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Réaction de SOLIDARITE GUYANE à la création du PARC
Publie le samedi 3 mars 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Asg Métropole Le Parc national amazonien
02/03/07
La lettre ouverte de Solidarité Guyane à Jacques Chirac en réponse à la parution du décret de création du Parc National de Guyane :
Monsieur le Président de la République,
A la lecture du Décret n° 2007- 266 du 27 février 2007 publié au JO officialisant la création d’un parc national en Guyane dénommé “Parc amazonien de Guyane”, vous avez décidé de passer outre l’expression citoyenne des Amérindiens du Haut-Maroni (peuples premiers Wayana et Teko de Guyane) et les recommandations des commissaires enquêteurs.
Par cet acte (à caractère colonial) vous avez pris la responsabilité d’être l’initiateur de l’ethnocide de ces populations (l’histoire dira si cet ethnocide ne se transformera pas en génocide).
Les premières conséquences de cette décision sont les suivantes :
– vous permettez l’implantation d’exploitation aurifère dans les zones de vie des populations avec comme corollaire :
– la destruction de leurs ressources alimentaires (pollution du milieu aquatique, raréfaction du gibier détruit par les orpailleurs),
– la mise en danger de leur santé (imprégnation mercurielle résultant des activités d’orpaillage, développement du paludisme suite à la multiplication des bassins de décantation, turbidité de l’eau),
– la multiplication d’actes délictueux (vols, violences psychologiques et physiques, …) à leur encontre
– le risque de conflits inter ethniques (entre Amérindiens et Noirs-Marrons).
– vous permettez les intrusions non souhaitées de non résidents au sein des communautés favorisant leur déstructuration sociale (avec comme révélateur l’accroissement des suicides, déjà les plus élevés de France)
– la zone de libre adhésion du Haut-Maroni, devenant espace de développement durable (synonyme en Guyane d’exploitation aurifère et forestière), va perdre son caractère de forêt primaire (les photos satellites en seront témoins à terme) ce qui n’est pas le moindre paradoxe pour un Parc qui se veut protecteur.
Relayant les revendications des populations du Haut-Maroni, nous demandons :
• le maintien de l’arrêté préfectoral de 1970,
• le rattachement de tous les territoires amérindiens du Haut-Maroni à la zone cœur du parc,
• l’interdiction de l’orpaillage sur l’ensemble du Parc,
• la reconnaissance de la propriété foncière collective des communautés amérindiennes,
• le regroupement des villages amérindiens du Haut-Maroni en une Commune,
• la signature par la France de la convention 169 de l’OIT.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, notre plus haute considération.
Signé : Solidarité Guyane
Messages
1. Réaction de SOLIDARITE GUYANE à la création du PARC, 3 mars 2007, 19:53
Il faut faire sortir l’or des coffres-forts. L’utilisation de l’or doit être très règlementée.
2. Réaction de SOLIDARITE GUYANE à la création du PARC, 6 mars 2007, 20:20
Deux autres infos :
L’orpaillage clandestin mine les débuts du parc de Guyane
LE MONDE | 05.03.07 | 14h52 • Mis à jour le 05.03.07 | 14h52
CAYENNE CORRESPONDANCE
Antoine Karam, le secrétaire général du Parti socialiste guyanais, est plutôt amer : "L’Etat a voulu passer en force". Le 28 février, le décret de création du Parc amazonien de Guyane est paru au Journal officiel, quinze ans après le lancement du projet par François Mitterrand. Accessible par avion ou par pirogue à partir du littoral, le parc national s’étend sur 34 000 km2 de forêt équatoriale.
"Les propositions faites des Amérindiens du haut Maroni au cours de l’enquête publique n’ont pas été prises en compte", regrette Antoine Karam. Afin d’être protégés de l’orpaillage, les Amérindiens Wayanas et Emerillons de Maripasoula avaient réclamé le classement de leurs territoires en "coeur" de parc, une zone à forte protection qui s’étend sur 20 000 km2 et dans laquelle l’orpaillage est interdit.
Une demande rejetée faute "d’arguments de protection écologique suffisants", selon la direction régionale de l’environnement. Les villages amérindiens du haut Maroni restent donc en "aire d’adhésion", où une charte qui devra être signée par les communes "déterminera si l’orpaillage peut-être envisagé et dans quelles conditions", selon la mission pour la création du parc.
"On a bien vu, pendant la préparation du projet les rapports de forces, les intérêts des uns et des autres, notamment des orpailleurs, explique Brigitte Wyngaarde, porte-parole des Verts Guyane. Les Amérindiens sont démunis face à toutes ces pressions et ces menaces."
Le schéma d’aménagement régional "ne permet pas d’orpaillage dans cette zone du haut Maroni", et "la volonté de l’Etat est de ne pas y accorder d’autorisation minière", assure Jean Leduc, le directeur régional de l’environnement.
Mais la zone Waki-Tampok est toujours en proie à l’orpaillage illégal, mené par des clandestins brésiliens peu soucieux de questions d’environnement.
De retour d’une mission d’inventaire de la faune sur la rivière petit Inini, un affluent du Tampok, Benoît de Thoisy, responsable scientifique de l’association Kwata, a constaté "une pression de chasse importante et une raréfaction de la plupart des grandes espèces trouvées communément dans les zones non chassées", avec "très peu d’indices de grands singes, de tapirs, et de grands oiseaux et une quasi absence de loutres".
"GRAND PROJET NATIONAL"
En 2006, 25 millions d’euros de matériel ont été détruits lors de 112 opérations menées contre les orpailleurs clandestins. "L’objectif est de rendre les chantiers illégaux peu rentables en cassant le matériel et en bloquant les flux de ravitaillement, explique Vincent Berton, directeur de cabinet du préfet. Mais, en raison du cours de l’or élevé, ils reviennent."
