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Réponse à Jacques Franck

Publie le mardi 24 juillet 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

D’abord un grand merci à Jacques Franck pour sa contribution.

J’ai lu son texte quelques minutes après un instant de "méditation" (disons plutôt de réflexion à voix basse) suite à mes lectures du moment : je termine le "Karl Marx ou l’esprit du monde" de Jacques Attali et la lecture plus complexe de "La luttes des classes en France" écrit par Marx pour analyser la situation française de 1848 à 1851. C’est drôle mais jusqu’ici, je n’avais jamais eu besoin d’aller aux sources comme on disait à l’époque de mes études d’histoire il n’y a pas si longtemps. Et bien j’y trouve la confirmation de mes choix moraux et politiques. Bref, je suis plus que jamais communiste de coeur et de raison !

Dans le débat qui s’instaure, je crois qu’il faut bien distinguer trois choses :
 l’analyse de la situation économique et sociale qui est au triomphe du capitalisme planétaire derrière son avatar français qu’est aujourd’hui le sarkozysme (en 1851 c’était le bonapartisme au service de la bourgeoisie qui triomphait et autour de lui le capitalisme national de l’époque)
 l’analyse de l’effondrement politique du PCF comme parti progressiste et constructif (une singularité qui a fait sa réussite au siècle dernier et à qui nous devons en grande partie les acquis sociaux de la gauche que nous défendons malgré tout aujourd’hui)
 l’analyse des perspectives qui s’offrent à nous ou du moins qu’il faudra s’offrir si nous ne voulons pas disparaître.

Or, si l’on a beaucoup écrit sur les deux premiers points, tout reste à écrire et à construire sur le troisième. C’est bien ce qui occupe les communistes dans leurs réflexions. La mienne est la suivante :

La survie du PCF (sous cette dénomination ou une autre, encore que si abandonner ce nom doit conduire nos détracteurs comme nos contempteurs - il y en a encore - à laisser planer le doute sur un honteux reniement, alors il vaut mieux en rester à cette dénomination première) est une nécessité française et mondiale . En effet, dans la logique d’une "nouvelle Internationale" qui ne manquera pas de se construire un jour lorsque l’on passera de la confusion idéologique qui prévaut dans la mouvance altermondialiste à la structuration d’un mouvement révolutionnaire, émancipateur et constructif à l’échelle de la planète, il faudra bien une organisation nationale, une antenne. Faudra-t-il la créer ex-nihilo ou partir de ce qui existe déjà dans chaque pays ? La seconde possibilité me parait la plus pertinente.

Le PCF doit poursuivre sa politique d’ouverture mais de manière plus ciblée et plus contractuelle. Toute l’histoire du mouvement ouvrier est faite d’alliances, de rapprochements y compris entre frères-ennemis (c’est le cas avec le Front Populaire comme avec la Resistance et à chaque fois les travailleurs ont été gagnants tout comme la démocratisation de la société a été favorisée). Le PCF ne doit pas y renoncer même échaudé par les manoeuvres des "rénovateurs" qui n’ont pas respecté le vote démocratique des militants du PCF et les "partenaires antilibéraux" qui n’ont pas respecté celui des "comités antilibéraux locaux". Il convient simplement de contractualiser une alliance ou de se retirer lorsqu’il n’y a rien à en attendre. Si de nombreux camarades de la LCR peuvent être des alliés potentiels - et certains n’hésitent pas à voter PCF avec ou sans consignes de leur organisation lors des rares seconds tours où le PCF est présent - il faudra bien un jour se mettre d’accord sur une plateforme. Et cela ne doit pas se faire en prévision d’une élection, sinon on tombe dans le piège du buffet campagnard "avec de tout et pour tous les goûts". Cela doit être une construction sur le long terme.

Le PCF et ses militants doivent se doter d’une base idéologique solide. Et là, on ne part pas de rien... En effet, il est temps de reconnaître au marxisme ses qualités et ne plus se contenter d’un vague antilibéralisme alors que Marx a déjà dit tellement de chose sur le capitalisme et qu’il n’y a aucune raison de ne pas appeler un chat un chat. Le PCF est contre le Capitalisme ! Le PCF est pour la lutte des classes ! Le PCF souhaite l’émergence du Communisme ! Dire cela ce n’est pas ringard, ce n’est pas stalinien, ce n’est pas utopique.... C’est au contraire réaffirmer l’essence même du PCF ! C’est le socle sur lequel il faut constuire. Mais sur ce socle il faut aussi constuire du Nouveau, c’est à dire les perspectives de la lutte idéologique et politique, les perspectives de la constuction d’un projet communiste réaliste et réalisable, les perspectives de la conquête du pouvoir. C’est là un travail qui reste à faire et n’est pas même commencé. Et c’est cette absence de perspective qui est à l’origine de nos difficultés à rebondir.

