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Romano Prodi fragilisé par la défection de l’UDEUR

Publie le mardi 22 janvier 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Par Phil Stewart et Silvia Aloisi

ROME (Reuters) - Lâché par l’un de ses alliés, Romano Prodi résiste aux appels à la démission et prendra la parole mardi devant les députés italiens dont il pourrait solliciter la confiance.

Cet allié - Clemente Mastella, ministre de la Justice démissionnaire - a infligé un coup peut-être fatal à son gouvernement de coalition en lui retirant lundi son soutien, privant le président du Conseil de sa majorité au Sénat.

"Il Professore" n’entend pourtant pas démissionner dans les heures qui viennent, selon le chef de file de sa formation, le Parti démocrate, à la Chambre des députés, Antonello Soro.

Le président de la chambre, Fausto Bertinotti, a confirmé que Prodi avait demandé à prendre la parole mardi devant les députés pour évoquer la crise politique et demander, peut-être, un vote de confiance.

Clemente Mastella, dont le petit parti catholique UDEUR a joué un rôle vital en lui assurant une majorité à la chambre haute, avait auparavant fait savoir qu’il préférait dorénavant des élections anticipées.

"Cette majorité n’existe désormais plus, ce centre gauche est fini", a déclaré le ministre démissionnaire de la Justice lors d’une conférence de presse. "Nous sommes partisans d’élections", a-t-il lancé.

Mastella avait quitté le gouvernement la semaine dernière à la suite de l’ouverture d’une enquête pour corruption portant sur ses agissements et ceux de son épouse. A ce moment-là, il avait assuré que l’UDEUR fournirait "un soutien extérieur" au gouvernement.

Lundi, il est revenu sur sa parole et a déclaré qu’il n’en était plus question. "Je dis que ça suffit", a-t-il martelé devant la presse.

"SEREIN"

Les services de la présidence du Conseil n’ont fait aucun commentaire dans l’immédiat, mais ses alliés, qui ont participé dans la soirée à une réunion de crise, ont fait savoir qu’il ne démissionnerait pas lundi.

"Le chef du gouvernement est serein", a précisé Soro.

Au cas où Prodi serait contraint à la démission, les deux scénarios les plus probables sont la tenue d’élections anticipées ou la formation d’un gouvernement de transition en vue d’amender un code électoral largement tenu pour responsable de l’instabilité politique de la Péninsule.

Semblable gouvernement aurait besoin d’un soutien très large, au-dessus des partis, une hypothèse qui est loin d’être garantie.

Pour un universitaire spécialiste des sciences politiques, il serait prématuré de passer Prodi par pertes et profits qui, pour lui, est capable de réserver encore des surprises en remportant des voix de sénateurs lors d’un vote de confiance.

"Voyons ce qui arrive lorsque les cartes seront abattues et les voix comptées à la Chambre haute parce que je crois que la partie vient tout juste de débuter, et non de se terminer", estime le Pr Franco Pavoncello, de l’université romaine John Cabot.

La coalition de centre gauche de Prodi connaît des hauts et des bas depuis son entrée en fonction en mai 2006, au terme du scrutin le plus serré de l’histoire de l’Italie moderne.

QUERELLES INTESTINES

Le président du Conseil, affaibli par d’incessantes querelles intestines au sein d’une équipe qui va des communistes aux catholiques, avait remis sa démission l’an dernier avant d’être reconduit. Mais aucun allié majeur ne lui avait jusqu’ici retiré son appui.

La défection de l’UDEUR signifie que la coalition au pouvoir ne peut plus compter sur une majorité de représentants élus siégeant au Sénat.

La formation de Mastella compte trois représentants à la chambre haute où Prodi disposait, jusqu’à ce lundi, d’une majorité de deux voix.

"Il Professore" peut toujours gagner des votes importants à la chambre haute avec l’appui des sept sénateurs non élus, ce qu’il a fait régulièrement par le passé. Toutefois, rien ne garantit que ces sept voteront toujours pour Prodi.

La droite, emmenée par l’ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, a immédiatement réclamé la démission du chef du gouvernement.

"Prodi, rentrez chez vous et laissez nous aller aux urnes !", lui a lancé le sénateur Francesco Storace, membre de l’opposition.

Le gouvernement s’en trouve d’autant plus fragilisé que la chambre haute doit se prononcer mercredi sur une motion de censure visant le ministre de l’Environnement, Alfonso Pecoraro Scanio, mis en cause pour la gestion de la crise des ordures napolitaines. Plusieurs élus de la coalition au pouvoir ont déjà promis de la voter.

Silvia Aloisi et Phil Stewart, version française Jean-Philippe Lefief et Jean-Loup Fiévet

http://www.lemonde.fr/web/depeches/...

Messages

  • Prodi est à droite et mène une politique de droite. La gauche dans son alliance avec lui se tait en grande partie , et c’est bien cela qui ouvre le boulevard à la droite autoritaire (pas les critiques de gauche qui sont finalement encore insuffisantes).

    Une politique de droite par une coalition de centre-gauche, c’est comme Jospin, on se retrouve avec Le Pen et Sarkozy.

    les concessions sur la droite favorisent toujours plus des positions à droite dans les appareils politiques. Là un petit parti de droite lâche Prodi .

    Sortir de la spirale TCIste qui conduit à l’agression du modèle social européen c’est de s’opposer déjà sur nos positions de défense des intérêts de l’écrasante majorité de la population. Quand on quitte les rives de ce B A BA et qu’on rentre dans des combinaisons qui tordent le cou à la clarté des positions on favorise le fascisme et la droite autoritaire.

    Ceux qui font alliance avec Prodi sont dans cette situation . Ils croient endiguer Berlusconi mais ils accélèrent l’arrivée du swap Fini. C’est une spirale sans fin de la défaite, où les concessions loin de retarder l’inévitable accélèrent le passage à des solutions autoritaires, défaitistes, post-fascistes parmi les travailleurs.

    Qu’a à voir là dedans 1933 ? Croire que le fascisme n’arrive que par le chemin de l’ascension de Hitler est bien réducteur, surtout quand on s’imagine que la seule façon d’endiguer c’est de se soumettre à ceux qui précisément se soumirent à Hitler .

    L’affirmation claire, sans ambigüité, de suivre les intérêts des travailleurs , de mener les alliances en fonction, mener les batailles nécessaires parmi les travailleurs , passe avant les combinaisons et soumissions.

    Ce sont les travailleurs qui peuvent laisser passer ou pas le berlusconisme ou ses dérivés. C’est eux qu’il faut convaincre, aider à s’organiser, et pas essayer de convaincre l’anti-social Prodi (il ne sera convaincu que sous la pression des travailleurs, pas par le soutien servile).

    Tout se joue parmi les travailleurs. Et de l’existence ou pas d’un parti qui défende clairement ses intérêts.