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QUARANTE-QUATRIÈMES RÉFLEXIONS DE FIDEL CASTRO : L’EMPIRE ET LE MENSONGE (II)

Publie le mercredi 12 septembre 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

Parlant ce jour-là, 11 septembre, à la Cité des sports, j’avais abordé entre autres points cette tragédie aux Etats-Unis. Ne pouvant reproduire l’allocution complète, j’en donne ici des extraits :

« […] Nous ne pensions pas annuler ce meeting, et nous ne le pouvions pas, malgré la tension internationale créée par les événements. Je suppose que beaucoup de vous sont au courant, mais voilà en gros de quoi il s’agit. Vers neuf heures du matin, un Boeing, un des très grands, s’est écrasé directement contre l’une des deux célèbres tours de New York, l’un des immeubles les plus hauts du monde. Naturellement, cette tour a pris feu sous l’impact du carburant de ce gros avion. Des scènes terribles se sont déroulées. Dix-huit minutes plus tard, un autre avion, lui aussi d’une compagnie étasunienne, s’est précipité directement contre l’autre tour.

« Quelques minutes plus tard, un autre avion s’est écrasé sur le Pentagone. D’autres nouvelles informent, au milieu d’une certaine confusion, d’une bombe face au Département d’Etat et d’autres faits alarmants. Bien sûr, je n’ai mentionné que les plus importants.
« De toute évidence, le pays a été victime d’une attaque violente et par surprise, inattendue, inusitée, quelque chose de vraiment insolite qui a donné lieu à des scènes impressionnantes, surtout lorsque les tours étaient en feu et, ensuite, lorsqu’elles se sont écroulées avec leurs cent étages sur des immeubles proches. On sait que des dizaines de milliers de personnes y travaillaient dans ces bureaux de nombreuses compagnies de différents pays.

« Il est logique que ces événements aient provoqué une commotion aux Etats-Unis et dans le monde. Les bourses ont commencé à s’effondrer. Etant donné l’importance politique, économique, technologique des Etats-Unis et leur pouvoir, le monde était aujourd’hui ébranlé par ces événements qu’il a fallu suivre de près toute la journée, alors que pour notre part nous prêtions attention aux conditions et aux circonstances dans lesquelles allait se tenir ce meeting.

« Par conséquent, je devais aborder deux points : l’école et son énorme importance, et la catastrophe politique et humaine qui s’est produite là-bas, spécialement à New York.
« […] Aujourd’hui est un jour tragique pour les Etats-Unis. Vous savez parfaitement que nous n’avons jamais semé ici la haine du peuple étasunien. Cuba, justement parce qu’elle se sent pleinement libre, qu’elle a une patrie mais pas de maître, parce qu’elle est cultivée et n’a pas de complexes, est peut-être le pays où l’on traite avec le plus de respect les citoyens étasuniens. Nous n’avons jamais prêché la moindre de haine nationale, ni rien de semblable au fanatisme. Et si nous sommes si forts, c’est parce que notre conduite est fondée sur des principes et des idées. Voilà pourquoi nous nous traitons avec beaucoup de respect – et ils s’en rendent compte – tous les citoyens étasuniens qui visitent notre pays.

« Nous n’oublions pas non plus le peuple étasunien qui a mis fin, par son opposition, à la guerre génocide du Vietnam. Nous n’oublions pas le peuple étasunien qui, à plus de 80 p. 100, a appuyé le retour du petit Elian dans notre pays. Nous n’oublions pas son idéalisme, même s’il est souvent trompé, car, comme je l’ai souvent dit, pour pousser un Etasunien à soutenir une cause injuste, une guerre injuste, il faut d’abord le tromper, et la méthode classique utilisée dans la politique internationale de cet énorme pays est de tromper d’abord la population pour pouvoir compter ensuite sur son appui. Lorsque l’inverse se produit et que le peuple découvre une injustice, il s’oppose par tradition d’idéalisme à tout ce qu’il avait appuyé, qui sont bien souvent des causes très injustes, parce qu’il était convaincu de soutenir une cause juste.

« C’est pourquoi – bien que nous ne sachions pas le nombre exact de victimes – après avoir vu des scènes de souffrance impressionnantes, nous avons ressenti une douleur et une tristesse profondes à l’égard du peuple étasunien, fidèles à la ligne que nous avons toujours suivie.

