Accueil > Requiem pour un socialisme défunt
par Daniel Bensaïd et Samuel Johsua.
Tribune parue dans Le Monde du 8 mai.
Le Parti socialiste est taraudé, depuis plus d’une décennie, par une crise existentielle. Dès 1990, Laurent Fabius avouait sans détour : "S’il est assurément démocratique, en quoi le socialisme moderne est-il encore socialiste ?" Quatre ans plus tard, Lionel Jospin constatait à son tour : "La réforme a vaincu la révolution, mais les réformistes donnent l’impression de ne plus croire à la réforme."
La nouvelle déclaration de principes du Parti socialiste rendue publique le 21 avril est censée répondre à ce doute identitaire. Ce laborieux exercice de style se dispense de tout devoir d’inventaire et il ne se distingue pas par une ambitieuse vision d’avenir.
On y apprend tout de même (article 8) qu’il s’agit de "réactualiser ce qui est l’apport propre du socialisme au siècle dernier, l’Etat social qui permet aux réponses collectives de satisfaire les besoins individuels dans leur diversité". En quinze ans de gouvernement, entre 1981 et 2002, le PS a au contraire contribué à démolir cet Etat social.
L’article 7 proclame que les socialistes entendent bâtir "une société nouvelle qui dépasse les contradictions du capitalisme" en "faisant toute sa place au secteur non marchand". Il ne s’agit donc plus de dépasser le capitalisme, mais de résoudre ses contradictions grâce à l’instauration de ce secteur que l’on vient pourtant de contribuer à réduire en démantelant les services publics. On ne saura pas si "toute la place" promise au secteur non marchand annonce une reconstruction des services publics (eau, télécommunications, énergie), la municipalisation des sols, ou encore le retour sous contrôle politique des banques centrales.
L’article 6 proclame bien que "certains domaines ne peuvent relever du marché quand ils concernent des droits essentiels", mais ces "domaines" demeurent aussi incertains que les "droits essentiels" auxquels ils correspondent.
Selon l’article 10, "la France doit respecter tous ceux qui vivent sur son territoire en combattant toutes les discriminations". Il était temps ! Le propos serait plus clair s’il était précisé que ce combat devrait aller jusqu’au droit de circulation et d’installation, à l’égalité des droits sociaux et au droit de vote des immigrés.
L’article 29 annonce que le PS "veille à la diversification des responsabilités partisanes et électives à tous les niveaux". Ah, qu’en termes fumeux ces choses-là sont dites ! La diversification en question implique-t-elle l’introduction, par exemple, de la proportionnelle "à tous les niveaux" dans les modalités électives ?
L’article 17 annonce que le PS "est un parti européen, qui agit dans l’Union européenne, qu’il a non seulement voulue, mais en partie conçue et fondée". Autrement dit, un parti respectueux de l’Union libérale réellement existante du marché unique de 1986, du traité d’Amsterdam de 1997, du pacte de stabilité, du récent traité non simplifié de Lisbonne, reprenant l’essentiel du traité constitutionnel rejeté par référendum en 2005, dont la vaillante abstention des députés socialistes a permis lors du congrès de Versailles l’adoption par voie parlementaire voulue par Nicolas Sarkozy.
La déclaration de principes en dit plus par ce qu’elle tait ou abandonne que par ce qu’elle expose. Le socialisme démocratique qu’elle revendique prétend "aller à l’idéal" et "comprendre le réel". Mais elle ne dit rien du réel qu’il s’agit de comprendre, encore moins de l’idéal à atteindre, si ce n’est "qu’être socialiste, ce n’est pas se satisfaire du monde tel qu’il est" (art. 1). Au vu de ce qu’est le monde et comment il va, c’est la moindre des choses. Le but serait donc "l’émancipation complète de la personne humaine et la sauvegarde de la planète".
Il ne fallait pas moins qu’une nouvelle déclaration principielle pour apprendre que mieux vaut une émancipation complète qu’incomplète. Quant aux moyens d’y parvenir, il s’agirait d’une "économie sociale et économique de marché régulée par la puissance publique", combinant "un secteur privé dynamique, des services publics de qualité, et un tiers secteur d’économie sociale" (article 6). On ne saura rien du dosage de cette combinaison, et qui, des appétits concurrentiels privés ou de l’intérêt public, finira par dicter sa loi.
Il faut donc aller chercher l’utilité d’une aussi vaine déclaration dans ses silences et ses suppressions, autant et plus que dans ses généralités explicites. Exit le mot de "révolutionnaire" qui figurait encore en 1990 dans la précédente déclaration. C’était si incongru qu’on l’avait oublié. Est de plus éliminée toute référence à la lutte des classes, dissoute dans "l’intérêt général du peuple français" (article 19). Est ainsi annulée la déclaration historique de 1905, celle de Jaurès, définissant le PS comme "un parti de classe qui a pour but de socialiser les moyens de production et d’échange". C’est ce que le sens commun appelle "avaler son bulletin de naissance".
Une aussi spectaculaire disparition des classes et de leur lutte ne pourrait s’expliquer que de deux manières. Soit parce que les classes sociales auraient disparu, ce que ne confirment ni l’activisme patronal du Medef et de l’UIMM ni les attaques gouvernementales contre la Sécurité sociale et le code du travail. Soit plus sûrement parce que le PS y aurait renoncé pour devenir "également le parti des entreprises", comme le réclame Emmanuel Valls.
La fonction réelle de cette déclaration de principes extraordinairement et exceptionnellement consensuelle pour un parti déchiré par les ambitions et les rivalités personnelles est celle du parachèvement de la mue sociale-libérale de la vieille social-démocratie française, en retard sur ses partis frères européens, freinée qu’elle fut dans son évolution par la culture de lutte et de résistance héritée de Mai 68. Le PS pense sans doute s’ouvrir ainsi la voie d’un Tony Blair. Il se prépare en fait un désastre à la Veltroni. En Italie, deux ans de politique libérale sous la houlette de Romano Prodi ont conduit au triomphe de Berlusconi et de la Ligue du Nord. Et Rome est aux mains d’un extrémiste de droite ! Encore plus révélateur peut-être, cela s’est accompagné de l’effondrement de la coalition "arc en ciel", passée dans le même laps de temps de 11 % à 3 %.
La preuve est éclatante que l’unité même large de ce camp ne peut rien contre la marche au bipartisme quand elle est bâtie sur la confusion politique : toute cette coalition était du gouvernement Prodi. Et cela sans que les partis de la gauche radicale, créés trop récemment, ne parviennent à s’imposer. Il n’y a rien de plus urgent pour la gauche française que d’analyser les causes de ce tsunami politique. Avec une première évidence : toute alliance gouvernementale ou parlementaire subalterne au projet esquissé par la déclaration de principes aurait les mêmes effets mortifères pour une gauche radicale et anticapitaliste que ceux que viennent d’avoir en Italie la participation au gouvernement Prodi et la caution apportée à sa politique. L’indépendance stratégique vis-à-vis du PS est le maître mot si l’on ne veut pas garantir des succès répétés au capitalisme.
La désastreuse leçon italienne ne peut que renforcer le besoin d’un nouveau parti, porteur d’une véritable alternative à un système capitaliste ensauvagé et indépendant du social-libéralisme annoncé. On entend dire que ce projet lancé par la LCR vient trop tôt. Au vu de l’évolution du PS, de son hégémonie renforcée sur ses alliés traditionnels qu’ont confirmé les municipales, au vu d’autre part de l’expérience italienne, on peut au contraire se convaincre que, très bientôt, il sera trop tard.
Daniel Bensaïd est maître de conférences, Paris-VIII.
Samuel Johsua est professeur émérite, université de Provence.
Tous deux sont militants de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
Messages
1. lcr et ps, 7 mai 2008, 23:33, par Copas
Non seulement ils ne croient plus en la réforme mais ils l’ont abandonné choisissant les interets de la bourgeoisie au détriment de l’Europe sociale.
Effectivement, le parti socialiste a abandonné le réformisme (dans l’acceptation de son sens progressiste).........et donc l’esprit social-démocrate.
Jospin a toujours compris avec une grande acuité certains aspects du monde moderne (à la différence des autres dirigeants socialistes), il les comprends mais n’opère aucune inflexion de son action.
Il constate que son parti n’arrive plus à faire du réformisme et il reste immobile, les pieds dans le ciment.
Il fait une critique précise, dure et circonstanciée en quelques lignes sur une nouvelle nomenclatura bourgeoise qui domine l’Union Européenne, assemblage de haute bourgeoisie, grands commis de l’état et grands patrons de médias.
Mais encore une fois il reste immobile, les conclusions à tirer impliquant un trop grand virage, l’ornière trop profonde.
1. lcr et ps, 7 mai 2008, 23:48, par Christian DELARUE
Le PS a concocté minutieusement la nouvelle formule du socialibéralisme :
Une "économie sociale et économique de marché » c’est autre chose que l’économie de marché fonctionnant par le seul effet de l’offre et de la demande solvable. Lire Isabelle RICHET in Les dégâts du libéralisme - Etats-Unis : une société de marché (Textuel) L’économie de marché n’est pas la société de marché DEUX CRITIQUES DE LA "SOCIETE DE MARCHE"
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article58371
Mais l’économie pure de marché n’existe que sur les courbes des économistes libéraux. Loin de la conflictualité issue des rapports sociaux capitaliste. L’ajout « régalée par la puissance publique" confirme qu’il ne s’agit pas de laisser fonctionner librement le marché et que des règles vont lui être imposé. Mais quels types de règles ? Car la droite aussi pose des règles ! L’Etat intervient dans la société civile mais plus aux côtés des entreprises et de leurs dirigeants que du côté des salariés .S’agira-t-il toujours de prix de marché ou de tarification règlementée ? En entre deux ? On ne sait.
