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Racialisation de l’Islam : " Les Musulmans Sont les Nouveaux Juifs"

Publie le dimanche 22 octobre 2006 par Open-Publishing
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Racialisation de l’Islam : " Les Musulmans Sont les Nouveaux Juifs"

« Les musulmans sont les nouveaux juifs » selon Paul Silverstein, un professeur d’anthropologie au Collège Reed dans l’Oregon, qui étudie les recoupements entre race, immigration, et Islam. « Ils sont l’objet de toute une série de caricatures, de peurs, de stéréotypes qui ne sont pas basés sur la réalité et sont indépendants de l’expérience que les personnes ont avec les musulmans. »

Cataloguer les musulmans comme une race -11 septembre, 5 ans après

Alors que la « guerre contre le terrorisme » entre dans sa sixième année, un nouveau stéréotype racial émerge aux Etats-Unis. Les hommes à la peau mate et portant des barbes, les femmes avec des foulards sur la tête sont perçus comme « musulmans » - quelque que soit leur religion ou leur nationalité. Des mesures juridiques restrictives, des politiciens, des responsables religieux et les médias ont contribué à ce stéréotypage des musulmans comme une race - Un rappel d’une histoire douloureuse arrivée à une autre religion.

« Les musulmans sont les nouveaux juifs » selon Paul Silverstein, un professeur d’anthropologie au Collège Reed dans l’Oregon, qui étudie les recoupements entre race, immigration, et Islam. « Ils sont l’objet de toute une série de stéréotypes, de caricatures et de peurs qui ne sont pas basés sur la réalité et sont indépendants de l’expérience que les personnes ont avec les musulmans. » La caricature du musulman a rattrapé les indous, les mexicains et d’autres à travers le pays, qui subissent violence, suspicion et injures. Et dans ce pays, cela a donné une nouvelle forme d’expression liée à l’identité raciale.

Dailyah Patt qui a la peau claire, des yeux verts et des cheveux châtains, est blanche. Mais lorsqu’elle met un foulard sur la tête, Patt a découvert que les gens la voient d’une manière différente. D’origine modeste et convertie à l’islam, des gens l’ont cataloguée de palestinienne et on lui a dit « retournes dans ton pays d’origine ». Donc, Patt a enlevé le hijab, comme le foulard est communément appelé, quand elle se rend à des entretiens d’embauche ou qu’elle doit prendre l’avion.« Je peux passer pour une chrétienne » dit Patt, 27 ans, qui habite Palo Alto et qui s’est sentie frustrée par des interrogatoires répétés effectués par les services de sécurité aux aéroports jusqu ‘à ce qu’elle enlève son foulard. Elle se sent « oppressée » d’être obligée de mettre de côté une obligation vestimentaire liée à sa religion.

D’un autre côté, Nida Khalil, une palestinienne, qui a passé la plupart de son enfance en Cisjordanie à Ramallah, s’identifie profondément avec la politique palestinienne. Une musulmane non pratiquante, elle ne porte pas le foulard. Les gens disent qu’ils pensent qu’elle est latino. Elle n’a pas souvenir de s’être sentie harassée ces 5 dernières années parce que ressemblant à quelqu’un venant du Moyen Orient. « Je suis vraiment triste pour ces femmes qui doivent vivre aux Us et qui portent effectivement le hijab » dit Khalil 26 ans, une habitante de San Mateo. « Je ne peux même pas arriver à m’imaginer tous les regards de travers, ou les yeux fixés... ou le manque de respect, qu’elles reçoivent des fanatiques occidentaux. »

Les expériences de Patt et Khalil montrent comment fonctionne la race, disent les chercheurs qui étudient le phénomène : les gens projettent souvent leurs préjugés sur les autres sur la base de caractéristiques physiques, ignorant même leurs propres expériences.

Caricaturer une religion comme une race pose des problèmes particuliers parce qu’il n’y a pas de grille de caractéristiques physiques.

Par exemple :

La plupart des arabes aux Etats-Unis, comme Ralph Nader, ne sont pas musulmans.

