Accueil > Racisme bipartisan

Racisme bipartisan

Publie le lundi 5 février 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

de Paolo de Gregorio Traduit de l’italien par karl&rosa

Dans le dernier numéro de L’Espresso, Giorgio Bocca se plaint parce que les six ou sept aides ménagères étrangères dont il a changé ces dernières années n’ont jamais fait cuire la viande à point et il regrette l’époque où les bonnes cuisinières et les bons serveurs aimaient leurs patrons, leur rendaient un bon service et, bref, se sentaient faire partie de la famille.

Et il continue : les immigrés nous arrangent mais ils ne s’intègrent pas, à la cuisine comme dans la vie sociale, et ils rêvent de s’enrichir et de rentrer chez eux. Voila pourquoi nous n’aimons pas cette humanité étrangère.

Des raisonnements que tu pourrais trouver dans la bouche de quelqu’un de la Ligue lombarde ou de personnes de la bourgeoisie, mais qui concernent aujourd’hui nombre d’intellectuels et de professions libérales ou de politicards de gauche, des hommes et des femmes qui se servent du travail des nouveaux esclaves.

Un fait précis devrait sauter aux yeux : quand il y a la possibilité économique de se libérer de travaux pénibles, répétitifs, frustrants et de les confier à d’autres, même si tu appartiens idéologiquement à la gauche ou au féminisme, le syndrome qui se déclanche est celui du patron, des prétentions, de la performance, de l’insensibilité pour la désolation de la vie de ces personnes, et la différence de classe, qu’on n’accepte pas en théorie, est là et on la voit bien.

Je sais que je scandalise les marxistes orthodoxes, mais les classes sociales qui m’apparaissent aujourd’hui les plus vraies et de plus en plus lointaines les unes des autres correspondent d’un côté au bloc social des employeurs, des professions libérales, des journalistes, des commerçants et de tous ceux qui ont un travail autonome où ils doivent faire fonctionner le cerveau, la créativité, la compétition, la ruse et tout le reste, à savoir ceux qui lisent les journaux, voyagent dans le monde, savent se servir des technologies et connaissent des langues et de l’autre côté la masse des salariés auxquels on ne demande que d’exécuter des travaux répétitifs, auxquels on n’offre aucune chance de carrière, auxquels on ne demande de rien décider, en condamnant des millions de cerveaux à l’atrophie et à la passivité avec si peu d’argent qu’il n’achète aucune « liberté ».

Entre ces deux « classes » fondamentales il y a une distance de plus en plus grande en termes de styles et de qualité de vie et il semble qu’une seule ait le droit d’évoluer en sens darwinien, tandis que l’abrutissement et le blocus cérébral de l’autre sont évidents.

Seulement le communisme, en tant qu’idée et en tant qu’espoir d’un monde différent, poussa nombre de salariés à acquérir une culture et à évoluer, mais une fois la possibilité d’un ordre économique différent ayant échoué, les cerveaux des subordonnés sont redevenus ceux de moutons, remplis seulement par les conneries de la télé et du foot.

La fameuse « intégration » que des membres de la 1ère classe et des prêtres invoquent et qui semble presque ne pas se faire à cause du manque d’envie de s’intégrer de la part de la 2ème classe, s’avère être une argumentation odieusement fausse, car la distance qu’il y a aujourd’hui entre la vie de ceux qui jouent le jeu libéral et ceux qu y ont le rôle de serviteurs et vivent dans les banlieues est si grande et impénétrable que la seule manière de manifester son désespoir et sa marginalisation réside dans les périodiques révoltes destructives, où on brûle les voitures et on affronte la police, comme le rappellent les évènements de Londres et de Paris, où on résout tout par la répression, car on ne prévoit aucun changement dans la structure économique et sociale.

Et, afin d’aiguiser ce qui deviendra bientôt la « haine de classe », nous avons la prétention d’appeler démocratie un ordre social où toutes les libertés, y compris celle de se soigner et de ne pas finir en prison, toute la sécurité sont d’un seul côté, tandis qu’on prétend des serviteurs de plus en plus de flexibilité, de précarité et on offre des coupes de la sécurité sociale et des retraites.

Le moment viendra bientôt où un grand nombre trouvera cette perspective insupportable face aux avantages et à l’ostentation des symboles de la richesse de la classe dominante et il y en a déjà beaucoup qui font confiance à l’autodestruction par les drogues et l’alcool pour en finir, mais sûrement des gens vindicatifs et très dangereux, qui considèrent qu’ils n’ont rien à perdre, ne tarderont pas à circuler.

Le capitalisme et le libéralisme gouvernent le monde et sont les responsables de cette situation, le consumérisme et l’obligation d’expansion des marchés sont leurs créatures et par leur idéologie ils sont en train de provoquer des dégâts dans un équilibre écologique et climatique déjà compromis.

Tous les scientifiques non liés à l’industrie parlent d’une situation presque irréversible, mais ici nos politicards et nos industriels veulent augmenter le PIB, conquérir des marchés, vendre plus de voitures, extraire et brûler plus de pétrole. La politique est asservie à l’économie, qui prend toutes les décisions. Si, comme moi, tu fais appel à diminuer drastiquement toutes les consommations, voilà l’épouvantail de millions de chômeurs.

Il vaut mieux continuer ainsi, en fonçant tête baissée, en espérant que les scientifiques aient tort et que la 2ème classe ne devienne pas révolutionnaire.

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=15907

Messages