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Réforme des retraites : combien les fonctionnaires vont-ils toucher ?

Publie le lundi 22 novembre 2010 par Open-Publishing
21 commentaires

de Bernard Gensane

Pour tous ceux qui n’ont pas manifesté et qui ne s’ébranlent que quand leur porte-monnaie à eux personnellement est concerné, voici quelques chiffres que même le dernier des électeurs sarkozystes peut intégrer dans sa petite tête égoïste.

Ces données nous sont fournies par le Snes, le syndicat majoritaire des enseignants du secondaire.

On va commencer par le sommet, le cas d’un agrégé hors classe, entré dans la Fonction publique à 25 ans et ayant pris sa retraite à 62 ans. Je rappelle qu’un agrégé est un enseignant qui a travaillé comme un malade pendant 5 ou 6 ans après le baccalauréat et qui a réussi ce qui est très vraisemblablement le concours de recrutement le plus difficile au monde. Avant la loi Fillon/Chérèque de 2003, il touchait 3065 euros (pour un salaire terminal brut de 4458 euros, indice 963). Avec la loi Fillon/Chérèque, sa pension est tombée à 2326 euros. Avec la loi Woerth/Fillon/Sarkozy, il touchera 2052 euros. Sa retraite aura chuté d’un tiers en 8 ans et il aura été obligé de travailler deux ans de plus.

Prenons le cas le plus courant chez les enseignants du secondaire, celui qui termine comme certifié au 11ème échelon (traitement mensuel brut 3046 euros). Avant 2003, il bénéficiait d’une pension de 2094 euros. À cause de la loi Fillon/Chérèque, sa pension est tombé à 1589 euros. Avec la loi de 2010, il devra se contenter de 1402 euros.

Un mot sur la décote : avec la loi de 2010, les « bornes d’âge » sont repoussées à 62 et 67 ans. Prenons le cas d’un fonctionnaire né en 1967. Il doit 42 annuités pour toucher une pension complète. Il a intégré comme certifié du second degré à l’âge de 25 ans. S’il part en retraite à 62 ans, sa durée de cotisation sera de 37 ans. Il lui manquera donc 5 annuités.

Avant 2003, il aurait été simplement “ proratisé ” selon un rapport de 37 sur 37,5.

Avec la loi de 2003, il s’était vu infliger une décote de 15%.

Avec la loi de 2010, sa décote s’élèvera à 25% car à 62 ans la décote est plafonnée à 5 ans et non plus à 3 ans. Il touchera 1051 euros.

L’agrégé hors classe dans la même situation touchera 1539 euros.

Messages

  • Ok avec la honte que tu exprimes !
    C’est dramatique et pour interesser (ou inquieter, c’est pareil...) tous les employé(e)s de toutes entreprises, publiqes COMME privées....
    Le salaire de toutes et tous dépend en grandfe partie du salaire du personnel de l’etat..., les fonctionnaires !!!
    Donc si les enseignants sont touchés, comme le démontre clairement ton message, TOUT LE MONDE était, est et sera touché !!!
    Dans les jours à venir, on peut se laisser penser que le noel de l’année 2010 aura toujours un certain goût amère...
    Dommage pour nous, toutes et tous !

    David

    http://fo-transports-jourdan.blogspot.com/2010/11/fo-transports-jourdan-manche.html

  • Est-ce qu’on connaît les chiffres pour les maîtres de conférence et lesprofesseursde l’enseignement supérieur ?
    Merci d’avance.

    • En gros : un MCf (hors classe, ce qui n’est pas le cas de tous, loin de là) termine au niveau de l’agrégé hors classe du secondaire. Les profs doivent passer en première classe pour accéder à ce qu’on appelle les échelles lettres. Ils terminent alors à un niveau un peu plus élevé. Ce que peu de mes collègues savent, c’est qu’après la Deuxième Guerre mondiale, un professeur de classe exceptionnelle gagnait plus qu’un préfet.

      Je suis moi-même retraité, ancien prof 1ère classe, régime 40 annuités (que j’ai), deux enfants à charge. Je touche 3533 euros.
      Si j’avais été victime de la loi de 2010 (je n’ai souffert que de celle de 2003), je toucherais environ 3100 euros.

      Si Sarkozy ou un de ses clones est élu, il y a dans les tuyaux une "réforme" sur la réversion qui sera versée sous condition, c’est-à-dire après examen de tous les revenus.

    • Effectivement, si sarkozy et consorts sont élus , ils toucheront à la pension de réversion en imposant des plafonds tels qu’avec une retraite de 1200 à 1500 euros le conjoint survivant ne touchera rien alors que la loi actuelle est claire:50% au survivant quelque soit le revenu et ce, dans la fonction publique

    • ce que veut SARKOZY c est aligner les régimes des fonctionnaires et les régimes spéciaux sur le régime général moins favorable car il faut savoir que poUr ce qui concerne les pensions de reversion celles du régime général ont toujours été soumises à des règles de non-cumul avec des retraites personnelles ou a des conditions de ressources ...C EST CE QU ON APELLE L ALIGNEMENT PAR LE BAS ...IL Y A DONC TOUTES LES RAISONS POUR QUE LES FONCTIONNAIRES ET LES SALARIES DU PRIVE POURSUIVENT LA LUTTE ENSEMBLE CONTRE LA REFORME DES RETRAITES ...