Beaucoup de palestiniens sont chrétiens.

L’Indonésie est le pays musulman le plus peuplé, mais ses habitants ne ressemblent pas au stéréotype.

Les afro américains constituent plus d’un quart de la population musulmane américaine, plus qu’aucune autre groupe ethnique. Ce qui complique encore les choses, c’est que les musulmans qui sont noirs sont souvent confondus avec les Musulmans Noirs, un groupe de fidèles de l’Islam qui obéissent à des croyances différentes.

« Vous ne pouvez pas définir l’apparence d’un musulman » dit Saifulloh Amath, 23 ans, un habitant de San José qui est Cham un groupe ethnique originaire du Vietnam et du Cambodge. Sa famille est musulmane depuis des générations. Mais il est considéré comme un « bouddhiste pieux ».

« Vous ne pouvez pas stéréotyper toute l’humanité selon un code basé sur l’apparence vestimentaire » dit Amath. « Au milieu de la jungle du Vietnam vous avez des gens qui parlent l’arabe » la langue du Coran.

Pour les femmes, le stéréotype tourne autour du port du foulard, une obligation religieuse de couvrir sa tête. Pour les hommes, la caricature n’a pratiquement rien à voir avec la religion parce qu’il n’y a pas d’attribut unique dans l’apparence des hommes musulmans. Le stéréotype male inclus les barbes et la couleur de peau, des yeux et des cheveux, et les noms.

« Sam » Hachem ne s’introduit par habituellement par son prénom réel. Hachem, bien rasé, qui a des cheveux bruns clairs et des yeux gris verts, dit que les gens devinent souvent après avoir entendu son accent qu’il est « d’Europe de l’est ».

Mais quand il est à l’aise avec quelqu’un, Hachem révèle habituellement que son prénom c’est Hussein et qu’il a émigré du Liban. A ce moment là les gens réagissent. Ils discutent immédiatement de sujets liés au terrorisme. Une fois quand il a révélé son prénom dans un bar, quelqu’un a plaisanté et lui a demandé s’il allait faire sauter l’endroit. Hachem a répondu en riant « non, il n’y a pas assez de gens. »

« Quand ils entendent le prénom, je suis une personne complètement différente », dit Hachem, 29 ans, un musulman non pratiquant. « Ils pensent automatiquement à des problèmes ».

Le résident d’Oakland croit qu’il pourrait facilement utiliser son vrai prénom dans la région de la Baie, où il pense que les gens acceptent la différence. C’est plus facile de commencer avec Sam.

L’idée de violence de masse au nom de la religion est un thème vieux de plusieurs millénaires dans beaucoup de religions. Mais les attaques du 11 septembre ont été pour les américains leur expérience directe la plus dramatique de la violence sous la bannière de l’Islam. L’acte de 19 hitjackers est supposé représenter les croyances d’environ 6 millions de musulmans aux Us, sans tenir compte du fait que peu d’entre eux partagent les croyances des hitjackers.

Ce prisme étroit a été exagéré par plusieurs facteurs, comme l’antagonisme vis-à-vis de l’Islam parmi certains chrétiens évangélistes, qui ont décrit l’Islam comme « le mal » et ont vu la guerre en Irak comme la possibilité de faire des conversions.

Mais les croyances sont difficiles à détecter dans la rue selon le professeur Howard Winant, un sociologue de la race à l’Université de San Barbara et co-auteur de « Racial Formation in The United States » (formation raciale aux Etats-Unis). Pour stigmatiser il faut une image physique. « Nous devons faire référence à la race, parce que cela doit fonctionner sur l’apparence d’une certaine façon » dit Winant. Les contrôles renforcés, spécialement aux aéroports, ont joué une grande part dans la création de cette nouvelle identité raciale, selon Winant et d’autres universitaires qui ont étudié la « racialisation » des musulmans.

