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Refondation ou renaissance ?

Publie le dimanche 21 octobre 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Philippe Brouillard, cellule du Barp (33) adhésion 1950/1979, réadhésion 2007

LIMINAIRE

Dénoncer les impasses de la violence révolutionnaire minoritaire, esr-ce renoncer à la révolution ? Au besoin d’une société sans classes ?

A « prise du pouvoir », « dictature du prolétariat », préférons « démocratie véritable ». Rappelons au passage que la Commune de Paris était élue. (cf Allende, Chavez, Morales etc)

Marx dit que ce sont les masses qui font l’histoire, Lénine un parti. Repartons de là.

La lutte des classes est devenue planétaire.Le capital financier a pour règle et devoir le pillage de toutes les ressources terrestres. Comme besoin le recours à la violence contre les velléités des peuples, contre les états-nations.

Cela a fait grandir l’idée d’un gouvernement mondial. Se vulgariser l’idée d’une communauté mondiale d’intérêts écologiques. Dans le temps même où l’agressivité impérialiste a été tenue en échec dans l’opinion et sur le terrain. Le rapport numérique entre financiers et exploités est cent fois plus grand dans le monde d’aujourd’hui qu’en Occident au siècle passé.

Ces données nouvelles encouragent à en finir avec la loi de la jungle, à inventer de nouveaux rapports sociaux.

Le moment que choisissent certains, dans les colonnes même de l’Huma, pour proposer de dissoudre le PCF à l’italienne dans un magma « progressiste » plus électoralisable. Projet qui a plus à voir avec l’opportunisme qu’avec les besoins des travailleurs.

DECLIN

Le débat part du constat de déclin...électoral. Aussitôt accolé à « stalinisme », « Mur de Berlin », j’en passe. Rappelons sans cesse que le déclin électoral remonte en gros à 1981, neuf ans AVANT la chute du Mur. Que l’apogée électorale du PCF se situe APRES et PENDANT les purges et massacres staliniens des années trente ET quarante. Le rapport n’est donc pas évident, sauf à n’écouter que de l’oreille droite.

Malgré Berlin 51, Budapest 56, Prague 68, n’avons-nous pas gagné toutes les batailles engagées ? Sur le fascisme, le colonialisme, le sexisme, la paupérisation, la défense et illustration de la culture ?

On s’est mis à vendre ce capital, en échange de quelques ministères, à la social-démocratie. Le gros des voix restantes vendu à Jospin pour quatre portefeuilles. Sur cette lancée, on a fini par voter carrément à droite (2002) contre notre électorat populaire passé au FN. Parallélement la direction du Parti s’est sénatorisée, les « permanents » ont proliféré au rythme du recul. On a préféré une base de petits chefs syndicaux bien blancs au recrutement sur les chaînes et dans les ghettos. Ainsi éclairée, une masse de nos électeurs est passée au FN. Les plus jeunes au trotskisme.

En abandonnant la ligne fondatrice de 1920, de fracture entre révolutionnaires et réformistes, qui subordonnait les élus au Parti, le PCF se retrouve devant les impasses de la social-démocratie, avec des élites qui se sentiraient mieux dans un mouvement a-communiste. Une voie brevetée Kouchner.

RENAISSANCE

La disparition électorale du PCF aurait dû rendre caduc l’anti-communisme. Il n’en est rien (cf Cuba, Guevarra, Chavez etc.). Preuve que le spectre, depuis 1848, hante toujours (et plus seulement l’Europe). Que le communisme (entendons une société sans classes), demeure la solution en creux du gâchis capitaliste.

La France a besoin de ce Parti, animateur essentiel du XXème siècle, continuateur du modèle révolutionnaire français du XIXème. Parti soudé aux classes laborieuses qui ont fabriqué la 4ème puissance mondiale dans un petit pays. Quand ce parti décline, la France décline.

Doit-il pour autant revenir à 1920 sans avoir rien appris des transformations du monde ? Bien sûr que non. A « Refondation » je préfère « Renaissance ».

INDIVIDUALISME / LIBERALISME / NATIONALISME

La dynamique du capitalisme s’appuie sur le ressort puissant qu’est l’individualisme.Nous y avons longtemps opposé le collectivisme, oubliant que nous proposions de libérer chaque individu de l’esclavage. Cessons de dérouter et d’effrayer avec un mot qui tue sans nécessité.

Idem pour le libéralisme. Conçu par ses pères pour libérer l’individu et limiter le pouvoir des féodalités.Le capitalisme financier mondialisé tend à l’exact inverse. Quand nous affirmons « lutter contre le libéralisme », nous ne sommes pas compris. Les gens associent libéralisme et liberté, ce qui n’est pas historiquement faux, et entendent notre but comme le contraire, un totalitarisme, ce qui n’est pas historiquement absurde.

