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Régionales : la droite touchée par un vote-sanction

Publie le dimanche 21 mars 2004 par Open-Publishing

Par Hélène Fontanaud

PARIS (Reuters) - La gauche a pris l’avantage au premier tour des élections régionales, dimanche, tandis que la droite UMP-UDF est en recul, le Front national d’extrême droite en progression et l’extrême gauche en panne de mobilisation.

Avec six points d’avance au niveau national (autour de 40% des voix) sur la majorité de droite, la gauche PS-PC-Verts se retrouve en tête en Ile-de-France, en Rhône-Alpes, en Nord-Pas-de-Calais, en Poitou-Charentes, en Aquitaine, en Bretagne, et en PACA, où le FN talonne le secrétaire d’Etat UMP aux Affaires étrangères, Renaud Muselier.

Le scénario d’un vote-sanction semble se confirmer pour le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, à l’image de la défaite annoncée dans la région du Premier ministre, Poitou-Charentes, où la socialiste Ségolène Royal arrive largement en tête.

La droite est actuellement à la tête de 13 des 22 régions métropolitaines.

Jean-Pierre Raffarin a assuré dimanche soir qu’il "prendrait en compte" les "messages" exprimés au premier tour des élections régionales et qu’il prendrait les décisions à même de répondre aux "impatiences" et "espérances" des Français.

"Dans la période que nous avons traversée, notamment après la rupture de croissance qui, depuis l’an 2000, a frappé notre pays, il nous a fallu agir avec courage et détermination, d’abord pour rétablir l’autorité républicaine, mais aussi pour accélérer le retour de la croissance", a dit le Premier ministre dans un plaidoyer de son action.

"Nous prendrons les décisions nécessaires pour notre avenir, pour l’avenir de notre pays, qui répondent à la fois aux impatiences, mais aussi aux espérances des Françaises et des Français", a-t-il promis.

Selon CSA, la droite UMP-UDF recueille au niveau national 33,8% des voix, la gauche PS-PC-Verts 40,3%, l’extrême droite 17,2% et l’extrême gauche 5%. Selon TNS-Sofres, la droite UMP-UDF obtiendrait 34% des voix, la gauche PS-PC-Verts 40,5%, le Front national 17,5 % et l’extrême gauche 5%. Selon Ipsos, la droite UMP-UDF obtiendrait 33,8% des voix, la gauche PS-PC-Verts 40,5%, le FN 15,6% et l’extrême gauche 4,8%.

L’abstention s’établirait aux alentours de 39%, en recul par rapport aux 42% des régionales de 1998, ce qui vient nourrir l’hypothèse d’une mobilisation des mécontents, pour ce seul scrutin à mi-mandat de Jacques Chirac.

Le scrutin étant proportionnel à deux tours, avec une prime majoritaire de 25% à la liste arrivée en tête et la possibilité de maintien au second tour au-delà de 10% des voix, la gauche pourrait engranger des bénéfices spectaculaires dimanche prochain.

UNION UMP-UDF AU SECOND TOUR

François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, qui a estimé qu’il y avait eu "avertissement" et "sanction à l’égard de la politique gouvernementale", a appelé les Français à "confirmer le choix du premier tour et même à l’amplifier" au second tour.

La communiste Marie-George Buffet a relevé que "les listes de gauche populaire" avaient frôlé ou dépassé les 10% dans plusieurs régions, un rééquilibrage au profit du Parti communiste et au détriment de l’extrême gauche, qui ne pourra se maintenir au second tour.

Quant au Front national d’extrême droite, qui progresserait de plus de deux points par rapport aux régionales de 1998 et serait légèrement en deçà du score de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, il serait, selon TNS-Sofres, en mesure de se maintenir dans 19 régions sur 22 en métropole.

Jean-Marie Le Pen a aussitôt annoncé que le Front national se maintiendrait "partout où il dépasse la barre des 10% pour avoir des élus" dans les conseils régionaux.

"Si les gens continuent à voter FN dans ces triangulaires, ils voteront pour la gauche", a averti de son côté le numéro deux de l’UMP, Philippe Douste-Blazy.

Le secrétaire général de l’UMP a annoncé que le parti chiraquien et l’UDF allaient se réunir lundi matin pour élaborer "des listes communes" pour le second tour.

Au premier tour, l’UDF de François Bayrou n’avait choisi l’union que dans six des 22 régions métropolitaines. Le président du parti centriste avait même décidé de défier le ministre UMP Xavier Darcos en Aquitaine, fief du président du parti chiraquien, Alain Juppé.

L’institut Ipsos a établi une estimation du rapport de forces entre les deux frères ennemis de la majorité au soir du premier tour des régionales : 23% pour l’UMP, 12% pour l’UDF.

François Bayrou s’est aussitôt félicité d’un "rééquilibrage très important du rapport des forces" à droite.

La majorité UMP-UDF risque toutefois une lourde défaite au second tour car elle ne dispose presque pas de réserves de voix.

Le sort de l’actuel gouvernement dirigé par Jean-Pierre Raffarin dépend bien sûr des résultats des régionales, même si le Premier ministre s’est appliqué à répéter qu’il ne faut pas tirer de "leçon nationale" d’une "élection territoriale".

Nul ne sait ce que décidera Jacques Chirac, seul maître du jeu en matière de remaniement.

D’ores et déjà, François Bayrou a estimé que "l’ensemble des éléments devra être examiné par le président de la République après le deuxième tour" et a souligné qu’il y avait eu "message d’exigence et de changement" des Français.

Un échec confirmé de l’UMP pourrait en tout cas précipiter la guerre de succession au sein du parti chiraquien.

Alain Juppé a annoncé qu’il quitterait son poste de président en novembre, à la suite de sa condamnation dans l’affaire des emplois fictifs du RPR.

Le ministre délégué aux Libertés locales, Patrick Devedjian, un proche du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, candidat déclaré à la succession d’Alain Juppé et Premier ministrable, a jugé dimanche soir qu’il fallait désormais "organiser davantage les différences à l’intérieur de l’UMP", une critique implicite de la gestion du parti chiraquien.