Dans la nuit du social-libéralisme tous les chats sont gris ! Ce n’est pas une question d’imprécision fortuite dans le vocabulaire, ni d’un texte trop rapidement écrit et lu tout aussi vite. Ce ne sont pas des débutants ! Non c’est la vacuité d’une politique qui veut se montrer quelque peu différente de la droite mais qui fondamentalement lui ressemble tant dans la vraie vie le PS a tantôt devancé la droite tantôt la suivit.
Dire de plus que les trois types d’activité économique principales vont se combiner mais sans que l’on sache quelle sera la place des services publics par rapport au secteur privé « dynamique », c’est le zéro pointé de la politique. Une telle phrase ne dit rien, et surtout n’engage pas un programme de transformation social, pas même une quelconque perspective de dépassement sectoriel du capitalisme et de la marchandisation généralisée.
Vous critiquez l’Economie sociale et solidaire mais n’osez pas vous dire écosocialiste !
http://bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=23958
Je reprends ici le propos de Gabriel MAISSIN (*) : L’économie sociale et solidaire est marquée par une sorte d’ambiguïté que l’on retrouvera dans toutes ses composantes. Il n’est pas simple d’échapper aux logiques du système au sein duquel on agit. Que ce soit la logique de l’instrumentalisation par les pouvoirs publics (qu’ils soient locaux, nationaux ou européens...), celle de la mise en concurrence avec les firmes privées ou celle de la logique financière du capital.
* dans son commentaire du livre de Thomas COUTROT "Démocratie contre capitalisme"
http://politique.eu.org/archives/2006/02/12.html
Christian DELARUE
ATTAC France
Critiques de "l’économie plurielle"
L’altermondialisme n’est pas soluble dans le néosolidarisme.
http://bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=27288
2. lcr et ps, 8 mai 2008, 00:12
Abandonnons cette bande de clowns aux poubelles de l’histoire, ils y seront en bonne compagnie et construisons rapidement autre chose que je préférerais ne pas appeler parti. Inventons.
3. lcr et ps, 8 mai 2008, 00:31
???
passons sur l’« économie économique » [ ?]
il reste "une économie sociale de marché"
C’était, sous le nom de soziale Marktwirtschaft l’appellation du programme de... la droite allemande chrétienne démocrate (CDU), dont la variante bavaroise, plus réactionnaire, se paye le luxe de s’appeler "chrétienne sociale" (CSU).
Chapeau le PS !
Jean-François
4. Sans titre, 8 mai 2008, 05:07
En lisant le texte de ces camarades de la LCR,professeurs émérites,je me demande pourquoi les dirigeants du PCF "boudent" tout ce que dit la LCR avec juste raison ...Les échecs de la "gauche arc-en-ciel" alliée de Prodi en Italie a produit les effets politiques expliqués plus haut par les camarades Profs.Le PCF ne doit pas bouder le projet "anti-capitaliste" et la rupture avec le PS social-libèral .Mais une base suiviste et disciplinée,habituée à la délégation de pouvoir et au centralisme démocratique,a du mal à s’arracher aux "habitudes" confortables de la pensée dirigeante qui permet la discussion mais non la décision, réservée aux cadres à la recherche de places électorales .La verticalité du pouvoir actuel dans le PCF est un frein à la prise de pouvoir militant.Un mouvement révolutionnaire anti-capitaliste avec comme finalité la construction de la socièté communiste reste encore malheureusement à mettre en place devant l’échec de L’URSS et des partis communistes européens .Que de temps perdu....Pendant ce temps le Capital fait feu de tous bois...Pourquoi se gènerait-il devant un adversaire communiste en proie à la déprime,avec comme lot de consolation quelques places marginales dans les assemblées bourgeoises.C’est vrai que la tradition de la bourgeoisie c’est d’avoir toujours une chambre de bonne sous les toits pour abriter ses femmes de ménage ou son chauffeur de maître ....
Bernard SARTON,section d’Aubagne
1. Sans titre, 8 mai 2008, 09:04, par Copas
Bernard,
Le Parti Communiste demeure la force regroupant le plus de communistes en France.
Le problème c’est que le parti est gelé, que des forces dedans ne sont plus communistes (honorables mais il n’y a plus que le couleur des mots), que ces forces sont suffisamment importantes pour geler ton organisation .
L’affrontement entre une logique d’appareil alliée à beaucoup de militants à la culture totalement électoraliste et ceux qui veulent reconstruire (je ne peux plus utiliser d’autre mot que celui-ci, rien à voir avec le courant du même nom) une force sur les valeurs du communisme et surtout sur des valeurs de lutte de classe ne permet toujours pas de faire basculer la ligne politique d’un côté ou d’un autre.
L’absence de décision, de bascule, permet à la tendance dominante de ton parti de continuer avec les mêmes ambigüités. Alors que l’espace pour avancer existe.
La LCR là dedans a décidé d’essayer de faire bouger les lignes et elle y arrive lentement et bien plus rapidement que je ne croyais. D’autant plus qu’ils avancent alors que toutes les autres forces ne bougent pas (politiquement) ou peu.
Les communistes en France ont strictement les mêmes raisons que celles qui poussent la LCR à essayer de faire son nouveau parti, pour avancer :
Construire des partis des travailleurs vivants, indépendants d’alliances affaiblissantes et de l’état, permettant d’aider les travailleurs et la jeunesse dans leurs batailles sociales et politiques contre le capitalisme et pour le socialisme.
Ce sont déjà des motifs sérieux d’alliance.
2. Sans titre, 8 mai 2008, 10:52
Je pense qu’on n’avancera pas aussi longtemps qu’on en restera à la conception du "parti outil". Cette idée, qui en fait va dans la droite ligne de mai 68, a accompagné la liquidation du PCF, l’affaiblissement du PS et l’atomisation de la gauche radicale.
Traditionnellement, les partis politiques de gauche étaient considérés autant des lieux d’élaboration politique que des lieux d’action. Le parti était censé non seulement lancer et accompagner les luttes (électorales ou sociales), mais aussi leur donner un sens et un objectif à travers un appareil idéologique.
Tout ça change à partir des années 1980 : la transformation du militant traditionnel en militant-consommateur a transformé profondément la nature des partis politiques. Il ne s’agissait plus de fixer des buts, des objectifs et des stratégies, mais d’aider les "gens" de faire avancer leurs luttes, leurs objectifs et leurs stratégies. Le parti politique n’était plus un lieu d’élaboration collective, il devenait un outil, un instrument au service d’un "client" politique, qu’il s’agissait de servir.
Cette transformation a fait que les partis politiques se sont concentrés sur la tactique et ont complètement oublié de travailler sur son sens. On discute alliances, collectifs, "nouveau parti" ceci ou cela... mais on s’interdit pratiquement de discuter idéologie, projets et objectifs, puisque dans la logique du "parti outil", ceux-ci ne sont pas du ressort du parti mais des "gens" dont il s’agit d’accompagner les combats.
Derrière cette conviction, il y a une idée très dangereuse : celle de croire que les "gens" partagent les mêmes représentations, les mêmes objectifs et les mêmes combats, ou du moins, que les différences sont conciliables. Certains en arrivent même à croire que les clivages entre les différents groupes sont artificiels, résultent de "dogmes", de "conflits de boutique" ou de qui seraient "dépassés", ou alors, pire, de "conflits de personnes" ou de "conflits d’égos" sans signification.
Cette vision est erronnée. Les groupes qui constituent la gauche ont des intérêts souvent contradictoires, et donc des représentations et des objectifs divergents. On ne peut donc pas construire un mouvement politique simplement "en partant des idées/besoins/projets des gens", parce que sans une idéologie puissante qui donne cohérence à tout ça, les différences prendront rapidement le dessus.
Alors, quand tu écris :
Construire des partis des travailleurs vivants, indépendants d’alliances affaiblissantes et de l’état, permettant d’aider les travailleurs et la jeunesse dans leurs batailles sociales et politiques contre le capitalisme et pour le socialisme.
Je pense que tu tombes encore dans ce travers : pour toi le Parti doit "aider les travailleurs et la jeunesse dans leurs batailles (...) contre le capitalisme et pour le socialisme"). Mais comment "les travailleurs et la jeunesse" en arriveront à batailler "contre le capitalisme et pour le socialisme" ? Spontanément ?
Non : "combat contre le capitalisme et pour le socialisme" n’est jamais spontané. Il n’apparaît que lorsqu’une idéologie construit ce combat, en liant le capitalisme aux problèmes dont souffrent les travailleurs, et en montrant que le socialisme (qu’elle définit) peut les résoudre. Il n’y a pas de combat révolutionnaire sans idéologie révolutionnaire. Et ces idéologies, seuls les partis conçus comme des lieux d’élaboration collective peuvent les construire. C’est pourquoi un "parti outil" ne peut jamais être révolutionnaire : une telle conception du Parti place dans les "gens" la capacité d’élaborer l’idéologie, à moins qu’on ait conclut que l’idéologie ne sert à rien.
