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Romano Prodi face à la colère du peuple de Vicence
Publie le dimanche 8 avril 2007 par Open-Publishing2 commentaires

Italie . Depuis plusieurs mois, une mobilisation citoyenne sans précédent tente d’empêcher l’extension d’une base américaine avalisée par le gouvernement de centre gauche.
de Paul Falzon Vicence (Italie)
Beaucoup sont venus en famille avec enfants et bicyclettes. Les jeunes sont nombreux, étudiants, lycéens et jeunes actifs. Tous ou presque ont apporté qui un drapeau multicolore, symbole de la paix en Italie, qui une banderole hostile à la présence militaire étrangère, qui un flambeau artisanal.
Alors que la nuit tombe ce mercredi sur Cavazzale, une petite commune proche de Vicence (nord-est de l’Italie), les opposants à la future base militaire américaine qui doit être construite dans la région forment à travers les rues puis les routes de campagne une impressionnante procession silencieuse.
À chaque bourgade traversée, des centaines de personnes du comité pacifiste local se greffent au défilé : c’est ainsi que, partis quelques dizaines de Cavazzale, les manifestants ne sont pas loin d’un millier quand ils arrivent à leur objectif, l’aéroport Dal Molin en bordure nord de Vicence.
« Voilà, c’est ici que les Américains veulent venir nous envahir ! » lâche Gino Valle Sella dans un grand rire. Ce militant syndical, ancien délégué communiste local, est un pilier du mouvement qui a démarré cet automne, et dont l’ampleur embarrasse aujourd’hui le gouvernement Prodi. La journée du 17 février en a été le point d’orgue, avec une manifestation géante d’environ 120 000 personnes venues de toute l’Italie. « Depuis, les défilés sont bien sûr plus modestes mais ils restent très réguliers, presque un par semaine », ajoute Gino Valle Sella, qui pointe : « Visiblement les gens ont compris que l’enjeu est très important pour l’avenir de la région. »
Parmi les manifestants de ce mercredi, les motivations sont diverses. Certains ne se disent pas hostiles à la présence américaine mais soulignent les dangers liés à la proximité du centre historique ou la défense de l’autonomie du territoire, un thème qui explique que la Ligue du Nord (droite séparatiste) s’oppose elle aussi paradoxalement à la base, tout en refusant de prendre part aux manifestations.
Élu municipal de centre gauche, Enzo Magnaguagno porte, lui, l’accent sur la question de l’environnement. « Les États-Unis ont posé comme condition d’avoir accès à 3 millions de mètres cubes d’eau par an. C’est tout simplement énorme : un tiers des capacités de la ville. Ils se comportent comme si leurs besoins militaires étaient prioritaires sur tout et que les gens de Vicence n’existaient pas. »
Venue en tant que « simple citoyenne », Nadia Acco ne cache pas, elle, son hostilité à la présence américaine. Cette physiothérapeute de vingt-quatre ans avait pris part aux manifestations contre l’engagement italien en Irak au début de l’année 2003 ; c’est là qu’elle dit avoir forgé sa conscience des enjeux militaires et diplomatiques. « Les États-Unis ont déjà une base dans la région au nom de l’alliance atlantique, à Ederle (12 000 personnels civils et militaires - NDLR). Avec la base de Dal Molin, ils veulent aller beaucoup plus loin. L’aéroport doit être le point de départ des soldats pour l’Afghanistan, mais on craint aussi que cela devienne la plate-forme principale pour des opérations au Proche et au Moyen-Orient. Ce projet est dangereux sur un plan géopolitique mais aussi pour la sécurité de Vicence même. Déjà, on sait que des installations nucléaires sont installées dans la région. Mais rien de plus précis. Sur toutes ces questions pourtant essentielles, il n’y a aucune information pour les premières personnes concernées, c’est-à-dire les habitants. »
Cette opacité est l’un des principaux griefs adressés par tous les manifestants au gouvernement Prodi. Alors que la presse fait état d’une extension de la présence américaine à Vicence depuis quasiment un an, début janvier le premier ministre disait encore ne rien savoir, renvoyant la balle dans le camp de son prédécesseur Silvio Berlusconi. Quelques jours plus tard, alors que le ministère de la Défense se disait ouvert à l’organisation d’un référendum local, Prodi assurait cette fois qu’il ne « s’opposerait pas » au projet. Sont intervenus alors la manifestation géante du 17 février et, quelques jours plus tard, l’échec du gouvernement au Sénat sur un texte validant sa politique extérieure, et notamment l’alliance avec les États-Unis. Romano Prodi n’a pas laissé passer cet « affront » : après avoir démissionné, il a conditionné son retour à un « pacte de fer » dans lequel la base de Dal Molin faisait partie des points non négociables. Les partis qui relayaient le mouvement anti-base (Verts et communistes de Refondation et du PdCI) ont été contraints de mettre leurs critiques en sourdine. Même si leurs représentants locaux continuent de prendre part aux manifestations.
Membre du comité de coordination des manifestations anti-base, Martina Vultaggio estime que le raidissement du gouvernement laisse peu d’espoir d’empêcher l’extension de la présence américaine. « Pour cette fois, on ne pourra sans doute rien faire, mais le plus important est peut-être qu’on a réussi à construire à Vicence un nouveau type d’engagement citoyen. Même si c’est triste que tout cela se fasse contre un gouvernement dit de gauche. » Les militants anti-base de Vicence songent désormais à élargir leur mouvement à d’autres actions : des contacts existent déjà avec les opposants à la construction de l’autoroute entre Lyon et Turin, qui menace une zone écologique protégée. Un projet auquel la gauche communiste et Verte était là aussi hostile, et qu’elle a également dû accepter sous le chantage. « Notre espoir, conclut Martina Vultaggio, c’est que le gouvernement ne puisse plus imposer à l’avenir des décisions de ce type sans concertation. »
Messages
1. Romano Prodi face à la colère du peuple de Vicence, 9 avril 2007, 23:53
Dans quelle galére se sont mis les communistes italiens, la leçon française ne leur a pas suffit.
N’oublions pas que Prodi est un ancien président de la commission europeenne et social libéral convaincu. La notion de centro-sinistra est un fourre-tout qui ne marchera jamais, et la meilleure façon de faire revenir le duce Berlusconi. signé
Garibaldi
2. Romano Prodi face à la colère du peuple de Vicence, 10 avril 2007, 01:28
c´est pour ca que je combat pour mes idees et non pour mon parti, la ou on est ensemble d´accord c´est bien sinon tant pis (je dois faire aussi des compromis etant adherent ) mais je suis contre l´armement donc je combat aussi le pc et cgt s´ils veulent garder du travail dans l´armement , et je suis contre la chasse et vegetarien et contre les corridas , je combat d´abord pour mes idees et je combat avec mon parti DIE LINKE , mais si je suis en desaccord avec lui ca m´est egal ; mes amis combattants d´aujourd´hui sur un sujet peuvent etre mes adversaires de demain ! salut jean-francois dieux