"Le parc est une bonne chose, cela va nous apporter des financements et des emplois, se réjouit, pour sa part, Joseph Chanel, le maire de Camopi, à la frontière avec le Brésil. On peut aussi faire de l’orpaillage, mais proprement : cela pourrait occuper la dizaine de jeunes de la commune qui travaillent ou travaillaient avec les clandestins pour le transport de fûts de carburant."
En 2005, le conseil régional et le conseil général avaient émis un avis défavorable au projet de parc, réclamant comme préalable un plan de rattrapage en faveur de l’intérieur guyanais. En août 2006, Christian Estrosi, le secrétaire d’Etat à l’aménagement du territoire, s’est engagé à défendre le classement en "grand projet national" du projet de route entre Saint-Laurent et Maripasoula, lors d’un conseil interministériel à l’aménagement du territoire qui n’a toujours pas eu lieu.
Attendue le 12 mars à Cayenne, Nelly Olin, la ministre de l’écologie et du développement durable, devrait annoncer un "plan d’accompagnement" de la création du parc amazonien.
Laurent Marot
Communiqué de Survival France
Le Parc national de Guyane : quelle protection pour les Amérindiens ? 2 Mar 2007
Le parc amazonien de Guyane a été créé par le Décret n° 2007-266 du 27 février 2007. Il concerne cinq communes où vivent quelque 7 000 personnes, et comprend une zone « cœur » de plus de 2 millions d’hectares intégralement protégée, autorisant le maintien des activités de subsistance (chasse, pêche, cueillette) pour les communautés résidentes et s’étend sur une zone de « libre adhésion » de plus de 1,3 million d’hectares où l’exploitation minière, notamment aurifère, sera autorisée.
Dans le cadre de l’enquête publique portant sur la création du Parc national de Guyane, les Amérindiens du haut Maroni avaient clairement exprimé leur opposition à ce projet s’il ne prévoyait pas de rattacher leurs territoires à la zone « cœur du parc » pour les protéger des dangers de l’orpaillage. Si les conclusions des commissaires-enquêteurs tenaient compte des principales revendications des Amérindiens et suggéraient à l’Etat d’y donner suite, celles-ci n’ont pas été retenues dans le projet final.
En octobre 2006, 285 Amérindiens wayana et émerillon adultes, soit un tiers de leur population avaient manifesté leur opposition au projet du Parc dans une pétition adressée à la Commission d’enquête : « Notre volonté de bénéficier de la proximité du cœur du Parc, afin de protéger nos lieux de vie et d’activité n’a pas été retenue dans ce projet ; rien ne nous protège contre les nombreuses nuisances liées à l’orpaillage, au contraire le projet contient certaines dispositions qui lui sont favorables et il ne garantit pas nos communautés contre les intrusions sur nos espaces de vie et d’activité. »
Brigitte Wyngaarde, chef coutumier de Balaté et membre du collectif des Amérindiens du haut Maroni, estime que les Amérindiens ont une fois de plus été trahis. Elle a déclaré aujourd’hui : « L’enquête publique n’a finalement pas pris en compte les principales revendications des communautés amérindiennes du haut Maroni. L’orpaillage, un fléau qui sévit depuis plusieurs années en pays wayana, va désormais être légalisé sur leurs terres. Nous constatons amèrement que leurs intérêts et leur survie passent après ceux des orpailleurs et après la protection de l’environnement. Il s’agit là d’un acte de violence administrative. Nous voyons très mal l’avenir. »
Francis Dupuy, anthropologue, expert auprès de la mission pour la création du Parc, désavoue le projet dans sa forme ultime : « La création d’un parc dans le sud de la Guyane est en soi une bonne chose. Toutefois, en dépit de toutes les préconisations du comité de pilotage et des nombreuses réclamations exprimées lors de l’enquête publique, le zonage retenu in fine laisse en dehors de la zone de protection tout le secteur du haut Maroni (commune de Maripasoula) où vivent les Amérindiens wayana. Ces derniers attendaient du Parc qu’il les protège de l’orpaillage et de ses multiples méfaits. Ce qui ne sera pas le cas. Aussi, aujourd’hui, l’inquiétude est grande quant à l’avenir de cette communauté. Une fois de plus les autorités ont fait fi de ses aspirations. Il faudra tout faire pour que les Wayana, qui n’ont cessé de réclamer l’élargissement de la zone de protection, soient entendus. »
Françoise Grenand, anthropologue, membre du Comité de pilotage pour la création du Parc de Guyane, se dit consternée : « Le projet de Parc de Guyane mêlait les problématiques humaines et environnementales dans le droit fil de la loi du 14 avril 2006 qui a réformé le statut des parcs naturels nationaux pour associer les collectivités locales à leur gestion. Etant donné le contexte humain et social complexe du sud de la Guyane par rapport à la création d’un parc « français », la projet guyanais exigeait une attention particulière. Or, le Parc, tel qu’il apparaît aujourd’hui a trahi ses promesses, il ne reflète aucunement les recommandations des membres du Comité de pilotage qui, tout au long du processus d’élaboration, ont été manipulés, tout comme les populations locales. »
Jean-Patrick Razon, directeur de Survival France a déclaré : « Il est scandaleux de constater le mépris avec lequel ont une fois de plus été traitées les populations amérindiennes de Guyane dans le processus de création d’un Parc censé protéger une forêt tropicale humide d’une biodiversité prodigieuse, mais qui privilégie surtout les intérêts économiques engagés dans la région. »