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Reconstruction ou liquidation de la gauche de transformation ?
Publie le vendredi 14 septembre 2007 par Open-PublishingReconstruction ou liquidation de la gauche de transformation ?
L’élection de Nikolas Sarkozy à la Présidence de la République révèle un saut de qualité dans la nature du capitalisme français.
Elle marque la fin de l’ “exception française et ouvre la route à l’intégration de la France dans les institutions internationales mondialisées du capitalisme global.
À bien y regarder, le gouvernement Fillon n’est pas du tout le « gouvernement d’ouverture » vanté par la propagande sarkoziste.
Si on observe attentivement sa composition et les différentes commissions ouvertes à la gauche, on voit se configurer le premier exécutif néo/ conservateur ouvertement inspiré de l’actuelle administration Busch.
Les personnalités de la gauche ou du centre qui ont rejoint le Président Sarkozy animaient depuis longtemps des courants ultra atlantistes nichés à l’intérieur de la gauche.
Sur le plan immédiatement politique, nous devons nous attendre à une accélération des tendances néo/libérales directement dictée par les institutions globales. Le capitalisme international et la nouvelle France de Sarkozy se situent ouvertement sur le terrain de la financiarisation et de la rentabilité à court terme.
Ce néo/libéralisme actionarial pousse à la destruction pure et simple de tous les acquis sociaux des 50 dernières années.
Nous verrons, sous l’influence des néoconservateurs, l’accélération des délocalisations du système productif, en particulier de l’industrie, mais aussi la destruction de l’agriculture familiale et en particulier du secteur coopératif (voir la mort annoncée de la viticulture en Languedoc-Roussillon).
Tout fonctionnement horizontal et égalitaire, conquis au prix des luttes très dures, est menacé d’extinction.
Dans les pays dominants, occidentaux mais aussi dans les autres pays intégrés au capitalisme global néo/libéral, des nouvelles formes d’économie plus rentables prennent le relais des économies traditionnelles.
Spéculation immobilière sans frein mais aussi privatisation et commercialisation des espaces (voir à ce propos la planification du tourisme de luxe dans toute la région méditerranéenne) s’imposent de plus en plus sur les friches du monde industriel et agricole.
C’est dans ce contexte que la gauche connaît aujourd’hui une crise de sens sans précédent.
Quelles réponses faut-il apporter à cette nouvelle donne ?
Quelles revendications ?
Quelles forces doivent s’unir pour mener le combat ?
La gauche, sur la poussée des luttes de 95, a gouverné la France de 1997 à 2002.
Elle gère 20 régions sur 22 et de nombreuses collectivités locales.
Il est temps de constater que les réponses apportées n’ont pas été à la hauteur.
Aucune rupture par rapport à la logique des marchés n’a été visible.
La gauche et avec elle le PCF ont glissé de plus en plus vers une dérive institutionnelle qui a imposé une politique sociale/libérale ou tout simplement une politique d’adaptation aux marchés.
La crise de la gauche de transformation est due à son incapacité à proposer des solutions de rupture immédiate avec le mode de production du néo/capitalisme global.
A la financiarisation créatrice de misère et de perte d’espoir il faudrait opposer des solutions d’autogestion seules capables aujourd’hui de créer sens, emploi et démocratie.
Il faudrait opposer à la désertification des bassins d’emploi due aux délocalisations ou aux appétits immobiliers une dynamique orientée vers une économie nouvelle de type coopératif et horizontal.
Au lieu de pleurnicher derrière les nouveaux patrons bohêmes tout en leur confiant l’argent public il faudrait impulser des formes d’économie externes au diktat du profit et ouvertes aux besoins des populations.
Les financements existent mais la volonté d’agir, quitte à se heurter à la gauche d’accompagnement, n’a pas existé.
C’est bien cette dérive institutionnelle qui est la cause principale du déclin du PCF.
Pour refonder la gauche, il faut reconquérir une stratégie lisible.
En autres termes, la lutte contre le capital doit devenir visible et cela, même pendant la gestion des responsabilités institutionnelles.
Dans la gauche, le PCF a encore un rôle fondamental à jouer.
Il est évident qu’il ne s’agit pas de se replier sur soi même à la recherche d’un refuge identitaire où de revenir en arrière pour se ressourcer dans des mythiques fondamentaux. Aujourd’hui, aucune composante de la gauche de transformation ne peut éviter la question du rassemblement.
Mais il est clair que ce rassemblement ne peut plus coïncider avec l’union de la gauche traditionnelle que ce soit dans la version PC/PS ou dans une réédition de la gauche plurielle.
Il faut avoir la lucidité d’admettre que tout cela a vécu et que la dérive sociale/libérale du gouvernement Jospin est la cause principale du déclin du parti.
Il faut savoir en tirer les conséquences.
L’expérience des collectifs antilibéraux, malgré son échec, reste riche d’enseignements et de potentialités.
Il s’agit de réfléchir à la création d’un nouveaux “sujet politique”qui se construit par le rassemblement et qui se définit dans la critique du néo/libéralisme.
A l’intérieur de ce sujet politique, communistes, socialistes antilibéraux, écologistes, républicains, alter mondialistes, militants d’extrême gauche et autres forces de progrès sans exclusion, peuvent donner vie à un vaste rassemblement qualifié par des propositions immédiatement en rupture avec la pensée unique libérale.
Il doit vivre dans les luttes mais aussi dans la proposition de formes de production coopératives et horizontales et dans la défense de la démocratie aujourd’hui de plus en plus menacée.
Et le PCF dans tout ça ?
Il doit continuer à exister.
Il doit continuer à exister car la visée communiste de transformation sociale et de critique du capitalisme demeure une référence essentielle à l’intérieur d’un front riche de sa diversité qu’il en faut pas liquider.
Paolo Azzaroni
(cellule PCF Marseillan Herault)