  • Un petit correctif sur un aspect secondaire du texte : dire que l’agreg est le concours de recrutement le plus dur "DU MONDE" est trés puéril et surtout trés faux : le concours de recrutement le plus difficile est celui ou le ratio candidats/postes est le plus faible ; et à ce titre un concours pour être facteur à la Poste avec 2500 candidats pour 10 places est plus "dur" que n’importe quelle agreg.

    Sinon sur le pb des retraites des fonctionnaires c’est sûr que depuis 2003 et Fillon (déjà lui)c’est la chute libre.

    • Peut-être pas.

      Car un type qui a un Master aura de grandes chances de réussir ce concours de postier sans trop forcer !

      Alors que pour l’agrégation il faut viser l’excellence dans son domaine, puisque tous les candidats ont au minimum le Master et que seuls les meilleurs seront pris, quitte même à ce que tous les postes au concours ne soit pas pourvus si le jury estime que l’excellence n’est pas atteint.

    • Il y a encore des concours pour entrer à la poste ??? Vous êtes sûrs ???? Je croyais qu’on n’embauchait plus que des contractuels de droit privé... et ce, depuis 20 ans. Un processus qui s’est généralisé petit à petit dans toute la fonction publique. C’est ce qui se fait peu à peu à l’Education Nationale, par exemple, vu que le nombre de postes mis au concours fait peau de chagrin d’année en année et que, de fait, on recourt de plus en plus à des emplois de contractuels CDD qui parfois deviennent des CDI... eh oui, c’est comme cela qu’on élimine les fonctionnaires... le décret sur la mobilité sorti la semaine dernière va permettre au gouvernement de précipiter les fonctionnaires vers la sortie, avec en prime aucun droit au chomage. Mise en disponibilité = licenciement pur et dur. Pire situation que dans le privé où les salariés ont au moins des indemnités de licenciement et peuvent s’inscrire au chomage. Mais de cela, on n’en parle pas trop... il vaut mieux parler des faits divers...

  • Pour info, quand on entre en Educ’Nat à 15 ans en 1968 (au concours, 150 "places" pour 3 000 candidats) avec contrat décennal d’obligation d’enseigner, puis entre autres ZEP etc etc... et que l’on arrive à ne pas craquer, on peut "toucher" (avec deux enfants à charge encore lycéens) environ 1 600 euros par mois... Mais je ne me plains pas car, au sein d’une famille plutôt ouvrière, j’ai parfois l’impression d’être un "nanti"... Pardon "Loulou", ma grande sœur, qui a tant bossé pour une retraite de misère...

  • BERNARD tes chiffres sont-ils exacts ? car ils n ont pas ete divulgues plus tot , et cela aurait ete une bomb epour mobiliser et se revolter

    • Bien sûr qu’ils sont exacts. Si on résume la situation des agrégés et des certifiés, on a une baisse de la pension d’environ 12% par rapport à la loi de 2003, et d’environ 33% par rapport au code des pensions antérieur à 2003.

      Je rappelle que les fonctionnaires ne touchent pas une retraite mais une pension qui apparaît au budget de l’État. Le but de la droite, mais aussi d’une partie de la "gauche" et de la CFDT qui lorgnent du côté de la Suède (avec son système de retraite à points, une partie de cette retraite étant complètement privatisée), est de sortir les pensions des fonctionnaires du budget de l’État. Cela peut être réalisé en trois coups de cuiller à pot.

      Je profite de ce commentaire pour dire à 92 que je le remercie de me rajeunir en estimant que je peux écrire des choses puériles. S’il veut se convaincre de la difficulté de l’agreg, il peut la tenter pour voir. De fait, l’exemple qu’il donne, qui existe dans la vraie vie (j’ai vu une fois 300 candidats pour 1 poste de commis d’administration), n’a rien à voir avec la dureté mais avec la sélectivité.

    • Si j’ai bien lu et si les indications portées sont exactes, elles signifieraient qu’en comparaison avec mon cas qui ai quitté l’Education nationale en 2000, avec une carrière compléte de 37.5 annuités avec le deuxième grade du bas de l’échelle de la Fonction Publique 11éme échelon, agent de service ou, pour nous sortir du nom de domestique , technicien de surface , je percevrais une retraite d’un montant supérieur à un prof certifié !!!

      Ben dis donc !!! Qu’ont-ils attendu mes camarades enseignants pour se mettre en grève illimitée et jusqu’au bout !!! Que leur faut-il ???

      S’il faut continuer à financer les banques Françaises, Irlandaises, Portugaises et les autres.... Sarko a une bonne source à fric dans ces catégories, il peut leur enlever un peu de salaire puisque majoritairement ils ont l’air satisfait !

