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Retour des requins de la finance
Paul Craig Roberts , le 1er août 2007
Alors que le régime Bush équipe les bombardiers furtifs B-2 de bombes « brise bunker » géantes de 30.000 livres [*] pour son attaque à venir contre l’Iran, l’économie US continue son déclin du 21ème siècle. Alors que les bénéfices de l’industrie d’armement montent, les étasuniens continuent à encaisser sans broncher.
Le dernier rapport du Bureau des Statistiques du Travail prouve que les salaires et les traitements réels des employés civils sont en-dessous de ceux d’il y a 5 ans. Il n’aurait pu en être autrement avec la délocalisation des meilleurs emplois des sociétés afin de réduire les coûts de main-d’œuvre et convertir de cette façon les salaires autrefois perçus par les étasuniens en primes de multiples millions de dollars pour les présidents et les autres cadres supérieurs.
Les bons emplois qui restent encore aux USA sont de plus occupés par des employés étrangers entrés avec des visas de travail. Les services des relations publiques des entreprises ont réussi à propager le mensonge qu’il y a pénurie d’employés qualifiés, rendant nécessaire l’introduction des étrangers. La vérité est que les sociétés forcent leurs employés étasuniens à former des étrangers moins payés qui reprennent leur travail. Sinon, l’étasunien congédié n’obtient aucune indemnité de licenciement. (Voir, par exemple, BofA : Formez votre remplaçant, ou vous n’aurez aucune indemnité de licenciement, par David Lazarre du San Francisco Chronicle, 2006)
Les cabinets d’avocats, tels que Cohen & Grigsby, font du marketing pour concurrencer les services des sociétés sur la manière de déjouer la loi et remplacer leurs employés étasuniens par des étrangers moins bien payés. Comme Lawrence Lebowitz, le vice-président de Cohen & Grigsby (envoyez-lui un courriel), l’expliquait dans la vidéo de marketing du cabinet d’avocat, « notre but est clairement, de ne trouver aucun employé US qualifié et intéressé. »
Pendant ce temps-là, les collèges et les universités continuent à diplômer des centaines de milliers d’ingénieurs qualifiés, de professionnels de l’informatique, et d’autres spécialistes qui n’auront jamais l’occasion de travailler dans la profession pour laquelle ils ont été formés. Les USA sont aujourd’hui comme l’Inde d’antan, avec des ingénieurs travaillant comme barmans, conducteurs de taxi, serveuses, et des employés à des travaux ingrats dans les établissements canins pendant que la délocalisation des emplois démantèle l’échelle de mobilité sociale vers le haut des étasuniens.
Au cours de la dernière année (depuis juin 2006 jusqu’à juin 2007) l’économie US a créé 1,6 million d’emplois nets dans le secteur privé. Comme Charles McMillion des services d’information de MBG le rapporte chaque mois, pour l’essentiel tous les nouveaux emplois concernent des services domestiques sous-payés n’exigeant aucune éducation universitaire.
La catégorie, « loisirs et accueil, » constitue 30% des nouveaux jobs, dont 387.000 sont des barmans et des serveuses, 38.000 sont des employés de motels et d’hôtels, et 50.000 sont employés dans les divertissements et les loisirs.
La catégorie, « éducation et services de santé, » constitue 35% de l’augmentation des emplois, dont 100.000 sont dans les services éducatifs et 456.000 dans la santé et l’aide sociale, principalement dans les services de soins médicaux mobiles et les hôpitaux.
Les « services professionnels et techniques » constituent 268.000 nouveaux emplois. La « finance et l’assurance » ont ajouté 93.000 nouveaux emplois, dont environ un quart sont dans l’immobilier et environ la moitié sont dans l’assurance. Le « transport et l’entreposage » ont ajouté 65.000 emplois, et le commerce en gros et au détail en ont rajouté 185.000.
Au cours de l’année entière, l’économie US n’a créé que 51.000 emplois dans les services architecturaux et l’ingénierie, moins que les 76.000 emplois créés dans la gestion et la consultation technique (pour l’essentiel des professionnels de bureau renvoyés).
Excepté quelques diplômés ayant des relations, qui trouvent leur voie dans les banques d’affaires de Wall Street, les cabinets d’avocats de tête, et la pratique médicale privée, les universités étasuniennes consistent aujourd’hui en centres de détention pour retarder pendant quatre ou cinq ans l’entrée de la jeunesse dans des services domestiques non qualifiés.
