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RATP : des efforts insuffisants contre la pollution de l’air dans le métro ?
Publie le mercredi 14 novembre 2007 par Open-PublishingUne première collaboration d’une ONG (Ecologie sans Frontière) et du syndicat majoritaire à la RATP (CGT) dans la lutte contre la pollution de l’air a eu lieu avec une séance extraordinaire du CHSCT métro.
A la demande du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) une séance extraordinaire du CHSCT relative à la qualité de l’air dans les enceintes souterraines du métro et du RER s’est tenue hier à Paris. Ecologie sans Frontière était présente en tant qu’expert du CHSCT, conformément au Code du travail.
A l’issue de la séance le CHSCT a officiellement adopté le principe d’une collaboration avec les ONG de protection de l’environnement en vue de trouver des solutions au problème de la pollution de l’air dans le métro.
Cette collaboration, développée en marge du Grenelle de l’environnement, marque un tournant dans la méthode de gestion des questions environnementales et de pollution, conforme à l’esprit du Grenelle : implication des syndicats contre la pollution, collaboration entre les acteurs de la société civile, reconnaissance du rôle primordial des CHSCT en matière de protection de l’environnement.
A la veille du mouvement de grève dans les transports publics, il est plus que positif que les syndicats s’emparent du problème de la pollution de l’air dans le métro, pour la santé des personnels et des usagers, estime Ecologie sans Frontière.
Ecologie sans Frontière, l’association à l’origine du Grenelle de l’environnement, a défendu tout au long du processus la mise en place d’un plan anti-particules, dans le cadre de sa volonté de voir refondue la loi sur l’air. Grâce à l’énergie (renouvelable) commune des syndicats, de Nathalie Kosciusko-Morizet et d’Ecologie sans Frontière lors de la dernière phase de négociation de ce Grenelle, il en est ressorti des mesures plus ambitieuses que celles préconisées par l’Union Européenne : 15 microgrammes par m3 pour les PM2,5 au lieu de 25.
La RATP tente de rattraper son retard, mais son action est très insuffisante pour endiguer la pollution de l’air dans le métro, estime l’association écologiste. Si Ecologie sans Frontière souhaite saluer l’action récente de la RATP, son intention de publier sur Internet les résultats des mesures de la pollution de l’air intérieur du métro à partir du mois de janvier 2008, soulignons que l’action de la RATP arrive bien tard, au moment où le constat est dramatique ! « Va-t-on vers un scandale de l’air contaminé dans le métro ? » demande Ecologie sans Frontière.
Cette récente mesure d’information a été annoncée en réaction à l’alarme lancée en juin 2007 par Ecologie sans Frontière sur les taux extrêmement élevés de pollution de l’air du métro, et par la mobilisation des représentants CGT du CHSCT, qui craignent autant pour la santé des salariés de la RATP, que pour les 4 millions d’usagers quotidiens du métro, et toutes les autres personnes qui passent du temps dans les stations et les couloirs : les sous-traitants employés par la RATP par exemple pour les opérations de nettoyage, les commerçants qui tiennent des boutiques, les musiciens, les SDF.
Le problème n’est pourtant pas nouveau pour la RATP assure Ecologie sans Frontière : déjà en 2003 une étude de la Direction Générale de la Santé relevait que les concentrations horaires de particules PM10 dans les stations souterraines étaient habituellement comprises entre 100 et 300 microgrammes par m3… Aujourd’hui, selon Sophie Mazoué, responsable de la qualité de l’air à la RATP, les concentrations en particules fines dans le métro présentent des taux moyens de 150 à 300 µg/m3 avec des pics à 500 µg/m3 aux heures de pointe dans le métro et à 800 µg/m3 dans le RER A.
Le seuil de l’OMS au-delà duquel la population doit être informée, est de 50 microgrammes par m3 (PM10).
Selon les médecins du travail de la RATP, les données sur les effets sur la santé des particules fines présentes dans l’air du métro sont inexistantes. Bien qu’ils aient récemment lancé deux études sur ces sujets, leurs travaux seront longs et rien n’est prévu pour accélérer le processus. Pire, le principe de précaution n’est pas appliqué : aucune mesure concrète n’est prévue avant l’horizon 2020.
Pour Ecologie sans Frontière, « l’argument économique de la direction, qui empêcherait toute mesure draconienne à mettre en place d’urgence pour sauver la santé des salariés et des usagers, paraît déplacé quand on connaît le coût financier des problèmes de santé liés à la pollution de l’air : L’ADEME en 1997 l’estimait à 35 milliards de francs. Qu’en est-il aujourd’hui !?? L’AFSSET en 2007 estime le coût du traitement de l’asthme imputable à la pollution atmosphérique entre 200 à 800 millions d’euros. »
Selon Ecologie sans Frontière, les mesures à prendre d’urgence pour sauver la santé des salariés et usager du métro sont : Que les mesures et analyses de la qualité de l’air dans le métro soient indépendantes. Dans un souci de transparence et d’efficacité, ces mesures ne peuvent être laissées sous la seule responsabilité de la RATP : juge et partie ; Possibilité d’une évaluation critique de l’action de la RATP contre la pollution de l’air, des mesures prises par le passé et celles qui sont aujourd’hui annoncées ; Que les mesures soient prises en concertation avec les représentants du personnel, et notamment les membres du CHSCT ; Au-delà d’une information indispensable sur les taux de pollution constatés, de réelles mesures destinées à enrayer ce fléau soient prises ; Qu’une étude épidémiologique indépendante sur la dangerosité des particules métalliques pour la santé soit réalisée à grande échelle ; Qu’une information claire sur les taux de pollution et les risques encourus soit transmise aux usagers du métro par panneaux d’affichage à l’entrée de chaque station.