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Rétrocontroverse : 1978, les intellectuels communistes contre le parti (videos)
Publie le jeudi 26 juillet 2007 par Open-Publishing8 commentaires

de Nicolas Weill
"Nous sommes en 1978, juste après des législatives, perdues de peu par la gauche. On a coutume de voir dans ces années 1970 finissantes la lente arrivée de l’opposition socialiste et communiste au pouvoir, après le très long règne de la droite gaulliste puis giscardienne. Mais, sur le moment, la dynamique semble enrayée pour de bon. Les communistes ont, en septembre 1977, envoyé par-dessus les moulins le programme commun qui les liait aux socialistes depuis 1972.
Ils affichent désormais un discours radical, sinon "classe contre classe", du moins "pauvres contre riches" ! Entre les deux tours, le PC n’en conclut pas moins un accord électoral avec le PS, qu’il n’a cessé depuis des mois de vilipender. Cet opportunisme, qui n’empêchera pas la défaite, va mettre le feu aux poudres dans les rangs communistes.
Au lendemain du scrutin, le 21 mars, le bureau politique du PCF déclare sans vergogne que "le Parti communiste ne porte aucune responsabilité dans la situation". C’en est trop pour de nombreux intellectuels communistes, sidérés par les zigzags d’une direction incapable d’autocritique et qui, de plus, a le front de barrer la route de sa presse à toute expression critique. Cette fois, les clercs passent outre à l’habitude d’obéir et vont franchir un seuil décisif en confiant leurs doléances au Monde. Un tabou ? France Vernier, de La Nouvelle Critique, publication du parti destinée aux intellectuels et qui fera les frais de cette mutinerie (elle est supprimée en 1980), s’explique dans nos colonnes sur cette démarche considérée comme inouïe : "Il est urgent qu’au lieu de déclarer que certains camarades ont une "seconde nature" parce qu’ils écrivent dans Le Monde, nous discutions sur ce qu’ils disent." (23-24 avril 1978).
Cette crise de confiance est comparable, par son ampleur, à la désaffection du PCF par les intellectuels à l’époque de l’intervention soviétique en Hongrie de 1956, jauge Thierry Pfister, alors journaliste au Monde (2-3 avril 1978). Toutefois, pour beaucoup, il ne s’agit plus de rupture individuelle avec le mouvement communiste. Ce sont les règles de son jeu qu’il faut changer.
Comme l’observe l’historienne Frédérique Matonti dans Intellectuels communistes (La Découverte, 2005), la direction du PCF s’obstine à voir dans le bouquet de critiques le produit d’un groupe homogène de contestataires qu’elle coiffe du sobriquet d’"intellectuels" pour mieux marginaliser son argumentaire. En réalité, on peut distinguer trois sources à ce flot d’articles et de témoignages qui trouvent abri dans nos colonnes du 24 mars au 28 avril 1978, et qui représentent à la fois l’acte de décès et l’ultime témoignage de l’intellectualité communiste au sens traditionnel.
La première émane de cadres et d’intellectuels issus des publications du parti consacrées à la réflexion (comme France nouvelle ou derechef La Nouvelle Critique). La seconde s’incarne dans l’"eurocommunisme" de l’historien Jean Ellenstein, directeur adjoint du Centre d’études et de recherches marxistes, qui propose une série de trois longs articles, appelant le PCF à "reconnaître les erreurs du passé" et parlant de l’URSS comme d’un "antimodèle". Il dénonçait entre autres l’"ouvriérisme" d’une formation qui rassemblait à peine plus d’un tiers de la classe qu’elle prétendait incarner.
Une troisième source est formée de philosophes comme Etienne Balibar ou Louis Althusser (1918-1990), qui s’étaient illustrés dans les batailles du 22e congrès du parti (du 4 au 8 février 1976) en protestant notamment contre l’abandon de la référence à la "dictature du prolétariat". Leur position est résumée dans quatre grands textes d’Althusser rassemblés sous le titre de "Ce qui ne peut plus durer dans le Parti communiste" (Le Monde des 25, 26, 27 et 28 avril 1978). Ils constituent l’une des critiques internes les plus acerbes du PCF, devenu, pour leur auteur - le plus important théoricien marxiste de son temps -, "une machine à dominer", finissant par ressembler à l’Etat capitaliste qu’il prétendait combattre. "Car l’appareil avait déjà fait la découverte, aussi vieille que le monde bourgeois, qu’il pouvait s’offrir le luxe de laisser les militants discuter (...) sans exclusion ni sanctions puisque, de toute façon, cela ne prêtait pas à conséquence. "Ça leur fait tellement plaisir et ça nous coûte si peu", fait dire Chamfort à une marquise généreuse de ses charmes."