Immédiatement après le 11 septembre, à travers les Etats-Unis, plus de 1000 hommes de pays musulmans ont été détenus, la plupart du temps en liaison avec des problèmes d’immigration. La majorité d’entre eux ont été déportés. Le département de la justice américain avoue que beaucoup des accusations de terrorisme qui ont entraînés des arrestations liées à l’immigration ont été menées essentiellement sur des perceptions basées sur la race. Dans un cas- parmi de nombreux cas révélés par l’inspecteur général du département en 2003 - un informant appelait le FBI à propos d’une épicerie tenue disait-il par des « hommes du Moyen Orient » et qui semblait qu’il y avait « trop d’hommes pour tenir le petit magasin ». Un homme a été arrêté.

Puis en 2002, et de nouveau en 2003, des hommes et des garçons vivant aux Etats-Unis originaires d’environ 20 pays musulmans qui n’avaient pas de permis de résidents permanents ont été obligé de s’enregistrer auprès des fonctionnaires de l’immigration ou de se voir menacés de déportation.

Des politiciens et des responsables militaires ont caractérisé l’Islam comme étant le mal. Le lieutenant général William Boykin, un chrétien évangéliste, a dit à des groupes religieux que la guerre des Us contre le terrorisme avait un fondement religieux. « Satan veut détruire cette nation, et il veut nous détruire en tant qu’armée chrétienne » a-t-il dit en 2003. Et le président Bush s’est montré inconsistant dans sa caractérisation de l’Islam. En 2003, pour faire bonne figure dans le cadre d’une campagne électorale, il a promulgué des règles bannissant le profiling racial dans l’application des lois fédérales. Mais il y avait une exception : la sécurité nationale incluse l’immigration. Quelques jours après les attaques du 11 septembre il a dénoncé la bigoterie à l’encontre de l’Islam et a déclaré d’une mosquée de Washington DC que l’ »Islam est paix ». Mais cet été, après qu’un soi disant plan pour faire sauter des avions sur la ligne Londres les Etats-Unis ait été déjoué, Bush a dit le 10 août que les Etats-Unis « était en guerre contre les islamo fascistes ».

« Les Etats-Unis ont toujours eu cette tendance de racialiser en interne leurs conflits internationaux, pour considérer les conflits internationaux comme des menaces domestiques » dit Winant, le professeur de l’UC de Santa Barbara. « En tant que nation d’immigrants, c’est l’endroit le plus facile au monde d’intérioriser ses conflits externes. »

Pendant la seconde guerre mondiale, les allemands, les italiens, et en particulier les japonais, étaient vus avec suspicion sur des bases de sécurité nationale. Simultanément, la montée du communisme en Union Soviétique a été mise en parallèle avec celle des Red Scares ici dans les années 20 et de nouveau dans les années 50. D’après Winant, le conflit israélo arabe a aidé à construire des stéréotypes des arabes et des musulmans.

« L’alliance étroite entre les Us et Israël fait que la diabolisation permanente des arabes qui est associée avec ce conflit revient à la maison accompagnée de vengeance vis-à-vis des Us » dit -t-il.

Les informations et les divertissements des medias jouent également un rôle pour cultiver cette nouvelle image raciale, consciemment ou non.

L’image des musulmans est associée étroitement avec les conflits - les guerres en Irak, Afghanistan et Israël, ou l’émission sur Fox « Emmy Award Winning 24 « qui a dramatisé le terrorisme. Les images en boucle des informations, de Guantanamo et Abu Graib, d’Irak et d’Afghanistan, « sont transformées en une image archétype d’un terroriste » selon le professeur Jess Ghannam, chef de psychologie médicale à l’UCSF ; « C’est très vite internalisé comme le stéréotype du musulman/arabe. » Ceci se fait, peu importe si les gens connaissent ou rencontrent des musulmans dit Ghannam, un constat fait aussi par d’autres chercheurs. Les images des medias ont eu un effet particulièrement dévastateur sur les hommes qui sont sikhs, une religion monothéiste vieille de 500 ans originaire de l’Inde. Les sikhs ne coupent pas leurs cheveux et donc les sikhs ont des barbes. Ils portent également le turban en public ce qui est très rare pour un musulman américain particulièrement en dehors du contexte religieux. Mais des membres des talibans et des dirigeants d’al Qaeda que peu d’américains ont rencontrés le portent. Des sikhs ont été attaqués de manière répétée, et plusieurs ont été tués comme conséquence.

