Accueil > SENIORS : il devient urgent de se préoccuper du travail des quinquagénaires
SENIORS : il devient urgent de se préoccuper du travail des quinquagénaires
Publie le dimanche 17 octobre 2004 par Open-Publishing1 commentaire
de Michaëla Bobasch
"Que penser d’une société qui se débarrasse de ses actifs dès 50 ans tout en reportant l’âge de la retraite à 65 ans ? C’est pourtant celle où nous vivons." Jacques Gosselin, président de la Fédération interrégionale pour l’emploi des seniors (Fides), s’inquiète. La France n’emploie que 37 % de ses 54-64 ans (51 % pour les pays de l’OCDE), et la tendance est d’accélérer le mouvement.
Même les mesures destinées à le freiner aboutissent à l’effet inverse. "Ainsi, la contribution Delalande fait payer aux patrons une somme qui est reversée aux Assedic afin de compenser la durée de la recherche d’emploi du salarié âgé, généralement plus longue ; or les entreprises en ont profité pour avancer l’âge du licenciement à 45 ans !", s’indigne Jacques Gosselin. Le nombre de chômeurs âgés atteindrait aujourd’hui 1,1 million, répartis entre les demandeurs d’emploi (400 000), les inscrits aux Assedic âgés de plus de 57 ans et demi et dispensés de recherche d’emploi (400 000) et les congés maladie longue durée (300 000). "Ces gens avaient un fort pouvoir d’achat et sont en voie de paupérisation", déplore Jacques Gosselin, qui réclame la création d’un observatoire de l’emploi des seniors, ainsi qu’une campagne nationale.
Partout on reconnaît les qualités des seniors (compétence, expérience, autonomie, stabilité), sauf dans l’entreprise, où on ne leur trouve que des défauts : lenteur, manque de souplesse, moindre efficacité que les jeunes, salaires trop élevés. Ils n’ont accès ni à la formation ni aux promotions. "Ä 50 ans, ils ne savent plus rien faire !", se plaignait un patron chez lequel j’avais mis mes élèves en stage. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui rétorquer que, à 53 ans, j’étais encore capable d’enseigner les nouveautés techniques du métier", raconte Yves, ancien responsable de fabrication dans l’édition, licencié à 51 ans et reconverti depuis comme professeur dans un lycée technologique. "Tenu à l’écart, le senior se désengage de son travail. Il commence à décompter les années et s’investit ailleurs, dans sa famille, les loisirs ou le bénévolat associatif. C’est ce que j’appelle le sentiment de fin de vie professionnelle, tout comme la fin de vie scolaire", observe Eléonore Marbot, maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et auteur, avec Jean-Marie Peretti, des Seniors dans l’entreprise (Pearson, 224 p., 24 €).
PERSPECTIVES DE CARRIÈRE
On ne saurait trop conseiller aux seniors qui se sentent marginalisés de chercher du travail tant qu’ils sont encore en poste, car, ensuite, ils n’auront que 6 % de chances de retrouver un emploi (10 % dans les secteurs où il y a un déficit de recrutement, immobilier, éducation, santé, transports, action sociale, services aux entreprises). David, 55 ans, ex-cadre informatique, reclassé dans l’immobilier, se souvient : "Les recruteurs me disaient que mon CV les intéressait, mais qu’avec mon âge et mon expérience j’allais créer un déséquilibre dans l’entreprise." Il s’est formé sur le tas, avec l’aide de l’association CadraXion 78, qui réunit des ca- dres de différents secteurs, et a dû accepter une réduction importante de ses revenus : un fixe de 1 300 € par mois et une commission sur les ventes, contre 6 600 € auparavant.
Yves a choisi de privilégier "une autre approche du travail" et de suivre son goût pour l’artisanat d’art. Il a deux casquettes : enseignant et directeur de collection, prouvant ainsi aux DRH qui ne lui avaient pas fait confiance qu’il était capable de s’adapter à une situation plus complexe qu’un changement d’entreprise dans sa spécialité.
Mais, au-delà des réponses individuelles, la question du travail des seniors concerne la collectivité tout entière. Les entreprises devraient offrir des perspectives de carrière au-delà de 50 ans. L’idéal est de demander aux intéressés quelles sont leurs attentes. "Au Printemps Haussmann, où 30 % de salariés âgés de 45 à 54 ans devront prolonger de dix ans leur vie professionnelle, ils ont répondu qu’ils étaient prêts à s’investir dans de nouveaux projets. On a constaté que les vendeuses responsables de la présentation de leur rayon ne s’ennuient pas lorsqu’elles en changent tous les quatre ans, car elles découvrent de nouveaux produits et disposent d’une autonomie", explique Eléonore Marbot. Il reste à faciliter le travail des plus âgées : meilleure accessibilité à la réserve, tabourets pour s’asseoir en dehors des heures d’affluence.
France 3 a mené une enquête auprès de 2 800 salariés de plus de 40 ans, dont 1 500 quinquagénaires. "Ils ont épinglé les dysfonctionnements de l’entreprise : parcours professionnels bloqués, écoute peu attentive de la part des managers, concurrence stérile entre quadragénaires et quinquagénaires", résume Alain Dupeyron, responsable de la formation.
Des groupes de travail ont ouvert des pistes en proposant de transférer les compétences grâce au tutorat, de mettre en place des parcours individualisés de formation pour apprendre tout en continuant à produire, de faire évoluer les trajectoires professionnelles non seulement verticalement en montant dans la hiérarchie, mais aussi horizontalement en changeant de métier à l’intérieur de l’entreprise.
Ces expériences annoncent-elles un changement des mentalités préludant à la suppression de la mention de l’âge sur le curriculum vitae ? Celle-ci est d’ailleurs interdite aux Etats-Unis. Alors jeunesse saura et vieillesse pourra.
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_article/0,1-0@2-3238,36-383157,0.html
Messages
1. Les quinquas intéressent-ils ?, 18 octobre 2004, 10:58
Des quinquas issus du groupe « réalis’action cadres » de l’IRFREP à la Rochelle, de l’association CIP « Citoyens Indépendants Précaires de Charente-Maritime », ou d’autres intéressés, se sont regroupés chaque lundi de juin et juillet 2004, à la DTTE du département. Consternés par la grave discrimination sociétale qui les frappe, ils ont établi cette page qu’ils valident. Ils conviennent de soutenir l’application des 9 propositions soulignées dans l’article qui suit. Ils demandent à tous les dirigeants, ainsi qu’aux parlementaires d’intervenir au plus vite pour rendre ces propositions applicables dès que possible
la suite :
http://www.travail-social.com/oasismag/article_vegs.php3?id_article=300