Dans l’intervalle, les riches deviennent beaucoup plus riches et se prélassent dans la plus fantastique consommation bien voyante de l’Âge Doré. Robert Frank a surnommé « Richistan » le nouveau monde étasunien super riche.
Au Richistan il y a une liste d’attente de deux ans pour les yachts de 200 pieds (60 mètres) à 50 millions de dollars. Au Richistan les montres Rolex sont considérées comme de la pacotille de chez Wal-Mart. Les richistanais arborent des montres de Franck Muller à 736.000 dollars, signent leurs noms avec des stylos Mont Blanc à 700.000 dollars incrustés de pierres précieuses. Leurs employés, maîtres d’hôtel (avec des salaires de 100.000 dollars), et gardes du corps portent les sacs à main Louis Vitton à 42.000 dollars de leurs épouses et maîtresses.
Les richistanais se réunissent dans des clubs ouverts seulement à ceux qui ont 100 millions de dollars, payent 650.000 dollars leur adhésion au club de golf, mangent des hamburgers à 50 dollars et des omelettes à 1.000 dollars, boivent une bouteille d’eau minérale de Bling à 90 dollars et avalent « des martini sur une pierre » à 10.000 dollars (du gin ou de la vodka versé sur un diamant) à l’hôtel Algonquin de New York.
Qui sont les richistanais ? Ce sont des présidents qui ont déménagé leur compagnie à l’étranger et ont converti les salaires qu’ils payaient jadis en lot de compensation de 100 millions de dollars pour eux-mêmes. Ce sont des banquiers d’affaires et des gestionnaires de fonds spéculatifs, qui ont créé les prêts hypothécaires à haut risque dérivés qui menacent actuellement de faire effondrer l’économie. L’un d’entre eux était payé 1,7 milliards de dollars l’année dernière. Avec leurs 575 millions de dollars de paye chacun, les 25 autres plus hauts salariés sont pauvres en comparaison, mais d’une richesse inimaginable pour tous les autres.
Certains supers riches, tels que Warren Buffet et Bill Gates, ont favorisé la société en même temps qu’eux-mêmes. Tous deux sont préoccupées par la monté rapide de l’inégalité des revenus aux USA. Ils s’aperçoivent que les USA deviennent une société féodale dans laquelle les supers riches rivalisent en consommation ostentatoire, pendant que les serfs ne font que lutter pour survivre.
Avec les salaires et traitements réels des employés civils étasuniens inférieur à ceux d’il y a 5 ans, avec leurs dettes constamment plus hautes, avec le prix de leur capital principal — leur maison — sous la pression de la finance frauduleuse, et avec des chances limitées de se relever afin de lutter pour l’instruction des enfants, les étasuniens affrontent un futur sombre.
À vrai dire, leur difficile situation est pire que l’indiquent les statistiques officielles. Pendant l’administration Clinton, la Commission Boskin a manipulé les mesures d’inflation afin de maintenir indexés les payements de la sécurité sociale pour les retraités.
Une autre tromperie est la mesure dénommée « inflation de base. » Cette mesure de l’inflation exclut la nourriture et l’énergie, deux grandes composantes du budget de la famille moyenne. Wall Street et les entreprises et, en conséquence, les médias attirent l’attention sur l’inflation de base, parce qu’elle maintient basse l’augmentations du coût de la vie et les taux d’intérêt. Dans le deuxième trimestre de cette année, l’indice des prix à la consommation, une mesure de l’inflation plus exhaustive, a augmenté à un taux annuel de 5,2%, à comparer aux 2,3% de l’inflation de base.
Un rapide examen de la façon dont l’inflation est mesurée révèle la partie jouée pour tromper les étasuniens. Les prix des logements ne sont pas dans l’indice. À la place, le taux de location des logements sert de base au prix des logements.
Avec les marchandises et les services dont les prix comportent un panier de marché pesé servant à estimer l’inflation, davantage de jeux sont utilisés. Si par exemple le prix du bœuf monte, l’indice du prix du poulet se décale vers le bas. L’inflation est ainsi maintenue en remplaçant les produits dont le prix est en hausse rapide par des produits à prix plus bas. Comme le poids des marchandises dans le panier change, la mesure d’inflation n’est pas le reflet d’un échantillon constant de dépenses. Quelques économistes comparent la substitution servant à réduire au minimum la mesure du taux d’inflation à des chandails pour remplacer le mazout [du chauffage].
