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Si les syndicats jouaient leur rôle, il n’y aurait pas besoin d’associations de chômeurs !
Publie le samedi 22 novembre 2008 par Open-Publishing7 commentaires
Les réformes structurelles qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés. Rapport « Perspectives de l’Emploi 2006 » de l’OCDE - Chapitre « Stimuler l’emploi et les revenus ».
Pourquoi la mobilisation des chômeurs est-elle quasi inexistante ? Pourquoi les associations de défense des chômeurs sont-elles divisées et laminées ? La réponse est simple : parce qu’elles pallient au non-engagement des grandes centrales syndicales vis-à-vis des salariés précaires ou sans emploi dans un contexte économique et social en perpétuelle dégradation, avec des moyens de plus en plus réduits et sans pouvoir aucun.
Chômeurs : le désengagement des syndicats de salariés
Les choix politiques et économiques de l’Etat influent sur la situation de l’emploi : de l’UMP au pouvoir nous n’avons rien à espérer, bien au contraire. Mais en matière de défense d’un salariat victime du chômage et de la précarité, les syndicats ont un rôle indispensable qu’ils se sont toujours refusé à jouer. Seule la CGT, en 1988, a créé en son sein une structure de représentation des chômeurs et continue, localement, à créer des comités de défense de travailleurs « hors normes » (précaires ou sans papiers). La CGT est le seul syndicat en France — et en Europe ! — à ne pas avoir oublié les salariés sans travail ou précarisés, alors que ceux-ci sont de plus en plus nombreux.
Les autres organisations (CFDT, CFTC, FO ou CGC) n’en ont que faire et continuent à défendre essentiellement des salariés bien installés : fonction publique, grandes entreprises... Elles se battent aussi pour ces « inactifs » que sont les retraités alors que les victimes du sous-emploi, « inactifs » malgré eux et futurs retraités pauvres, ne les intéressent pas. Aujourd’hui, 8% des salariés (surtout les moins fragiles) sont syndiqués alors que les chômeurs et les travailleurs précaires représentent près du quart de la population active : cherchez l’erreur ! Une véritable « part de marché » qu’elles négligent de conquérir...
Pourtant, elles disposent de moyens financiers et d’un arsenal logistique conséquents. En tant que « forces vives de la Nation », elles participent aux négociations et sont aussi conviées à peser dans les débats. Mais, retraités exceptés, une fois que les salariés ont perdu leur emploi, elles ne les connaissent plus ! Pourtant ces syndicats, dits « représentatifs », siègent ensuite à l’Unedic où leurs délégués, des bureaucrates qui ne côtoient jamais les chômeurs et ignorent nombre de leurs difficultés, vont décider du sort de ceux qu’ils ont abandonnés… en se compromettant avec le patronat : l’usurpation n’est pas loin.
Les associations ne peuvent pas tout assumer
Comme pour l’Etat qui, quand il se désengage sur les questions sociales, provoque l’irruption de structures associatives diverses et variées, le désengagement manifeste des syndicats de salariés envers les privés d’emploi a permis la naissance, parallèlement à la montée du chômage de masse, d’associations de défense des chômeurs & précaires dont les plus connues — hormis la CGT — sont le MNCP, l’APEIS, SNC et AC !. Plus ou moins politisées, à l’instar des syndicats de salariés ou de partis célèbres, elles ont des désaccords qui ressemblent à des querelles de clocher et procurent les mêmes sentiments de « concurrence » ou de « dispersion/division ». Tributaires de subventions, de dons ou de cotisations d’adhérents, elles ont peu de moyens… et encore moins de pouvoir : vaguement tolérées, elles sont exclues des instances représentatives où il est question des « droits » et des « devoirs » des publics qu’elles soutiennent. Enfin, leur tâche s’avère encore plus ardue (et ingrate) dans la mesure où elles exercent sur un domaine fluctuant où l’aspect provisoire (et honteux) du chômage ne facilite ni l’organisation, ni la mobilisation, ni l’afflux de militants.
Créer des « sections chômeurs », une nécessité… pour les syndicats
Certes, nombreux sont les militants syndicalistes qui, sur le terrain, soutiennent les associations de chômeurs et leur apportent leur présence ainsi que, ponctuellement, une aide logistique ou financière précieuses : nous les en remercions ici.