Il faut rompre avec la conception du "militant-consommateur", qu’il s’agirait d’attirer avec les méthodes éprouvées du marketing, c’est à dire, "partir des souhaits du client" et le convaincre qu’il "le vaut bien", autrement dit, que le parti politique est là pour porter les idées et les projets de ses clients. De la même manière que l’intérêt général n’est pas la juxstaposition des intérêts individuels, la représentation et le projet d’un parti politique n’est pas la juxstaposition des projets et représentations individuelles de ses membres.
Le NPA risque d’échouer pour les mêmes raisons qu’ont échoué les "collectifs", les "forums" et d’une manière générale toute la "mutation" Huesque. Toutes ces constructions reposent sur l’idée que les "gens" (sous-entendu, les "gens bien") sont au fond tous d’accord sur ce qu’il faut faire, et qu’il suffit de traduire cet accord dans une organisation. On sait par expérience que ce faux unanimisme ne conduit nulle part.
Cordialement
XXX
3. Sans titre, 8 mai 2008, 11:38
Je pense qu’on n’avancera pas aussi longtemps qu’on en restera à la conception du "parti outil".
Sans vouloir lancer de polémique c’est quoi un parti ? Sinon un "outil" qui doit être élaboré et pris en main par ses membres ; tous ses membres et pas quelques spécialistes au sommet. Et qui doit être utilisé dans un but défini par ces mêmes membres.
Je penses plutôt que la notion de "parti outil" été depuis longtemps abandonnée pour dans un passé assez proche devenir celle de "parti finalité".
On travaillait alors non plus pour la "finalité révolutionnaire" mais pour maintenir le "parti outil" en état dans son statu-quo.
Puis il a regréssé tout en devenant un instrument dédié au pouvoir décisionnaire et aux intérêts d’une certaine catégorie de ses membres au sommet. En toute confiance dans les stratégies et les aides financières de la Bourgeoisie capitaliste.
Tout ça en gommant le but, et en négligeant, (Volontairement ou non), de faire évoluer l’outil en fonction de l’évolution de la finalité.
A la fin on s’est retrouvé avec un parti dévoyé et une finalité dont plus personne au sommet n’ose énoncer publiquement et fermement les éléments : C’est-à-dire en clair le Changement révolutionnaire fondamental et les stratégies efficaces pour le mettre en oeuvre sans passer par la tutelle de la Bourgeoisie et du Capital.
Ce qu’il y a de grave c’est que tôt ou tard ça va se réveiller. Mais ça se passera alors, évidemment, dans de TRES mauvaises conditions.
Et je ne comprend pas que personne au sommet ne saisisse qu’il vaut mieux changer en souplesse, plutôt qu’attendre d’avoir un fusil dans le dos pour le faire.
Ou alors je comprend trop bien : Il y en a que ça n’arrange pas de le faire... Et ça c’est bien plus grave et mérite qu’on y réfléchisse.
G.L.
4. Sans titre, 8 mai 2008, 12:17
Sans vouloir lancer de polémique c’est quoi un parti ? Sinon un "outil" qui doit être élaboré et pris en main par ses membres ; tous ses membres et pas quelques spécialistes au sommet. Et qui doit être utilisé dans un but défini par ces mêmes membres.
D’abord, tu fais un contresens : l’idée même de "parti outil" (l’expression a été introduite dans le langage communiste par Robert Hue) est d’une organisation qui serait un outil non pas pris en main par ses membres, mais au contraire qui aurait comme but de soutenir les luttes dont "les gens" (pas nécessairement membres du parti) prendraient l’initiative, définiraient les formes et les objectifs. La notion de "parti outil" n’est pas une réflexion sur la démocratie interne du parti, mais de ses rapports avec l’extérieur.
Ensuite, je crois qu’il faut arrêter de rêver : toute organisation complexe est construite sur un principe de division du travail. C’est un simple principe d’économie : il est coûteux de transformer tout le monde en expert de tout. Il est donc intéresant que les gens se spécialisent, et de confier à chacun les tâches dans son domaine de spécialité. Un parti politique n’échappe pas à cette règle. Croire qu’un parti de masse peut associer tous ses membres sur un pied d’égalité à la définition de ses objectifs en matière de réforme pénale, de politique nucléaire, de méthodes éducatives et de politique de défense implique que chaque membre du parti fasse l’effort d’étudier en profondeur ces questions. Et cela est simplement utopique, ne serais-ce que parce que les gens qui ont envie d’investir du temps pour étudier ces questions sont, malhereusement, minoritaires. A moins bien entendu que tu penses qu’on peut avoir des réflexions valables sur des sujets sur lesquels on ne connaît rien...
Le plus qu’on puisse viser, c’est un parti ou tous les membres participent à la définition des politiques. Mais l’idée que tous les membres puissent "élaborer et prendre en main" tous les sujets... c’est de la démagogie.
Je penses plutôt que la notion de "parti outil" été depuis longtemps abandonnée pour dans un passé assez proche devenir celle de "parti finalité".
La notion de "parti outil" n’a pas pu être "abandonnée depuis longtemps" puisqu’elle est née dans les années 1990. Les partis traditionnels se sont toujours conçu comme devant faire avancer les idées et les projets de leurs membres, et non pas comme des organisations charitables destinées à soutenir les projets des non-membres. Et c’est cette idée qui est dérrière le "parti-outil".
Et je ne comprend pas que personne au sommet ne saisisse qu’il vaut mieux changer en souplesse, plutôt qu’attendre d’avoir un fusil dans le dos pour le faire.
C’est que personne ne voit venir un quelconque "fusil", dans cette affaire. Ne nous faisons pas d’illusions, le "parti-outil" n’est pas venu de rien. Il correspond bien à l’entrée des idées de la société de consommation dans la sphère politique. Le militant d’hier était prêt à se geler les miches à vendre l’Humanité Dimanche alors même qu’il ne partageait pas forcément la ligne du parti. Qui aujourd’hui ferait preuve d’une telle discipline ? Personne. La logique aujourd’hui est "on fait comme je veux, ou je ne joue plus". Une logique très puérile, faut bien le dire.
5. Sans titre, 8 mai 2008, 21:11, par Copas
Tu es gentil mais à de nombreuses reprises je suis intervenu sur la question du fonctionnement d’un part. Il est utile des fois de lire.
par contre ça :
Effectivement la réponse est juste si on estime que ces putains de consommateurs de travailleurs n’ont pas à avoir le pouvoir.
Par contre si on estime que le parti n’est pas la classe ouvrière, ni son représentant mais doit œuvrer au pouvoir de la classe ouvrière (sans cela pas de révolution !!), les choses deviennent légèrement différentes.
Déplaces un petit peu le propos et pars par exemple de l’idée qu’on mène un combat pour que les travailleurs aient le pouvoir et non le parti . Ce qui fait différence entre socialisme et satrapisme.
A partir de ce moment tu vas essayer de te battre pour tout ce qui permet une avancée de ce pouvoir d’une classe, ne serait-ce qu’une simple mise en mouvement sur des revendications comme affirmation.
Pour moi le parti révolutionnaire c’est le parti qui contribue à ce mouvement..
C’est tout a fait insuffisant comme définition mais c’est un des basiques.
Par contre la description du parti communiste que tu fais correspond au parti de la déviation social-démocrate-stalinienne (je mets les deux ensemble car au fond il y a de nombreux points proches dans la relation aux travailleurs), travaillant à subordonner et non à aider les travailleurs à diriger, travaillant à se mettre en posture d’intermédiaire entre bourgeoisie et prolétariat, et non se servant de son pouvoir et de sa force pour amplifier la prise en main par la classe ouvrière de son destin.
Le parti communiste (sens générique) se bat pour aider la classe ouvrière à diriger au concret et il n’y a aucun antagonisme avec le fait qu’il se donne des buts, des objectifs et des stratégies.
Continuons :
Encore une fois j’éprouve un abime de perplexité : En quoi un parti ne pourrait pas être en même temps pris en main par ses membres et en même temps aider la classe ouvrière à faire la révolution ( donc ayant le pouvoir, je précise car...) ????
En quoi la bataille pour la démocratie interne serait antagonique avec la bataille pour que les travailleurs dirigent les entreprises ?
Moins que la démocratie bourgeoise, tirez l’échelle ! Ca c’est le cri du coeur de Royal et le concept réac de démocratie participative . Inférieur à la démocratie simple !
Ca on connait bien hélas, soit officiellement soit de fait : Empêcher que des lignes d’élaboration politiques apparaissent , demander aux membres d’êtres des comparses sans pouvoirs réels clairement définis, ni droit de créer une orientation à partir de militants de base !
On cultive la soumission non au parti mais aux hommes qui le dirigent sans contrôle réel.
Les membres doivent décider de l’orientation de leur parti ! Il est stupéfiant qu’on dise que le plus possible à viser est qu’ils participent à la définition des politiques !
Des militants sans pouvoir et en posture de simples participatifs c’est la porte au népotisme, à la bureaucratie, à l’organisation soumise et au final au tri des crétins qu’on fait monter dans l’appareil pour leur capacité à ne pas décider, à participer sans pouvoir réel, bref habitués aux parlottes sans conséquences.