Le 30 juillet, un homme de Santa Clara a poignardé un grand père sikh parce que, selon le procureur qui a rempli le chef d’accusation, l’attaquant « voulait se venger pour l’attaque du 11 septembre et attaquer un membre des talibans. »

Stéréotyper des musulmans a aussi eu d’autres effets profonds. Selon un sondage national mené pour des chercheurs de l’institut de sondage de l’université de Quinnipiac, et publié le 29 août, 60% des répondants ont dit que les autorités devraient cibler les gens qui ont l’air « moyen orientaux » pour des contrôles de sécurité dans des endroits comme les aéroports et les gares. Une autre étude nationale publiée le mois dernier par des chercheurs en économie à l’université de l’Illinois a découvert que les revenus des musulmans et des arabes travaillant aux Etats-Unis ont baissé de 10% dans les années qui ont suivi les attaques terroristes du 11 septembre.

Ghanan, le professeur de l’UCSF, a dit que cela a aussi eu comme résultat une augmentation du nombre des musulmans souffrant d’anxiété, de dépression et de stress traumatique. » C’est une attaque psychologique sur sa propre identité », a-t-il dit.

Malgré cela, pour beaucoup, la racialisation des musulmans est devenu quelque chose auquel on adhère. Omair Ali, a été étonné que l’Islam soit perçu comme ayant un lien avec les attaques terroristes. Miroir d’histoires d’autres personnes vivant dans la région de la Baie de San Francisco, le résident de San José est devenu plus religieux après les attaques. Il a commencé à porter une calotte et s’est laissé poussé la barbe, ceci seulement étant exigé pour des observants plus stricts de la loi. Ali veut que les gens voient ses bonnes actions dans le quotidien comme preuve de sa foi. L’image physique l’aide à lui rappeler d’être vertueux dit -il. « Quand vous devenez un musulman visible, les gens vous regardent » a dit Ali 29 ans « si vous faite quelque chose de mal - si vous jurez, si vous crachez, ou si vous coupez la route à quelqu’un - cela renvoie directement à la religion. Cela vous rend plus conscient. »

Le stéréotypage racial est aussi présent au sein de la communauté musulmane. Les musulmans ont été parmi les esclaves importés de l’Afrique des les années 1600. Et les afro américains ont établi des mosquées plus tard dans le pays. Et pourtant, les afro américains musulmans se sont plaints que les arabes musulmans ne les traitent pas comme des membres à part entière de la religion. « Quand vous êtes un afro américain musulman, vous avez à faire à deux sortes de bigoteries : la bigoterie de l’Amérique blanche, et aussi la bigoterie arabe » selon Adisa Banjoko 36 ans de Frémont. Banjoko a dit qu’il y a eu des jours où il était suivi dans un magasin par un agent de la sécurité pensant que le fait qu’il soit noir le poussait au crime. Plus tard, il est allé dans un magasin tenu par un musulman arabe et l’a salué en arabe par le « Salaam alaikum » une salutation musulmane qui veut dire « que la paix soit sur toi », mais le propriétaire du magasin ne lui a pas rendu son salut.

« Les immigrants comprennent très vite comment les catégories raciales fonctionnent aux Etats-Unis, l’ordre hiérarchique et le désir de se blanchir » selon Salah Hassan professeur dans l’enseignement public au Michigan qui a écrit sur la racialisation des musulmans après le 11 septembre. « Vous avez vraiment cette sorte de bigoterie. »

Sylverstein, le professeur d’anthropologie du Collège de Reed, croit qu’il y a une finalité potentiellement dangereuse à la racialisation des musulmans, comme en France, les jeunes musulmans nés français rejettent leur identité française et se sont révoltés contre les autorités l’année dernière. A l’opposé, les musulmans américains ont fait campagne depuis longtemps vigoureusement pour affirmer qu’il n’y a pas de dissonance entre le fait d’être musulman et américain. Mais si, par le biais de lois répressives et de mesures politiques « les gens reçoivent pendant un certain temps des signaux comme quoi ils ne sont pas américains, alors l’Amérique apparaîtra dans l’esprit des musulmans américains comme quelque chose de mauvais, auquel ils doivent résister. » a dit Silverstein.