Mais c’est loin d’être suffisant ! Ce ne sont que des miettes en comparaison des moyens déployés pour les autres catégories de salariés. De la même façon que l’Etat devrait se saisir à nouveau des questions sociales — mais avec Nicolas Sarkozy qui ne roule que pour les plus riches, inutile d’y songer —, les grandes centrales syndicales, qui y sont théoriquement sensibles, doivent cesser de rouler pour les mieux lotis… et de se comporter comme l’Etat vis-à-vis du secteur associatif dont il se sert comme béquille tout en gardant le pouvoir le décision.
Il faut qu’elles cessent de considérer les chômeurs et les précaires comme des salariés de seconde zone, une caste indigne d’être officiellement reconnue et représentée, tout juste bonne à se défendre par elle-même ou par le biais d’associations démunies qui se fadent le boulot à leur place. Sur les traces de la CGT, elles doivent se saisir enfin du phénomène, prendre, elles aussi, leurs responsabilités et émettre un signal fort : pour ce faire, elles doivent ouvertement créer et intégrer des sections de chômeurs & précaires à leurs confédérations. Il y a urgence, non seulement parce que cette population croissante et souffrante sert de « laboratoire social » au patronat, ce qui lui permet d’élaborer des stratégies régressives qui finissent par toucher l’ensemble du salariat, mais aussi parce qu’il y va de la crédibilité du syndicalisme tout entier et, par conséquent, de son avenir.
C’est le développement du chômage et de la précarité qui nivelle par le bas les conditions de travail, les salaires et la protection sociale. C’est le développement du chômage et de la précarité qui déprécie la « valeur travail ». Soutenir les chômeurs et les précaires, c’est combattre le mal à la racine.
Messages
1. Si les syndicats jouaient leur rôle, il n’y aurait pas besoin d’associations de chômeurs ! , 23 novembre 2008, 10:36, par momo11
Si les syndicats jouaient leur role ,il y aurait déja beaucoup moins de chomeurs.Ensuite,le chomeur ne serait pas "criminalisé "comme actuellement.momo11
2. Si les syndicats jouaient leur rôle, il n’y aurait pas besoin d’associations de chômeurs ! , 23 novembre 2008, 14:16, par Patrice Bardet
Cet article le rappelle, à juste titre : la CGT est la seule confédération à syndiquer les chômeurs, salariés privés d’emploi, mais salariés à part entière.
En 1994, suite à l’Appel de 1993, à l’origine d’AC ! des collectifs AC ! se sont créés un peu partout, aussi avec l’aide de militants CGT, ou CFDT de tendance "Tous Ensemble", politiques, associatifs
Depuis....notamment à Lille, le mouvement s’est délité
Mais je pense néanmoins que les associations de chômeurs sont indispensables : tous les salariés ne sont pas à la CGT, et les privés d’emploi ne sont pas tous syndiqués à la CGT Chômeurs pour se battre ensemble, loin s’en faut
très brièvement résumées, les revendications de la CGT
Introduction aux revendications développées de la CGT
le texte complet de la CGT
1. Si les syndicats jouaient leur rôle, il n’y aurait pas besoin d’associations de chômeurs ! , 23 novembre 2008, 16:18
"Améliorer la protection sociale des demandeurs d’emploi en créant d’une part un régime complémentaire frais de santé pour tous ceux qui ne sont pas couvert par un régime collectif et ne bénéficient pas de la CMUC, avec un financement assuré par un système de cotisation sociales payées à hauteur de 60% par le régime assurantiel solidaire (UNEDIC) et de 40% par le demandeur d’emploi sur la base d’une adhésion volontaire. "
On ne parle plus de remboursement à 100% pour tout le monde à la CGT ?
c’est quoi ce truc de régime complémentaire ?
Ambroise Croizat doit hurler dans sa tombe !
Est-ce raison des accords, des deals avec les caisses de prévoyance , les assurances-mutuelles etc... ?
2. Si les syndicats jouaient leur rôle, il n’y aurait pas besoin d’associations de chômeurs ! , 23 novembre 2008, 17:59, par Patrice Bardet
oui, tu as raison de souligner cet abandon implicite d’une revendication fondamentale de la CGT, mais elle n’est pas récente
Voici la fiche "Fiche n° 20 : Droit à la protection sociale"
Repères revendicatifs de la CGT
3. Si les syndicats jouaient leur rôle, il n’y aurait pas besoin d’associations de chômeurs ! , 23 novembre 2008, 19:19
en 1996, à Arras, la CGT et AC ont commencé à travailler ensemble sur la question du chômage. Des luttes communes ont été menées notamment sur la question du logement contre les expulsions de chômeurs, et aussi sur les indemnisations...