      Décidément c’est désolant !

      Le coco 40 un peu désespéré !!!

    • Merci pour ce témoignage très concret. Et d’accord avec vous : il y a des milliards pour sauver les banques et toutes les bulles spéculatives mais pas pour les fonctions publiques, les hôpitaux, les écoles, les maisons de retraite etc.

    • complément au 86 -206 précité :

      Le montant d’une retraite (pension) d’un agent de service (technicien...) 37.5, 60 ans, parti en 2000 = 1164.39 euros mensuels (relevé bulletin de pension d’août 2010)

      Toujours coco 40

    • Si j’ai bien lu et si les indications portées sont exactes,

      Elles le sont...

      Je suis agrégé, j’ai commencé à cotiser à 18 ans (école normale), mais j’ai fait une douzaine d’années à mi-temps (avant la loi de 2003 j’aurais eu mes 37,5 annuités sans problème).

      Avant la loi Woerth, avec les décotes, ma retraite sera d’environ 1300 euros. Moins de 50% de mon dernier salaire.

      Chico

    • à B Gensane , cas de figure :

      si il y a 12 candidats pour 10 postes , même si les questions sont trés difficiles on retiendra AUSSI des candidats médiocres ( exemple vu : aller à l’oral du Capes avec 6 de moyenne sur 20 sur les 2 notes )

      donc la difficulté d’un concours est bien liée au ratio candidats/postes

    • Je n’aime pas vraiment polémiquer, mais il faudrait que vous parliez de ce que vous connaissez. Il se trouve que j’ai été membre du jury du Capes d’anglais et de l’agrégation interne d’anglais, et que, pendant près de vingt ans, j’ai donné des cours de capes et d’agreg en littérature et civilisation britanniques. J’ai, fatalement, une connaissance très approfondie de la question.

      Pour des raisons aussi historiques qu’arbitraires sur lesquelles il serait un peu long de s’étendre (mais je pourrais le faire), la docimologie de ces concours est un peu bizarre, vue de l’extérieur. Avec 6/20, voire 5, à l’écrit du Capes, on est admissible à l’oral.

      Puisqu’on est dans les concours, j’en profite pour porter à la connaissance des lecteurs de Bella Ciao qui ne le sauraient pas que "L’Europe" (comme on dit) a les concours à la française dans le collimateur depuis une vingtaine d’années. Pour la bonne raison que, bien qu’ils ne soient pas parfaits, ils sont, pour parler vite, "républicains". Sous Sarkozy, le Capes en a pris un sacré coup dans l’aile : il est de moins en moins "républicain" et sanctionne de moins en moins des connaissances, un vrai savoir, des aptitudes à réfléchir. Et je n’insiste pas sur les nouvelles épreuves qui ont été introduites, visant à vérifier que l’enseignant est un bon petit soldat.

    • Je n’aime pas vraiment polémiquer, mais il faudrait que vous parliez de ce que vous connaissez.

      Bernard, inutile de perdre du temps avec un troll de l’UMP... ;-)

    • si il y a 12 candidats pour 10 postes , même si les questions sont trés difficiles on retiendra AUSSI des candidats médiocres

      C’est totalement faux car si les candidats ne sont pas jugés au niveau, tous les postes ne sont pas pourvus. Et ça arrive souvent, soulevant d’ailleurs la colère des syndicats, vu que des postes non attribués ça a pour conséquence un manque d’enseignants. De plus, cette situation est souvent dû non pas à la médiocrité des candidats mais à l’élitisme des jurys - je pense en particulier à l’agrég.

      Bref, ne pas juger sans avoir tous les éléments, c’est un premier pas pour s’éloigner de la médiocrité.

      Chico

    • Chico est agrégé mais ce “ça“ n’a pas l’air de ça quand le “ça“ sature. Quant à la situation elle est due ou ne l’est point la “circonflexion“ (néologisme bien sûr) est mignonne mais le dû ne peut pas toujours porter le chapeau.

      Les retraites : ça c’est du nanan ! De la vraie guerre de classe, œuvre au noir, affaire de tueurs et n’est pas fini ce qui avait déjà commencé au moins depuis la conférence de Barcelone (2002) où se frottassaient, cervelle contre cervelle, Chirac et Jospin pour mettre cette affaire – et bien d’autres - sur les rails… Robert

  • Il est clair que pour passer un concours fonction publique maintenant, il faut faire des études longues et les annuités effectuées raccourcissent en proportion...d’où décotes à gogo et pensions minables au regard des diplômes obtenus et concours réussis, souvent avec courage et ténacité... mais le pire concerne les "petits grades" de la fonction publique avec des concours sélectifs (pas beaucoup d’élus en nombre) qui sont réussis par des sur-diplômés ; si ces derniers n’évoluent pas dans leur carrière, ils vont subir la double peine : indice terminal de retraite faible et décote importante, tout faux quoi...