauche radicale. Les Verts et le Parti des communistes italiens se sont déjà dits disposés à discuter d’un rapprochement avec Mussi. Des ponts existent aussi avec Refondation. Dans le journal de la formation communiste, Liberazione, le secrétaire du parti, Franco Giordano, affirme que « les conditions pour un mouvement unitaire sont là ». Le rassemblement serait « antilibéral et pacifiste », explique Giordano. Reste à voir quelle sera l’attitude de Mussi et de ses troupes : le leader des DS, Piero Fassino, croit encore pouvoir éviter la scission et a promis aux réfractaires qu’ils garderaient une influence et des sièges, au sein du futur parti démocratique.

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