Sur la question des différences de "niveaux" de connaissances (et surtout d’habitudes d’expression), c’est effectivement un réel obstacle de fait pour que les militants de base puissent assumer le mieux possible leur pouvoir.
Mais ça ne va pas mieux en leur ôtant ce dernier pouvoir.
C’est en luttant pied à pied par le débat, la formation, l’élaboration, la démocratie , l’exercice du pouvoir et l’action qu’on fait reculer cet obstacle objectif.
D’ailleurs ces dernières années beaucoup de militants de base du Parti Communiste ont fait plus esprit révolutionnaire et créatif que ceux qui ont essayé de longues décennies de fabriquer le militant sans pouvoir (sans y réussir jamais d’ailleurs, le bon communiste est rebelle et a la nuque raide).
En revenant au fond de mon intervention avec Bernard je commentais plus que je n’élaborai. Je relevais la mécanique de cette année 2008, un état des lieux .
Un dernier petit mot : Hue n’a pas été fabriqué comme ça , n’est pas arrivé comme ça comme le petit Jésus un matin. A force de sélectionner la soumission dans l’appareil (les "participatifs" au mieux , hein ?), on a aboutit à ce type de mutation. Au grand dam de centaines de milliers de communistes perdus et d’autres beaucoup moins nombreux, restés à essayer de faire vivre le communisme, malgré tout.
Et tu sais quoi ? le huisme n’a jamais essayé concrètement d’aider aux luttes... Ni à l’avancée de la force de la classe ouvrière. En cela il a essayé de donner des couleurs à une orientation en mimant les mêmes mots que ceux qui étaient prononcés par beaucoup de communistes. Bref il a fait du canada dry comme le PS qui finissait toujours ses congrès par l’internationale , ça ne voulait pas dire que ce chant était mauvais...
ah ! Participent .....
6. Sans titre, 8 mai 2008, 21:57
Tu es gentil mais à de nombreuses reprises je suis intervenu sur la question du fonctionnement d’un part. Il est utile des fois de lire.
J’ai un peu de mal à saisir l’intérêt de cette remarque. En quoi le fait de savoir que t’es "intervenu à nombreuses reprises" apporte quoi que ce soit à cette discussion ?
Et mantenant, sur le fonds :
Effectivement la réponse est juste si on estime que ces putains de consommateurs de travailleurs n’ont pas à avoir le pouvoir.
La question n’est pas de savoir si le travailleurs doivent "avoir le pouvoir", mais de savoir s’ils doivent l’avoir sur le mode de la consommation. Personnellement, je pense que la révolution n’est pas un produit qu’on peut acheter sur étagère.
Par contre si on estime que le parti n’est pas la classe ouvrière, ni son représentant mais doit œuvrer au pouvoir de la classe ouvrière (sans cela pas de révolution !!), les choses deviennent légèrement différentes.
Effectivement. Elles deviennent absurdes. On se trouverait en présence d’une institution (le Parti) dont les membres, dans une totale démonstration de philantropie, se dévoueraient pour donner le pouvoir à quelqu’un d’autre. Ce genre d’image christique de gens faisant le grand sacrifice pour que d’autres puissent vivre hereux n’a plus rien à voir avec une vision matérialiste de l’histoire. Si le Parti n’est ni la classe ouvrière, ni son représentant, pourquoi chercherait-il à lui donner le pouvoir ? Pour la beauté du geste ?
Déplaces un petit peu le propos et pars par exemple de l’idée qu’on mène un combat pour que les travailleurs aient le pouvoir et non le parti.
On revient aux visions idéalistes des travailleurs "ayant le pouvoir" sans médiation. Mais on sait bien que l’exercice direct du pouvoir conduit à la confrontation des égoismes individuels (celui qui aura assisté ne serait-ce qu’une fois à une réunion de copropriétaires me comprendra). Pour que les intérêts individuels se fondent dans l’intérêt général, il faut un médiateur. Et dans le cas qui nous occupe, le médiateur c’est le Parti. Croire que les travailleurs peuvent se désaliéner spontanément et prendre directement "le pouvoir" en main sans intermédiaire est un rêve...
Peut-être un jour, quand les classes auront disparu et avec elles le processus d’aliénation, il sera possible se passer des médiateurs. Et alors le Parti et l’Etat déperiront (comme l’avait prévu Marx). Mais aussi longtemps que le processus d’aliénation est en place, cette médiation est nécessaire.
Par contre la description du parti communiste que tu fais correspond au parti de la déviation social-démocrate-stalinienne
S’il te plait, essayons d’éviter les noms d’oiseau et les étiquettes infamantes. A mon avis, ce genre de recours n’aide pas au débat.
Encore une fois j’éprouve un abime de perplexité : En quoi un parti ne pourrait pas être en même temps pris en main par ses membres et en même temps aider la classe ouvrière à faire la révolution ( donc ayant le pouvoir, je précise car...) ????
Encore une fois, notre différence se centre dans ce simple enoncé : moi je pense que les gens agissent selon leurs intérêts, toi tu crois dans le parfait dévouement.
Par conséquent, moi je pense que si le parti est "pris en main par ses membres", il servira d’abord et avant tout les objectifs de ces membres, et non pas "de la classe ouvrière" en général. Et alors, de deux choses l’une : soit ses membres ont les mêmes intérêts que la classe ouvrière, et alors le parti ne se contentera pas "d’aider la classe ouvrière à faire la révolution", mais il cherchera a la conduire, ou bien les intérêts des membres différent de ceux de la classe ouvriere, et dans ce cas ils "n’aideront" personne.
Toi, par contre, tu vois dans le militant une espèce de moine capable de se dévouer pour faire avancer des idées et projets qu’il ne partage pas, sous prétexte que ce sont ceux de la classe ouvrière. C’est ton droit, mais à mon avis c’est du pur idéalisme.
Moins que la démocratie bourgeoise, tirez l’échelle ! Ca c’est le cri du coeur de Royal et le concept réac de démocratie participative . Inférieur à la démocratie simple !
Encore les noms d’oiseau ? Est-il possible de garder ce débat dans les limites de la courtoisie ? Apparament, non...
Sur la question des différences de "niveaux" de connaissances (et surtout d’habitudes d’expression), c’est effectivement un réel obstacle de fait pour que les militants de base puissent assumer le mieux possible leur pouvoir. Mais ça ne va pas mieux en leur ôtant ce dernier pouvoir. C’est en luttant pied à pied par le débat, la formation, l’élaboration, la démocratie , l’exercice du pouvoir et l’action qu’on fait reculer cet obstacle objectif.
Malhereusement, c’est plus compliqué que cela. La division du travail est un principe d’économie, qu’il est difficile d’ignorer. T’as déjà essayé de monter une formation dans ta section ? Si tu l’as fait, tu auras remarqué qu’il n’y a pas pléthore de candidats. Malgré toute ta bonne volonté, les gens ne semblent pas si pressés d’aller passer des heures dans une salle à se former. De même, s’ils ont tellement envie de participer à l’élaboration, pourquoi il est si difficile de les amener aux réunions ou on fait le vrai travail d’élaboration ?
Il faut se fixer des ambitions raisonnables. Au lieu de tomber dans la démagogie du "il ne faut pas de délégation de pouvoir", il faut travailler à organiser cette délégation, qui est inévitable, de manière à ce que les militants gardent la possibiliter de contrôler les processus de décision. Mais le fait de confier les tâches à ceux qui sont le mieux formés pour les faire est un principe de bon sens.
D’ailleurs ces dernières années beaucoup de militants de base du Parti Communiste ont fait plus esprit révolutionnaire et créatif que ceux qui ont essayé de longues décennies de fabriquer le militant sans pouvoir
Moyennant quoi, on est descendu des 22% de Duclos aux 1,9% de MGB. Un grand succès de "l’esprit révolutionnaire et créatif", sans doute...
En dehors de ça, j’aimerais bien que tu donnes deux ou trois exemples de cette merveilleuse "créativité". Parce que vu de mon côté, on constate plutôt un grand appauvrissement du langage, un rabachage de formules vides, et la destruction du magnifique appareil de formation des militants que les méchants "fabriquants de militants sans pouvoir" nous avaient legué...
Cordialement,
XXX
7. Sans titre, 8 mai 2008, 23:04
Je ne parle pas du "parti outil" dans le sens ou Robert Hue et consorts l’imaginaient.
Je veux simplement signifier par là que dans l’évolution humaine, toute organisation est envisageable comme un "outil" de progrès pour ceux qui la créent à condition qu’elle se mette au service du but et non au service d’elle même ou simplement de ses utilisateurs.
Et qu’elle fasse preuve d’efficacité dans la réalisation du but.
Quels que soient ceux qui manient le manche. Spécialistes ou amateurs. A condition quils ne le manient pas pour uniquement sauvegarder le intérêts des"manieurs" ou ceux de la sauvegarde d’un outil qui deviendrait inefficace car incapable de rebondir.
Et que dès qu’elle déroge de celà, la sanction est immédiate.
Les masses ne peuvent en aucun cas "apprécier" des orgas qui ne prennent pas en compte leurs problèmes et font passer leur résolution par des compromis, ou plutôt des compromissions avec ceux qui les écrasent.
Penser le contraire est nier toute expérience de l’histoire.