Le PCF incarne et les valeurs fondatrices de la République ET le communisme, idée bien française ( Babeuf, Cabet, Blanqui, Varlin, Guesdes...). Faudrait-il laisser le drapeau aux tenants de Munich, comme Blum, de Vichy, comme Ségolène, de Washington, comme Sarkozy, à tous les chantres de l’Europe supra-nationale ?

Revisitons plutôt le grand acte fondateur de 1945, le programme du Conseil National de la Résistance. Ce qu’on appelle, pour l’enterrer, le « modèle français ». C’est une référence. Ses quelques avancées réalisées ont assuré trente ans de progrès économique et social malgré sa remise en cause permanente par la guerre froide, l’anti-communisme, l’intervention américaine. Le revisiter pour avancer.

UN PROGRAMME

On se doit d’avoir un programme. Pas une plateforme électorale à vendre aux socialistes. Un programme d’avenir qui donne des perspectives aux mouvements populaires, réveille la conscience de classe aujourd’hui affaiblie.

Petite utopie programmatique :

Finissons de stagner dans la forteresse assiégée des « avantages acquis ». Minima sociaux, allocations chômage°°, licenciement économique, préretraites etc. Menacés o combien, mais cette ligne de front nous fait passer pour les défenseurs d’une France des non-travailleurs, un comble. Défenseurs d’’un néo-lumpen vieillissant lorgnant plutôt vers l’extrême-droite.

Le levain est dans la jeunesse privée de travail et de scolarité convenable.

Soyons plutôt les porteurs d’un PROJET MAJEUR : LE DROIT AU TRAVAIL. Vieux rêve du XIXème, repris quelquepart dans notre Constitution. Le droit au travail « opposable » Ha ! Ha !

La liqidation du chômage -sauf une marge de mobilité- serait le coup le plus dur porté au Capital, sans la nécessaire adhésion de tous aux présupposés socialistes.

Comment rendre à la dignité salariale 1 500 000 RMIstes et 2 à 3 millions de chômeurs ? Soit environ 10% de la population active ?

1)On transforme toutes les assistances, salariales et patronales en ½ salaire.

2)On impose l’adjonction aux 20 millions de salariés d’un emploi complet pour 20 actuels.

On supprime toutes les aides inutiles, les ANPE, les stages bidons etc. En application du principe libéral (!), fin de l’assistanat des patrons.
Récupération de 50% des plus de 30 milliards de la formation professionnelle gaspillés, lutte contre la fraude fiscale etc. etc.

Si un inactif coûte, avec RMI et la suite, 750 Euros/mois, faire payer aux entreprises 750 E par 10 ou 20 salariés, soit 37 à 74 Euros, une miette, amène le salaire des plus pauvres à près de 1500 E. Brut. Il reste 40 à 50 milliards à réaffecter.

Je donne cet aperçu – fait plus d’humeur que de science- pour ce qu’il vaut. Aux économistes de plancher. L’essentiel étant d’annexer à notre programme un budget crédible et qui ne rallume pas un débat stérile sur l’abolition de la propriété privée. L’objectif étant toujours de restaurer l’unité et la solidarité populaires.

Vous parlez d’une utopie !

LE PROGRAMME DONC :

TROIS PILIERS :

1 Tous au travail

2 Gestion démocratique des entreprises

3 Règles politiques et syndicales démocratisées

ET :

Pour se garder des dérives bureaucratiques étatistes ou collectivistes, maintenir la concurrence libérale MAIS entre groupements (entreprises) de citoyens producteurs et co-gestionnaires.°

Un statut de l’entreprise serait réfléchi et annexé à ce programme.

Seuls les services publics auraient un mode de gestion spécifique.

Les banques devraient rejoindre le secteur public.

ORIENTATIONS

a) Priorité à l’éducation, la formation et la recherche

b) Soutien de l’état aux PMI PME

c) Subordination de tous projets aux objectifs écologiques
d) Politique extérieure de paix et désarmement. Europe-Méditerranée des Nations.Transfert de pouvoirs à l’ONU rénovée.

Rempli, un tel programme s’appellerait sans doute...une révolution. Sans le mot ? Et après !

Est-ce une France utopique qu’une France où tous les citoyens qui le désirent seraient salariés ? Où tous cotiseraient pour leurs retraites et la santé ? Où tous payeraient l’impôt proportionnel ? Où tous auraient voix à la gestion de leur entreprise ? Où toutes les opinions auraient une place au Parlement ? Une France toute entière au travail et à l’invention où il n’y aurait plus d’assisté sociaux ?

Quelle utopie !

°au-dessous de 5 salariés, la plus grande liberté pour l’entrepreneur individuel,urbain et surtout rural

°°les alloc chômage sont plus une astuce giscardienne qu’un « avantage » acquis.