D’autres supercheries, pas toutes intentionnelles, abondent dans les statistiques officielles. L’histoire de couverture du 18 juin de Business Week (Le vrai coût de la délocalisation, de Michael Mandel) s’est servi d’un récent important travail de Susan N Houseman pour expliquer qu’une grande partie des hyper-gains de productivité des USA et du PIB sont des « gains fantômes » qui ne sont pas là en réalité.
D’autres gains de productivité fantômes sont générés par les sociétés qui déplacent le coût des affaires vers les consommateurs, par exemple, en ayant des personnes au téléphone qui écoutent des annonces pendant qu’elles attendent un agent du service à la clientèle, et en évaluant des articles dans le panier de l’inflation en fonction des prix bas des magasins qui n’offrent aucun service à leurs clients. Les personne attendant plus longtemps au téléphone peuvent inciter à raréfier les agents de clientèle que la compagnie à besoin d’utiliser. La perte de service n’est pas considérée dans la mesure de l’inflation. Au lieu de cela, elle apparaît comme un gain de productivité.
Pour l’étasunien d’aujourd’hui les plus grandes récompenses vont aux banquiers d’affaires, qui perçoivent des honoraires pour créer des programmes de financement pour la dette. Ces programmes incluent les prêts hypothécaires dérivés à haut risque. Récemment, un haut fonctionnaire de la Banque de France a reconnu que la valeur réelle des titres d’emprunt dérivés est inconnue des acheteurs et des vendeurs. De nombreux dérivés n’ont jamais eu le prix indiqué par le marché.
Pensez aux dérivés comme à des fonds communs de placement de la dette, une combinaison de bonnes hypothèques, de prêts hypothécaires à haut risque, de carte de crédit de la dette, de prêts automatiques, et qui sait quoi. Pas même les acheteurs institutionnels ne savent ce qu’ils achètent ni comment l’évaluer. De mystérieux modèles d’évaluation servent à produire des valeurs, et payent des primes influençant les valeurs transférées à la hausse.
La fortune du Richistan peut se révéler artificielle et s’effondrer, amenant la fin du nouvel Âge Doré. Mais l’état critique des riches dans la détresse ne sera jamais comparable à la décimation de la classe moyenne étasunienne. La délocalisation des emplois a détruit les chances pour des générations. Jamais auparavant dans notre histoire l’élite n’a eu un tel contrôle sur le gouvernement. Poser sa candidature aux élections nationales exige de nombreux millions de dollars, un rehaussement de ce qui place « nos » représentants élus et « notre » président de la Banque de France lui-même a reconnue que les valeurs réelles des titres d’emprunt dérivés sont aux ordres de quelques riches intérêts qui ont financé les campagnes.
En tant que terre du possible, les USA sont passés dans l’histoire.
Original : http://www.vdare.com/roberts/070801_barons.htm
Traduction de Pétrus Lombard pour Alter Info
* NDT : Cet article dit en gros que ces avions seraient utilisés en prélude de l’attaque contre l’Iran dénommée Six jours en enfer.
Les soutes des bombardiers B2 ont dû être adaptées pour pouvoir embarquer deux de ces nouvelles bombes géantes, pesant 13,6 tonnes et contenant 2,4 tonnes d’explosif conventionnel. Vu leur poids et leur classe (BUxx), « insignifiant détail » non précisé, ces bombes ont certainement une carapace en uranium appauvri.
L’article souligne le grand nombre de site d’installations nucléaires en Iran, ce qui sous-entend peut-être pourquoi les agresseurs n’envisagent plus d’utiliser des bombes nucléaires ?
Remarquons que si le bombardement des installations nucléaires de l’Iran n’est qu’un prélude, les agresseurs ont des projets pour la suite. Invasion de l’Iran ? Avec quels moyens ? À moins que toute cette histoire ne soit qu’une autre gesticulation pour faire grimper le prix du pétrole ?
Jeudi 02 Août 2007 - 19:00
Paul Craig Roberts
Paul Craig Roberts fut Sous Secretaire au Tresor de Reagan .
paulcraigroberts@yahoo.com