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Racisme, colonialisme : rappels historiques

Publie le samedi 17 décembre 2005 par Open-Publishing
16 commentaires

Si je devais me conformer à la poussée antiraciste/anticolonialiste française du moment, je passerais mon temps à submerger de honte les jeunes Allemands dont le pays a donné naissance à la pire espèce de racisme que le monde ait pu subir : l’idéologie nazie.
Je ne le fais pas. Et il ne me viendrait pourtant jamais à l’idée qu’un être humain puisse être différent, ou inférieur, ou supérieur parce que sa couleur de peau diffère de la mienne.

Cela ne m’a jamais semblé relever que du simple bon sens.
Pourtant, il n’existe pas deux êtres humains identiques.
Cela n’empêche en rien non plus que certains malhonnêtes, idiots et emmerdeurs de mauvaise foi soient originaires d’Afrique, au même titre que d’autres, dans le même cas, le sont d’Europe ou d’Amérique.

C’est ce que je voudrais pouvoir continuer à dire sans me voir notifier une assignation à comparaître de type stalinien pour propos racistes ou supposés tels.

C’est là aussi qu’un certain « antiracisme » à la française mélange parfois très insidieusement les genres.
Si j’étais Africain vivant en France, ou Franco-africain (ou Afro-français...), j’aurais honte de savoir qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, chaque année, plus de 600 000 (six cent mille) enfants africains sont « vendus » et victimes de ce que les bien-pensants cherchent obstinément à faire passer pour une invention et une constante historique spécifiquement occidentales : l’esclavage. Plaque tournante de cette honte africaine : Cotonou, capitale du Bénin.
(Sources : Envoyé Spécial, jeudi 24 mars 2005, émission reportée courant novembre - décembre 2005.)

Si j’étais Algérien vivant en France, ou Franco-algérien, j’aurais honte en sachant qu’en dix ans ( 1990 - 2000) plus de 100 000 (cent mille) de mes frères sont morts assassinés ou égorgés des mains d’autres « frères » algériens.

Si j’étais anticolonialiste de gauche (un pléonasme !) et Afro-antillais ou Franco-algérien (etc.), j’aurais honte des propos de François Mitterrand (alors ministre de l’Intérieur) qui déclarait, en 1954, à la tribune de l’Assemblée nationale : « Eh bien non ! Cela ne sera pas, parce qu’il se trouve que l’Algérie, c’est la France [...] parce qu’il se trouve que [...] les départements de l’Algérie française sont des départements français [...] ».
(Sources : Chroniques de l’Histoire/Mitterrand - Éditions Chronique Hachette Distribution, 1988, page 83.)

Si j’étais Français de confession musulmane et vivant en France, j’aurais honte de ce que mes ancêtres arabes ont pu infliger au continent africain pendant dix siècles : un esclavage ignoble (peut-être supérieur en nombre à tous les autres).
(Sources : Esclaves et domestiques au Moyen Âge dans le monde méditerranéen - Jacques Heers-Fayard, 1981, p. 87-90/ Négrologie Stephen Smith, Calmann-Lévy, 2003, p. 84.)

Si j’étais Afro-francais ou Afro-antillo-francais (etc.), j’aurais honte de savoir que certains de mes ancêtres, petits ou grands chefs de village, ou altesses royales, ont livré et vendu d’autres de mes ancêtres aux marchands arabes, italiens, portugais ou français et contribué à alimenter cet ignoble trafic sur le continent africain pendant dix siècles.
(Sources : ibid.)

Si j’étais Français de confession musulmane originaire du Maroc, de la Tunisie ou de l’Algérie, j’aurais honte de savoir que, par exemple, et selon les archives de l’Île de Zanzibar, entre 1830 et 1875, pas moins de 743 000 (sept cent quarante trois mille) noirs y ont été encore vendus à destination des pays musulmans.
(Sources : ibid.)

Le combat anticolonial/antiraciste à la française ignore, délibérément ou non, d’immenses pans de l’histoire du continent africain.

On attend d’ailleurs avec une immense impatience que l’un ou l’autre de ces mouvements antiracistes traîne devant un tribunal les historiens ou journalistes cités ici afin que la vérité, TOUTE la vérité, soit connue.

Je ne puis me sentir votre ami si vous posez comme condition préalable que je sois redevable à votre égard d’un sentiment de honte au regard de l’Histoire.

Il serait plus juste de considérer qu’au même titre qu’une certaine fierté et une certaine estime de soi, ces sentiments soient équitablement partagés.

Silvio Molenaar

Messages

  • Ne t’inquiètes pas, personne ne te demande d’avoir honte.

