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Rue Louise Michel

Publie le vendredi 30 novembre 2007 par Open-Publishing
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Rue Louise Michel

« On vous aime. On ne vous oubliera jamais. » peut-on lire sur un bout de carton à la lumière du lampadaire qui a vu mourir deux enfants Laramy 15 ans et Mohsine 16 ans. Ces adolescents sont tombés, ironie du sort, rue Louise Michel.

Une fois encore ce drame vient de montrer combien cet ordre est incapable d’apporter la moindre solution à ces damnés de la terre. « No future » écrivaient les jeunes des quartiers défavorisés de Londres en 1981. C’est cette absence d’avenir, cette vie sans horizon (chômage, précarité, logement souvent insalubre, échec scolaire, discriminations multiformes, harcèlement policier etc.) qui pousse ces jeunes à des actions désespérées. « Cette petite douleur enfle quotidiennement au rythme des humiliations de ce genre, et parfois explose. » écrivait un jeune des banlieues (1)

Le pouvoir politique est incapable de faire le moindre bilan de la situation faite à ces ghettos ; incapable de tirer des enseignements et de d’avancer la moindre proposition. La seule chose dont il est capable, c’est d’envoyer ses « chiens de garde », policiers et journalistes des grands médias réprimer physiquement et moralement les jeunes des banlieues. Policiers, RG, brigades anti-criminalité, CRS, hélicoptères, projecteurs télescopiques surpuissants, procureurs de la république, juges, experts en tout genre, « un millier d’hommes, une forêt de casques, de boucliers, de matraques, de flash-balls » (2), bref, tout un appareil répressif est mobilisé. Les jeunes interpellés sont immédiatement condamnés à des peines de prison ferme comme leur camarades qui manifestaient contre le CPE. Ces condamnations, dans l’urgence, contrastent avec la bienveillance dont a fait montre la justice vis-à-vis des « délinquants financiers » de EADS par exemple. « Ce qui s’est passé à Villiers-le-Bel n’a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie » déclarait Sarkozy devant 2000 policiers et gendarmes (3). Il n y a donc pas de problèmes sociaux ni en banlieues ni ailleurs. Toute cette violence et cette souffrance doivent nécessairement tomber du ciel naturellement comme la pluie !

De leur côté, les grands médias ne cherchent qu’à imposer, vaille que vaille, la version du pouvoir et à discréditer les jeunes comme ils l’ont fait avec les cheminots, les étudiants et les fonctionnaires. Il sont systématiquement du côté du pouvoir économique et partant politique. Les journalistes sont d’abord des salariés de Bouygues, de Dassault, de de Rothschild, de B. Arnault, de Lagardère, de Pinault etc. Ces grandes familles bourgeoises (dont les ancêtres surnommaient Louise Michel la « Louve Rouge ») ont contribué d’une manière efficace à installer Sarkozy à la tête de l’Etat. Dans ces conditions les enfants de travailleurs immigrés ne pèsent pas lourd et ne peuvent qu’être méprisés et stigmatisés par ceux qui sont censés représenter le contre pouvoir. Ce n’est pas un hasard si les journalistes de TF1 et de France- Info notamment sont très mal vus dans les assemblées générales et dans les quartiers pauvres.

Ce pouvoir n’a rien à offrir ni aux jeunes des banlieues ni, d’une manière générale, aux classes populaires. Seule leur résistance commune peut donner un sens et une perspective à leurs revendications.
Mohamed Belaali


(1) Voir Rue 89, 29/11/07
(2) Le Monde du 29/11/07
(3) Reuters, 29/11/07

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