Le reste, c’est à dire les admonestations des "rénovateurs", des "mutants" socio-libéraux et des personnalités de "la gôche" qui prétendent nous donner le sens du vent, des "beaux parleurs" qui n’ont jamais rien à dire sur eux et qui cachent leur vide idéologique en donnant leurs avis sur les chances du malade à guérir comme autant de Diafoirus ou qui à l’instar des charognards attendent de récupérer quelques morceaux et s’en ventent....c’est du vent, rien que du vent !

Si comme Marx le disait, "l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes", la remise sur pieds du PCF sera l’oeuvre des communistes eux-mêmes !

J’ajouterai qu’à 37 ans je partage complètement l’ analyse de Jacques Franck car elle transcende les âges et les expériences des uns et des autres et est simplement le fruit du bon sens et de la sincérité d’un engagement véritable. Lorsque des camarades sont capables d’écrire ainsi, alors j’ai du mal à croire à la mort annoncée du PCF. Je crois qu’à la vue du monde actuel, à la lumière du désespoir moral de mes semblables, le PCF a des milliers de raison d’être...

BIBI (33)

Messages

  • je partage ; tu est dans l’essentiel ;il faut se réaproprier les fondamentaux ; le socle comme tu dis ; et a partir de la réactuliser pour définir notre perspective ; le parti en a les capacités . nous n’avons pas besoin d’ames (charitables) . sam 82

  • J’étais d’accord avec Jacques Frank, je suis très d’accord avec ma camarade La Louve, et je partage aussi ce que tu écris là, BIBI (je t’appelle comme tu te présentes à nous).
    Néanmoins, parler du PCF de façon aussi générale masque les nuances qui existent en son sein. En disant ça, je ne parle pas des sensibilités minoritaires, mais de la direction. C’est un véritable clan, bien décidé à faire hara kiri le PCF tel que nous le connaissons (ce qui a déjà commencé en dénaturant son contenu révolutionnaire), pour construire un "Die Linke" à la française. Marie-George et ses lieutenants ne pensent qu’à ça, tout comme de nombreux anciens ou actuels dirigeants ou parlementaires, qui hier applaudissaient le "bilan positif", puis la "mutation" avant d’encenser les "collectifs" puis la "gauche populaire et antilibérale". Au nom du "pragmatisme", notre direction agit sans boussole idéologique (et préfère s’accrocher à tout ce qui passe : écologie, féminisme, antilibéralisme, altermondialisme, sans-papiers, etc....) et sans stratégie si ce n’est l’effacement à tout prix du PCF et de l’idéal communiste (les exemples des 2 ou 3 dernières années sont assez nombreux). Aujourd’hui, elle prépare le terrain en invoquant les "valeurs" de la "gôche", comme MGB pendant la campagne électorale (valeurs auxquelles elle n’a d’ailleurs pas donné de contenu) plutôt qu’en développant une critique matérialiste du capitalisme d’aujourd’hui. Ce discours est suffisamment flou pour, espèrent-ils, pouvoir "rassembler la gauche". Or justement, c’est le contraire qui se produit, et le PCF perd tous ses électeurs. "Déclin structurel du communisme" diront donc les partisans d’un autre parti, d’une autre référence idéologique. Je répondrais quant à moi : "erreurs graves de stratégie et de ligne idéologique". Evidemment, il va sans dire que, face à ses échecs répétés, la direction de PCF non seulement reste en place, mais en plus continue sur cette voie en l’aggravant.
    Mais personne ne doit être dupe de cette manoeuvre : la nouvelle organisation à laquelle aspirent nos dirigeants sera un vaste ectoplasme sans contenu et n’aura pour ambition qu’électoraliste.
    Dans cette optique, le congrès de 2007 (et le passage en force que constitue le non-respect des statuts) appelant à "l’ouverture" ne vise qu’à jeter les bases du débat conduisant, au congrès de 2008, à la construction de cette nouvelle organisation, avec Mélenchon et d’autres.
    Il faut faire en sorte que le maximum de camarades prennent conscience de ce qui se passe aujourd’hui à la tête du PCF, et réagissent en manifestant leur opposition à ce projet suicidaire. Le communisme a de l’avenir, construisons-le ensemble !
    Jonathan

    • Je suis d’accord avec Jacques Franck mais pas du tout avec Jonathan.Je déteste ce systématisme qui jette l’anathéme sur les"dirigeants" du parti,qui veulent soi-disant détruire le parti,aller tous le monde dans le même sac.

      Alors petit rappel,MGB dans son rapport a demandé que le probléme des dirigeants soit débattu et qu’il y ai élections pour ce congrés,rejetté par le CN.