Tout en épargnant le "centralisme démocratique", porteur d’"une liberté sans rapport avec le droit bourgeois car plus riche que lui", Althusser stigmatise en philosophe : "Machiavel disait que celui qui se bâtit une forteresse et s’y réfugie se fait prisonnier de ses murs : il est perdu, non seulement pour la guerre mais pour la politique." Comme en Mai 68, le parti s’est coupé des masses pour devenir un cocon de permanents.
Les traits fusent contre l’idéologie dite du CEM (capitalisme monopolistique d’Etat) en vogue dans les cercles officiels du parti que le philosophe qualifie de "point zéro de la théorie marxiste". Au lieu de proposer la destruction de l’Etat bourgeois, elle en propose la conquête.
La défense par Althusser de la notion de "dictature du prolétariat" doit se lire à l’aune de cette critique du réformisme et de l’opportunisme du PCF. Il n’en demeure pas moins que, à distance, bien des aspects de cette polémique semblent provenir d’une étoile éteinte. Pourtant, il n’est pas impossible d’y repérer les prodromes d’une pensée radicale reconstituée : la critique de la domination, de l’Etat (qu’on retrouve chez Toni Negri), la nécessité d’un regard critique sur les organes du parti et même un travail sur la mémoire communiste dont, dit Althusser, la victoire de l’URSS sur le nazisme ne suffit plus à dissimuler le "Goulag".
En cela, cette controverse d’un autre temps fait tout de même un peu signe vers l’avenir, et conserve quelques éclats d’actualité. "
Article paru dans l’édition du 25.07.07.
Messages
1. (A LIRE ABSOLUMENT ) Rétrocontroverse : 1978, les intellectuels communistes contre le parti, 26 juillet 2007, 20:03
Je trouve un peu fort de café ce qui est écrit par Nicolas Weill
Ce n’est pas les cocos qui ont rompu le programme commun de la gauche Mais ROBERT FABRE potard de son état et Président des Radicaux de Goooooooooooooooche
Je le revois envore avec ses cheveux argentés développer son argumentaire a la noix. A la suite de son beau discours bien propre j’ai adhéré au Parti
2. (A LIRE ABSOLUMENT ) Rétrocontroverse : 1978, les intellectuels communistes contre le parti, 27 juillet 2007, 00:05
C’est assez rigolo, ton truc ; tu devrais lire le bouquin de Juquin, " l’actualisation à dossiers ouverts ". Il va quand meme bien falloir y revenir un jour à cette histoire de sabotage du Programme Commun ; et devine un peu qui a été le véritable saboteur ? Et surtout, sur QUOI portait le désaccord entre communistes et socilistes. Si tu réponds à cette question, TU AS TOUT COMPRIS. A plus. Vieux stal borné.
1. (A LIRE ABSOLUMENT ) Rétrocontroverse : 1978, les intellectuels communistes contre le parti, 27 juillet 2007, 16:08
Que je sache,parce que je l’ai vécu,c’est le PS qui a demandé la"réactualisation du programme commun" et quand on voit ce qu’ils en ont fait par la suite,de la gestion des entreprises nationalisées,en passant les indemnisations des dites nationalisations(avions nous à indemniser qui que ce soit ?) et tout le reste.
Et qu’est-ce que ça a donné ?les socialistes devenus les plus forts ont littéralement vidé le PG de son contenu.
Aprés,l’opposition molle du PCF,des syndicats y compris la CGT, a fait le reste.
Jean Claude des Landes
2. (A LIRE ABSOLUMENT ) Rétrocontroverse : 1978, les intellectuels communistes contre le parti, 27 juillet 2007, 16:16
J’ai oublié:tout ce qui vient du monde journal de la propagande de l’idéologie dominante m’est completement indifférent,ma réponse est un débat amical avec VSB.
Jean Claude des Landes
Sp:ce qu’on a pu avaler comme couleuvres pour ne soi-disant "pas faire la politique du pire"
3. (A LIRE ABSOLUMENT ) Rétrocontroverse : 1978, les intellectuels communistes contre le parti, 27 juillet 2007, 16:57
Marchais n’était peut être pas parfait, mais son discours est vraiment d’actualité et vrai.