  • Silvio Molenaar,

    Quel le but de votre article ?

    Vous voulez dédouaner les "faiseurs" d’histoire officielle ?

    Il ne faut plus dire que la loi du 23 février 2005 est inique ? Que c’est "la loi de la honte" comme l’ont si justement qualifiée les français antillais ?

    Qu’il n’y a pas de quoi dire que nous baignons, en ce moment, dans une atmosphère de racisme d’état ?

    Expliquez clairement !

    Durdo REIL

    • Ca fait le deuxieme texte "diagonal" proposé au débat ici...

      J’entends par "diagonal" une expression peu claire qui ne s’avoue pas pour ce qu’elle est, qui part d’une culpabilité qu’elle ne supporte plus pour la plaquer à ce que ressentent les uns et les autres, présupposer une position des uns et des autres.

      D’abord le colonialisme. Dans sa version moderne, à partir de l’ère des empires mondiaux (Espagne, Portugal, Grande Bretagne, France, etc) , le colonialisme a effectivement fracassé et bloqué le developpement économique et humain d’immenses parties du monde.

      Sans avoir été barré dans son développement pendant des centaines d’années par la rive nord de la Méditerranée qui peut dire où en serait le développement de l’Afrique du Nord. Le colonialisme a été une catastrophe pour le développement.

      Mais doit-on en éprouver une culpabilité ?
      Non, ce n’est pas ce qui est demandé.
      Par contre en essayant de chanter les louanges du colonialisme dans un texte officiel on injurie ceux qui en ont encore les blessures et en subissent encore les contre-coups.

      Essayer de faire croire qu’il se passe l’inverse dénote d’un curieux retournement des faits.
      C’est bien de la droite qu’est venue la rage et l’insulte aux populations, contre ceux qui ont fait la France, une autre France, qui se sont battus contre le colonialisme, contre l’esclavage, pour que les hommes soient égaux, bref pour tout ce qui a fait les fondements de la démocratie.

      Il y eu depuis toujours des combattants contre le colonialisme, dans le pays colonisateur comme dans les sociétés colonisées.
      Ceux-là ont bien mérité de la patrie, quelqu’elle soit, dans sa dimension universelle d’humanité.

      La question n’est pas anodine : le colonialisme c’est l’inverse de la démocratie...

      Le colonialisme ce fut le vol
      le colonialisme ce fut le racisme
      le colonialisme fut nourrit du servage ici, de l’esclavagisme là
      mais dans tous les cas de l’inégalité des droits entre colonisateurs et colonisés

      Sa critique ne part pas d’un essai de faire tourner des machines à culpabilité mais à comprendre ce qui se passe, c’est passé, afin de ne pas en renouveler le processus, la petite musique sordide.

      De la même façon que de parler du processus qui amena au nazisme, de parler de l’horreur en son fait, ne vise pas à faire tourner les moulins à prière de la culpabilité mais de faire mémoire, de faire comprehension et d’éviter de retomber dans les chemins qui menennt aux mêmes ravages.

      L’objectif d’une certaine droite, de certains intellos pervertis, est tout autre il s’agit de justifier leurs propres errements du présent, embrigader le passé dans leurs nouvelles croisades en recoloriant les leçons de l’histoire de nouvelles teintes.

      Pas de culpabilité, voir ces questions en face fait progresser.

      C’est de comprendre des processus qu’il s’agit.

      Maintenant, et au delà de celà, le colonialisme et l’esclavage, nous a légué des situations qui sont encore marquées, des siècles après, par de lourdes consequences économiques et sociales, tant pour ceux qui sont restés dans les anciennes nations coloniales, que dans les états libérés de cette tutelle et à qui il manque des siècles d’itineraires independants confisqués par les empires coloniaux.

      Le present necessite des apports rétablissant les necessaires égalités économiques et culturelles, sociales et politiques, pour les populations françaises qui sont encore victimes maintenant des consequences de ce passé.

      Dans nos banlieues, aux Antilles, à la Réunion et à Mayotte, en Nouvelle calédonie, en Guyane Française, nous avons de telles consequences de ce passé, consequences qui ont induits retards de constitution de patrimoins familliaux, ségrégations toujours à l’oeuvre en matière d’emploi, de scolarité, de logement, moindre developpement économique, inégalités sociales profondes, etc.

      Ce présent necessite rattrapage, ré-équilibrage, recul du racisme, notemment du racisme patronal (appelé pudiquement "discrimination"), avancées de l’égalité sociale, developpêments économiques des quartiers, villes et banlieues concentrant l’essentiel des consequences de ce passé.