Article de Matthai Chako paru le 3 septembre dans le San Francisco chronicle - www.sfgate.co . Copyright San Francisco Chronicle

Traduction bénévole pour information à caractère non commercial par MD pour Planète Non Violence

Remarques

Cette racialisation de l’Islam ne se limite pas aux Etats-Unis. C’est un phénomène répandu en Europe, notamment en France. Le stéréotypage de l’Islam et des musulmans, sous couvert de « liberté d’expression » est redevenu à la mode, revendiqué, encouragé, dans un contexte de provocation voulue et ce par des citoyens supposés être « éclairés » tel ce professeur de philosophie français de Toulouse. Cela rappelle des années sombres, celles des années 30, la montée du fascisme et du nazisme.

Messages

  • J’AI PEUR, TRES PEUR,

    que nos concitoyens, en France, dont le religion est l’islam (on appelle "musulman un arabe qui a embrassé l’islam ou dont il a hérité) aient a subir la discrimination haineuse dont d’autres ont eu a souffrir il n’y a pas si longtemps

    Le choc des civilisations est une création, il n’existait pas avant que les néo-cons américains ne l’inventent pour nous créer un conflit armé

    Par ailleurs le Pape les soutient :

    Lire l’EGLISE CATHOLIQUE ET LE PROJET ETAT-UNIEN DE GUERRE DE CIVILISATION dont voici un extrait

    .../...

    De cet engagement personnel et de son alliance avec George W. Bush, il devrait surgir une modification du projet anglo-saxon pour l’Europe. Washington devrait renoncer à faire coïncider l’Union et l’OTAN, donc à faire entrer la Turquie musulmane dans l’Union. En outre, Washington devrait cesser de favoriser les mouvements protestants de sécularisation et devrait au contraire soutenir le Vatican dans son combat bicentenaire contre la laïcité. À l’issue de ces réajustements, le Saint-Siège pourrait purger l’Église catholique de tous ses éléments favorables à un dialogue avec l’islam. Sa participation au projet états-unien de « guerre des civilisations » ne consisterait donc pas à partir en croisade contre l’islam, mais à exclure l’islam de l’Europe pour « séparer le bon grain de l’ivraie ».

    En ce qui me concerne, je refuse de choisir : TOUS FRANCAIS

    Michèle

    • Le port du voile est très majoritairement une pratique religieuse qui se réclame de la religion musulamane mais il est difficile de généraliser . Du point de vue de l’islam tous les lecteurs assidus ne considèrent pas qu’il y a une obligation religieuse en l’espèce (d’aucuns affirment que ce n’est pas dans les préceptes fondamentaux) et du point de vue des musulmanes toutes ne portent pas le voile. D’ailleurs il y a seulement quinze ans on voyaient très peu de voiles islamiques dans les pays de religion musulmane.
      On ne peut donc que difficilement raciser ce phénomène social et culturel. Les laics y voit un "excès du religieux" car le port du voile ne relève pas nécessairement de l’intégrisme mais ce port si ostensible se montre contraire à la mentalité et à la philosophie laique qui admet les signes religieux discrets mais critique vivement des signes religieux ostensibles qui ne concernent pas que le voile musulman. Non seulement les laïcs les critiquent mais ils veulent les interdir dans les lieux fermés collectifs comme c’est déjà le cas dans les écoles.

      Christian

      Sur le dérapage raciste à partir de la critique de l’islam lire la déclaration ci-dessous.

      DECLARATION DU CA DU MRAP

      Robert REDEKER, professeur de philosophie, a subi des menaces de mort après avoir publié dans Le Figaro du 19 septembre 2006 une diatribe extrêmement violente contre l’islam et les musulmans.

