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de Pierre Marcelle
Notre très grande faute
Et des "émeutes de la faim", je suppose que nous sommes également responsables, nous autres, grands enfants ou semi-vieillards dont certaine grève générale alluma les consciences. C’est bien simple : un an après l’expression du projet sarkozyste d’en finir avec "l’héritage de Mai 68", il conviendrait plutôt de se demander de quoi nous ne serions pas coupables.
A en croire une opinion fabriquée par ceux-là mêmes qui, si désireux de nous faire travailler plus pour s’enrichir plus qu’ils nous taillent des croupières au format de leurs parachutes dorés, la dette publique, c’est nous ; le trou de la Sécu, c’est nous ; le laxisme au boulot, c’est nous ; la réticence aux "réformes", c’est nous ; l’incivilité civique et l’insécurité sociale, c’est nous ; et de fil en aiguille ou de Charybde en Scylla, le réchauffement de la planète et l’enlèvement d’Ingrid Betancourt, c’est encore nous.
Et quoi d’autre, encore ? Depuis belle lurette, nous étions ces nantis qui, ayant abondamment profité des Trente Glorieuses, refusions obstinément d’en partager les dividendes, tant économiques que politiques (car il paraît que nous possédons aussi tous les pouvoirs). Et, déjà identifiés comme fossoyeurs de la morale publique, nous voici appelés à rendre compte de notre immoralité présumée. Parmi cent exemples, un petit livre en témoigne, que signe la jeune Marion Ruggieri (fille d’Eve, dit la Toile, et journaliste chez Elle), en lequel tout suggère, en traits appuyés, la qualité de prédateur sexuel du soixante-huitard, format Humbert Humbert - au moins - dans le Lolita de Nabokov. Hier encore pédophiles supposés du fait de nos mauvaises lectures - les Freud, les Jung et leurs diaboliques théories -, nous voici viagravores aujourd’hui, vieillards lubriques bien plus que pervers pépères suscitant plus de défiance que d’empathie. Notre bûcher érigé, notre compte est bon.
Mais d’où vient que le parti sarkozyste UMP se propose lui aussi de commémorer l’année terrible ? Ce sera le mois prochain, au travers notamment de débats à l’Institut des sciences politiques et à l’université Paris-Dauphine, sous le mot d’ordre « Vivez sans temps mort, entreprenez ! » (en citation détournée de « Vivre sans temps mort, jouir sans entraves »), et avec André Glucksmann et Alain Finkielkraut. Aussi considérables qu’aient pu être nos péchés, je ne crois pas que nous méritions cela. La jeunesse devrait s’interroger sur le sens de cette singerie, pour mieux ne pas se tromper d’ennemis.
Leur vertueuse censure
Au nom du « principe de précaution », ce cache-sexe de la censure, l’ordre moral va son chemin, accompagné par sa fanfare de cafards. En attendant la suite juridique (elle s’annonce passionnante) de l’épisode de la banderole du Stade de France qui, sous l’entrée ch’ti, n’eût pas déparé dans le Dictionnaire des idées reçues, notons encore la tentative de retirement, par le musée d’Aquitaine de Bordeaux, de six pièces de l’exposition photographique « Humains, très humains » à la veille de son ouverture. Six clichés représentant des pères nus posant avec leurs enfants nus en ont été décrochés jeudi dernier pour être raccrochés /in extremis (voir Libération de lundi). A décrocher bientôt, au parc Lescure, une banderole visiteuse proclamant : « Pervers pédophiles, bienvenue chez les Girondins de Bordeaux ! ».
Cependant que jeudi dernier, à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, l’« avertissement » jusqu’alors anonyme distribué aux visiteurs de l’exposition des clichés d’André Zucca (voir No Smoking du 10 mars) se voyait adorné, en guise de signature, d’un bandeau « Mairie de Paris ». Et un livre d’or était déposé sur le site, invitant implicitement le chaland à écrire tout le mal que lui inspirent ces « photographies de propagande nazie », comme disait /le Monde/ du lendemain…
Son arrogant démenti
Le Monde qui demeure cependant cet organe de référence dont on ne douta pas une seconde de la rigueur lorsqu’il rapporta, le 5 avril, les « conditions » posées à la présence de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin, telles que les énonça Rama Yade, potiche de la diversité au gouvernement Fillon. On se souvient que son ministre de tutelle Kouchner, avaleur de boas, s’invita le soir même au 20 heures de F2 pour rectifier la gaffe. Pour tout un chacun qui sait les codes de l’information et de la diplomatie, l’affaire était entendue : Yade avait encore dit une connerie, dont acte et pouf-pouf : « l’incident [était] clos ».
Ce qui est nouveau, c’est que la même, installée dans son courroux, ait pu, le jeudi suivant sur France Inter, réitérer sa menterie en prétendant n’avoir jamais « prononcé » ni même « pensé » le mot « conditions ». Ce qui est nouveau, c’est qu’elle fut crue assez pour que le Monde ait dû, samedi dernier, redire à ses lecteurs qu’il avait « fidèlement rapporté ses propos ».
