RSF dépense sans compter en Afrique.

En 2003, les comptes de RSF faisaient apparaître que 7% de son budget étaient utilisés pour l’aide directe aux journalistes dans le besoin, ou à leur famille. Depuis, le pourcentage n’est plus donné par l’organisation. Néanmoins, on peut lire sur son site la liste de ses bonnes œuvres 2006. La voici. Un intrus s’y est caché. Saurez-vous le reconnaître ?

Reporters sans frontières a envoyé une bourse à un journaliste érythréen en exil, a apporté son soutien financier à l’organisation d’un séminaire au Pakistan, a apporté son soutien pour la commémoration de l’assassinat d’un journaliste burkinabé, a débloqué des fonds pour l’achat de matériel informatique pour un journal au Burundi, a soutenu financièrement les familles de six journalistes birmans emprisonnés, a envoyé une assistance au témoin clef de l’assassinat d’un journaliste philippin, a apporté une assistance financière à la veuve d’un journaliste sri lankais assassiné, à un journaliste sri lankais menacé, à un journaliste congolais exilé, à un journaliste rwandais en fuite, a participé aux frais d’organisation d’une conférence au Pakistan, a envoyé à un journaliste burundais emprisonné l’équivalent d’un mois de salaire, a payé l’hébergement d’un journaliste congolais transporté à Kinshasa pour un scanner après une agression, a envoyé une aide financière à Freetown pour payer l’encre nécessaire à l’impression de journaux, à des journalistes indonésiens blessés lors d’un tremblement de terre, a payé les frais médicaux d’un journaliste tunisien en grève de la faim, a aidé une organisation partenaire en Somalie pour sécuriser son personnel. Enfin, de l’argent a été versé à un fonds philippin pour régler les frais d’avocat de la famille d’une journaliste assassinée.

L’intrus est : [« a envoyé à un journaliste burundais emprisonné l’équivalent d’un mois de salaire ».] En effet, c’est la seule action pour laquelle RSF nous donne fièrement un élément quantifié.

Un mois de salaire ! LA grosse dépense dans la liste, semble-t-il, puisque RSF attire notre attention sur elle.

Quand on sait que le budget 2006 de RSF est proche de 4 millions d’euros, que le salaire moyen d’un cadre supérieur est de l’ordre de 50 euros au Burundi, le soufflé de l’admiration retombe tandis qu’un soupçon monte : est-ce qu’ils nous prendraient pour des imbéciles ?

Line Arez Demora