Pour en revenir à la définition de l’"outil" si je ne me trompe c’est bien un "artefact destiné à accomplir un but ou une oeuvre concrète ou virtuelle" ?
Quant au "langage communiste" de Robert Hue je dois dire que je ne m’interesse plus depuis longtemps aux élucubrations de ce "Dirigeant" du Parti. Je dirais même que lui et certains de ses sectataires et successeurs ont été une des première cause de mon départ après quelque décennies de militantisme.
Enfin pour faire simple,
Pour planter un clou il faut :
Une envie de le planter et un endroit pour le faire.
Un clou, (Un média politique),
Un outil pour l’enfoncer, (Un parti).
Si on n’a ni l’envie, ni l’endroit, ou le faire, le reste est inutile.
Si on n’a pas le clou adéquat ou l’outil adéquat pour l’enfoncer, ou s’il sont tordus ou vous cassent les doigts faut trouver un autre média ou un autre outil.
Ou changer d’envie... Si on le peut.
Et dans le cas présent c’est pas gagné d’avance.
Parce que la classe au pouvoir ne nous laisse aucun autre choix.
G.L.
8. Sans titre, 9 mai 2008, 08:49, par Copas
Sur la remarque de la connaissance des positions des uns et des autres, il est utile de les connaitre ça éviterai de faire des procès d’intention. Je ne connais pas trop tes positions car tu arrives masqué. Ce n’est pas ton identité mais l’absence de positions antérieures connues qui n’aide pas au débat.
Un parti n’est pas une institution, un nombre énorme de partis n’ont jamais été des institutions, dont plusieurs ont fait la révolution, ou l’ont aidé.
On n’a toujours pas compris ton déplacement argumentaire .... Aider à ce que les travailleurs se transforment en classe, y participer (je n’ai pas ce soucis, c’est ma position sociale), pousser à la résistance sociale aider une classe à prendre le pouvoir, il faut un drôle de détour argumentaire pour faire de ça une éloge de la société de consommation.
Quand aux travailleurs ayant le pouvoir sur le mode de la consommation..... Tu peux tordre la chose dans tous les sens. Mais là c’est completement vide.
Tu as effectivement raison en partie et comme tu sembles un amoureux des conditions de l’échec d’avant le huisme dans le PCF (lequel huisme n’est qu’une
consequence) on comprend que l’idée d’un parti qui travaille pour que la classe ouvrière ait le pouvoir puisse te sembler inouï.
Par contre la fable sur des militants qui se battraient pour que d’autres aient le pouvoir est une caricature .. La participation à la montée du pouvoir des travailleurs n’implique pas que des militants soient des extra-terrestres , ni des chrétiens des origines dans leur relation avec le reste de leurs camarades de lutte.
Encore une fois un glissement argumentaire essayant de prêter aux autres autre chose que ce qu’ils ont dit.
Par contre je conçois que le pouvoir des travailleurs te sembles absurde. Marx c’est difficile à digérer.
Je n’ai jamais assisté à des réunions de co-propriétaires ayant toujours été locataire, je n’ai pas l’expertise que tu as là dessus. Par contre je connais ce qu’est le syndicalisme (en étant un), j’ai connu deux partis, et leurs dérives , j’ai connu des assemblées générales de jeunes, ; de travailleurs, etc.
Croire qu’il n’y a qu’un parti qui puisse gérer c’est ce sur quoi j’ai mis le doigt dans tes positions : la dérive social-démocrate-staliennne de la place d’un parti politique, avec ses dérives, ses somations de se faire reconnaitre comme ceux qui dirigent , etc...
Par contre tu essayes encore de prêter des opinions aux autres qu’ils n’ont pas. Je n’ai aucune croyance dans le " nous arrivames 3000 au port " (très rigolo car avant-hier nous fumes effectivement 3000 manifestants le long d’un port ). L’absence de fétichisme de parti ne signifie pas qu’on estime que c’est le parti ou rien. La classe ouvrière ne se résume pas à un parti, malgré les conceptions jivaros là dessus ; elle a de multiples organisations qu’il s’agit de mettre en musique pour qu’elles exercent le pouvoir.
Qui t"a parlé de spontanéïté ? D’où tu sors que je pense que c’est la spontanéité qui ferait tout pour la classe ouvrière en tant que classe postulant au pouvoir ?
Toujours caricatures....
par contre tu parles de noms d’oiseaux quand j’indique que ta position est sur le fond celle de la social-démocratie (au sens originel) et le satlinisme. Pour moi il n’en est rien , car quand tu dis :
c’est la position idoine qui a permit dans les grands partis de gauche de développer une direction autonome des militants et d’évoluer à marches forcées vers le bureaucratisme. Tu avances les limitations des militants pour leur dénier pouvoir, que ne le fais-tu pour les dirigeants ? En quoi ceux-ci auraient plus de droits ?
Sur la question des écoles de formation du parti plutôt que de faire des faux procès aux autres vas dans le débat sur le NPA sur Bellaciao où j’ai indiqué que l’abandon d’écoles des cadres était une catastrophe, malgré les immenses limitations de celles-ci qui ont formé justement les liquidateurs par les conceptions que tu développes sur la démocratie dans le parti et la démocratie dans la société. J’ai défendu à cette occasion la nécessité de la formation politique dans tout parti de travailleurs.
Je n’ai rien contre les ambitions raisonnables et l’invention faite que je serai contre la délégation de pouvoir (quoique je pense qu’il faille la limiter au maximum en la codifiant de telle façon qu’elle ne devienne pas pouvoir autonome) me navre encore.
L’organisation de la délégation de pouvoir encore obligatoire doit être codifiée , je n’ai aucune divergence là dessus.
Par contre pour un parti je pense que le pouvoir réside dans les membres (codification de la démocratie interne nécessaire), que les militants délèguent certains des leurs pour certaines tâches n’y change rien
Tu dates la divergence et l’échec actuel du PCF de Robert Hue, je pense que le mal vient de beaucoup plus loin , du côté de la situation quand le PCF était à 20% (j’ai participé très jeune militant à la campagne Duclos). Hue n’est qu’un lointain contre-coup d’une dégénérescence qui avait théorisé le pouvoir d’une direction de fait contre les militants et les relations hiérarchiques avec la classe ouvrière.
Sur la créativité et la résistance de militants du PCF de ces dernières années je parle évidemment du soulèvement perceptible depuis 2002 de la part de beaucoup de militants qui veulent revenir à un parti vivant non bureaucratisé, un parti communiste.
Avec des tas d’illusions certainement ,comme elles existent aussi dans les illusions symétriques au NPA de la LCR, mais avec le désir d’y aller et de militer sur les basiques : indépendance de l’état, lutte contre la bureaucratie, désir d’un parti demeurant sous contrôle de ses membres, lutte contre le capitalisme, bataille pour le pouvoir des travailleurs (et donc la création des organisations démocratiques adéquates à cette fin), etc...
Et effectivement on trouve des points communs entre une partie des communistes et ceux du NPA.
9. Sans titre, 9 mai 2008, 12:31
Mon cher Copas, j’essaie de répondre point par point à ton long message :
Ce n’est pas ton identité mais l’absence de positions antérieures connues qui n’aide pas au débat.
J’ai intervenu souvent sur ce forum. Et disons que mes positions n’ont pas plu au modérateur. Si je faisais apparaître mon identité, tu ne serais pas en mesure de lire ces lignes...
Un parti n’est pas une institution, un nombre énorme de partis n’ont jamais été des institutions, dont plusieurs ont fait la révolution, ou l’ont aidé.
Un parti est toujours (par définition, en fait) une "institution". Dès lors qu’il a une personnalité propre, qui est distincte de celle de ses membres, cela ne peut être qu’une institution. Mais tu excites ma curiosité : quels sont, pour toi, les partis qui "n’ont jamais été des institutions" et qui pourtant "on fait la révolution" ?
Quand aux travailleurs ayant le pouvoir sur le mode de la consommation..... Tu peux tordre la chose dans tous les sens. Mais là c’est completement vide.
Apparament, je n’ai pas été suffisament explicite sur ce qu’est "le mode de la consommation". Prenons un exemple simple : quand mon grand père voulait un costume, il allait chez le tailleur, avec qui il discutait le style, le tissu, qui prenait ses mesures et qui faisait le costume que mon grand père voulait. Aujourd’hui, on est passé dans un mode de consommation de masse : quand je veux un costume, je vais dans un magasin et je choisis parmi les costumes qu’on me propose. Je n’ai plus la possibilité de vouloir "la coupe de celui-là, mais avec le tissu de celui-ci", sauf si le fabriquant l’a prévu. En d’autres termes, on est passé d’un mode d’achat ou le client était dans une certaine mesure le créateur de l’objet achete, à un mode de consommation de masse ou le client ne fait que choisir parmi des offres contrôlées par le fabriquant.
En politique, c’est un peu la même chose. On est passé d’un militantisme ou le militant considérait le Parti un peu comme sa propriété et cherchait à lui donner la forme qu’il souhaitait à un militantisme différent ou les militants "choisissent" parmi les offres politiques fabriquées par d’autres. Prenons sans aller plus loin les candidatures présidentielles. Combien de militants communistes ont "choisi" Bové ou Besancenot (c’est à dire, des candidats "proposés par d’autres") contre le candidat de leur propre Parti ?
on comprend que l’idée d’un parti qui travaille pour que la classe ouvrière ait le pouvoir puisse te sembler inouï.