« Nous n’adulons pas les gouvernements, nous ne cherchons pas à entrer dans les bonnes grâces de personne, nous ne cherchons pas le pardon, mais nous n’avons pas la moindre peur. La Révolution a prouvé dans son histoire combien elle est capable de relever un défi, combien elle est capable de lutter, combien elle est capable de résister autant qu’il le faut, ce qui nous a converti en un peuple invincible. Ce sont là nos principes, une Révolution basée sur des idées, sur la persuasion et non sur la force. […]

« Telle a été notre réaction, et nous avons voulu que notre peuple voie les scènes et la tragédie. Nous n’avons pas hésité à exprimer publiquement nos sentiments. J’ai ici une déclaration qui a été remise à la presse internationale vers trois heures de l’après-midi, élaborée aussitôt que les faits ont été connus, tandis que notre télévision diffusait des images des événements. Elle sera communiquée à notre peuple au journal télévisé du soir.

« Je devance le moment pour quelques minutes afin de vous lire la Déclaration officielle du gouvernement de Cuba face aux événements qui ont eu lieu aux Etats-Unis :

« "Le gouvernement de la République de Cuba a connu avec douleur et tristesse les attaques violentes réalisées ce matin par surprise contre des installations civiles et officielles à New York et à Washington et qui ont causé de nombreuses victimes. […]

« "On ne saurait oublier que notre peuple a été victime, durant plus de quarante ans, d’action de ce genre, encouragées depuis le territoire même des Etats-Unis.

« "Aussi bien pour des raisons historiques que par des principes éthiques, le gouvernement de notre pays rejette et condamne énergiquement les attaques perpétrées contre ces installations et exprime ses condoléances les plus sincères au peuple étasunien pour les pertes humaines, douloureuses et injustifiables, qu’elles ont provoquées.

« "À cette heure amère pour le peuple étasunien, notre peuple se solidarise avec lui et exprime sa totale disposition à coopérer, dans la mesure de ses modestes possibilités, avec les institutions sanitaires et avec toute autre institution à caractère médical ou humanitaire de ce pays aux soins et à la réhabilitation des victimes causées par les faits de ce matin".

« […] Même si on ne sait pas encore si les victimes sont au nombre de cinq, dix, quinze ou vingt mille – on sait seulement qu’il y avait des centaines de passagers dans les avions qui se sont écrasés contre les tours et contre le Pentagone – nous avons offert ce que nous pouvions en cas de besoin.

« Il s’agit d’un pays qui possède un grand développement scientifique, médical, qui dispose de ressources, mais il est possible qu’à un moment donné il ait besoin de sang d’un groupe donné, de plasma, ou de tout autre produit, ce que nous lui donnerions avec plaisir, ou alors d’un appui médical ou de personnel paramédical, car nous savons que de nombreux hôpitaux manquent de techniciens et de professionnels. Bref, ce que nous voulions c’était exprimer notre attitude et notre disposition face à ces événements tragiques.

« […] Les détournements d’avions, une méthode inventée contre Cuba, étaient devenus un véritable fléau universel, et c’est nous qui avons réglé en fin de compte ce problème quand, après de nombreux avertissements dans ce sens, nous avons renvoyé aux Etats-Unis deux pirates de l’air. C’était d’autant plus douloureux qu’il s’agissait de citoyens cubains, mais nous l’avions averti publiquement et nous avons tenu parole. Ensuite, les autorités de là-bas ne nous ont jamais plus donné de leurs nouvelles, même pas pour leur famille. Ils ont leur façon d’agir. Allez savoir… Je sais qu’ils ont été condamnés à quarante ans de prison. En tout cas, c’est ça qui a mis fin aux détournements d’avions.

« […] Aucun des problèmes actuels du monde ne peut se régler par la force. Aucun pouvoir global, aucun pouvoir technologique, aucun pouvoir militaire ne peut garantir l’immunité totale contre des faits de cette nature, car ils peuvent être perpétrés par des petits groupes, difficiles à découvrir […]

« Il est très important de savoir quelle sera la réaction du gouvernement des Etats-Unis. Des jours dangereux s’annoncent vraisemblablement pour le monde. Je ne parle pas de Cuba. Cuba est le pays le plus tranquille au monde, pour différentes raisons : notre politique, notre forme de lutte, notre doctrine, notre morale et, aussi, compañeras et compañeros, notre absence totale de crainte.

« Rien ne nous inquiète, rien ne nous intimide. Il serait très difficile de monter une calomnie contre Cuba, même pas celui qui l’inventerait y croirait. C’est très difficile. Cuba n’est pas rien dans ce monde, elle jouit d’une très grande position morale et d’une position politique très solide.

« […] Les prochains jours seront d’une grande tension, aux Etats-Unis et au dehors. Tout le monde commencera à émettre des opinions.

« […] Nous suggérerions à ceux qui dirigent le puissant empire de garder leur sérénité, d’agir avec sang-froid, de ne pas se laisser emporter par des accès de colère ou de haine, de ne pas se lancer à la chasse de gens en larguant des bombes de partout. […]

« Je le répète : aucun des problèmes du monde, dont le terrorisme, ne peut se régler par la force, et chaque action de force, chaque recours irrationnel à la force, où que ce soit, ne ferait que les aggraver.