Libération 17 avril 2008
Messages
1. Salauds de soixante-huitards !, 17 avril 2008, 14:16, par momo11
Simple l’ump commémore mai 68 aujourd’hui pour feter la fin de nos acquis sociaux que nous sommes incapables de défendre.Dans un pays parmi les plus riches du monde,nous ne réclamons plus,nous sommes en position constante de défense.Alors mai 68 est-il mort pour nous ?momo11
2. Salauds de soixante-huitards !, 18 avril 2008, 16:05, par Christian
Mai 68 !des idées généreuses de jeunes , étudiants , lycéens ,pas toujours
très réflechies , parfois nombrilistes , c’est aussi la grande récré du jeune millieu bourgeois avant de "rentrer dans le rang " devenir nos cadres dans les
usines , quelles appelaient à l’union sacrés de leur jolie mois de mai , nos
chers anciens , devenus dirigeants , ministres , et certains ,paraient ils
philosophes parisianement connus , révolutionnaire d’opérette un temps ,
donneur de leçons multi cotés du Rhin ensuite , et surtout comme ses copains
de " barricades " des anti- communistes primaires , ce doit d’ailleurs etre
la seule conviction qu’ils aient conservés depuis la Sorbone !
Tu l’auras compris , je n’ai guère de sympathie pour ces " glorieux anciens " !
Mai 68 , c’est heureusement autre chose , du coté ouvrier , des grèves
longues et dures , une solidarité du peuple ( d’en bas ) des luttes qui débouchent sur des avancées substantielles , en matière de salaires , de
droit syndical... une reconnaissance des conditions de travail .....
Ce sont les fameux accords de grennelle , les vraies !
Ce n’était pas la révolution , ni la fin de l’exploitatation des travailleurs , le
pouvoir prenable ne l’a pas été ! le fruit etait il mur ?
Quoi qu’il en soit , je sais pour en etre , que le monde ouvrier en est sorti
grandi , les travailleurs et leurs familles on vécus un peu mieux , et les
étudiants dans leur grande majorité bourgeois sont partis en vacances avec
papa , maman et la bonne dans leur DS palace !
Mai 68 ? donc sentiments mitigés , je n’ai jamais vu , un poster de Con- Dendit
ni des autres " leaders historique" sur les murs des chambres d’ados des générations suivantes , par contre le CHE assassiné l’année précedente , lui est toujours d’actualité , mais bien sur ! c’est autre chose ! il faut comparer ce qui l’est , n’est pas Fidel ou Ernesto qui veux !
Christian , communiste .
1. Salauds de soixante-huitards !, 18 avril 2008, 17:15
Oui, mais toutes ces "avancées sociales" sont aujourd’hui remises en question ce qui prouve que le "monde ouvrier" ne s’est jamais donné les moyens de renverser le capitalisme. De même que Fidél, Ernesto et les autres... que reste-t-il de ce qu’ils ont fait... plus rien. Tout est à recommencer et en essayer de ne pas recommencer les mêmes erreurs.
Mario
3. Salauds de soixante-huitards !, 19 avril 2008, 17:30, par Barutti
Histoire de feter dignement cet anniversaire peut on espérer une bonne grêve générale unitaire, seule solution pour casser ce sinistre gouvernement !
1. Salauds de soixante-huitards !, 20 avril 2008, 11:49, par lyly
Un autre 68 sans commettre les mêmes erreurs !
Est-ce possible, alors qu’aujourd’hui on est asphyxié par un pouvoir d’achat qui ne cesse de diminuer. Des conditions de travail de plus en plus stressantes, car les gros trusts ne regardent que leur profit sans se soucier des salariés. Mais avons-nous les moyens de faire grève ?
Tous le monde en à marre, tout le monde parle de révolution latente, mais c’est les ponts qui nous guèttent ! Et il y en a déja tellement, même dans notre pays, et on a pas envie d’en faire parti ! Alors on se lève et on va travailler comme un mouton en espèrant que le gouvernement s’assagit, regarde la réalité en face et prenne les bonnes décisions pour redresser la barre ! Car c’est faisable, et on les élis pour ça ! Mais on essaye de choisir le moins pire dans un panier de crabe ! Et le français n’aime pas le changement. Alors il faut s’armer de patience..........
2. Salauds de soixante-huitards !, 20 avril 2008, 19:16
Ben si "le Français n’aime pas le changement" faudra pas qu’il se plaigne quand d’autres auront "changé à sa place" et contre ses propres intérêts.
Pour mon compte, même au Moyen-Age, personne n’aimait le changement pour celui-ci. Pas plus en France qu’ailleurs.
Mais toute les fois que ça a "changé" c’est qu’il y a eu des gens un peu plus conscients qui ont "expliqué" ça aux autres.
Croire que le "changement" ça arrive parce qu’on est Français, ou Zoulou, c’est purement et simplement se cacher derrière les mots pour éviter d’agir.
Si on veut que ça change et que les gens s’impliquent faut commencer par ne plus leur raconter des histoires à dormir debout. Comme quoi il suffit de se déplacer un dimanche par an pour aller voter par exemple.
Et de leur dire que si ils continuent comme ça ils vont finir comme les serfs du Moyen-Age dans un cul de basse fosse s’ils refusent de jouer aux esclaves.
Mais pour dire ça et être écouté faut d’abord un vrai projet de société, ensuite des porte-paroles crédibles, et pour finir des organisations cohérentes et combattantes.
Et là on comprend tout : C’est pas les "Français" qui ne sont pas bons...
Ce sont les élements que j’ai cité ci-dessus qui occupent la place et empêchent la création de vrais outils révolutionnaires.
Je ne dis pas qu’ils le font exprès, (Quoi que...), mais les faits parlent d’eux-même. Y a qu’à lire Bellaciao et les autres sites alternatifs pour s’en convaicre.
Ou mieux, parler 5 minutes avec le voisin d’autre chose que de l’air du temps.
On s’aperçoit vite que le mythe du "Français qui s’en fout en dehors du Tiercé, du Foot et de la Télé" ça arrange surtout ceux qui prétendent parler et agir en son nom.
Ou plutôt ne rien dire et ne rien faire sinon garder leur place au chaud.
G.L.