Un tel programme est-il applicable dans un monde interconnecté ? Ne verrait-on pas une fuite des capitaux dramatique ? Un isolement de la France ? Je pense que c’est la sous-estimer. La France n’est pas Cuba (qui résiste malgré tout depuis 40 ans). En 1792, en 1815, en 1871, en 1944, elle a su conquérir sa place malgré toutes les coalitions.On a vu l’Europe des marchands reculer (provisoirement) devant le NON.

L’inter-connexion est à double sens. Un boycott mettrait à mal nombre de multinationales. Et les « idéees françaises » ont un impact immédiat en Europe quand elles montrent la voie du progrès.

En résumé, faut-il se perdre dans le débat sur les structures d’appareil ou populariser une issue sérieuse aux souffrances des producteurs ? Je dis programme avant alliances.

Marx dit que ce sont les masses, pas les élites, qui font l’histoire. Lénine dit la contraire. Choisissons.

Messages

  • La France a besoin de ce Parti, animateur essentiel du XXème siècle, continuateur du modèle révolutionnaire français du XIXème. Parti soudé aux classes laborieuses qui ont fabriqué la 4ème puissance mondiale dans un petit pays. Quand ce parti décline, la France décline. Doit-il pour autant revenir à 1920 sans avoir rien appris des transformations du monde ? Bien sûr que non. A « Refondation » je préfère « Renaissance ».

    Je comprends pourquoi tu ne veux pas revenir sur le sens de la création de 1920, qui était basée sur l’internationalisme et le dégout du nationalisme meurtrier.....

    Ces propos nécessitent peut-être un ré-examen non ?
    Les histoires sur la France qui décline parce que le parti communiste décline semblent très curieuses.... L’Irlande qui a une très forte croissance doit avoir un puissant PC (oui non ? de quoi parle-t-on ?).

    Le discours sur la 4eme puissance mondiale c’est quoi ? Le besoin de la France d’un parti communiste ?????

    C’est le peuple et les travailleurs en France qui ont besoin d’un puissant parti, un parti qui ne soit pas d’une nationalité ni d’une nation, mais des valeurs de liberté, d’universalité, portées par la révolution française et des valeurs d’internationalisme, de dénonciation des nationalismes imbéciles et meurtriers des pays dominants portés par le communisme , qui partent de l’échelle d’un pays parce qu’elle est une réalité mais pas pour diviser les travailleurs qui se trouvent de part et d’autre de cette frontière.

    La dimension internationaliste doit dominer d’emblée la création, la renaissance, la refondation , la reconstruction ou la révolution d’un puissant parti des travailleurs.

    Il faut cesser les ambiguités , parler de la France de cette façon c’est bien estimé que Bellaciao est plus loin des Français que Dassault et Sarko.

    Il faut faire très attention aux propos nationalistes qu’on peut avoir, dans un pays fondamentalement composé de gens d’origines diverses, de travailleurs de toutes nationalités qui sont bien plus nos frères que des Le Pen qu’on mettraient bien eux dans des charters.

    Un des créateurs de premier plan du Parti communiste français en 1920 fut Ho Chi Minh , prenons-en de la graine, c’est de l’histoire vivante montrant que le nationalisme était bouté hors du PC.

    Répondre au capitalisme, c’est la claire conscience que la bataille se gagnera que par une réponse articulée des travailleurs à une échelle à minima européenne. Il faut se préparer à cela... Et éliminer ce qui, dans le nationalisme, porte des ambigüités malsaines et dangereuses. ce servir de l’échelon de la nation quand celle-ci permet de progresser.

    Copas

  • Mon cher camarade, la "dictature du Prolètariat" ,de Marx, s’impose à tous les révolutionnaires, comme la loi de la chute des corps, de Newton, s’impose à tous les bâtisseurs. Tous les jours, la bourgeoisie, en se servant de l’Etat pour imposer ses choix qui, tous, sont favorable aux bourgeois, exerce sa "dictature". Or comme il ne peut y avoir, sur un même territoire, qu’un seul Etat, il ne peut donc s’y exercer qu’une seule dictature, soit celle des exploiteurs qui sont une infime minorité, soit celle des exploités qui sont l’immense majorité.

    Il va de soi que la rigueur de la dictature du prolètariat (l’ensemble de ceux qui doivent travailler pour vivre), n’a rien avoir avec la dictature stalinienne, mais dépend, évidemment des reactions de la classe bourgeoise qui doit y être soumise. Tout comme la rigueur de la dictature bourgeoise varie suivant les réactions du prolétariat...

    Bien sûr on peut construire un parti sans ce concept, mais ce ne sera pas un parti révolutionnaire puisqu’il n’aura pas la volonté de transférer tout le pouvoir au prolétariat.

    CN46400