      Non pas au nom d’une culpabilité mais parceque tous les hommes sont frères (ou soeurs), libres et égaux... Que c’est mieux de vivre ainsi, meilleur pour tout le monde.
      ....accessoirement meilleur en termes de développement economique pour tous (ce dernier argument faisant tinté doucement des arguments autres que ceux faisant appel à des sentiments humains positifs).

      Copas

  • Si j’étais « blanc », vivant dans un pays démocratique et prospère,

    j’aurais honte de laisser les pauvres mourir de faim, de froid et de désespoir dans mon propre pays

    j’aurais honte d’y voir traquer sans merci des êtres humains venus pour y trouver un peu de chaleur

    j’aurais honte que mon pays parque hommes, femmes et enfants dans des camps ignobles sous prétexte qu’ils sont étrangers

    j’aurais honte de voir qu’on arrache des enfants de l’école pour les condamner à l’errance et humilier leurs parents

    j’aurais honte de laisser renvoyer chez eux sans sourciller des malheureux qui ont fui au péril de leur vie la misère et / ou l’oppression

    j’aurais honte que mon pays ait installé au pouvoir des potentats dans le but de partager avec eux les richesses du pays, au mépris des populations faméliques

    j’aurais honte que mon pays aille envahir un pays étranger après l’avoir affamé et le mette à feu et à sang pour s’approprier son pétrole

    j’aurais honte que les traitements soient inaccessibles aux pays pauvres où ils meurent du Sida ou d’autres épidémies

    j’aurais honte que mon pays fasse en sorte d’empêcher les pauvres de vendre leur production

    j’aurais honte que mon pays vende des armes pour que des populations entières puissent s’entretuer

    j’aurais honte que mon pays cherche à s’emparer des services publics des pays les plus pauvres en échange d’un prétendu « effacement de dette », engagée dans ces pays dans un marché de dupes.

    Et ce n’est même pas du passé, de l’Histoire ancienne. Cela se passe aujourd’hui en France, en Europe, aux Etats-Unis, ces fameuses « démocraties ». Ehontément.

    Alors balayons devant nos portes et sous nos tapis d’abord. Après, on pourra donner des leçons aux autres.

  • moi je ne peux pas avoir honte pour les agissements des gouvernements et grands industriels qui ont pillés l’afrique et bien d’autres contrées éloignées de notre métropole. je ne me sens aucunement responsable de toutes les horreurs perpétrées par des colonialistes et états assassins. ce sentiment de culpabilité je le laisse aux faiseurs de lois, ceux qui sont obligés de falsifier l’histoire pour mieux se dédouaner des méfaits passés. il est inconcevable de faire porter le fardeau de cette honte étatique à l’ensemble d’une population, si j’étais...mais je ne le suis pas, je suis juste un français moitié espagnol, italien, et d’autres races que mes ancêtres ne ne m’ont pas précisé,les allemands n’étaient pas tous des nazis, les espagnols n’étaient pas tous des franquistes, et à l’époque des grandes colonisations et périodes d’esclavages les populations étaient surement peu au courant de ces situations. à ce jour il est bien clair qu’une certaine classe politique tient à poser le problème du chaos régnant dans notre société sur la base des races comme l’ont si bien fait les fascistes quand ils ont eu l’intention de parvenir au pouvoir, il est hélas bien contraignant de dire que nous sommes sur une pente menant vers un fascisme d’état, révisionniste, rognant à tout les niveaux la liberté.
    c’est pas pour rien que l’on veut faire croire l’action positive du colonialisme de la france en afrique, il suffirait pour toute personne médiatique de rappeler les 300 000 morts à madagascar en 1947 pour que cette loi soit définitivement abrogée.

    ps:note personnelle j’aime bien les interventions de Durdo Reil.

    de:on est pas trés content.

  • Il y a des barbares , des mercantilistes dans tous les pays, toutes les ethenies,et je ne me sens pas coupable
    Et avec des "SI" on mettrait Paris en bouteille, et je n’ai pas du tout envie d’absoudre le role joué par la France et c’est un honneur que de nombreux Français disent non à cette manipulation de l’Histoire,
    Le colonialisme est une inhumanité.

    Il n’est pas concevable d’accepter ce néocolonialisme qui fleurit dans les traverses de l’Assemblée Nationnale et d’entendre M. Georges Freche entonné "Le chant des Africains" chant des troupes coloniales repris et récupéré par l’OAS.

