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Solidarité avec Lucie, violée par un fasciste !

par OCFR

Publie le lundi 8 septembre 2014 par OCFR - Open-Publishing

« Salope de gauchiste, pute d’antifa »

C’est ce qu’a dit un militant fasciste à notre camarade Lucie, pendant qu’il la violait, le 9 d’aout 2013, dans la rue, alors qu’elle était à une soirée.
Pour protéger notre camarade, nous protégerons son anonymat. Nous ne donnerons pas plus de précisions, ni nom, ni localité et nous vous demandons de respecter ce choix nécessaire.
C’était clairement une attaque ciblée contre une militante antifasciste dont l’objectif était de briser le développement d’une activité antifasciste dans sa ville en la brisant elle. Ce qui a doublement échoué. C’était aussi un message adressé à l’ensemble des militant-e-s antifascistes de l’Etat français.
C’est son choix de dénoncer le crime dont elle a été victime et ce choix est une autre preuve de son courage exemplaire que nous saluons. Notre camarade souffre de séquelles physiques à vie.

Un viol, c’est un crime. Un viol commis par un fasciste, pour des raisons politiques, c’est un crime fasciste et sexiste.

Nous réaffirmons notre solidarité avec les victimes de violences et de crimes fascistes de part le monde, crimes desquels l’Etat français est solidaires et complice. L’armée s’est faite une spécialité de l’exportation de ses savoirs faire contre-insurrectionnels, l’Etat français n’a jamais reculé devant les crimes de masse, notamment contre les femmes, pour maintenir sous le joug impérialiste les populations des pays qu’elle domine. Nous réaffirmons notre solidarité avec les victimes de la répression fasciste dans l’Etat français et leurs camarades, répression fasciste qui est allée en 2013 jusqu’au meurtre.

Nous n’avons pas honte. La honte, elle est là pour nous faire taire. Aucun-e survivant-e ne peut être tenu-e pour responsable de la barbarie du système capitaliste et patriarcal. C’est cette société qui est une honte.
C’est un message de solidarité à toutes les victimes d’agressions sexistes que nous souhaitons porter. Nous refusons de considérer comme sali-e-s ou dégradé-e-s les survivant-e-s de violences sexuelles. Ce sont des camarades à part entière, des combattantes. Ce sont les agresseurs qui sont salis et dégradés.

Plus d’un an pour dénoncer un crime fasciste…

Il nous aura fallu plus d’un an pour rendre public ce crime fasciste. Le corps de notre camarade n’est pas un champ de bataille. Qu’elle soit en sécurité matérielle et morale nous paraissait essentiel et a été notre priorité.
Pour la protéger, nous avons du lutter contre les attitudes et propos réactionnaires qui se sont exprimés dans notre entourage politique proche et les effets démoralisants qu’escomptaient les fascistes en commettant cette attaque.

En tant qu’organisation, nous ne nous faisons aucune illusion sur la démocratie bourgeoise. La répression fasciste et policière, c’est un risque que nous assumons, que nous avons déjà eu à surmonter. Chaque épisode répressif que nous avons vécu a renforcé notre capacité de résistance, notre détermination. Notre camarade est un exemple de résistance, de survie, que tous et toutes peuvent saluer.

Nous sommes toujours plus déterminé-e-s à mettre à bas le système capitaliste dont les violences fascistes sont le symptôme du plus complet pourrissement. Nous avons toujours plus la volonté de briser les chaînes de l’oppression sexiste. La rage de vaincre, l’envie de lutter, nous espérons que les faits que nous exposons les renforceront chez vous également.
C’est notre insoumission aux directions bourgeoises des mouvements de masse et aux directives des préfectures qui font nos qualités et nous souhaitons être toujours plus un poison pour elles.

Valoriser l’engagement des femmes dans l’antifascisme

Idéologie fasciste et sexiste vont de pair. Les fascistes, classiquement, lorsqu’ils attaquent des militantes s’adressent avant tout aux hommes de nos organisations et de notre milieu. Menacer de viol, agresser sexuellement ou violer une militante ou la copine d’un militant, c’est dire aux antifascistes, comme l’écrit Virginie Despentes, « je baise ta meuf à l’arrachée ». C’est leur propriété qu’ils souhaitent dégrader et ce faisant, priver nos camarades de tout espace de repli et de sécurité, briser leur moral. Un viol de guerre.

Montrons à ce fasciste, montrons à tous ceux qui, fascistes, policiers, agresseurs, pensent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent des femmes qu’elles ne sont la propriété de personne, mais des combattantes. Montrons leur combien, solidaires, en mixité ou en non-mixité, elles sont dangereuses.

Les arrachages de voile, les agressions contre les femmes voilées, policières ou fascistes, sont des actes sexistes et racistes. Arracher un voile, c’est un attentat à la pudeur, souvent doublé de violences physiques voire sexuelles. L’Etat et les gouvernements font tout pour exclure les femmes voilées de l’espace public, par la loi, par une propagande acharnée, encouragent le rejet et les violences.
C’est réduire les femmes à un outil de reproduction que de s’attaquer aux non-blanches et aux couples mixtes. Dans l’imaginaire des réactionnaires, c’est par le ventre des femmes que passe le « grand remplacement » visant à « métisser la race blanche ».