Je ne pense pas que ce sont des enfants de coeur qui feront tomber Sarko.
Mais comment peut on se poser encore la question sur la responsabilité de la rupture du programme commun
La manoeuvre la trahison du PS trouve son aboutissement aujourd’hui dans l’affaiblissement du PC et les ralliement honteux à Sarko et le rapprochement avec le centre.
Donc rien de nouveau sur la nature du PS depuis 1920 et sur la nécessité d’un parti communiste. Vf
4. (A LIRE ABSOLUMENT ) Rétrocontroverse : 1978, les intellectuels communistes contre le parti, 27 juillet 2007, 17:46
Salut voisin des Landes, en ce qui me concerne, les couleuvres je ne les ai toujours pas diggérées, et à l’occasion, j’aurais plutot tendance à les régurgiter. Berk, c’est pire que l’huile de foie de morue. Beurk beurk beurk....Je pense qu’on devrait essayer de dénoncer ce genre de DAUBE, pour les jeunes. D’ailleurs, je m’en vais me fendre d’un commentaire, j’ai le bouquin de Juquin " l’actualisation à dossiers ouverts ", le tout est de savoir ce que ma bordélique de conjointe à bien pu en faire. Une vraie contrerévolutionnaire, cette nana. Bon enfin, bon courage. Vieux stal borné.
5. (A LIRE ABSOLUMENT ) Rétrocontroverse : 1978, les intellectuels communistes contre le parti, 27 juillet 2007, 19:13
Je ne vois pas trop le rapport entre l’article et les deux vidéos présentés ci dessus.
ceci dit, sans entrer trop dans le détail. A mon avis et d’après mes souvenirs ce n’est pas le parti qui a suspendu et abandonné l’application du programme commun de gouvernement... après on peut discuter de la manière dont le parti a réagis. reaction que je qualifierais de " panique à bord ". le parti se retrouve tiraillé entre deux nécéssité quasi vitale : porter la colère de sa base et de ses électeurs et conserver les élus gagnés dans le cadre de sa politique d’accords avec le PS.
résultat le parti accouche d’une stratégie mal ficelée et s’enferme dedans en faisant la sourde oreille a tout ceux qui la remette en questions , certes avec parfois des intentions plus ou moins louable. Mais est ce vraiment un bon prétexte pour ne pas se remettre en question ?
en tout cas le choix "ouvriers" ou "intelectuels" fut résolu : on a perdu les deux !
Depuis le parti a fait son autocritique et sa "mutation". Et aujourd’hui on n’hésite pas a remettre TOUT en question j’usqu’au nom voire l’existance même du parti ( ne parlons pas du fondement marxiste, enfin ce qu’il en reste)
Mais dans la pratique je crains que certaines choses soit restés immuables :
l’incapacité de nos instances dirigeantes a pondre une stratégie digne de ce nom !
et l’incapacité a entendre les militants qui à la bases et en dehors de toutes tendances remettent en causes des positionnements politiques catastrophiques.
On ne change pas une équipe qui perd !
sinon pour en revenir au videos : j’avais oublié a quel point GM pouvais se montrer implacable et efficace dans son expression.
( meme si il fut aussi capable du pire ) pour tout dire je suis sur le cul en entendant la premiere en reponse a l’accusation falacieuse de faire le jeux de l’extreme droite. à méditer ;-)
Gilles G pcf 20e
3. Rétrocontroverse : 1978, les intellectuels communistes contre le parti (videos), 29 juillet 2007, 14:00
Althusser s’il a effectivement eu raison d ecritiquer l’immobilisme du parti sur la condamnation du stalinisme est tout de même sujet à caution dans pas mal de domaine ;
Dans ses mémoires ,"l’avenir dure lontemps" il avoue avoir fait des cours sur Marx SANS avoir lu les textes dont il voulait parler !!!!
L’ouverture d’esprit sur le blocage du pcf sur certains sujet est balancé par un aveuglement incroyable sur la psychanalyse et son grand copain ,le clown Lacan !!
il le fera entrer rue d’ulm,mais heuresusement cette pitrerie cessera des qu’arrivera le remplaçant d’althusser.
Tout cela pour dire la méfiance qu’on a doit avoir devant les ecrits d’altusser.
Damien