    Ce qui est grave aujourd’hui c’est que beaucoup à droite comme à gauche non toujours pas digérés
    l’Algérie Aux Algériens ...et à mon sens tout est parti de là

    Nicole

  • Je rejoins quelques messages en disant que effectivement il est absurde de demander d’avoir honte de l’histoire de ses ancêtres alors qu’on y peut rien, en revanche on peut assumer l’histoire de son pays et comme c’est heureusement écrit à la fin, il faut connaître l’histoire entièrement et ne rien taire.

    En revanche dire que le racisme des nazis est supérieur aux autres est contradictoire à la démarche de l’article.
    Mais non seulement il n’y a pas d’antiracisme/anticolonialisme à la française, juste des volontés d’arrêter les falsifications d’ordre nationalisantes, mais il faut reconnaître qu’à l’échelle mondiale, les ingérences européennes (et on pourrait élargir aujourd’hui à "occidentales") ont eu la plus grande portée historique sur tous les continents et reconnaître que l’Inde et la Chine n’ont pas appliqué une telle politique d’asservissement alors qu’ils en ont largement les moyens.
    C’est aussi analyser objectivement et dire que l’Occident a une vision de son histoire qui jusqu’à maintenant l’a mené à se dédouaner des conséquences anciennes comme récentes de sa politique extérieure.

  • LA VERITE HISTORIQUE !

    C’est juste l’histoire de la lutte des classes qui se poursuit...

    La vérité historique n’est pas une question de honte.

    Mais Nazim HIKMET avait raison de dire "Tu es comme le mouton, mon frère..." !
    Il ne s’agit donc que de reconnaître la vérité et ce n’est pas à une loi conjoncturelle de fixer les "vérités" de l’époque du capitalisme révisionniste qui prend chaque jour un peu plus la place du capitalisme gaulliste d’après la Libération...

    Continuons le combat !

    NOSE

  • Silvio, c’est Italien, Molenaar c’est Neerlandais, t’as pas avoir honte en tant que Francais, mais d’apres ta theorie tu devrais avoir honte pour les crimes colonieaux des neerlandais en Indonesie, non arretons de melanger les chevres et les moutons, de mettre a pied d’egalite l’oppresseur et l’opresse, si tu n’a vraiment rien a dire t’as qu’a faire ce qu’a preconise Coluche y’a 20 ans.....
    M. Gigelli

    • Que des Français ont combattus le colonialime ,imperialismes de leurs Pays ou autres ,
      c’est a leurs honneurs d’humain .
      Mais la France n’est pas un humain ,avoir honte des agissement de son pays est une chose et n’implique en rien avoir honte de sa personne.

    • Un juif allemand aurait-il dû avoir honte du comportement de son pays il y a 70 ans ?
      Aurait-il dû être l’enemi car representant l’état qui paralellement le tortura et le tua ?

      J’ose cette outrance pour faire comprendre combien le nationalisme, de même que les totalisations simplistes peuvent être épouvantables.

      L’histoire de la liberté et de la bataille pour la liberté fut multiple et ne se découpa pas aussi aisement en cultures, nationalités, peuples... En états peut-être mais également en combattants, en batailleurs des fois contradictoires ...

      L’histoire de France est fait de celà : des histoires...

      La France des colons n’étant pas toujours la France des autres... des dockers bloquant les ports, des gens se couchant sur les voies de chemin de fer pour empecher les trains et le contingent d’aller outre-mer tuer et se faire tuer. ce fut celà également. Ceux de 1794 abolissant l’esclavage contre les nobles de l’ancien régime et Napoleon et ses sbires du nouveau régime provoquant une nouvelle nuit terrible et horrible pour les populations noires déportées, tous esclavagistes....

      Le bras de fer fut constemment engagé depuis des siècles en France, entre les partisans de la liberté de la liberté de la fraternité et les salauds, souteneurs de ce qui bloqua le developpement de continents entiers pendanrt deux cent ans, peuples brisés ayant eu l’infortune d’avoir des gourdins moins lourds que les états européens.

      Il y a l’histoire, le devoir de mémoire, la comprehension des mecanismes qui furent à l’oeuvre, comprehension necessaire pour éviter de reproduire mêmes processus, et le present encore marqué par les consequences de ces cataclysmes humains dans un sens comme dans l’autre (des familles à Bordeaux sont riches par de lointains ancêtres champions du commerce de "l’ébene", des noirs antillais existent dans des banlieues de Paris, doublement exilés, en butte au racisme encore, pauvres et sans richesses familliales accumulées)...

      Le présent avec les conséquences du passé nous demande la fraternité, l’égalité , la liberté, avec les moyens à mettre en oeuvre pour arriver à cette fin.

      Copas

    • Quand est-ce que la "gauche plurielle" effectuera son devoir de mémoire ?