« La voie à suivre n’est ni la force ni la guerre. Je le dis ici, fort de l’autorité que me donne le fait d’avoir toujours parlé avec honnêteté, de posséder des convictions solides et d’avoir vécu l’expérience et les années de lutte qu’a connues Cuba. Seule la raison, la politique intelligente consistant à chercher la force du consensus et de l’opinion publique internationale peuvent extirper ce problème. Je pense qu’un fait aussi insolite devrait servir à favoriser la lutte internationale contre le terrorisme. Mais celle-ci ne se gagne pas en éliminant un terroriste par ci et un autre par là, en tuant de ci et de là, en employant des méthodes similaires et en sacrifiant des vies innocentes. Elle se gagne, entre autres, en mettant fin au terrorisme d’Etat et à d’autres formes de tuer répugnantes, en mettant fin aux génocides, en suivant loyalement une politique de paix et de respect de normes morales et légales imprescriptibles. Le monde ne pourra se sauver que s’il suit une politique de paix et de coopération internationale.

« […] Nous avons largement prouvé que nous pouvons survivre, vivre et aller de l’avant. Et tout ce que nous avons vu ici aujourd’hui est l’expression d’un progrès sans égal dans l’histoire. On ne progresse pas seulement en produisant des voitures : on progresse en épanouissant les intelligences, en apportant des connaissances, en créant de la culture, en s’occupant des êtres humains comme il le mérite. Tel est le secret de l’énorme force de notre Révolution.

« Le monde n’a pas de salut par d’autres voies, et je parle ici de la violence. Qu’on cherche la paix partout pour protéger les peuples contre le fléau du terrorisme, soit, mais il est d’autres terribles fléaux : le sida, par exemple. Ou celui qui tue des dizaines de millions d’enfants, d’adolescents et de personnes dans le monde : la faim, les maladies, le manque d’assistance médicale et de médicaments.

« Du point de vue politique, il existe des idées absolutistes, une pensée unique que l’on essaie d’imposer au monde et qui ne provoquent partout que la rébellion et l’irritation.

« Le monde ne pourra se sauver – et cela n’a plus rien à voir avec le terrorisme – si l’on continue à développer et à appliquer cet ordre économique et social injuste qui nous mène tout droit à la catastrophe à laquelle ne pourraient pas échapper les 6,2 milliards d’habitants de la planète, ni leurs enfants. Car notre planète est de plus en plus détruite et poussée à la destruction, à la pauvreté, au chômage, à la faim et au désespoir. Les masses l’ont démontré à Seattle, à Québec, à Washington, à Gênes, des villes déjà historiques.

« Les leaders les plus puissants de l’économie et de la politique mondiale ne peuvent pratiquement plus se réunir. Les gens en ont de moins en moins peur et se soulèvent partout, comme on peut le constater. Je reviens de Durban, une ville sud-africaine, et j’y ai vu des milliers de personnes qui appartiennent à des organisations non gouvernementales. Le mécontentement pousse comme des champignons dans le monde. […]"

Quelle différence énorme entre la conduite du gouvernement cubain et celle du gouvernement étasunien ! La Révolution, qui se fonde sur la vérité ; l’Empire, qui se fonde sur le mensonge !

Fidel Castro Ruz
11 septembre 2007
17 h 25

Messages

  • Bonjour jacques François Bonaldi, je te remercie pour tes réflexions de Fidel toujours aussi précises et documentées, à ce sujet je voulais faire une réponse à Lucien Bourson qui te disait que tu le gonflais avec le dinosaure, en spécifiant qu’il était au parti communiste depuis 1958, je trouve son explication un peu courte et en plus je voulais lui dire que celà ne l’exemptait pas de dire des bêtises, qu’il serait peut être préferable qu’il prête un peu plus d’attentions celà pourrait l’aider à comprendre bien des choses, mais bien qu’il se revendique communiste il me semble manipulé par les médiats. Je te salut et regrette ne pas t’avoir vu a la Havane ,ce sera une prochaine fois cette fois ci je n’ai plus pu retourner à la Havane,continus ton travail de vrai journaliste en informant correctement et non pas en disant les mensonges que l’on lit ici, à bientôt.
    ALFRED ET MIRIAM DE TOULOUSE

  • Au sujet de Bourson, dont je vois que le commentaire a disparu, j’avais envie de lui répondre :

    "On dit souvent que la France a la gauche la plus conne de la planète. Bourson, vous confirmez !"

    Jacques-François Bonaldi