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SOIGNE TA GAUCHE : Par bonheur, ce n’est pas tous les jours dimanche
Publie le mercredi 14 février 2007 par Open-Publishingde Genica Baczynski
D’un côté, il y avait Villepinte où Ségolène Royale ajoutait un nouveau concept au socialisme français : le maternalisme non-dialectique ; de l’autre, il y avait une Mutualité reconvertie à d’autres fins ordinaires que les siennes.
À la télé, audimat oblige, on prêchait l’Union sucrée, sur fond d’Élysée et de pièces jaunes. Tout baignait. Au cours de la semaine précédant le spectacle, on nous avait recommandé de pratiquer l’apnée, le nouveau sport à la mode.
On ménageait un faux suspense en distillant des bandes-annonces susceptibles de nous tenir en haleine. Ségolène Royale livrait son programme. Sarkosy se démultipliait pour estomper ses effets. Chirac se confessait, avant, peut-être et sans doute, de tirer sa révérence.
Que se passe-t-il ? On s’expose, on se dépense, on mélancolise… Mais surtout, on ne débat pas. On hiérarchise les candidats. Dans les rédactions, on discrimine. On devrait y imposer les CV anonymes, rien que pour voir. Et quand on ne discrimine pas, on assiste à un drôle de manège. On est déférent avec les uns et volontiers dédaigneux avec les autres. On coupe la parole. On balance des stupidités comme autant d’évidences. On qualifie de stalinien un parti qui s’est écarté du stalinisme. Ailleurs, on le dit mort et c’est tout juste si on ne le déterre pas pour bien s’assurer de son décès et le fusiller le cas échéant.
Curieuse démocratie, tout de même, que celle où l’on prétend que les jeux sont faits avant que la partie ne se déroule. Où l’on distingue les candidats selon leur audience supposée et les tirages que provoquent les articles qu’on leur consacre, au fil du temps. Où ils se commercialisent en se pliant à des lois du marché. Où l’on se fout des contenus et où l’on disserte à perte de vue sur les apparences. Où l’on use à tort et à travers d’un bazar psychanalytique afin d’éclairer des comportements comme si la politique se résumait à des caractères et comme si les caractères expliquaient des orientations sociales et économiques. Est-ce par ce qu’elle a été fille de militaire que Ségolène Royale veut réguler le libéralisme ou est-ce par ce qu’il a été un fils relativement relégué que Nicolas Sarkosy marche sur les brisées de Jean-Marie Le Pen, quand il caricature une immigration égorgeuse de moutons et polygame, à Toulon ?
Curieuse démocratie qui se paie de petits signes — tailleur blanc ou tailleur rouge ? chemise cravate ou pull marin ?— et d’une rhétorique d’autant plus emphatique qu’elle est épuisée.
Pourtant, il existe des jours sans Sarkosy. Prenez jeudi. Jeudi, on manifestait un peu partout en France. Le matin, on rendait hommage aux victimes de Charonne. On inaugurait une place, à Paris. On dévoilait une plaque quasiment anonyme. Des communistes sont morts et l’on peut meurtrir leur mémoire sans trop se fouler. C’est la règle, que l’on soit, ou non, maire de Paris. Dans un café voisin, un couple d’étudiants s’informait. Les précisions tombaient comme à plat. Et eux, ils ne revendiquaient pas ? Ils attendaient d’être dans le système pour le transformer de l’intérieur. C’est une philosophie de showbiz J’ai préféré l’acquiescement rieur de Marie-George Buffet à l’adresse de Laurent Ruquier, s’exclamant « Mais ça va être le bordel, si on applique votre programme ». C’est le charme des véritables transformations. Elles perturbent, parce qu’elles sont raisonnables.