      Quelle que soit la teneur de cet article et si durement qu’en ait été ressenti le contenu par un certain nombre de personnes de religion musulmane, de telles menaces sont absolument intolérables et doivent être condamnées. Le MRAP dénonce de même d’autres menaces de mort qui visent des militants antiracistes.

      Les sociétés les plus démocratiques se sont construites depuis plus de deux siècles sur la conquête et la défense des droits humains individuels et des libertés fondamentales, parmi lesquels la liberté d’opinion, d’expression et le droit de libre examen et de libre critique. Dans une société laïque et démocratique il n’existe pas de sujet tabou ; en l’espèce la critique des religions s’inscrit dans le cadre de cette liberté d’opinion et d’expression qui n’a pour limites que celle prévues par les lois sur la presse et en particulier la loi française de 1972 contre le racisme.

      C’est la raison pour laquelle le MRAP, en son temps, a dénoncé la proposition de loi d’un député UMP visant à ajouter à notre code pénal un délit de blasphème. De même le MRAP est opposé à toute loi spécifique sur l’islamophobie, dans la mesure où la République est dotée de la loi de 1972, plusieurs fois complétée depuis, qui fait de toute discrimination, et notamment en raison de la religion, un délit.

      Cela étant dit le texte de Redeker s’inscrit en droite ligne dans la thèse du « choc des civilisations », thèse inventée à la Maison blanche après les attentats du 11 septembre 2001. Thèse qui a servi de justification à la « croisade contre le mal » en Irak. c’est pourquoi il utilise le vocabulaire cher à Philippe de Villiers, "islamisation des esprits", "diktat de l’Islam", "l’Occident héritier du christianisme", etc.

      Le texte de Redeker constitue bien une accumulation de propos violents, haineux et racistes, opposant de façon simpliste et binaire l’« ouverture à autrui propre à l’occident » et un islam qui « tient la générosité, l’ouverture d’esprit, la douceur, la liberté de la femme et des mœurs, les valeurs démocratiques pour des marques de décadence ». Au-delà de son inscription dans la grille d’interprétation du monde connue sous le nom de « choc des civilisations » (cf. S Huttington) c’est bien la barbarie que Redeker attribue à l’islam qui rejaillit sur l’ensemble des musulmans puisque « haine et violence habite le livre dans lequel tout musulman est éduqué ». Ce qui prolonge ce qu’il avait écrit il y a près de cinq ans dans le même Figaro, « l’islam installe au plus intime de chaque musulman la paralysie de l’intelligence »

      Sous prétexte de critiquer l’islam, Redeker propose une double vision typiquement raciste :

       d’une par celle essentialiste « du » musulman, qui donc globalise les musulmans en évacuant leur diversité ;

       d’autre part, celle d’infériorisation - via les « défauts » attribués à l’islam - qui complète nécessairement la racisation précédente des musulmans pour aboutir à une forme avérée de racisme.

      L’engrenage du racisme est désormais en route. C’est un choix délibéré de susciter le racisme que Redeker revendique dans son texte (cf. extrait ci-dessous). Ce faisant il ignore que de même qu’il existe des christianismes forts divers, qui vont du fondamentalisme des évangélistes à la théologie de la libération, il existe des islams très divers, des plus obscurantistes aux plus ouverts. Quant aux croyants eux-mêmes, l’immense majorité des musulmans de France ne se reconnaitront pas dans l’islam que décrit Redeker, un sondage récent vient de le confirmer. De plus, dans les pays où règne la dictature islamiste, en Iran, en Arabie Saoudite, par exemple, des hommes et des femmes musulmans, au courage extrême résistent aux ravages de cet islam radical dont ils sont les premières victimes. En vérité, Redeker tente de légitimer le racisme antimusulman au lieu de dénoncer le fondamentalisme islamique.

      Au lendemain de l’anniversaire du 11 septembre, les travaux des Nations-Unies et de son rapporteur spécial sur la réalité du racisme antimusulman, ainsi que ceux de l’Observatoire des phénomènes racistes et xénophobes de l’Union européennes, ne peuvent que nous inciter à lutter contre ce phénomène létal qui s’étend dangereusement sur l’Europe