Cela ne me semble nullement "inouï". Au contraire, sela me semble beaucoup trop "ouï", mais toujours aussi absurde. Personne en politique ne travaille purement pour que quelqu’un d’autre ait le pouvoir. Du moins, tant qu’il n’y a pas une idéologie qui assure ceux qui travaillent une juste récompense. L’église, en plaçant la récompense dans l’au-déla, à réussi un coup fantastique. Les partis ouvriers, qui n’ont pas l’avantage d’avoir un "au délà" aussi commode, ont plus de problèmes.
Encore une fois un glissement argumentaire essayant de prêter aux autres autre chose que ce qu’ils ont dit.
Vraiment ? Un peu comme "tu sembles un amoureux des conditions de l’échec d’avant le huisme dans le PCF"... ou bien "je conçois que le pouvoir des travailleurs te sembles absurde". Allons Copas, arrête les leçons de maintien argumentaire. Ou du moins, ne reproche pas aux autres ce que tu pratiques toi même...
Pour revenir à cette dernière accusation, je n’ai aucune difficulté pour concevoir le "pouvoir des travailleurs" et je n’ai jamais dit pareille chose. Ce que j’ai par contre du mal à concevoir (et je constate que tu ne reponds pas au point, te dégageant avec une pirouette) est le pouvoir directe des travailleurs, sans médiation d’un Parti, par exemple. Je pense qu’il serait plus intéressant que tu essayes d’argumenter ta position, plutôt que de te perder dans des accusation de "glissement argumentaire" qui ne font pas avancer le débat.
Je n’ai jamais assisté à des réunions de co-propriétaires ayant toujours été locataire, je n’ai pas l’expertise que tu as là dessus.
Et beh, c’est très dommage. Parce que c’est une des rares enceintes ou tu peux voir s’exercer directement le pouvoir des membres d’une communauté, sans aucune médiation institutionnelle. Dans un parti ou un syndicat, tu as toujours la médiation institutionnelle, alors que dans une assemblée de copropriétaires, tu peux voir ce que serait un pouvoir exercée sans cette médiation. Et je peux t’assurer que ça ne donne pas envie...
Qui t"a parlé de spontanéïté ? D’où tu sors que je pense que c’est la spontanéité qui ferait tout pour la classe ouvrière en tant que classe postulant au pouvoir ?
D’ou je le sors ? De la logique de ton discours. Malhereusement, on ne peut pas manger son gâteau et l’avoir entier : si tu rejettes le Parti comme institution, alors tu es obligé de choisir la spontanéité. Si, comme tu le voudrais, les "travailleurs" contrôlaient directement le Parti et prenaient directement toutes les décisions, il est clair que le Parti n’aurait d’autres règles et d’autres idées que celles qui sont dans la tête des "travailleurs". Mais en régime capitaliste, les travailleurs sont aliénés à l’idéologie dominante. Et donc, de deux choses l’une : ou bien on exclut la spontanéité, et alors les idées et les règles du Parti seront celles dictées par l’idéologie dominante (et le Parti ne sera jamais révolutionnaire), ou bien tu acceptes la spontanéité, et alors il devient possible que le Parti "contrôlé directement par les travailleurs" ait une autre idéologie que l’idéologie dominante.
Comme tu te places décidément dans cette dernière perspective (c’est à dire, un parti contrôlé directement par les travailleurs et révolutionnaire), il s’ensuit logiquement que tu admets une forme de spontanéisme. Mais j’ai pu me tromper dans mon raisonnement : j’aimerais bien que tu m’expliques comment un Parti totalement soumis aux "travailleurs" pourrait échapper à l’aliénation par l’idéologie dominante...
Toujours caricatures....
par contre tu parles de noms d’oiseaux quand j’indique que ta position est sur le fond celle de la social-démocratie (au sens originel) et le satlinisme
Ah oui... là, par contre, ce n’est pas une "caricature"... Encore des leçons de maintien données par ceux qui pratiquent fort peu ce qu’ils prédiquent...
c’est la position idoine qui a permit dans les grands partis de gauche de développer une direction autonome des militants et d’évoluer à marches forcées vers le bureaucratisme.
Effectivement. La question qui se pose est : est-il possible de faire autrement ? Beaucoup (comme toi) affirment que c’est possible, mais on n’entend jamais d’arguments convaincants dans cette direction. Et la foi ne peut se substituer à une analyse de la réalité.
La division du travail (y compris dans le travail de conception et de direction) n’est pas un choix idéologique, mais une pure question économique. Seules les organisations très primitives peuvent se passer d’une division du travail. Et la division du travail engendre nécessairement l’appartion d’une "bureaucratie" (au sens webérien du terme), qui s’autonomise. C’est pourquoi, au lieu de proclamer "nous ne voulons pas de bureaucratie", il vaudrait mieux se demander comment on fait pour avoir une bureaucratie efficace et bien contrôlée.
Tu avances les limitations des militants pour leur dénier pouvoir, que ne le fais-tu pour les dirigeants ? En quoi ceux-ci auraient plus de droits ?
Oh que non. Je n’avance pas les limitations des militants, j’avance leur humanité, au contraire. Si les militants ne participent pas aux processus de décision, ce n’est pas seulement parce qu’ils manquent de compétences, mais parce qu’ils n’en ont pas envie. Parce qu’il faut vouloir passer des heures et des heures dans des pièces closes à lire des documents, à discuter de points obscurs mais qui pourtant ont une grande importance, à négocier âprement en sachant que le mieux qu’on puisse obtenir est un compromis boîteux. Et finalement, parce qu’il faut vouloir assumer une décision devant une base qui, par tradition, trouve toujours ce que font les autres mauvis. Tout le monde n’en a pas envie, en fait, si tu as déjà eu à organiser des débats de congrès, une grande majorité des militants n’en a pas envie. La loi du moindre effort est une loi très humaine...
Les "droits" des dirigeants viennent d’abord et avant tout du fait qu’ils acceptent de faire ce boulot, et qu’ils en ont les compétences. Et bien entendu, du fait qu’ils bénéficient de la confiance des militants. C’est ce tryptique qui fait le bon dirigeant.
Sur la question des écoles de formation du parti plutôt que de faire des faux procès aux autres vas dans le débat sur le NPA sur Bellaciao où j’ai indiqué que l’abandon d’écoles des cadres était une catastrophe, malgré les immenses limitations de celles-ci qui ont formé justement les liquidateurs par les conceptions que tu développes sur la démocratie dans le parti et la démocratie dans la société.
Je sais, j’ai bien lu ton message et je crois y avoir même répondu. Mais encore une fois, ta haine de ce qu’il y avait "avant" semble te plonger dans une espèce de schyzophrénie : d’un côté tu considéres catastrophique l’abandon des écoles de cadres, de l’autre tu soutiens que ces écoles ont formé les cadres qui ont liquidé le Parti. Alors, en quoi leur fermeture pourrait être une "catastrophe" ? Si les cadres issus de cette formation étaient si mauvais, comment ceux qui en manquent pourraient être pires ?
Au fonds, derrière cette contradiction se cache une contradiction bien plus grande dans ton discours : D’un côté, tu sembles favoriser un Parti d’égaux, ou les "travailleurs" contrôleraient directement tout. Mais de l’autre côté, tu défends l formation, et la formation implique nécessairement une hiérarchie, entre le maître qui sait et l’élève qui ne sait pas. Alors que tu rejettes l’idée que le Parti doive être une institution, tu veux des "écoles", qui sont par essence les lieux d’un rapport institutionnalisé. Qui rédigerait les programmes de ces écoles ? Dans ta logique, ce devraient être "les travailleurs" (puisqu’ils prennent toutes les décisions directement). Mais si "les travailleurs" ne sont pas encore formés, comment pourraient-ils décider ce qu’il faut enseigner pour donner une bonne formation ?
Un parti qui forme ses militants est nécessairement un parti hiérarchisé. Parler d’école introduit nécessairement une hiérarchie entre ceux qui "savent" et ceux qui "ne savent pas". Et ce sont "ceux qui savent", et seulement eux, qui ont la possibilité (parce qu’il sont les seuls à détenir le savoir) de décider ce que "ceux qui ne savent pas" doivent apprendre. Substitue à "ceux qui savent" le terme "dirigeants", te voilà parti en fumée ton idée contrôle direct des décisions par les travailleurs...
Je n’ai rien contre les ambitions raisonnables et l’invention faite que je serai contre la délégation de pouvoir (quoique je pense qu’il faille la limiter au maximum en la codifiant de telle façon qu’elle ne devienne pas pouvoir autonome) me navre encore.
Alors, tu seras encore plus navré de savoir qu’il ne s’agit pas d’une "invention". Je te cite : Les membres doivent décider de l’orientation de leur parti ! Il est stupéfiant qu’on dise que le plus possible à viser est qu’ils participent à la définition des politiques !. Et j’ajoute que les caractères gras, c’est toi même qui les avait mis.
Encore une fois, je saisis dans ton discours une gêne : tu admets bien que la délégation de pouvoir et nécessaire et inévitable, mais ensuite tu la vides de son contenu. Si on limite au maximum la délégation pour que les délégués n’aient pas de pouvoir "autonome", alors il n’y a pas de délégation. Le propre de la délégation, est l’autonomie (qui ne veut pas dire l’arbitraire) du délégué. En d’autres termes, tu est prêt à accepter la délégation à condition qu’il n’y ait pas de délégation...