      Que je sache la direction laisse ouverte la discussion ouverte.Ce qui n’était pas le but recherché par certains.

      Et comme Jonathan est en mal de critique,la fête de l’Huma est nulle,les dirigeants sont nuls,les actions du parti sont nulles.

      J’aimerais maintenant savoir quels sont ses propositions.

      Jean Claude des Landes

    • Merci Jean-Claude pour cette tranche de légitimisme dont regorge le Parti !
      A ma connaissance, ayant lu avec soin le rapport de MGB, elle n’a pas eu l’air pressée de faire appliquer les statuts, qui prévoient à la fois le renouvellement des directions, mais aussi que soient soumis au vote des adhérents des textes dont l’un serve de base commune. Là on nous dit de discuter, avec les autres "progressistes" (qui sont ?....) et on va remplir un questionnaire. Super la préparation du Congrès ! La réalité c’est que ce bavardage est un écran de fumée. Qui peut sincèrement croire que la direction du PCF ne fait rien en attendant que les conclusions de ces discussions lui parviennent ? Qui peut croire que Michel Laurent a pu tenir les propos qu’il a tenu avec Jean-Luc Mélenchon (video disponible sur le site du PCF) concernant la construction d’une nouvelle force à gauche sans l’aval de MGB ? Qui peut croire que les multiples "contributions" publiées ces jours derniers sur la recomposition de la gauche, la fin du communisme, sont innocentes ? Pourquoi l’Huma ne publie-t-elle que ce genre de tribunes, et jamais celles qui défendent l’idée d’un communisme affirmé, affranchi de l’image soviétisée et déformée du passé, d’un PCF libre et indépendant ? Enfin, ouvrez les yeux !

      Cette illusion selon laquelle la vérité et le projet qu’attend la gauche depuis des lustres sortira ex nihilo des forums et des rencontres fait encore beaucoup d’émules semble-t-il. Mais cette démarche a déjà été utilisée, et elle n’a débouché sur rien ! Qui se souvient du forum national de Villepinte ? Qui se souvient du site internet http://www.forum-alternative.fr/ ? Ca a été des bides monstrueux ! Continue cette stratégie de la défaite est un non-sens que je ne m’explique pas si ce n’est en faisant intervenir l’évidente fermeture de l’appareil du PCF sur ce qu’est le Parti et ses militants. Ce qui se trame, tous les échos que j’ai venant du haut du Parti le confirment, est la construction, électoraliste et conjoncturelle, d’une force dite "de gauche" (ça fait quelques années que le PCF parle plus de la gauche que du communisme), mais sans projet autre que quelques vagues valeurs, rappelées à chaque CN par Patrice Cohen-Seat.

      Par ailleurs, je ne mets pas tous les dirigeants du PCF dans le même sac. Je sais très bien lesquels sont en désaccord avec l’orientation de la secrétaire nationale, lesquels sont nuancés, et lesquels lui sont fidèles . Mais comme il se trouve que justement ce sont ces derniers qui sont majoritaires, je me permets de dire "la direction du PCF" (Après tout, MGB a bien répété que Sarkozy et Bayrou étaient des frères jumeaux, sans provoquer beaucoup de vague, malgré l’énorme connerie que c’était !).

      Quant à l’Huma, heureusement qu’elle existe. Et si je n’aime pas trop la façon dont elle traite le "débat" sur la gauche, ça reste un journal que je défends et que je lis chaque jour, et j’admire la débauche d’énergie pour sa survie de son personnel et de son directeur. Alors, surpris Jean-Claude ?

    • D’accord avec ce Post. Je n’aimerai pas être à la place de ceux qui veulent liquider le Parti, et de la responsabilité qu’ils porteraient.

      C’est une monstruosité qui va mettre à plat tous le jeunes qui y croient et tous les vétérans qui se sont battus les armes à la main..

      Comment peut on en arriver là alors que c’est le moment ou jamais où il faut y aller pour préserver ne fut ce que la paix dans le monde. Je n’hésite pas à le dire : le tiers monde entier a les yeux fixés sur la France.

      Les communistes n’ont rien à perdre dans cette histoire, car ils réorganiseraient sous une autre forme, mais les dirigeants actuels, s’ils osaient, seraient de triste mémoire pour les futures générations. Je ne les envie pas.

      C’est au moment même ou nous avons besoin de voix fortes pour résister et pas seulement du PCF que celui çi disparaitrait en rase campagne, lachant tous les gens de bonnes volonté. C’est impensable !!!!! C’est proprement dément !

      Il nous resterait l’extrême gauche trotskyste et les collectifs qui feraient n’en doutons pas le plein.

      Avousdevoir !