Ségolène s’émancipe du PS

de Demian West

Mais que se passe-t-il au sein du PS pour qu’on y change de ligne politique et de discours, selon le jour ? Hier, Fabius et Strauss-Kahn se déchiraient la nappe des banquets collectivistes, quand Hollande tentait encore de maintenir l’assiette de ces débats fratricides.

Mais que se passe-t-il au sein du PS pour qu’on y change de ligne politique et de discours, selon le jour ? Hier, Fabius et Strauss-Kahn se déchiraient la nappe des banquets collectivistes, quand Hollande tentait encore de maintenir l’assiette de ces débats fratricides.

Ainsi, Ségolène Royal devait-elle s’exprimer pour dire qu’elle tracerait à nouveau la ligne. Et jeudi soir, durant l’émission "A vous de juger" sur France 2, Madame Royal a déclaré reprendre sa "liberté" par rapport au Parti Socialiste. "Je reprends toute ma liberté" a-t-elle dit. C’est-à-dire qu’elle ne veut plus de cette charge des éléphants qui tournait à la tutelle aux effets désastreux sur l’électorat. Les militants du 14è arrondissement ont publiquement condamné la campagne frileuse du PS.

D’une certaine façon, Ségolène Royal ne pouvait plus ignorer que par exigence d’ouverture d’esprit, elle laissait tout simplement les hommes du Parti ruiner l’aura féminisante dont elle était le symbole dans la campagne. Un atout si remarquable, qu’elle en brilla quasi "surnaturellement" dans les primaires. Mais, dès sa concession de ce pouvoir aux éléphants, elle parut avoir trahi un peu de cet idéal que les femmes soutenaient, et pour cause.

Donc, Ségolène Royal se fend du PS. Toutefois, elle ajoute aussitôt que "Bayrou n’a pas de programme". Comme d’aucuns pourraient penser aussi vite, que le PS n’avait plus de candidat, ou trop, ce qui revient au même. Madame Royal ajouta pour adoucir le propos : "J’attends son programme. Nous en débattrons. Les Français choisiront. Je suis confiante". Voilà qui devrait calmer le jeu. En d’autres termes, si Ségolène Royal n’a pas pris connaissance du programme de Bayrou, c’est qu’elle n’a pas encore vraiement débattu avec celui qui est au centre qui s’espace et qui s’étend. Et dont elle s’en rapprocherait par le fait, puisqu’elle s’est émancipée du PS. Si l’on était un observateur bien calé dans des pensées cartésiennes, on verrait ce geste Royal tout pareil à celui de DSK, précipité mais tout en retenue vers le centre.

Evidemment l’UMP fera ses choux gras de ces péripéties invraisemblables en ces temps d’une campagne qui s’achève en mêlée gauloise. Et comme on pouvait l’attendre, le tranchant de l’UMP a laissé tomber que Ségolène Royal "n’a pas su dépasser le stade des généralités". Aussi dans un communiqué d’une lame plus précise encore, Valérie Pécresse et Luc Chatel de l’UMP paraissent à peine surpris "de la désinvolture de la candidate socialiste à la veille d’une échéance décisive pour l’avenir de notre pays". Il est vrai qu’ils sont assez occupés avec les confusions entre l’UMP et le FN, entretenues par Sarkozy et ses problématiques électoralistes autour de la citoyenneté rigoureusement originée en France.

http://groundinfo.blogspot.com/