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Sanctionnés, les syndicalistes déplorent l’évolution "vers le privé" de la SNCF.

Publie le samedi 9 juillet 2005 par Open-Publishing
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Des cheminots au piquet pour avoir tracté en gare

Sanctionnés, les syndicalistes déplorent l’évolution « vers le privé » de la SNCF.

Par Cédric MATHIOT

un cheminot qui distribue des tracts en gare, c’est mal. Plusieurs syndicalistes de la CGT de Montparnasse ont fait l’objet de sanctions pour avoir tracté en gare le 30 mai et le 13 juin, afin d’expliquer aux usagers les raisons d’une grève. « La direction a fait venir un huissier. On nous a priés de distribuer sur le parvis de la gare », déplore Jean Calvary, patron de la CGT locale, qui était en tête des équipes épinglées. Pour Calvary, cette répression « tout à fait nouvelle » va à l’encontre des usages de l’entreprise, « même s’il existe visiblement un règlement datant de 2001 dont je n’avais d’ailleurs jamais entendu parler, vu qu’il n’a jamais été appliqué ».

Même si les sanctions prises ­ des avertissements ­ sont les plus légères et l’affaire circonscrite à une seule gare, ce type d’incident est très symbolique à la SNCF, où les organisations syndicales conservent un sens très fort de la propriété de leur entreprise. L’épisode réactive également le thème du choc culturel entre une « base cheminote », garante d’une certaine culture de l’entreprise, et le « nouveau » management de la SNCF, soupçonné de vouloir « normaliser » l’entreprise. Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT, y voit ainsi la marque d’une évolution de la SNCF vers « les critères du privé » : « Jusqu’à présent, les gares avaient toujours été des lieux de vie. Désormais, nous n’avons plus rien à envier aux entreprises privées les plus rétrogrades. Nous avons des dirigeants qui viennent de plus en plus souvent du privé et qui s’imaginent que les salariés et les syndicats n’ont pas voix au chapitre. » Le Reste a envoyé vendredi une lettre ouverte au PDG de l’entreprise, Louis Gallois, demandant la levée des sanctions et la fin des « pressions caporalistes d’une certaine hiérarchie ».

A la SNCF, on affirme que les syndicalistes sanctionnés avaient déjà été avertis plusieurs fois verbalement. « Il n’existe aucune consigne nationale de durcissement. Des sanctions de ce type ont d’ailleurs déjà été prises par le passé », dit-on au siège. De fait, des syndicalistes de SUD avaient déjà été avertis... pour avoir distribué à la volée des tracts indiquant les numéros de portables de Louis Gallois et de son lieutenant Guillaume Pepy... Interrogé vendredi par Libération, Pierre Izard, le directeur des ressources humaines, s’est borné à évoquer une affaire « locale », justifiant toutefois les sanctions : « Nos gares sont un lieu que beaucoup de gens souhaiteraient utiliser comme lieu d’expression. Or la distribution de documents d’opinion n’est pas prévue. Les syndicats ne font pas exception à la règle. »

http://www.liberation.fr/page.php?Article=310114

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