Valoriser l’engagement antifasciste des femmes, c’est non seulement leur faire une place dans les organisations antifascistes, mais c’est aussi porte la lutte contre le racisme et l’islamophobie, avoir une pratique et des mots d’ordre résolument tournés vers les classes populaires.

Regarder la barbarie de la société capitaliste en face et serrer les rangs

Ce que notre camarade a subi nous a obligé-e-s à regarder droit dans les yeux la barbarie du système capitaliste. Nous ne pourrions prétendre être révolutionnaires en refusant d’affronter les terribles violences qu’elle engendre, car refuser de regarder la réalité dans toute son horreur, c’est se priver de mener la lutte contre ces violences.

Dans cette société qui laisse seul-e les individu-e-s, ballotté-e-s par le système capitaliste, faire face aux usures et traumatismes, nous avons besoin pour faire face de reconstruire du collectif et de la solidarité. Chaque camarade de lutte, chaque prolétaire est capable d’apporter dans la lutte pour la révolution, de nous aider à bâtir une société débarrassée de l’exploitation et des oppressions. Nous ne bâtirons pas la révolution ni le socialisme en piétinant nos camarades.

La lutte contre l’influence du sexisme dans nos organisations et nos milieux

Nous ne sentons guère à même de donner des leçons à qui que ce soit concernant l’anti-sexisme. Les retards dans notre capacité à nous exprimer publiquement sont autant le fait d’éléments extérieurs à notre organisation que d’une réalité interne bien plus retardée que celle que nous affichions fièrement.

La société patriarcale craque de partout. Mais notre culture et nos rapports sont imprégnés des rapports sexistes. L’essentiel est de le reconnaître, de ne pas se contenter d’une autosatisfaction d’oppresseurs à l’aise dans leur rôle d’oppresseurs, mais de l’affronter.
Ce n’est pas celles et ceux qui dénoncent sexisme, racisme, islamophobie, LGBTIQphobie qui sont une menace pour nos organisations mais bien ces rapports d’oppression.

Les faits que nous dénonçons ne sont exceptionnels que dans la mesure où c’est un ennemi politique qui a commis ce crime. Le viol est une réalité de masse, puisque 150 000 viols sont commis par ans dans l’Etat français. Le viol, c’est une arme de guerre utilisée contre les femmes. Et c’est une guerre qui se déroule avant tout dans les espaces affinitaires puisque 85% des viols sont commis par des personnes connues des victimes et à 60% à leur domicile.

Chaque parole publique dénonçant une agression sexiste, un viol, est une brèche dans l’omerta qu’on impose aux filles victimes de viol. Qu’elle puisse encourager d’autres femmes à parler est pour ceux qui n’ont pas la conscience tranquille un risque trop important. Voilà pourquoi nous avons du affronter les rires, l’hostilité, la minimisation des faits que dénonçait notre camarade dans notre espace politique le plus proche. En faire taire une, c’est faire comprendre à toutes qu’elles ne doivent pas parler.

L’impasse de l’antifascisme républicain

Nous tenons à pointer la responsabilité du PS dans ce qu’il s’est passé : il a laissé intentionnellement déferler les hordes réactionnaires plusieurs mois durant dans les rues de tout l’Etat français pendant le mouvement contre l’adoption du mariage pour tous. En outre, quel a été l’effet des mesures de dissolutions de groupes fascistes prises par Manuel Valls ? Un fasciste se permettait, juste après ces mesures, de violer l’une de nos camarades.

Il arrive à la bourgeoisie de réprimer ses nervis fascistes lorsqu’ils dépassent le cadre de leur mission de terreur. Mais ils sont l’un des appareils de répression de la bourgeoisie, comme l’est la police. Vaine et destructrice en terme de forces est la tactique qui consiste à aller toquer à la porte des préfectures et des mairies.
Police et justice dressent des barrières infranchissables devant les survivant-e-s d’agressions sexistes, elles sont elles-mêmes là pour maintenir l’ordre bourgeois et patriarcal.

L’antifascisme n’a pas besoin d’avoir l’air gentil, de se dépolitiser et de se tourner vers les sociaux-démocrates pour être de masse, au contraire. L’antifascisme n’est pas une question morale, c’est une question de classe, c’est une lutte contre un des bras armé de la bourgeoisie et contre les divisions qu’elle sème dans nos rangs. Les idées réactionnaires gagnent du terrain. A nous de savoir porter mots d’ordres et pratiques propres à rétablir conscience, organisation et solidarité de classe au sein du prolétariat.

Que le courage de notre camarade soit salué, que sa parole vous transmette toute sa détermination, toute sa colère, toute sa volonté de vaincre.

Face aux violences sexistes et fascistes, construisons la solidarité de classe !
Unité et solidarité contre les fascistes, sexistes et violeurs, nervis des capitalistes et du patriarcat

antifafemrev.wordpress.com