Accueil > Sarkozy troque la rupture pour le bilan
de Grégory Marin
UMP . Ébranlé par les querelles d’ego entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, le groupe à l’Assemblée se ressoude autour du président du parti.
Depuis plusieurs semaines, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ne cessent de se contredire. "Désaccords" ? Non, "débat d’idées", clamaient hier, à la journée parlementaire de l’UMP, les supporters du président du parti, qui veulent taire les dissensions avant les échéances électorales de 2007. Nicolas Sarkozy attire à lui de plus en plus d’élus soucieux de "ne pas jouer contre (leur) camp". Même les partisans du premier ministre, de moins en moins nombreux, commencent à adopter la rhétorique sarkozyste. Xavier Bertrand, ministre de la Santé, proche d’Alain Juppé et de Dominique de Villepin, rappelle cette "logique du débat d’idées" entre barons de l’UMP, qui ne prendrait pas le pas sur "le vrai projet, la vraie unité" des élus de droite.
Contre-pieds systématiques
Le président du groupe à l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, n’a lui aussi plus que ce mot à la bouche, alors qu’il tente depuis des mois de ressouder sa majorité fissurée par la crise du CPE et les dissensions internes sur la fusion GDF-Suez. Pour aborder cette session du Parlement, capitale à la fois par les débats à conduire et les échéances qui la sanctionneront, trois « priorités : action, loyauté envers nos électeurs et unité ». Cette dernière « se décline aussi dans la façon de s’exprimer ». Et de s’adresser aux deux camps qui, « quelles que soient leurs responsabilités, de petites phrases en contre-pied systématiques, de petits écrits amers en manoeuvre florentines à courte vue, prendraient la responsabilité de nous entraîner vers un naufrage collectif ».
« Aujourd’hui plus que jamais, j’ai besoin de vous », s’est exclamé Nicolas Sarkozy à la fin de son discours aux parlementaires. Martelant le besoin d’unité, il s’est montré sur la défensive, sans doute par crainte de froisser une partie de ses soutiens, nouveaux ou potentiels. En s’alignant sur les discours de Josselin de Rohan, président du groupe au Sénat, qui estime que « le parler vrai ne suffit pas », et de Bernard Accoyer, qui rappelait la nécessité de « nourrir le bilan du quinquennat de Jacques Chirac » pour l’emporter en 2007 ; - Nicolas Sarkozy a repris un argument auquel les élus « de base » pourraient être sensibles.
Derrière leur candidat
Ainsi, sans jamais prononcer le mot « rupture », s’est-il appuyé sur le bilan des « deux gouvernements Raffarin et Villepin » dont il a fait partie. Modeste pour la circonstance, il envisage, - selon son entourage, de ne quitter le gouvernement qu’une fois sa désignation acquise (le 14 janvier NDLR). Alain Gournac, sénateur des Yvelines et chiraquien, résume le sentiment des élus UMP : « On ira tous derrière notre candidat le moment venu. » Nicolas Sarkozy peut se rassurer sur le soutien des parlementaires. La discipline militaire qui règne au parti lui sera favorable, d’autant que beaucoup se défient d’un premier ministre candidat potentiel, mais « jamais élu ».