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Répression féroce d’ouvrières en Argentine hier.

Publie le mardi 22 avril 2003 par Open-Publishing

"Il n’y a pas de suprématie de la vie et de l’integrité physique sur les
intérets économiques "

Une phrase issue de la résolution de délogement de Brukman de la part de
deux juges Bonorino Peró y Piombo - deux juges qui pendant la dernière
dictature étaient juges d’instruction- qui résonne froidement cette nuit
après un après midi d’une brutalite inouie.

Depuis la nuit de jeudi, l’usine textile Brukman, occupée par ses ouvrières
depuis plus d’une année, a été delogée. Depuis cet instant, toute une partie
du quartier Once à Buenos Aires s’est transformée en une véritable zone
militarisée, avec en permanence plus de 500 flics qui bloquent la rue sur
cinq patés de maisons. Depuis jeudi, les mobilisations vont croissant afin
de récupérer l’usine, devenue un symbole dans un pays ravagé par la crise
économique et sociale. Aujourd’hui, le gouvernement argentin de Duhalde
vient de réprimer sauvagement plus de 55 ouvrieres textiles qui se battent
pour changer leur vie d’esclaves salariées et plus de 7.000 personnes qui
sont venues prendre la rue pour montrer sa solidarité avec la lutte de
Brukman.

Le 18 decembre 2001, un jour avant les évenements du 19 et 20 decembre, les
ouvrières de l’usine, qui n’ont plus de salaire minimal depuis des mois (les
frères brukman iront jusqu’a les payer deux pesos par semaine, l’equivalent
de 0.50 euros ), attendent le patron qui doit leur payer les arrièrés de
salaires et qui va fermer la fabrique. Celui- ci n’apparaitra jamais, les
ouvrières restent et peu a peu commencent une aventure d’autogestion de
l’usine qui dure depuis pus d’une année. Le bruit des machines reprend...
Depuis une année et demi, les travailleuses de Brukman, se battent pour
obtenir, comme dans le cas de Zanon en Patagonie, l’expropriation définitive
de l’usine. Peu à peu, Brukman est devenue un symbole pour tous ceux qui
luttent en Argentine. Deux fois déjà, ils ont essayé d’expulser Brukman
(mars 2002 et novembre 20029, deux fois de suite, la pression de tous les
mouvements en lutte (assemblées populaires, mouvements piqueteros,
travailleurs en lutte...) a empeché que se réalise le délogement, et la
police a du rétrocéder.

Aujord’hui, à a peine a dix mètres de l’usine textile, la répression brutale
s’est dechainée quand quatre ouvrières ont traversé les barrières qui,
depuis plus de quatre jours, bloquent toute la zone. A 18 heures, la police
fédérale s’est lancée dans une véritable course poursuite de tout
manifestant, aboutissant à l’arrestation de 120 personnes, et faisant des
dizaines de blessés dans une opération de poursuites de tous les
manifestants et ce, jusqu’a trente patés de maisons plus loin. Parmi les
détenus, se trouvent des ouvrières de Brukman et Zanon, des journalistes,
femmes et mineurs d’âge. Il ne s’est pas seulement agit de tirer des gaz
lacrimogenes, de tirer des balles de gommes, de frapper mais aussi de tirer
des balles de plomb, qui par chance n’ont tué personne. La répresion a
continué jusqu’ aux portes de la Faculte de psychologie ou 350 personnes
s’étaient réfugiées, dans l’hopital où ces derniers n’ont pas hésité à tirer
des gaz lacrimogènes à l’interieur. Dans toutes les rues aux alentours, des
barricades se sont montées pour se defendre comme chacun pouvait.

Dans un article précedent sur Brukman, j’avais donné pour titre "le
gouvernement argentin joue avec le feu" signalant dans ce dernier, que la
police fédérale disposait de balles de plomb, connues pour être des
cartouches rouges par tous ceux qui ont vu les images du meurtre en direct
des deux piqueteros le 26 juin dernier. Preuves a l’appui, nous avons les
photos des cartouges rouges vides qu’on trouve maintenant dans toutes les
rigoles du quartier Once. Le gouvernement de Duhalde, direct responsable de
la police féderale, et le gouverenemt de Buenos Aires de Ibarra sont les
directs responsables de cette journee de repression. Au cours de l’apres
midi, interrogé sur le conflit de Brukman, au moment où tous les mouvements
confluaient pour suivre Brukman et Zanon jusqu’aux grillages, le porte
parole du gouvernement Alfredo Attanasof s’est limité à dire que le conflit
de Brukman était du ressort de la justice, niant le fait que la police
serait armée de balles de plomb. A moins d’une semaine du premier tour des
élections presidentielles, le gouvernement de Duhalde veut mettre de l’ordre
dans la maison pour laisser le champ libre au prochain président. Une mise
en ordre qui se concrétise deja depuis plusieurs semaines par l’arrestation
de quatre "piqueteros", par une vague de délogements succesifs dans la ville
de Buenos Aires. C’est ainsi que le gouvernement entend en terminer avec
tous les mouvements issus du 19 et 20 decembre, traversés tous par le fait
de prendre en main ce que l’Etat argentin a abandonné depuis longtemps aux
appétits féroces du capital. Des prises de terre, des occupations d’usine a
la construction dans les bidonvilles de barraques de mouvements de chômeurs
jusqu’aux occupations des assemblées populaires, tout ce mouvement multiple
est en prise depuis des semaines a ce que, depuis un moment comme Indymedia
Argentine, nous qualifions de guerre de basse intensité, est devenue
aujourd’hui une guerre ouverte ou le permis de tuer en toute impunité vient
d’etre delivré.

Aujourd’hui, les ouvrières de brukman ont reinventé un nouveau chant "vamos
a volver" (nous revenons), et c’est ce que l’on va faire de nouveau demain
armée de nos citrons.

photos et interviews sur http://www.argentina.indymedia.org/