Tu dates la divergence et l’échec actuel du PCF de Robert Hue,
Pas du tout. Ou ais-je écrit pareille chose ? Pour quelqu’un qui accuse les autres tous les deux minutes de déformer ses écrits et de trahir sa pensée, je te trouve bien peu rigoureux à l’heure de reprendre les écrits des autres...
Non, je ne date pas "l’échec actuel du PCF" de Robert Hue, tout bêtement parce que je ne pose pas les choses en terme "d’échec" ou de "succès" actuel. En attribuant aux problèmes actuels des racines anciennes on se débrouille toujours pour conclure que personne n’est responsable de rien. Je me contente d’examiner les faits : en 1994, Robert Hue (et le grupe qui l’entoure, parce que ce n’est pas non plus l’oeuvre d’un homme seul) prend la tête du PCF. Il reçoit de son prédessesseur un Parti qui fonctionne, qui a de organisations de masse, qui a des cellules qui maillent le territoire, des directions nationales fortes et respectées par les militants, et un système d’écoles de formation depuis le local jusqu’au national que d’autres partis nous envient. En 2008, que constate-t-on : que les directions du PCF sont paralysées et n’ont plus la moindre autorité, que les écoles n’existent plus, que les organisations de masse ont disparu ou sont devenues indépendantes (et souvent inamicales), que les parti ne "maille" plus le territoire (on a du mal à trouver des candidats, c’est dire...). Et pourtant Hue à eu pour lui le temps, une autorité incontestée... alors, a qui faut attribuer les responsabilités ? A Marchais ? A Thorez ? A Cachin ?
On se trompe losqu’on dit, comme toi, que "le mal vient de beaucoup plus loin". Un gouvernement qui rejetterait la faute de la situation économique sur Poincaré ou sur Pleven se couvrirait de ridicule. Mais au PCF on peut continuer à attribuer les responsabilités à des gens qui ont dirigé le Parti il y a trente ans sans que cela choque personne. C’est ridicule : l’histoire a un poids, c’est certain, mais elle ne determine pas les résultats. Si les français n’ont pas voté MGB, si le PCF n’a plus d’école de cadres, ce n’est pas la faute à Marchais.
Sur la créativité et la résistance de militants du PCF de ces dernières années je parle évidemment du soulèvement perceptible depuis 2002 de la part de beaucoup de militants qui veulent revenir à un parti vivant non bureaucratisé, un parti communiste.
J’attends toujours un exemple concret.
indépendance de l’état, lutte contre la bureaucratie, désir d’un parti demeurant sous contrôle de ses membres, lutte contre le capitalisme, bataille pour le pouvoir des travailleurs (et donc la création des organisations démocratiques adéquates à cette fin), etc...
Moi aussi, quand je me couche le soir, souvent je rêve. Mais j’appelle pas ça "créativité". D’ailleurs, ou est la "créativité" dans tout ça ? Toutes ces idées se baladent dans la gauche depuis le XIX siècle. Dans "créativité", il y "nouveauté". Ou sont les nouvelles idées sorties de toute cette "créativité" ?
Cordialement,
XXX
10. Réponse à vicTHOR, 9 mai 2008, 19:40
Tiens, tiens, un revenant... Quel mal tu te donnes de changer de proxy à chaque fois que tu postes un nouveau commentaire. J’ai décidé de te baptiser du nom du programme qui doit te servir en permanence : "vicTHOR". Qu’en penses-tu ?
Et bien dis donc, moi qui sors du roman de JM Rouillan sur la guerre d’Espagne ("la part des loups" je vous le recommande), je suis servie ! Toujours les mêmes erreurs à l’œuvre. C’est fascinant. Surtout sous la "plume" d’un fin lettré tel que toi. J’irais même au-delà, d’un intellectuel.
Que ne peut on concourir à produire comme désastres lorsqu’on a un esprit brillant mais le cœur sec et l’âme dépourvue de toute sensibilité. Ah mais pardon, tout cela n’est pas "marxiste" n’est-ce pas ? Et encore moins "communiste" ?! Oui-da.
Ca me fait toujours le même effet quand je te lis, ça commence par un grand intérêt et ça finit dans un frisson d’effroi.
L’avantage avec toi, c’est que tu as beau signer sous des pseudos différents, passer par des proxys en Hollande ou ailleurs, tu ne peux pas te cacher, ni tenter de te dissimuler - on te reconnaît immédiatement. C’est (presque) trop facile. "V", "Descartes" etc... je passe la ribambelle de pseudos que tu nous as infligées pour tenter de "brouiller les pistes" depuis le temps.... Inutile mon pauvre. Ton habitus est tellement fort que tu ne peux te faire passer pour un Autre !
Et puis c’est pas bien malin d’écrire ça (je te fais grâce de ta faute)
Que tu nous prennes pour des abrutis finis, des imbéciles heureux, soit, mais pour des gens qui ne savent pas lire, c’est un peu gonflé. Tu aurais voulu te faire prendre la main ans le pot à confiture, tu n’aurais pas pu faire mieux !!!!!
Bref, avec toi , tout change, mais rien ne change.
Tu n’as pas fini de confondre lutte des classes et guerre des prolétaires communistes contre ceux qui ne le sont pas ? Tu n’as pas fini de confondre socialisme et communisme ? Tu n’as pas fini de confondre les causes et les conséquences ?
Je dois dire que malgré tout je suis assez admirative car tu es un maître-sophiste. Tout tes raisonnements ont l’apparence de la rationalité la plus aiguë, malheureusement, leurs conclusions sont systématiquement fausses !
Je te trouve extrêmement déférent à l’égard de Robert Hue d’insister pour que le terme "d’outil-parti" soit employé strictement dans le contexte dans lequel celui-ci l’a utilisé ! Cette dévotion est admirable. On pourrait dire aussi que ça n’est qu’une énième manière de parler du part ide classe cher à d’anciens philosophes et analystes. On peut parfaitement ne pas laisser à Willy Balton la paternité de cette notion et la subsumer des écrits fondamentaux de Rosa Luxembourg par exemple, ou de Marx !? Evidemment, il faut pour ce faire, donner une définition même a minima de ce que l’on entend par-là.
En fait, c’est dans tes boutades pour tenter de briser les autres et les réduire au silence que tu es le meilleur, un peu lorsque, comme M . Jourdain avec la prose, tu "fais du marxisme" sans le savoir/vouloir :
Et bien oui dis donc, s’il fallait remonter jusque là ?! Sans rire. Il y a un point commun entre Marchais et Thorez en effet, et entre autre, c’est qu’ils furent très différents de gens comme Tillon par exemple, et pour ne citer que lui. N’est-ce pas "amusant" que le parti de la Libération soit finalement tombé, avec l’aide de Moscou, qui ne voulait pas voir son "leadership" contesté, entre les mains de gens qui ne participèrent pas à la guerre sur le terrain ? Il y a autant de différences entre eux qu’entre un Togliatti et un Gramsci par exemple.
Ce qui est amusant aussi c’est de constater que c’est bien G Marchais lui même qui a permis à l’ineffable RH de devenir "président" du PC. Bien sûr que RH est l’héritier de MArchais et Thorez.
Si on veut bien faire un critique objective et dépassionnée des conditions idéologiques et historiques du PCF de l’après-1945 on verra assez rapidement que dans tout cela en définitive, il n’y a pas de surprise. Je n’emploierai pas le terme de "stalinisme", pour des tas de raisons, pour définir ces conditions. Seul G Marchais (et non pas l’homme, l’individu, mais ce qu’il a représenté, les idées qu’il a incarnées, avec tant d’autres, y compris de nombreux militants plus ou moins anonymes) pouvait amener Robert Hue, c’est parfaitement logique.
Ah oui, le parti-armée. Le respect de l’autorité , jawohl mein General ! Et les écoles de formation qui fonctionnaient tellement bien que finalement les militants n’ont eu de cesse que de quitter le parti dès que la possibilité leur en a été laissée et, pour celles et ceux qui sont restés, de ne surtout pas perpétuer ces écoles ni cette formation.
Mais qu’est-ce-que c’est pour toi qu’une "bonne formation" ? C’est un savoir inculqué à coup de dogmes ou c’est "autre chose" ? (comme par exemple la formation de l’esprit à l’analyse et à la critique, la formation au "raisonner juste" pour accéder à une certaine autonomie ?)
Verticalisme, autorité du dirigeant, du maître, absence totale de confiance dans le "second". "Je vais te donner du poisson, mais pas t’apprendre à pêcher" (ben oui, que deviendrai-je si je t’aide à devenir autonome ?!). C’est toute la problématique de la Mère et du Père. La Mère aimerait tellement que son petit ne grandisse jamais et ait toujours ce même besoin d’elle, tant c’est vrai, cela la comble ! Le Père, heureusement, est là pour détourner l’enfant de la Toute Puissance de cette Mère nourricière et dévoratrice par essence (comme le hérisson qui pique, la mère attache "malgré elle"). Dis moi qui fait le Père chez nous ? Qui nous détourne de la Mère-Parti ? Personne et rien. A part peut être le Capitalisme et la nécessité contingente pour le travailleur de se délier de ses chaînes.
