Accueil > Sarko drague les profs (carte postale de suisse : 24heures)
Sarko drague les profs (carte postale de suisse : 24heures)
Publie le jeudi 6 septembre 2007 par Open-PublishingMonde
(cf 24 heures)
Sarkozy drague les profs
FRANCE | 00h48 Dans sa « lettre aux éducateurs », le président tente de séduire et rassurer les enseignants du pays.
Dans sa lettre, Nicolas Sarkozy parle de ce « merveilleux métier devenu difficile et parfois ingrat depuis que la violence est entrée à l’école ». Il entend notamment diminuer le nombre d’heures de cours, ce qui permettrait de diminuer le nombre des enseignants.
La rupture, suite. Le président Sarkozy continue de décliner son thème de campagne favori. Cette fois, c’est la rupture appliquée à l’éducation. Dans une lettre de 36 pages adressée aux 850]000 enseignants français (de manière nominative et à leur domicile) et qu’il a lue intégralement mardi à Blois, pour la rentrée scolaire, le président de la République veut « une refondation du système ».
Bonnes intentions
Mais d’abord, il veut convaincre de ses bonnes intentions et tenter de séduire des professeurs qui se sentent mal-aimés du pouvoir politique (notamment quand c’est la droite qui gouverne) et de la population, mal payés, moqués pour leurs longues vacances et objets de violences de plus en plus nombreuses.
Pour couronner le tout, le projet de budget pour 2008 prévoit la suppression de 11]000 postes dans l’éducation nationale (sur 22]700 postes de fonctionnaires non remplacés) Autant dire que des projets de grèves étaient déjà dans les tiroirs des syndicats... comme à chaque rentrée scolaire, ou presque.
Nicolas Sarkozy met donc le paquet en parlant de ce « merveilleux métier » d’enseignant « devenu difficile et parfois ingrat depuis que la violence est entrée à l’école ». La Nation, assure-t-il, « doit (à ses profs) une reconnaissance plus grande, de meilleures perspectives de carrière, un meilleur niveau de vie, de meilleures conditions de travail ». Sur le fond, il reprend pour l’essentiel, sous la plume de son conseiller Henri Guaino, ses discours de candidat, à commencer par la référence à Jules Ferry, ministre en 1883, apôtre de l’école laïque, gratuite et obligatoire, et icône de la gauche. Oubliées en route, les grandes envolées lyriques de fin de campagne où il était question d’« en finir avec l’héritage de Mai 68 », que Sarkozy avait fini par juger lui-même « caricaturales », si l’on en croit une confidence faite à Yasmina Reza et racontée dans le livre L’aube le soir ou la nuit.
A la gauche, Sarkozy offre Jules Ferry, le libre choix de la pédagogie par les professeurs, la primauté de la qualité sur la quantité, la prise en compte de la personnalité de l’enfant. A la droite, il réserve le respect et l’autorité, l’élève qui se lève quand le professeur entre dans les classes et qui « n’est pas l’égal du maître », et la condamnation du relativisme culturel.
Projets de grève
« Donner le maximum à chacun au lieu de se contenter de donner le minimum à tous. Voilà comment je souhaite que nous prenions désormais le problème de l’éducation » conclut le président français. Mais il veut aussi « remettre à plat » les rythmes scolaires et les programmes. Avec un souhait : diminuer le nombre d’heures de cours (largement supérieur à la moyenne européenne, notamment pour les lycéens) ce qui permettrait de diminuer le nombre des enseignants.
C’est là que les enseignants, qui sont sans doute tentés d’applaudir plus d’un passage de la lettre, font la grimace : car ils se demandent si le président et le gouvernement ne font pas le calcul inverse, et ne prévoient pas de diminuer le nombre d’heures de cours, uniquement pour pouvoir supprimer des postes. Malgré la lettre présidentielle, les projets de grève restent d’actualité.