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Sarkozy, Docteur Jekyll et Mister Hyde

Publie le vendredi 9 mai 2008 par Open-Publishing

Sarkozy, Docteur Jekyll et Mister Hyde
BERNARD DELATTRE

Mis en ligne le 09/05/2008

Le Président rompt en privé sa séquence médiatique d’humilité et de sobriété.
Mardi, jour du premier anniversaire de son élection, Nicolas Sarkozy avait donné dans la sobriété. Jugeant qu’il avait été élu plus pour "agir" que pour "commenter", le chef de l’Etat avait poussé la discrétion jusqu’à ne pas assister au raout d’anniversaire organisé par l’UMP. Et une semaine plus tôt, lors de son show télévisé, il avait humblement admis avoir, en un an, commis des "erreurs".

Mercredi soir, en revanche, le Président a changé de ton. A l’occasion d’une réception à huis clos des parlementaires de l’UMP à l’Elysée, le chef de l’Etat s’est autosatisfait de son propre bilan en le mettant en regard avec celui de son prédécesseur Jacques Chirac (1995-2002), qu’il a accusé de n’avoir rien fait ou presque quand il était à l’Elysée. Nicolas Sarkozy a aussi mis ses difficultés du moment sur le compte de la passivité et du conservatisme de ses parlementaires. Et il s’est livré à une énième charge contre les médias, jugés partiaux au point, selon lui, de s’attribuer "la fonction de l’opposition" en l’absence d’une opposition politique digne de ce nom.

Le chef de l’Etat a nommément mis en cause l’Agence France Presse (AFP), un quotidien et trois hebdomadaires. Il leur a reproché de n’avoir pas consacré une couverture rédactionnelle suffisante aux démêlés judiciaires de Ségolène Royal qui a récemment été condamnée en justice pour avoir violé le droit du travail à l’égard de deux de ses ex-collaboratrices. Depuis dix jours déjà, l’UMP dénonce l’"obstruction" et la "censure" de l’AFP dans cette affaire.

Les médias encore attaqués

Cette nouvelle charge contre les médias survient après qu’en février, Carla Bruni eut assimilé (avant de se corriger) "Le Nouvel Observateur" à la presse collaborationniste sous l’Occupation. Auparavant, dans l’affaire du SMS présumé à son ex-épouse Cécilia, Nicolas Sarkozy était devenu le premier président de l’Histoire à porter plainte au pénal contre un média.

Jeudi, le PS François Hollande a jugé "pas digne" la nouvelle attaque de l’Elysée contre la presse. Un des journaux mis en cause a déploré des "propos parfaitement infondés". Le syndicat des journalistes (CGT) de l’AFP a dénoncé l’"acharnement" et "les pressions" de l’UMP contre l’Agence, ainsi que "le mauvais procès" fait à l’AFP par un chef de l’Etat soupçonné de vouloir "s’attaquer à l’indépendance rédactionnelle".

(...) libre belgique