Mais évidemment, en gardant comme instrument de mesure de la vitalité d’un parti communiste, des scores dans des élections bourgeoises, on ne risque pas d’aller bien loin. Ah sous Marchais on faisait 18%, sous Duclos, 22 % ! Comme nous étions "forts" alors, que c’était bien, ça veut donc dire qu’à l’époque tout marchait (pardon...) comme sur des roulettes ?! Pour revenir à ces scores ( mais pour en faire quoi finalement et dans quelles conditions ?! mystère et boule de gomme...) revenons en à Duclos et à Marchais. Revenons en au PCF annexe de Moscou et au "socialisme réel". CQFD.
Le concept "d’outil-parti" est extrêmement intéressant à discuter et tout le monde devrait en parler. C’est un sujet d’importance. Il n’y a aucune raison de laisser cette réflexion aux bons soins d’une horde sauvage...
Quant au fait qu’il n’y a pas de génération spontanée de communistes ( à définir ce que l’on entend par là...) parfaitement d’accord avec cette prémisse, reste à savoir ce que l’on en fait, ensuite, de cette prémisse.
Reste à savoir si le communisme c’est la guerre de chacun contre tous ou alors la lutte des individus d’une classe contre ceux d’une autre classe ?
Ce n’est pas Marx ni le communisme qui t’animent, c’est Hobbes et ce qu’il a produit de plus inhumain dans la théorie politique. Il serait temps que tu te rendes compte que ce qui t’anime c’est le désir de pouvoir et que tu es un pur théoricien de la tyrannie d’une caste sur l’ensemble d’une classe.
Mes amitiés du soir.
La maman du Grand méchant Loup.
5. lcr et ps, 8 mai 2008, 06:54
"Le Parti socialiste est taraudé, depuis plus d’une décennie, par une crise existentielle"
Le GROS problème de ces gens là est qu’ils n’ont plus que le nom de socialistes depuis 1982-1983...vive la crise avec Y Montand, l’ex coco, en monsieur loyal du premier show politique destiné à nous vendre " la réforme ", depuis on en a eu et on en a même, actuellement, un qui n’est pas le moins piqué des hannetons
6. Requiem pour un socialisme défunt, 8 mai 2008, 09:51
Lire à ce sujet :
http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article2500&var_recherche=mignard
7. Requiem pour un socialisme défunt, 8 mai 2008, 14:56
la longue démonstration de la dérive du PS (juste par ailleurs) et la toute petite réference à la nécéssité de faire autre chose ne résoud pas le problème de la gauche ou de ses diverses composantes.
Cette dérive sociale démocrate indéniable, ne légitime pas, à mes yeux en tout cas, la posture de la LCR ni du futur parti anticapitaliste. Cette dérive interroge plutot ceux qui veulent réellement améliorer collectivement le sort des gens. Je pense en effet que sucer la roue du PS n’est plus tenable. mais que "tout sauf le PS" ne l’est pas davantage.
Très concrètement, sur la fiscalite, le logement, l’urbanisme, la lutte pour les droits sociaux, la fonction publique..., si on veut bien admettre que "la rue" est un moment de la vie sociale et politique, comment le traduire en lois, en garanties sociales.
j’ai le sentiment que la dénonciation justifiée des grandes fortunes, des profits du CAC 40, bref des dégats occasionnés par le "grand capital", pour nécéssaire qu’elle soit, devrait introduire une série de propositions concrètes à débattre et à imposer dans une visée majoritaire qui passe, quoi qu’on dise par des alliances. Ou alors on condamne le peuple à la régression sans fin.
Les progrès actuels à gauche en Europe, se sont tous faits sur la base, c’est vrai, d’une rupture assumée avec la sociale démocratie. mais je doute que les acteurs de cette démarche recevraient l’appui de la LCR : PC portugais ? PC grec ? Linke (dont il faut le souligner, une partie vient du SPD) ? Nouveau parti danois ?
Je pense que la démarche politique la plus appropriée consiste à tenter de tenir les 2 bouts : analyse et critiques radicales du capital et insertion dans la vie politique et institutionnelle réelle, y compris au travers d’alliance. C’est une démarche difficile aujourd’hui mais il n’y en a pas d’autres à mes yeux. c’est la raison pour laquelle j’agis au sein du PCF pour en réorienter le cours dans le cadre de cette posture. celle-ci est d’ailleurs à la source des grandes périodes d’avancée ssociales : 1936, 1945... Léon
1. Requiem pour un socialisme défunt, 8 mai 2008, 17:57
Ton argument et ma réponse ont déjà été énoncés souvent, sur d’autres fils. Tant pis.
En 36, c’est la grève générale ou le fait que le PCF soutenait le gouvernement, qui a mis le couteau sous la gorge du patronnat et a permis les acquis ?
En 45, c’est le rapport de force issu de la guerre (PCF dans la résistance, une partie de la droite compromise avec Pétain) ou la présence des communistes au gouvernement, qui a été la raison principale des avancées ?
Et d’ailleurs tu te gardes bien de citer 68, ce n’est pas par hasard (acquis importants sous un gouvernement de droite).
Les patrons ne lachent du lest que lorsqu’ils ont peur de perdre beaucoup plus, voire de tout perdre. Je ne pense pas que ça ait un lien direct avec qui est au gouvernement ou dans divers exécutifs.
Chico
8. Requiem pour un socialisme défunt, 8 mai 2008, 19:17
chico
l’erreur consiste à opposer la rue et les institutions,ou, à tout le moins les mettre en parallèle. pour 1936 et 1945 il me semble que les majorités parlementaires ont joué un tout petit peu. pour 1968, c’est vrai que c’était la droite au pouvoir. il faudrait pouvoir comparer avec une majorité de gauche. certes, ce n’est pas possible mais on peut penser que les acquis auraient été plus importants. 1936 montre une dynamique née après la victoire électorale et qui pousse sur elle pour la faire aller plus loin que prévu. La non participation du PCF me semble avoir été une erreur, laissant l’exécutif aux radicaux et à la SFIO. elle montre aussi le verrou institutionnel constitué par le sénat à majorité radicale. En 1945, certes la crédibilité de la résistance communiste a été décisive, mais elle fut décisive dans l’obtention d’une majorité parlementaire en 1945. (le jeu de la SFIO est d’ailleurs très ambigue).Dès 1947, après l’exclusion du PCF du parlement, les choses changent rapidement, en dépit de mouvements très violents.
parce que l’inverse est vrai aussi, des grèves très dures sans majorité parlementaire, qui échouent, l’Histoire en compte beaucoup, sans aller jusqu’à l’Angleterre de Thatcher, celle des mineurs de 1963, ou plus près de nous, celle de 2003.
par ailleurs, dans ces dispositions et l’affirmation de la toute puissance de la rue, pourquoi fonder un parti et se présenter à des élections. les anarchistes sont là bien plus conséquents. Amitiés. Léon
1. Requiem pour un socialisme défunt, 8 mai 2008, 21:31, par Copas
La dynamique a commencé avant 1936, et s’est amplifiée après l"élection.
Mais surtout squizzer la désobéissance de la classe ouvrière au gouvernement de gauche de 1936 est surprenant .
Le gouvernement de gauche ne voulait pas de ce mouvement social, c’est poussé et contraint que de grandes mesures ont été prises. l’acteur principal dans l’affaire est bien la classe ouvrière et non le gouvernement de gauche.
Le fait que la Parti Communiste n’ait pas été dans ce gouvernement a été une bénédiction pour l’avancée et les conquêtes sociales.
Les soit-disant triomphes institutionnels ont d’ailleurs été balayés en peu de temps, quand la classe ouvrière a plié le genou. Le centre est bien l’unité de la classe ouvrière et sa mise en mouvement, la construction de ses organisations et non de trouver le bon gouvernement.
Sortie de guerre : la résistance armée, le communisme puissant, la classe ourvière très active et se sentant victorieuse a tordu l’arene politique , et les mesures sociales et progressistes du gouvernement de la libération se font bien par cette mobilisation populaire, PC ou pas au gouvernement.
Par pudeur je ne parle pas des conquêtes sociales des années 60 et début 70 qui se sont faites sans gouvernements de gauche mais avec des mobilisations populaires. Sans ces dernières les bons gouvernements de gauche arrivés par la suit n’ont pas inversé la courbe de l’augmentation du taux de profit, ont privatisé à tour de bras, cogner des immigrés, mener des guerres impériales et fait reculer la classe ouvrière.
Non pas qu’un gouvernement dans une société capitaliste ne puisse servir dans certaines circonstances particulières à des conquêtes mais c’est essentiellement la capacité du mouvement populaire qui fait influence. Sans le moteur du mouvement populaire rien ne se fait de sérieux.
C’est donc celui-ci qui est au centre de la stratégie d’un parti non bureaucratisé.
9. Requiem pour un socialisme défunt, 9 mai 2008, 13:32
Certes, l’idée de Che guevara ou de lénine en Robert Hue est plaisante, elle ne l’est pas davantage que d’imaginer le Che ou Sankara distribuer le courrier à Neuilly.
Léon
1. Requiem pour un socialisme défunt, 9 mai 2008, 14:58
Y a t’il réellement autre chose à faire en politique que de chercher à réaliser ses objectifs ? Et pour ce faire arriver au pouvoir. Sinon à quoi sert t’on ?