Rions avec la Françafrique

UN MINISTRE FANTOME DANS LE GOUVERNEMENT D’ANTOINE GIZENGA EN RDC

KINSHASA (Reuters) - La soixantaine de ministres et secrétaires d’Etat du premier gouvernement démocratiquement désigné du Congo démocratique depuis 40 ans ont pris jeudi leurs fonctions - à une exception notable près.

Représentant l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), un parti soutenant le président Joseph Kabila, André Kasongo Ilunga, titulaire du portefeuille du Commerce extérieur, ne s’est pas présenté au siège de son ministère.

Ilunga y était pourtant très attendu car, nommé le 5 février en même temps que ses collègues du gouvernement de coalition d’Antoine Gizenga, il est célèbre avant même d’avoir accompli son premier acte de ministre.

La notoriété d’Ilunga ne doit rien à son passé, au contraire.

Il n’en a pas de connu au sein de son parti. Et il n’a sans doute pas non plus d’existence.

Le porte-parole du Premier ministre a admis qu’Ilunga, que la presse congolaise a déjà baptisé "le ministre fantôme", n’avait assisté à aucune réunion de son équipe depuis sa mise sur pied.

"C’est bizarre. Nulle part ailleurs dans le monde on chercherait à faire prêter serment à un spectre. C’est une mascarade !" s’indigne Charles Yoshad, un fonctionnaire.

"UN ETRE IMAGINAIRE FERAIT-IL CELA ?"

Cette affaire, qui fait les choux gras des "parlementaires debout", ces Kinois de la rue qui jouent les commentateurs politiques, ternit l’image du gouvernement de Gizenga, censé reconstruire le pays après près de 10 ans de guerre et de chaos.

Gizenga a bien appelé le président de l’Unafec, Honorius Kisimba Ngoy, pour s’enquérir du sort de son ministre, mais il s’est entendu dire qu’il avait renoncé à ses fonctions.

Interrogé par Reuters, Kisimba a soutenu qu’Ilunga existait bel et bien, que les raisons de sa démission étaient secrètes et qu’il s’en était expliqué dans une lettre à Gizenga et Kabila.

"Il l’a écrite lui-même. Il l’a signée. Est-ce qu’un être imaginaire ferait cela ?"

Kisimba a été désavoué par la branche katangaise de son parti, qui l’accuse d’avoir trompé le président et le Premier ministre en présentant un candidat fantôme .

Après quoi, il leur a soumis celle d’un de ses parents ayant une vague homonymie, Ilunga Mbundu, ancien ministre de la Justice, en espérant que celui-ci serait choisi.

Le gouvernement a ouvert une enquête sur cet imbroglio et, en attendant d’être fixé, Gizenga exige que ce soit André Kasongo Ilunga en chair et en os qui lui présente sa démission.