De fil en aiguille, le collectif s’est renforcé pour déboucher en décembre 1997 sur l’occupation de 27 jours des Assedic, ce qui avait amenée l’Etat à débloquer 1 milliard de Francs soit 150 millions d"euro pour accordé des aides aux demandeurs d’emploi et notamment la prime de Noël encore en place aujourd’hui.
Mais la CGT a dissous les comités de Chômeurs, et toujours à Arras, une structure a été créée, le MLCA (mouvement de lutte des chômeurs d’arras et d’ailleurs) qui a continué la lutte, en rassemblant chaque mardi, plusieurs centaines de chômeurs qui exigeaient un CSU (complément social d’urgence) sur la base d’un document rempli selon les besoins, les factures, les impayés...qui était remis à la Préfecture et au Conseil Général, mais aussi avec des niveaux de revendications discutés collectivement dans des AG.
Chaque semaine des milliers de tracts étaient diffusés dans les quartiers, et des affiches collées au scotch dans les cages des HLM. La solidarité devenait la base d’une véritable lutte d’une classe paupérisée contre l’Etat et ses services locaux...
Ainsi, la lutte a été marquée par l’attribution d’un local "La Nouvelle Commune" par la Mairie suite aux occupations et aux réquisitions de maisons vides, squattées, évacuées...
Puis des différents sont apparus entre la CGT, AC et d’autres militants plus activistes, plus à lutter pour le droit des chômeurs...Et en 2000, cette belle aventure prenait fin, il y avait eu impossibilité d’élargir au département...
Aujourd’hui, partout en France, des diffusions de tracts, des collages, mais pour les Prud’hommes, certes juste cause mais alors pourquoi on peut un mois et par toujours, surtout quand il s’agit de pouvoir d’achat, de chômage, de tout bref ?
C’est difficile avec les salariés, cela l’est encore plus avec les chômeurs, dira t’on, mais il n’y a plus personne dans la CGT capable de faire un travail de masse sur des revendications, et ce sur le long terme. Aujourd’hui, on veut semer et récolter la semaine suivante, et si la récolte est mauvaise, c’est la faute des travailleurs qui ne veulent pas bouger, qui ne veulent plus lutter....
A quand le tous ensemble face à l’attentisme et au sentiment d’impuissance et pourquoi ne taper que sur la CGT alors qu’il y a 6-7-8-9-10 syndicats nationaux
Oui les Prud’hommes rapportent plus que les chômeurs, mais quand il n’y aura plus de salariés, les prudhommes feront pchitt !
4. Si les syndicats jouaient leur rôle, il n’y aurait pas besoin d’associations de chômeurs ! , 23 novembre 2008, 23:05
Sophie pourquoi tant de haine vis à vis des retraités ? Il me semble entendre un certain Dutreil !!!
cordialement
un retraité syndiqué
1. Si les syndicats jouaient leur rôle, il n’y aurait pas besoin d’associations de chômeurs ! , 24 novembre 2008, 09:18, par Sophie
Je n’ai aucune haine vis-à-vis des retraités ! Je constate simplement que les grandes centrales syndicales ne traitent pas tous les « inactifs » de la même façon : elles s’intéressent aux retraités et organisent même des manifs pour défendre leurs droits. Par contre, elles méprisent ces « inactifs » que sont les privés d’emploi (alors qu’ils sont le laboratoire social favori du patronat) et elles se permettent de siéger à l’Unedic pour statuer (à la baisse) sur leur sort alors qu’elles ne s’y intéressent pas sur le terrain et laissent le soin à des associations désargentées et écartées de ces instances de faire le boulot à leur place.
Plus simplement : je constate qu’elles ne s’intéressent qu’aux salariés qui sont en haut de la pyramide, et délaissent ceux qui sont tout en bas alors qu’il est urgent de prendre le mal à la racine. Ce que l’on fait aux chômeurs et aux précaires se répercute inévitablement à tous les salariés. Nous sommes tous des futurs retraités pauvres.